Surprise du premier State of Play de l'année il y a six mois, Valkyrie Elysium s'apprête à sortir sur consoles PlayStation dans une semaine, avant une publication sur PC mi-novembre. L'un des atouts de Square Enix en cette fin d'année s'est laissé approcher avec une démo plutôt complète qui en dit long sur son potentiel.
Il y a six mois, Sony dévoilait dans son State of Play de mars la bande-annonce révélant le très inattendu Valkyrie Elysium, qui surprenait alors son monde. Était-ce un reboot de l'aussi courte que célèbre franchise Valkyrie Profile ? On ne savait pas trop à quoi s'attendre face à ce nouveau volet sorti de nulle part, et qui semblait parti pour résolument trancher avec ces grands classiques du J-RPG que constituaient ses ancêtres sur les premières consoles PlayStation. Heureusement, deux semaines avant sa sortie, Square Enix avait la bonne idée de proposer une démo du titre, disponible dans un premier temps lors d'un événement presse puis proposée aux joueurs sur le PlayStation Store. De quoi se faire un avis éclairé…
Nous avons pu tester la démo de Valkyrie Elysium lors d’un événement presse organisé par Square Enix à Londres. Nos impressions proviennent de cette session de jeu effectuée sur PlayStation 5, basée sur la démo du Tokyo Game Show 2022, disponible depuis sur le PlayStation Store. Nous n'avons pas eu l'occasion de nous essayer à la version PlayStation 4.
Sommaire
- Le retour d'une licence : un nouveau profil pour Valkyrie ?
- Valkyrie Souls : Automata, un concentré d'action-RPG vif et ingénieux
Le retour d'une licence : un nouveau profil pour Valkyrie ?
La franchise "Valkyrie" revient de loin. Après deux premiers épisodes acclamés sur PlayStation et PlayStation 2 (le premier ayant même fait l'objet d'un excellent portage sur PlayStation Portable), puis le plutôt convaincant tactical-RPG Valkyrie Profile : Covenant of the Plume sorti sur Nintendo DS en 2009, la série avait plus ou moins disparu des radars depuis plus d'une décennie, exception faite du très oubliable Valkyrie Anatomia : The Origin publié sur iOS et Android en 2016. Avec Valkyrie Elysium, c'est donc tout simplement la première fois depuis 2006 que la licence revient sur consoles, avec une troisième itération à destination de ces machines, et surtout un premier pas dans l'univers du PC dans quelques semaines. Maintenant que le contexte est posé, que vaut exactement cette mini surprise ?
C'est tout au long d'une démo assez généreuse, qui pourra bien vous occuper deux ou trois heures en fonction de votre affinité avec les J-RPG, que l'on apprendra les bases de gameplay assez complètes d'un soft un peu avare en détails sur son lore (à moins de collecter ses mystérieuses fleurs illusoires un peu partout sur la map) et son véritable placement dans la potentielle timeline de la saga à laquelle il appartient. Vous incarnez une Valkyrie, créée et envoyée sur Terre par Odin en plein Ragnarök (la fin du monde dans la mythologie nordique) pour régler les problèmes de ce dernier, tout-puissant mais quand ça l'arrange. La véritable surprise réside dans la progression et la jouabilité du titre, beaucoup plus proches d'un action-RPG que ce que l'on pouvait attendre. Les principales constituantes du gameplay de Valkyrie Elysium sont explorées tout au long de cette démo, des attaques de base à l'invocation des Einherjar en passant par des compétences et des combos à gérer, lors de combats lorgnant presque davantage du côté du beat'em all par moments. Le système de points engrangés au fil des hits cumulés s'éloigne clairement de ce qu'on pourrait attendre d'une "suite" à Valkyrie Profile, et peut davantage rappeler le système de scoring d'un Devil May Cry par exemple.
Qu'on se rassure : en-dehors du système de niveaux d'expérience dont il semble étrangement s'affranchir, Valkyrie Elysium est bien un RPG dans ses nombreuses facettes de gameplay, et en coche toutes les principales cases, quitte à souvent verser dans le cliché d'ensemble. Cela ira des simples combos de touches pour exécuter des attaques de corps-à-corps rapides aux "arts divins" (magies exploitant les points faibles des ennemis, comme le feu, la foudre, la grêle, etc.), et donc ces fameuses invocations qui permettront également de franchir des obstacles (en brisant des rochers ou créant des ponts, par exemple). Bien entendu, de nombreuses compétences seront à débloquer pour votre héroïne (ainsi que des armes à améliorer) en utilisant les nombreuses gemmes de différents types récupérées en battant des ennemis, mais aussi en fouillant un peu partout tant l'univers du jeu semble receler de secrets, entre coffres à trésors et même quêtes secondaires. À ce niveau, on déplorera juste un "farm" un peu trop simple, facilité par la réapparition trop rapide et fréquente d'éléments destructibles du décor et de certains ennemis basiques. Mais au-delà de ce relatif classicisme, l'équipe de développement derrière Valkyrie Elysium témoigne d'une bonne connaissance de ce qui distingue un RPG lambda d'un vrai bon titre moderne, en proposant un gameplay léché et, pour ne rien gâcher, d'une lisibilité assez exemplaire.
