3 ans après l’entame de son développement, No Straight Roads débarque enfin dans nos contrées accompagné d’une promesse : celle de découvrir un monde bardé de références qu’il entend faire cohabiter pour créer son propre univers original. Dans un monde dominé par l’EDM, un groupe indépendant du nom de Bunk Bed Junction tente ici de renverser le pouvoir en place pour rétablir la voix du rock au sein de Vinyl City.
Les premières minutes de jeu de No Straight Roads
Un scénario prétexte à ce titre d’action/aventure centré autour du rythme et de la musique, que nous avions pu essayer il y a un peu plus d’un an dans le cadre de deux combats de boss séduisants de par leur approche visuelle, sonore et leur prise en main. Mais qu’en est-il justement de la dimension “aventure” du titre, censée nous permettre d’explorer la ville ?
Veni Vidi Vinyl
No Straight Roads n’est évidemment pas qu’une succession d’affrontements rythmés, puisque chaque séquence de ce type est entrecoupée de passages d’exploration dans la ville de Vinyl City. Vous incarnez ici Mayday et Zuke, les deux membres du groupe Bunk Bed Junction qui viennent tenter leur chance à l’émission Lights Up en espérant convaincre le célèbre jury de l’émission. Les vainqueurs sont ensuite susceptibles d’intégrer la structure de l’entreprise NSR, qui s’occupe ensuite d’alimenter la ville en énergie par le biais de concerts. Mais dans son envie de l’emporter avec un son rock, Bunk Bed Junction va se confronter à la domination de l’EDM (Electro Dance Music) sur la scène actuelle et se retrouve éjecté du concours avec en prime une interdiction du rock au niveau local. Un événement perturbateur qui va les pousser à lancer une révolution contre NSR en cherchant à saboter les concerts de ses membres principaux.
Plutôt basique, l’histoire peine malheureusement à décoller à cause d’un caractère bien trop prévisible d’une part, les quelques rebondissements du titre étant très faciles à anticiper, et de dialogues franchement peu inspirés d’autre part, les personnages s’avérant ainsi très caricaturaux. L’existence d’un doublage français est à saluer, même si le titre souffre régulièrement en VF de soucis de synchronisation labiale particulièrement importants, la voix s’arrêtant parfois jusqu’à une ou deux secondes avant que les lèvres du modèle du personnage in-game ne cessent de s’agiter. Le scénario visant à vous faire renverser le leader musical de chaque quartier de la ville a certes la bonne idée de vous amener de façon logique aux combats de boss et vous permet d’explorer les différents biomes de Vinyl City, mais il s’accompagne d’un défaut important : une structure routinière.
Concrètement, après avoir été briefé par un certain Kliff sur la façon de battre le prochain artiste, vous devrez vous rendre au quartier concerné en traversant une partie de la ville, approcher de l’emplacement du concert puis franchir les différentes zones de sécurité en éliminant une série de mobs avant d’être confronté au boss local… Puis de revenir au QG et recommencer cette boucle une demi-douzaine de fois dans l’aventure, ce qui s’avère un brin répétitif et prévisible à la longue. L’exploration de la ville s’avère au premier abord décevante puisque les premiers quartiers sont assez pauvres en découvertes, se contentant de disperser au hasard des qwasas à récupérer (qui permettent de réparer des zones et rallier ainsi des fans à votre cause) et quelques objets accompagnés d’un petit descriptif n’apportant techniquement rien de plus. Une fois le double saut et les transformations d’objets de niveau supérieur débloquées, quelques endroits inatteignables et portes dissimulées viendront tout de même apporter un peu de densité à l’ensemble, mais cette dimension de l’aventure reste globalement la plus oubliable.
L’esprit du beau Boss
Fort heureusement, le coeur du jeu est quant à lui plus convaincant, avec en première ligne les combats de boss. Si le titre prend la forme d’un jeu d’action à la 3e personne avec quelques éléments de plateformes lors de l’exploration de la ville, il s’offre d’autres références le reste du temps. Ainsi, les passages au QG sont l’occasion de travailler sur ses compétences, qui se débloquent selon le nombre de fans récupérés, mais aussi d’utiliser les autocollants débusqués sur le terrain pour apporter des bonus passifs aux personnages ou changer les compétences attribuées à vos héros. Sur une dimension plus “action”, les séquences qui précèdent les combats de boss requièrent de franchir plusieurs zones dans lesquelles vous devrez vous débarrasser d’une série de soldats robotiques de NSR. Le tout dans une ambiance visuelle et sonore toujours très soignée, et parfois très agréable à parcourir (comme le passage précédant le combat contre les 1010), qui alterne entre plateforme et combats.
