Depuis quelques années maintenant, l'industrie vidéoludique s'attelle à offrir aux joueurs de plus en plus d'aventures coopératives, et ce, pour notre plus grand plaisir. Cependant, n'espérez pas ici retrouver les sensations délivrées par la dernière création de Josef Fares : la nouvelle production de Clever Plays se situe bien loin des disputes conjugales et des séquences de plates-formes d'It Takes Two. En effet, Operation : Tango débarque à pas de loups sur PC (via Steam) et sur PlayStation 5 avec la volonté de vous faire vivre un scénario d'espionnage mettant en scène deux protagonistes : Angel, dit Agent et Alistair B. Fleming, dit Hacker. Nos deux héros – incarnés par deux joueurs – sont bien évidemment complémentaires et doivent travailler ensemble pour mettre à mal les plans de Cypher, un cyberterroriste qui a pour objectif de capter toutes les données des citoyens de notre monde.

Pas de chorégraphie sans chorégraphe

Votre première mission, avant même de commencer à jouer, est donc de vous trouver un allié qui peut s'apparenter à un parent, un frère, une sœur ou à un ou une ami(e). L'expérience est accessible à toutes et à tous. Une fois que vous avez un coéquipier de taille, à vous de choisir votre rôle entre Agent et Hacker (qu'il sera possible de changer à loisir après chaque mission). D'un côté donc, Angel est une femme de terrain. Cette dernière n'hésite pas à s'infiltrer dans les lieux les plus sécurisés pour trouver des informations, mais ça, elle ne peut le réaliser qu'avec l'aide de notre second participant : Hacker. Hacker, lui, bien tranquille dans son joli fauteuil, surfe sur la toile et dans les réseaux des différentes multinationales pour ouvrir des accès à notre première héroïne. Autrement dit, trouver des adresses IP et autres codes en tout genre, c'est son dada. Vous l'avez compris, en contrôlant l'un ou l'autre, vous devrez jouer de deux façons complètement différentes. Cependant, ce n'est pas pour cette raison que nos deux personnages vont pouvoir évoluer chacun de leur côté. Pour arriver à vos fins, la communication sera donc votre meilleure arme.

Tout comme dans un certain Phasmophobia, vous et votre collègue de jeu devrez nécessairement disposer d'un micro pour parcourir convenablement les six missions de l'aventure. Gardez en tête que votre coéquipier ne peut pas voir ce que vous faites. Le but est bien évidemment de partager à haute voix toutes vos actions et tout ce que vous voyez à l'écran comme une suite de chiffre ou un mot clé, puisque le moindre petit indice, même insignifiant, vous permettra de réduire la distance avec notre cyberterroriste. Maintenant, reste à savoir si l'idée fonctionne bien… et pour faire simple, la réponse est oui. Rapidement, même si vous êtes un être un brin sceptique, vous allez vous prendre au jeu et incarner votre rôle avec un maximum d'entrain. Il faut dire que la proposition de Clever Plays reste unique en son genre. Elle est livrée avec un gameplay asymétrique plaisant, original et maîtrisé. De notre côté, nous avons une petite préférence pour le rôle de Hacker qui, la majeure partie du temps, a pour mission de guider le second joueur dans les dédales des différentes bâtisses ennemies. Hacker a vue sur tout ce qui se passe ou presque grâce aux nombreuses données récupérées ici et là ou aux différentes caméras qu'il s'amusera à hacker d'un simple clic. Bien évidemment, une seconde run ne sera pas de trop pour vous permettre d'inverser les rôles et de découvrir toutes les facettes de cette aventure coopérative.

Même si nos agents font la plupart du temps bande à part, leurs pas devront quelquefois se coordonner pour participer à divers mini-jeux parfois réussis, parfois moins intéressants, mais suffisamment courts pour ne pas vous ennuyer. Il faudra par exemple tracer un chemin pour guider Agent à travers des réseaux électriques, résoudre des puzzles ou encore participer à de petites épreuves s'inspirant fortement du jeu de société Mastermind. Cependant, bien que court (environ cinq heures de jeu pour une première partie) et suffisamment diversifié dans ses situations, Operation : Tango se révélera un brin répétitif de ce côté-ci. Les mini-jeux que nous venons de citer viendront chacun rythmer à deux ou trois reprises votre progression.

Les pieds dans le tapis

Malheureusement, le manque de variété du côté des mini-jeux n'est pas le seul point noir du soft. Au fur et à mesure de votre avancée, les missions seront plus longues, plus difficiles aussi, mais surtout plus confuses, et c'est bien là le problème. C'est simple, au début, tout semblait limpide – les instructions de notre coordinatrice en chef (qui prend aussi le rôle de narratrice) étaient suffisamment claires pour proposer une progression fluide – mais rapidement, et plus encore à partir de la quatrième mission, les objectifs se montraient de plus en plus évasifs, ce qui pourra rebuter les agents les moins téméraires. Bien conscients du problème, les développeurs du jeu ont mis en place un système d'aide en temps réel qui vous révélera des indices forts utiles pour vous simplifier la tâche. Un conseil : n'utilisez cette option qu'en dernier recours pour ne pas gâcher l'expérience de jeu.

D'autres incompréhensions peuvent également se manifester si vous décidez de parcourir le jeu à la manette. C'est simple, en troquant votre clavier contre un pad, vous allez vous heurter à quelques petits soucis techniques surtout lorsqu'il vous faudra réaliser des actions dans un temps relativement réduit. De notre côté, nous avons été confrontés à ce type de problème à deux reprises. Dans un premier temps, nous n’avons tout simplement pas compris comment sélectionner un élément pourtant indispensable, et dans un second temps, nous manquions tout simplement de temps pour façonner un chemin pour notre agent infiltré. Je ne suis pas partisan du combo clavier/souris, mais ici, je vous conseille fortement d'opter pour cette option si vous avez le choix, surtout qu'il est toujours plus cohérent de jouer un hacker avec un matériel de hacker. Vous vous voyez sauver le monde avec une manette ?

Un scénario et une ambiance sixties sous exploités

Dès le premier regard, vous allez tomber sous le charme de ce chara-design cartoonesque et de cette ambiance rétrofuturiste empruntant fortement aux années 1960. Le look des personnages n'est pas sans rappeler la belle époque du disco et du funk, tandis que les gadgets et l'univers conté vous emmènera directement du côté de Minority Report. Malheureusement, le tout est sous-exploité ou semble parfaitement secondaire une fois en jeu. Ce bémol intervient également lorsque l'on s'attarde sur le scénario qui se montre finalement assez anecdotique. Mettre fin aux cyberattaques de Cypher n'est qu'un simple prétexte pour faire coopérer nos deux héros avides d'aventures.

Avant de nous quitter, notez que nous avons fait face à quelques petits soucis de scripts ou de bugs lors de notre petite escapade. À deux reprises, nous avons été contraints de relancer notre mission pour pouvoir démarrer une séquence et, plus tard dans l'aventure, l'un de nos gadgets s'était bloqué dans le décor. Encore une fois, cela nous a obligés à relancer notre partie. Heureusement, les checkpoints sont nombreux. Vous n'aurez donc pas à recommencer d'interminables phases de jeu.