Trailer d'annonce de Valkyrie Elysium au State of Play
Valkyrie Souls : Automata, un concentré d'action-RPG vif et ingénieux
En effet, les sensations de jeu manette en main nous ont très vite mis dans le bain : Valkyrie Elysium n'est pas une simple caricature d'action-RPG moderne, mais une déclinaison assez "punchy" du genre. Comment ne pas penser, par exemple, à la mécanique très dynamique de "Soul Chain", une sorte de grappin qui vous permet d'atteindre des rebords mais également des ennemis à distance en combat ? Cet instrument particulièrement jouissif apporte une dimension supplémentaire à l'action et devient vite un réflexe, qu'on regrette presque de ne pas pouvoir utiliser partout et tout le temps. Côté exploration et structure globale, la construction du titre rappelle un peu celle d'un Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin, mais avec une direction artistique plus marquée, et quand même sacrément plus solide techniquement. En outre, et on ne va pas se mentir, en deux générations entières de machines passées par là, la licence "Valkyrie" a un peu appris des jeux From Software dans la mise en scène de ses combats de boss en arène, et le comportement parfois un peu mollasson d'ennemis à la fois lents et étonnamment puissants. C'est parfois un peu caricatural surtout que le challenge n'est pas vraiment là (nous avons complété la démo à 100% en 3 heures environ en difficulté "normale") : n'est pas Dark Souls qui veut, mais Valkyrie Elysium s'en inspire avec une certaine réussite, combinant pas mal de bonnes idées empruntées aux références du RPG en général sur les quinze années qui le séparent déjà de Valkyrie Profile 2 : Silmeria.
Enfin, finissons sur une note technique d'ensemble. Alors certes, Valkyrie Elysium n'est pas une prouesse graphique hors normes : c'est un énième jeu d'action japonais loin des standards occidentaux, dont l'immersion est parfois gâchée par des doublages un peu moyens et des synchronisations labiales très datées. Il ne justifiera pas l'achat d'une PS5 à lui tout seul (le jeu sort simultanément sur PS4 par ailleurs, bien que la version PS5 soit probablement beaucoup plus plaisante à jouer), mais sa touche visuelle reste fine et agréable à l'œil, notamment au niveau du chara design à moitié en cel-shading du personnage jouable et de pas mal d'autres éléments graphiques. L'ensemble paraît parfois appartenir à un autre âge, à cause principalement du déséquilibre de ses environnements, à la fois sublimes et très détaillés mais aussi quelque peu bâclés dès que leurs concepteurs les ont jugés secondaires. En plus de son surprenant virage action-RPG, Valkyrie Elysium y a un petit quelque chose de Final Fantasy VII Remake dans ses décors de fond statiques et brouillons, à qui le style proche du cel-shading confère comment un peu plus de cohésion que les horribles "jpg de fond" que l'on observait au-delà des limites de Midgar dans le célèbre remake de Final Fantasy VII (contemporain du premier "Valkyrie", soit dit en passant). Cependant, un certain charme d'ensemble s'en dégage, maîtrisant en quelque sorte sa désuétude tel un NieR:Automata, avec qui il partage de nombreux points forts comme la nervosité de ses 60fps bien maîtrisés, la fluidité et la clarté de ses menus dans lesquels il est très agréable de naviguer, ainsi qu'un autre atout encore moins négligeable au niveau de sa bande originale, plutôt convaincante sur ces premières séquences. Avec autant d'élogieux modèles dont il n'a pas à rougir, Valkyrie Elysium semble plus que mériter que l'on s'y attarde !
Valkyrie Elysium sortira en exclusivité console sur PlayStation 5 et PlayStation 4 le 29 septembre, puis le 11 novembre sur PC.
Sorti d'un peu nulle part, et pas forcément clair sur ses intentions initiales (reboot de la franchise ? spin-off ?), Valkyrie Elysium pourrait bien être une des grosses surprises de cette fin d'année. Porté par une direction artistique à la fois audacieuse et plutôt solide, son gameplay global jouit d'un dynanisme très agréable, qui rend la progression franchement fluide et l'action assez nerveuse (en tout cas sur PS5, où on ne constate pas de chutes de framerate). Le titre de Square Enix ne risque en réalité de décevoir que les aficionados de J-RPG à l'ancienne, avec combats au tour par tour, à qui un tel virage "action" pourrait déplaire, surtout faute de recontextualisation claire des événements pour le moment. Notre mystérieuse héroïne serait-elle la réincarnation de Lenneth, et Valkyrie Elysium tiendra-t-il les nombreuses promesses entrevues dans sa généreuse démo ? Nous devrions de toute façon en savoir plus très prochainement !