C'est en 2015 que les trois passionnés de chez No Matters Studios nous dévoilent pour la première fois les images du "jeu de leurs rêves". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les inspirations de ce dernier sautent aux yeux dès les premières minutes. Et pourtant, Praey se veut original. Sa recette pour cela : mélanger exploration, survie et combats de colosses. Mais, maintenant que le jeu est sorti, est-ce que ça marche ?
C'est sous les traits d'une guerrière rousse intrépide que vous vous réveillez. Tout est glacé autour de vous. Et pour cause, l'hiver ne s'arrête jamais sur ces terres. Votre rôle ? Découvrir le pourquoi du comment de ce froid sans fin afin de sauver votre civilisation. Mais voilà, des dangers colossaux vous attendent et vous n'aurez d'autre choix que de les affronter. Pour restaurer l'équilibre, venir à bout des créatures titanesques qui habitent les lieux semble être la seule solution.
L’ombre d’un géant
Praey for the Gods se veut indéniablement l'enfant spirituel du grand Shadow of the Colossus. Que ce soit au niveau de la trame et des objectifs, ce jeu transpire l'amour du titre de Fumito Ueda. Et il faut dire qu'il est plaisant de retrouver, quinze ans plus tard, un monde énigmatique peuplé de colosses poilus à abattre. Pas de quoi se sentir dépaysé ici : hormis la direction artistique, cela dit assez plaisante, Praey a clairement un air de déjà vu. Atteindre un boss, escalader, frapper, se réveiller dans un sanctuaire, se diriger vers un autre boss et ainsi de suite jusqu'au dénouement final.
Les colosses animales, les patterns à analyser, les points faibles à matraquer, la satisfaction de purifier chaque gardien... Tout y est, ou presque. On peine en effet à retrouver la complexité des phases de combat de Shadow of the Colossus. Une fois que l'on a compris comment s'accrocher à une créature, l'abattre devient une tâche plus fastidieuse que difficile. Surtout que malgré quelques subtilités, les façons d'atteindre telle ou telle créature se ressemblent un peu trop. Dans l'histoire, la tâche la plus corsée sera donc de gérer au mieux votre barre d'endurance pour attaquer les différents points d'ancrage des boss.
Ainsi, le jeu se traverse relativement vite. Comptez en moyenne six ou sept heures (en traînant un peu la patte) pour venir à bout de ces huit colosses. Il n'y a en effet pas de quoi s'arracher les cheveux pendant des heures pour comprendre et réaliser le combat parfait. Surtout que les gardiens sont peu agressifs et assez prévisibles. Mourir est donc assez rare. La plupart du temps cela sera plutôt dû aux mouvements trop rigides de votre personnage ou à quelques bugs assez frustrants.
Si côté gameplay, le jeu a quelque chose de redondant, notons qu'il est bien plus inspiré niveau direction artistique. Le jeu possède indéniablement une patte graphique, qui rappelle notamment celle d'Immortals Fenyx Rising. On salue le gigantisme des créatures (assez variées d'ailleurs) qui fonctionne bien et favorise l'immersion. Il en va de même pour les grandes étendues nordiques qui ne demandent qu'à être explorées. Et ça tombe bien, car les développeurs ont notamment misé là-dessus pour se démarquer.
Prey for the wild
Praey for the Gods n'est pas juste un jeu de combat de boss. Le soft présente en effet des éléments d'exploration et, surtout, de survie. Pour ce faire, c'est un open-world enneigé et assez étendu qui est proposé aux joueurs. Il est notamment jonché de grottes remplies de trésors que l'on se plaît à dénicher. Plaisante également est la possibilité de planer (à la Breath of the Wild) pour se rendre d'un lieu à un autre. Mais malheureusement, on a vite fait le tour et les différentes zones finissent par se ressembler. L'exploration se fait donc vite lassante, malgré une narration environnementale qui invitait initialement à la découverte. Et il en va de même pour les quelques dangers qui jalonneront votre route.
En effet, en vous baladant un peu vous trouverez de petits ennemis à terrasser. Néanmoins, ils ne sont pas franchement difficiles à abattre. Surtout que le jeu vous propose différentes armes pour convenir à toutes les approches. Malheureusement, cela ne suffit pas à les rendre divertissants. Cela est notamment dû aux déplacements rigides et mous de la protagoniste. De son avancée dans la neige à ses coups d'épée, tout est lent chez elle. Un point qui rend les combats, mais aussi l'exploration quelque peu fastidieuse. On déplore d'ailleurs l'absence d'une monture pour se déplacer plus rapidement.
Mais revenons au danger qui ne réside pas seulement dans les ennemis. Nous l'avons dit, le jeu comprend des mécaniques de survie. C'est d'ailleurs ce mélange des genres qui constitue la véritable originalité du titre. Entre chaque boss, vous avez ainsi la possibilité de ramasser des ressources et de les transformer en armes et autres tenues. L'idée est simple : vous aider à faire face aux différents dangers et au froid glacial. Un point plus ou moins important selon le mode de jeu choisi. Ce mélange est intéressant, mais peine à fonctionner dans les faits.
Si vous jouez en Mode Normal, vous pouvez avancer tout du long sans jamais vous soucier du moindre élément de survie. Plutôt étrange pour un point qui est censé faire l'ADN même du jeu... Pour ce qui est de modes tels que le mode Survie, le craft et la chasse y sont nécessaires pour éviter de perdre de l'endurance ou de la vie à chaque petit coup de vent. Mais cet ajout semble bien superflu face aux combats de boss qui font le véritable intérêt du jeu. C'est à se demander si les développeurs de chez No Matter Studios n'auraient pas essayé de fusionner deux styles non-miscibles. En effet, les éléments de survie ont bien du mal à trouver leur place et rallonge douloureusement une expérience déjà alourdi par de nombreux points.
Un jeu des temps anciens
Pour un jeu disponible sur PS5 notamment, Praey est techniquement bien en retard. Clipping, aliasing et problèmes de textures ou d'optimisation n'ont de cesse de ponctuer le jeu, cassant l'immersion. Il en va de même avec quelques détails, petits certes, mais qui font grimacer aujourd'hui. Notre héroïne ne prend par exemple pas feu si elle se tient au-dessus d'un foyer. Malgré de nombreuses améliorations et un vrai travail effectué au fil de ses presque 3 ans d'accès anticipé, Praey a encore du mal à répondre aux standards d'aujourd'hui.
Si le jeu transpire l'hommage et l'amour du jeu vidéo, il peine également à se construire une identité propre. On voit du Shadow of the Colossus par ci, du The Legend of Zelda : Breath of the Wild par là, et difficile de se démarquer quand on s'inspire de si grands noms. Praey est loin d'être un mauvais jeu (surtout pour une si petite équipe), mais souffre malheureusement de la comparaison...
Points forts
- Des combats de boss assez plaisant
- Un univers énigmatique qui fonctionne bien
- Un jeu entre hommage et quête d'originalité...
Points faibles
- Un gameplay parfois frustrant
- Techniquement en retard
- Un mélange des genres qui peine à prendre
- ... mais qui reste dans l'ombre de ses inspirations
C'est dans un pari risqué que se sont lancé les développeurs de No Matter Studios : créer leur jeu de rêve tout en marchant sur les plates-bandes d'un véritable mastodonte. Et il est vrai qu'il est appréciable d'affronter à nouveau des colosses dans un monde cryptique et merveilleux. Mais sur la longueur, le soufflé retombe assez vite. Redondance des combats, gameplay mou et mécaniques superflues sont autant d'éléments qui font de cette initiative digne d'intérêt, un jeu qui peine à se démarquer.