Débarassé de ses problèmes de contenu et de son déficit graphique, la licence MotoGP nous avait conquis en 2019 avec une édition plus que propre et une IA réussie. Milestone revient donc plus agressif cette année avec MotoGP 20, un titre qui a pour objectif de prendre l'aspiration de son ainé et de le dépasser. Le piège étant de prendre un trop gros virage risquant d'ébranler la belle copie de la saison dernière.
Le sport mécanique n'étant pas épargné de la crise sanitaire actuelle, le championnat du monde de moto qui devait débuter le 8 mars a vu sa première course au Qatar annulée, les 5 suivantes reportées. Un crève-coeur pour les fans inconditionnels de deux roues, qui croisent les doigts pour voir la compétition reprendre en juin. En attendant, ces derniers peuvent-ils se rabattre sans risque sur la simulation officielle et passer le temps ?
La carrière sort enfin des stands
C'était la grosse attente de cet opus, et nous sommes ravis de dire que le nouveau mode Carrière est l'une des vraies satisfactions du titre. Nouveauté, car même si le mode existait déjà sur MotoGP 19, il n'atteignait pas les standards attendus en termes de gestion pour vraiment dépasser le simple enchaînement de courses. Problème corrigé ici, puisque le joueur doit gérer la signature de contrats avec les écuries après avoir embauché un agent, engager un ingénieur en chef et un analyste de données, contrôler les salaires, sans oublier de gagner des grands prix !
Illustration parfaite de ce gain en profondeur, l'onglet de recherche et développement. Le joueur dispose de plusieurs employés qu'il peut affecter à la recherche pour gagner en compétence afin de pouvoir quelques semaines plus tard améliorer sa bécane via le développement avec d'autres techniciens. La gestion portera donc sur la nomination des employés disponibles pour telle ou telle tache, sachant qu'ils ont des compétences différentes, et sur le choix des secteurs à perfectionner (aérodynamisme, moteur, électrique, etc.). C'est plaisant, mais pas totalement clair par moments. On aurait aimé être mieux guidé sur cet aspect R&D au départ, et il est difficile de distinguer les techniciens de l'équipe lors des assignations. Des détails qui n'enlèvent rien au fait que MotoGP 20 passe un cap sur son mode Carrière, d'autant que l'on peut personnaliser à souhait le visuel de sa moto et de son équipement via un éditeur complet. À noter que pour les plus téméraires, il est possible de commencer le mode Carrière en catégorie Moto 3 avant de monter les échelons et glaner des contrats pour rentrer en Moto 2 ou Moto GP.
ANNA est la reine
Côté gameplay, Milestone n'a pas perdu son identité technique, bien au contraire. On retrouve avec plaisir ANNA, l'intelligence artificielle neuronale qui avait marqué de son empreinte l'édition précédente. Les adversaires IA réagissent de manière réaliste dans les dépassements, les départs, commettent des erreurs et s'adaptent en fonction des situations météo, même si les collisions sont souvent à l'avantage du joueur humain. En bref ANNA confirme, et mieux, elle s'adapte à l'usure des pneus et la gestion du carburant.
Transition parfaite pour parler de ces deux nouvelles features du jeu, visibles en bas à droite sur une interface repensée et de surcroit plus claire. Avant chaque course et au stand pendant chaque séance de qualifications ou d'essais libres, on peut paramétrer ses suspensions, la direction, la transmission et le freinage, mais il faudra surtout se pencher sur son choix de gomme et la consommation d'essence. L'état des pneus est affiché en direct, tout comme le niveau de carburant et il faudra faire les bons choix au préalable pour éviter la panne ou la perte d'adhérence. Privilégier une cartographie moteur équilibrée, ou ajouter plus de carburant pour finir fort et prendre le risque d'une panne à quelques tours de la fin ? Une dimension stratégique bienvenue qu'il faudra dompter sur les 2 circuits historiques (Donington et Laguna Seca) et 20 officiels dont celui de KymiRing en Finlande, petit nouveau.
Rétropédalage
Du positif donc, mais quelques déceptions dans le contenu notamment. La compétition motoE nous avait enchantée l'année passée, elle a totalement disparu des radars dans MotoGP 20, du moins à sa sortie et l'on ne peux pas courir avec Mike Di Meglio ou entendre le doux bruit des moteurs électriques stridents. Mais la grosse déception vient du mode Historique. Alors que l'on avait une liste énorme d'évènements mythiques la saison passée, où l'on incarnait des champions de la discipline pour les débloquer en mode classique, la donne a bien changé. Désormais, trois défis seulement sont disponibles avec une difficulté graduelle (facile, intermédiaire et difficile) mais se renouvellent chaque jour. Gagner ces défis permet de débloquer des pilotes et motos historiques via une monnaie virtuelle, et c'est tout. Une frustration, car même si l'intérêt de ce mode s'allonge dans le temps, le plaisir à court terme et celui des puristes du genre est sacrément amputé.
Enfin, outre le nouveau mode carrière, pas d'autres bonnes surprises à l'horizon. Le multi en ligne reste stable et dans les clous de la saison passée, le mode multi en écran splitté ou la saison coop manquent toujours à l'appel, tout comme la météo dynamique qui fait son apparition sur plusieurs jeux récents de sports mécaniques. Il ne reste plus qu'à Milestone de revoir sa copie sur une partie du contenu, et d'ajouter un peu de vie dans les décors et animations des coureurs sur et en dehors de la piste, encore assez fades.
Points forts
- Les licences officielles (pilotes, circuits)
- L'IA ANNA toujours au top
- Une interface améliorée
- Gameplay accrocheur et challenge à la hauteur
- La gestion du carburant et des pneus, impeccable
- L'éditeur plutôt complet (livrées et équipements)
- Un mode carrière digne de ce nom...
Points faibles
- ...mais perfectible
- Le nouveau mode historique très décevant !
- Toujours pas d'écran splitté et d'éditeur de circuits
- Assez banal dans les animations et décors
- La disparition des MotoE à la sortie
Milestone montre qu'il est bien dans le coup avec MotoGP 20. Son nouveau mode carrière fait le boulot, et alterne bien entre courses, gestion du personnel, de la R&D et signature de contrats même s'il manque de clarté et de vie par moment. Le gameplay marque aussi une progression, boosté par une interface repensée, une meilleure gestion de la moto sans oublier ANNA, l'intelligence artificielle qui s'affirme pour cet opus. En revanche le titre ronge son frein sur certains points, et c'est dommage ! Le mode historique régresse, les MotoE disparaissent, et le studio milanais peine toujours à donner un supplément d'âme à sa licence, trop aseptisée dans les décors et animations. Quoi qu'il en soit, cette dernière confirme avec MotoGP 20 son statut de diamant brut qui n'attend qu'une chose : être poli.