Mais la plus grande réussite, ce sont donc ces fameux combats de boss évoqués plus haut, toujours très variés en terme d’approche et de bande-son, chaque ennemi apportant avec lui son style ou son sous-genre musical de prédilection. Notre coeur penche pour le premier boss ou le combat contre Yinu (jouable dans la démo du jeu, si vous souhaitez l’essayer), mais les autres n’ont certainement pas à rougir de leurs prestations. Ils parviennent toujours à proposer des séquences uniques, exploitant par ailleurs certains éléments de la piste sonore pour vous obliger à vous caler sur le rythme des attaques. Si son monde musical n’est pas sans rappeler Jet Set Radio, c’est davantage dans l’approche des jeux de Mizuguchi que ces combats viennent ici puiser, de par leur capacité à marier l’action manette en main à la piste sonore qui se joue en fond.
Rejoue-moi si tu veux
Face aux ennemis, vous serez ainsi amenés à tenter des parades contre les frappes qu’il est possible de retourner contre les ennemis (symbolisées en violet), mais aussi tirer de loin avec les notes de musique servant de “munition” et qui apparaissent de temps en temps sur le sol, frapper au corps-à-corps, exploiter de potentiels combos si vous avez débloqué les compétences adéquates, transformer un objet inerte en tourelle offensive ou en outil de défense… Sans oublier la possibilité de basculer à tout moment d’un personnage à l’autre, chacun disposant de son style et ses compétences. Un panel d’actions suffisamment varié pour rendre les combats intéressants. Malgré leurs qualités, certains de ces affrontements - en particulier le second - peuvent tout même s’avérer brouillon sur quelques séquences à cause du grand nombre d’éléments affichés à l’écran et du système de caméra fixe n’offrant aucune souplesse au joueur : dans ces conditions, le mode 2 joueurs a le mérite de vous faciliter un peu la tâche. Deux cerveaux ne sont parfois pas de trop face au grand nombre d’attaques à gérer en même temps, même si dans une écrasante majorité des cas, No Straight Roads reste parfaitement lisible et intuitif dans l’approche de ses combats de boss.
Après avoir bouclé certains combats et terminé le jeu, vous débloquerez même d’autres façons de les rejouer : via l'utilisation d’une piste sonore alternative par exemple, par le biais du passage en mode difficile, le mode approche qui permet quant à lui de rejouer aussi la phase précédant le combat, ou le mode parade qui supprime les possibilités d’utilisation de munitions pour ajouter davantage d’attaques pouvant être parées et contrées. Sur ce plan, Nos Straight Roads s’avère assez généreux et permet de compenser la durée de vie assez courte de l’aventure - 6 à 7h, peut-être un peu plus si vous cherchez à tout récupérer et réussir les combats avec la note maximale - tout en s’appuyant sur ce qui fait sa plus grande force, à savoir ses combats. Un choix plutôt judicieux donc, qui nous laisse sur une ultime note positive à l’heure de faire le bilan.
Points forts
- La diversité des combats de boss
- Un univers visuel et sonore très réussi
- Pouvoir jouer seul ou à deux
- Pas mal de contenu annexe à récupérer...
Points faibles
- … Dissimulé dans une structure d’exploration routinière
- Quelques soucis de lisibilité sur certains combats
- Scénario prévisible et dialogues peu inspirés
- De gros soucis de synchronisation labiale
Irréprochable sur sa bande-son, offrant quelques combats de boss inspirés et vraiment agréables à jouer, No Straight Roads est donc convaincant sur son coeur de jeu, exception faite de quelques soucis de lisibilité lors d’affrontements plus chargés au niveau visuel et sonore. Il convainc en revanche beaucoup moins sur son aventure dont la structure très routinière et l’écriture à la fois prévisible et peu inspirée - on pensera surtout aux dialogues - ne parviennent pas à offrir un écrin à la hauteur de ses mécaniques de jeux. No Straight Roads a tout de même le mérite d’avoir soigné l’essentiel de son expérience et d’offrir un peu de rejouabilité, ce qui devrait au moins convaincre les amateurs du genre de lui accorder leur attention.