Après de (trop ?) nombreuses années passées entre les mains de Milestone, la licence WRC a été confiée à un nouveau studio, les Parisiens de Kylotonn. Un studio sans grande expérience du jeu de course mais qui compte dans ses rangs quelques passionnés du genre. Le résultat de ce changement aussi subit qu'inattendu ? Le salut, ni plus ni moins ! Les fans de rallye peuvent commencer à compter les jours, en attendant la sortie de WRC 5, un cru agréablement surprenant.
Milestone est composé de gens de talent, c'est indéniable, mais en multipliant les projets (à titre d'exemple : Ride, Sébastien Loeb Rally Evo, et MotoGP 15 rien que sur l'année 2015), ils se sont peut-être un peu perdus. Et la série des WRC en a fait les frais, avec notamment un épisode 4 des plus inintéressants. Avec Kylotonn, le WRC virtuel s'offre une seconde jeunesse, grâce à l'expertise de certains de ses membres, comme Alain Jarniou, réalisateur du jeu, qui a travaillé par le passé sur des titres comme V-Rally 3 et les deux Test Drive Unlimited. L'équipe compte de nombreux passionnés et cela se ressent dans ce WRC 5, autrement plus amusant que l'opus précédent... et c'est tant mieux.
Un jeu à la portée de tous
Si WRC 5 se veut plus réaliste que WRC 4, et l'on en reparlera plus tard, il a une première force : sa prise en main, plutôt aisée. On s'amuse dès que l'on pose les mains sur la manette (ou sur le volant) puisque les sensations sont très bonnes : on le doit principalement à l'excellente impression de vitesse, notamment en vue du capot ou du par-choc, mais aussi au moteur physique du jeu. Plutôt permissif lorsqu'il s'agit de rouler sur de gros rochers, ce moteur créé par Kylotonn joue pour beaucoup dans le plaisir que l'on a à piloter les différentes voitures de WRC 5. On les sent nerveuses, réagissant au moindre coup de volant, au moindre changement de surface (enchaîner asphalte et terre battue vous vaudra quelques surprises désagréables si vous ne vous adaptez pas sur le champ), au moindre virage pris trop vite et à grand renfort de frein à main. Le jeu propose une belle échelle de progression, et de fait ne devrait pas faire fuir les débutants : les sensations sont telles que l'on y revient avec plaisir. Le jeu compte diverses aides (aides au freinage, contrôle de stabilité...) qu'il conviendra de désactiver rapidement afin de ne pas prendre de mauvaises habitudes.
Les amateurs de simulation hyper-réalistes, eux, seront peut-être un peu déçus puisque comme je le disais, ce moteur physique plutôt probant reste tout de même assez généreux avec les débutants, et si certains éléments de la route vous demanderont de rester fermement accrochés à votre volant, ce n'est pas forcément vrai pour certains obstacles qui, sur cette version preview, ne posaient pas franchement de problèmes. Notez néanmoins que la version du jeu qui nous a été proposée était supposée être une « bêta ++ » de WRC 5. On peut supposer qu'il sera affiné avec le temps. Le développeur responsable du moteur physique m'a d'ailleurs affirmé avoir roulé sur plusieurs milliers de kilomètres pour améliorer son bébé. Et lorsque l'on voit les chronos qu'il réalisait durant la session de test, on ne peut que le croire... C'est simple, personne n'a fait mieux, pas même les pilotes Ford et Hyundai qui sont venus tester le jeu, et qui, après seulement deux ou trois essais, faisaient mieux que les journalistes qui avaient joué toute la journée. Et les chronos enregistrés étaient franchement corrects.
De très bonnes sensations de conduite
Je le disais plus haut mais il me paraît essentiel de le rappeler, et de revenir plus en détails sur le sujet : WRC 5 est très, très agréable à prendre en mains. La « faute » aux sensations de pilotage qu'il offre. Alors certes, certains diront que les chemins et routes que traversent les bolides lors des diverses spéciales ne sont pas assez étroits (ce qui est assez faux : tout dépend de l'endroit choisi), mais cela est compensé par une impression de vitesse faramineuse et toujours ce moteur physique, qui fait vraiment le job. C'est d'autant plus probant lorsqu'on le teste sur différents types de surface. Puisque WRC 5 offre aux joueurs la possibilité de courir dans les 13 pays figurant au programme officiel du WRC (Allemagne, Espagne, Suède, Argentine...), c'est l'occasion de varier les surfaces, allant de l'asphalte de Monte Carlo, en passant aux neiges de Suède, jusqu'aux chemins poussiéreux d'Espagne. Sur l'asphalte, on sent toutes les imperfections du bitume, et mordre dans l'herbe bordant la route peut parfois s'avérer fatal. Sur neige, on apprend à modérer sa vitesse et on prépare ses virages à l'avance, façon Trophée Andros, en croisant les doigts pour que la voiture ne parte pas en tête-à-queue au moment de relancer sa machine. Sur terre/gravier, c'est peut-être pire encore puisque l'on est obligé de tenir sa voiture sans trop savoir comment elle va réagir à la prochaine bosse. Connaître par cœur chaque tracé sera un impératif.
