Il y a maintenant quelques jours, les développeurs du studio Spiders étaient plus que ravis de nous accueillir pour repartir à l’aventure. Presque cinq ans après avoir foulé les terres de GreedFall, son univers nous tend de nouveau les bras et il encore plus riche que ce qu’on pouvait croire : The Dying World nous a emmenés sur le Vieux Continent pour une première expédition. Voici ce qu’il faut savoir, ainsi que nos impressions !
Depuis ses débuts, vers la fin des années 2000, le studio de développement français Spiders s’est très souvent démarqué par le biais de ses créations aux univers fantastiques et originaux. Aujourd’hui, la société fête déjà les dix ans de la sortie de son action-RPG Bound by Flame et n’a eu de cesse d’explorer de nouveaux univers tout en démontrant une jolie progression. The Technomancer, GreedFall et, plus récemment, Steelrising en 2022. D’une création à l’autre, on retrouve cette patte si particulière et cet amour pour les jeux de rôle. En quinze ans, Spiders n’a jamais proposé deux fois le même univers, mais c’était sans compter sur la sortie de GreedFall II : The Dying World. Il y a quelques jours de cela, on a pu poser nos mains sur cette suite qui n’en est pas vraiment une : c’est l’heure de faire le point et de vous livrer nos premières impressions.
L’univers de GreedFall ne demandait qu’à s’étendre davantage
Presque cinq ans après la sortie de GreedFall, le studio de développement Spiders n’a pas eu envie de dire au revoir à la licence. Ayant encore pas mal de choses à raconter, de régions à nous faire découvrir et d’aventures à nous faire vivre, la franchise GreedFall s’étend ici à travers un second volet et recours à cette fameuse pirouette du deuxième épisode qui est en fait… un préquel ! Grâce à ça, le studio Spiders fait d’une pierre deux coups : il permet aux joueurs charmés par le premier jeu d’en explorer davantage l’univers et offre aux néophytes, amoureux de jeux de rôle, une parfaite porte d’entrée. En préambule de notre essai, les développeurs l’ont rappelé : il n’y a pas besoin d’avoir joué à GreedFall pour apprécier The Dying World, notamment parce que les événements de ce deuxième épisode ont lieu trois ans avant. Il est donc possible d’y aller les yeux fermés : les seules choses qui peuvent échapper à l’attention des nouveaux venus sont l’apparition de personnages connus ou des références disséminées dans la narration. Bref, pas de quoi freiner les plus curieux !
Pour The Dying World, Spiders pose son cadre en nous faisant incarner un natif de Teer Fradee, soit l’île que l’on partait explorer dans la peau de De Sardet dans le premier GreedFall. Dans ce deuxième volet, notre personnage fait le chemin inverse puisqu’il est délogé de cette île pour être transporté jusqu’au continent de Gacane. Le nom du jeu le laisse sous-entendre, ces nouvelles contrées sont loin d’être hospitalières : guerre et conflits politiques, malichor (une maladie que l’on a découvert dans GreedFall) et environnements hostiles. Durant notre essai, on a pu découvrir l’une des premières zones explorables, verdoyantes mais remplies de dangers, le temps d’effectuer l’une des premières quêtes. Si, pour le moment, GreedFall 2 : The Dying World n’est pas spécialement impressionnant, du point de vue des graphismes - notre essai s’est fait sur une ancienne build de la version alpha -, il compense encore une fois par le dépaysement de son univers et entretient le charme du premier opus. Encore une fois, avec Spiders, on apprécie le travail sur les costumes et les langues employées par les personnages.
Quoi qu’il en soit, ce deuxième volet promet d’accentuer cette sensation de dépaysement en nous faisant découvrir des paysages inédits et de multiples régions encore inconnues, étoffant davantage le lore autour du continent de Gacane, appelé le Vieux Continent. Par conséquent, on est ressorti en étant plutôt curieux à l’idée de découvrir de nouveaux horizons. Reste à savoir si la première version qui sortira cet été - le jeu se lance en early access, on y reviendra -, puis définitivement, saura concrétiser ces promesses d’un voyage à nul autre pareil. À l’inverse, là où l’on cerne avec plus de précision les ambitions de ce préquel, c’est au niveau de son gameplay et sur la manière dont le jeu construit son expérience.
GreedFall 2 épouse sa véritable nature : ce n’est plus un Souls-lite, c’est un vrai RPG
Quelques années après GreedFall, Spiders nous promet donc « une expérience de RPG toujours plus aboutie », et cela s’est effectivement fait ressentir d’entrée de jeu avec une différence notable par rapport au titre sorti en 2019. En l’occurrence, la dimension jeu de rôle du gameplay penche désormais plus du côté de la stratégie avec la mise en place d’une pause tactique lors des phases de combat, là où GreedFall lorgnait du côté de l’A-RPG et du Souls-lite. En matière de gameplay, ce GreedFall 2 : The Dying World ressemble bien plus à un concurrent de Dragon Age qu’à un jeu vidéo chassant sur les terres de FromSoftware, et on doit dire que cet aspect lui sied bien mieux. Grâce à cette petite refonte, il y a désormais plus de possibilités d’approche des combats. Ici, on peut contrôler les personnages à la volée (via les raccourcis clavier ou un clic de souris), paramétrer ses déplacements et ses actions, étudier son adversaire pour comprendre ses forces et ses faiblesses avant de passer à l’offensive.
On tient à rassurer ceux qui sont moins friands de cette approche : les combats peuvent très bien se jouer en temps réel, en passant d’un personnage à l’autre et en déclenchant les attaques et autres compétences sans stopper l’action. Dans le cadre de notre essai, on a pu compter, lors des pérégrinations du prologue, sur le soutien de deux compères : Sheda et Nalin, dont l’une est assimilée à une guerrière capable d’encaisser les attaques adverses et l’autre à un mage plutôt versatile, capable de malmener les ennemis et de nous soigner en cas de coups durs. Pour votre héros, GreedFall 2 reprend cette jolie idée de création de personnage à travers un tableau, tout en vous laissant le choix de privilégier différents archétypes - on retrouve, entre autres, dix arbres de talent / voies - répartis en plusieurs catégories (maîtrise d’armes, talent de départ, points de statistique). À tout cela, vous pouvez aussi ajouter les différentes stats, les résistances aux diverses altérations (brûlure, saignement, poison), la gestion de vos équipements et, bien évidemment, la dimension narrative du jeu de rôle avec les fameux dialogues à choix qui finissent de transformer ce GreedFall en un RPG pur et dur.
On insiste sur cet aspect narratif puisque le combat, comme tout bon RPG, n’est pas la solution à tout. Parfois, il sera plus judicieux de s’en remettre à ses talents d’orateur ou à sa discrétion et à sa ruse pour parvenir à ses fins. Il ne faut pas oublier que vous ne faites pas ça pour vous, mais essentiellement pour sauver ce continent d’une décrépitude totale. Pour compléter l’expérience, les équipes de Spiders ont pensé à tout un tas de choses comme les systèmes de récolte et de craft. À l’image de nombreux jeux, on retrouve ce mode qui permet de « traquer » les ingrédients, les animaux et, plus largement, les ennemis et autres menaces, mais aussi une posture qui favorise l’infiltration pour se rapprocher le plus près possible d’une zone de combat - et lancer le mode tactique pour mettre en place sa stratégie - ou pour espionner ou sonner un ennemi au moment de progresser dans une zone dangereuse.
Une recette à l’ancienne, réconfortante mais trop plate pour triompher
Mine de rien, ces premières minutes de découverte sur GreedFall 2 : The Dying World nous ont permis de cerner assez nettement les bases de gameplay, mais aussi de s’imprégner de l’univers. Faire ses premiers échanges avec les personnages, comprendre les premiers enjeux du scénario, manipuler les ficelles du système de combat, réaliser les premières quêtes… Comme on l’a dit, c’était un bon début, d’autant que le jeu de Spiders a décidé de revoir son modèle économique par rapport au précédent volet puisqu’il débarque en accès anticipé cet été. Tandis que les développeurs continuent d’avancer sur le développement et de prévoir leur feuille de route, ils nous ont expliqué que le lancement de l’accès anticipé couvrirait 30% de la version finale (début du jeu et de l’histoire, plusieurs régions, donjons et compagnons). Pour GreedFall 2, c’est un pari osé mais on a vu que ce modèle économique a plutôt bien réussi à certains titres sortis durant les derniers mois. On croise donc les doigts pour cette création française, même si elle va devoir gonfler ses muscles et bomber le torse pour convaincre les joueurs de délaisser la concurrence.
Durant cette preview, on a eu l’occasion d’effectuer une petite poignée de quêtes et de combats, de tester les différentes approches du système de dialogue mais, quand bien même nous avons découvert une ancienne version du jeu, l’ensemble nous a paru un peu mou. Alors oui, les ingrédients qui font la marque des bons et très bons jeux de rôle sont présents mais l’on doit dire qu’on a pas vraiment senti de réelles progressions dans les ambitions du jeu. À ce stade, on a eu l’impression que le titre avait quelques trains de retard vis-à-vis de la concurrence et que le chemin semblait encore long pour créer la surprise et piquer l’intérêt des joueurs qui n’auraient jamais mis les mains sur la licence. Lors de ces deux heures de jeu, environ, on s’est rendu compte que le gameplay constitue vraiment le nerf de la guerre. Pourtant intéressant, réfléchi et indissociable de l’héritage des jeux de rôle, celui-ci laisse l’impression de manquer de folie, d’être un peu trop plat. Et, sur la durée, on a peut-être peur que ce gameplay ne soit pas suffisamment percutant pour nous accrocher tout du long.
Pour en avoir la certitude, il faudra patienter jusqu’au lancement de l’early access puis de la version finale, prévue pour 2025. En attendant, on manque de certitudes et il paraît un peu précoce de dire que GreedFall 2 est suffisamment prometteur pour créer la surprise en early access cet été. Notez, pour finir, que les différentes sauvegardes réalisées durant l’accès anticipé, entre les mises à jour majeures et la sortie complète, ne seront pas transférables, et ça, ça pourrait en faire tiquer plus d’un.
Entendons-nous bien, la perspective de renouer avec l’univers de GreedFall avec ce second volet, The Dying World, est réjouissante tant le studio Spiders met son cœur à l’ouvrage en termes d’univers pour proposer un jeu de rôle comme on les aime. Pourtant, côté gameplay, on est quelque peu frustré de constater que la sauce a du mal à prendre, et ce malgré la multitude d’ingrédients censés apporter cette saveur si particulière aux RPG à l’ancienne. En ce sens, l’idée d’un lancement en accès anticipé est une bonne idée et pourrait donner les clefs aux équipes pour transcender les bases solides du jeu qui paraît un peu trop lisse et scolaire. À l’heure actuelle, The Dying World ressemble à une recette que l’on connaît par cœur mais qui sent un peu le réchauffé. Par conséquent, il ne faudra pas lésiner sur les épices pour apporter ce petit goût piquant qui nous donnera envie de replonger la cuillère jusqu’à plus faim.