Nous avons pu tester WRC 5 sur deux plate-formes différentes, et avec deux contrôleurs différents. Sur PS4 bien entendu, avec une simple Dualshock 4, mais surtout sur PC, "confortablement" installé dans un siège baquet, avec volant et pédalier. Inutile de vous dire que passer du PC à la PlayStation 4 fut difficile : après avoir essayé WRC 5 au volant, difficile d'y jouer à la manette. Grâce au volant et à une bonne gestion du retour de force, on vit autrement le rallye, un sport mécanique particulièrement physique. Sur Dualshock 4 et sans retour de force, forcément, c'est un peu plus... flottant. On sent moins la puissante de la bête que l'on pilote, et braquer/contre-braquer à toute vitesse a tout de suite moins de charme. Reste que les sensations de vitesse sont particulièrement bonnes, volant ou pas.
Des différences techniques... pour le moment ?
Soyons d'accord, WRC 5 n'est pas un jeu sublime, mais il s'en sort avec les honneurs, et au vu des sensations qu'il procure, on serait tenté de lui pardonner ce petit défaut. Les diverses véhicules modélisés sont tous plutôt jolis, et sur PC on a tout de même droit à une distance d'affichage plutôt correcte. Sur cette version « bêta ++ », on note encore pas mal de clipping et d'aliasing, sans que ce soit vraiment gênant. Les décors sont plutôt riches en éléments (végétation, rochers, public, et j'en passe), mais le résultat ne flatte pas vraiment l’œil. On peut néanmoins compter sur un framerate constant à 60fps, un critère particulièrement important dans un jeu de ce genre, si nerveux. Sur PlayStation 4, c'est peut-être un peu moins bien : il y a plus de clipping, la distance d'affichage est moindre, et les textures sont moins précises, notamment sur la pierre. Cela étant, nous avons vite pu constater que la version PS4 présentée au public était moins avancée que la version PC testée, je me garderai donc bien d'émettre un quelconque jugement à ce sujet.
Un jeu pour les fans de rallye
Malheureusement, la structure de WRC 5 est assez simpliste : si l'on peut accéder à un mode Carrière plutôt complet, il n'y ensuite que mode multijoueur (en local ou en online) et « Course Rapide ». La petite originalité se trouvera dans un dernier mode de jeu, vous permettant de créer votre propre saison de rallye, en sélectionnant à l'avance les pays que vous voudrez voir apparaître dans celle-ci. Le nombre maximum de pays disponibles dépendra bien entendu de la catégorie choisie : WRC, WRC-2 ou J-WRC.
Et c'est là que WRC 5 révèle sa richesse : il permet aux joueurs de prendre le contrôle de tous les pilotes présents dans ces trois catégories, pour la saison actuelle tout du moins. On trouvera donc Sébastien Ogier et Jari-Mattii Latvala dans leurs Polo, Robert Kubica et Elfyn Evans dans leurs Ford, et même Sébastien Loeb dans sa DS3, toujours accompagné Daniel Elena, son copilote de toujours. Le nonuple champion du monde a en effet participé au dernier rallye de Monte Carlo et de fait, et a ainsi gagné sa présence dans le jeu... Un vrai plus pour les fans de l'Alsacien.
Reste un problème : si le jeu devrait satisfaire les fans de rallye, qu'en sera-t-il des fans hardcore de jeux de course (et donc potentiellement de rallye) qui attendaient ce WRC 5 comme le messie, la simulation ultime WRC ? Ne nous voilons pas la face, malgré ses excellentes sensations, et le comportement souvent très pertinent de ses bolides, le titre de Kylotonn n'est pas une pure simulation. La conduite est assez exigente, mais WRC 5 lorgne plutôt du côté du grand public. Mais après les déboires de la licence à l'ère Milestone, on accueillera avec plaisir ce WRC 5 à sa sortie, datée pour la mi-octobre 2015, en espérant qu'il confirmera ces premières bonnes impressions.
Les images visibles dans cette preview ont été fournies par l'éditeur
Un petit tour en Citroën DS3
Malgré des modes de jeu très classiques et une apparence visuelle pas franchement impressionnante, ce WRC 5 est une bonne surprise : entre les mains de Milestone, la licence dépérissait et ce changement de studio lui a fait du bien, puisqu'elle revient plus énervée que jamais. Les fans de WRC pourront y trouver un contenu officiel de taille conséquente (les 13 pays, les voitures et pilotes/copilotes de WRC, WRC-2, et J-WRC) et une prise en main très agréable. Pour les accros de jeux de course, il représentera un certain challenge grâce à d'excellentes sensations de vitesse et un moteur physique pertinent... mais plutôt permissif par moments. Reste que le pilotage est plutôt exigeant, pour peu que vous cherchiez à perfectionner vos chronos. Sans être une simulation pointue, et malgré quelques défauts évidents, WRC 5 est un titre qui devrait faire honneur au Championnat du Monde de Rallye et à ses acteurs principaux. Un jeu de course franchement grisant, que l'on attendra donc avec impatience.