Ridley Scott n’a plus besoin de se faire un nom et, à 87 ans, il est plus actif que jamais. Le réalisateur d’Alien enchaîne les projets, le plus récent étant bien évidemment ''Gladiator II''. Mais cette boulimie implique des méthodes de réalisation qui ne plaisent pas du tout à l’un de ses plus proches collaborateurs.
Le chef-opérateur de Gladiator 2 n'est pas content et le fait savoir
Le parcours de Ridley Scott n’est finalement pas extrêmement original. Né en 1937 dans le nord-est de l’Angleterre, il a étudié les arts, puis s’est fait embaucher par la BBC en tant qu’assistant, chef-opérateur, chef-décorateur, puis réalisateur. Avant de passer sur grand écran, il s’est créé une solide réputation dans le monde de la publicité, et a, même une fois qu’il est devenu un réalisateur qui compte, continué d’utiliser ses talents dans ce domaine. Il n’a pas fallu longtemps à Ridley Scott pour apparaître sur les radars, car Alien, le huitième passager est son deuxième film, tandis que Blade Runner est le troisième.
De nombreux films signés Ridley Scott sont cultes, et on peut par exemple citer Thelma & Louise, Gladiator, Hannibal, La Chute du Faucon Noir, American Gangster, Seul sur Mars, Le Dernier Duel ou encore House of Gucci. Ses films n’ont cependant pas tous convaincu, à l’image de Kingdom of Heaven, Prometheus, Alien : Covenant et, plus récemment, Napoléon. Il s’est même montré assez désobligeant envers les spécialistes critiquant son approche très libre des événements historiques, que lui-même dit avoir prise très au sérieux.
Quoi qu’il en soit, Ridley Scott est un nom qui fait déplacer le public au cinéma. Sorti en novembre, Gladiator 2 prend tout droit le chemin du succès et vient de dépasser la barre des 300 millions de dollars générés au box-office. Il ne semble pas être en mesure de lutter avec le premier opus, récompensé à de multiples reprises, mais le film plaît. Tout pourrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais c’était sans compter l’intervention au vitriol de John Mathieson, chef-opérateur sur le film et collaborateur de longue date de Ridley Scott. Pour ce dernier, qui s’est exprimé au micro du podcast DocFix, Scott est devenu fainéant.
Il est devenu fainéant. Ce sont les VFX qui corrigent tout. Il y a des trucs qui restent dans le champ, des caméras, des micros, des bouts de décor qui pendent, des ombres de perches. Tout le monde se contentait de dire "maintenant, nettoyez tout ça en post-prod". Ridley Scott est quelqu’un d’impatient qui aime obtenir le plus de choses possible en une seule fois. Mais ce n’est pas très bon pour la photographie (…), car on règle toujours la lumière pour un angle précis.
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Multicam : technique utile ou signe d'un laisser-aller ?
Comme le rapporte Écran Large, Ridley Scott a depuis longtemps pris le pari de tourner ses films en disposant de plusieurs caméras. Cela déplaît à Mathieson, qui y voit un problème plus large : ce gain de temps théorique nuit à la composition des images et au fait de penser un film par l’intermédiaire du cadre choisi. Ce qu’on comprend surtout, c’est que le chef-opérateur reproche à Ridley Scott d’utiliser le multicam pour bâcler sa réalisation et tout refiler aux équipes de post-production. Mathieson semble même un peu résigné, tout en ayant conscience que tout cela n’est que son avis :
Je ne crois pas qu’avoir plein de caméras ait rendu les films meilleurs. C’est un peu "plus vite, plus vite, plus vite". Ça l’a changé. Mais c’est comme ça qu’il aime faire les choses. Personnellement, je n’aime pas ça et je pense que peu de gens aiment ça, mais le public adore ses films. Et puis, c’est Ridley Scott, alors il peut faire ce qu’il veut.
De telles déclarations risquent de mettre à mal la collaboration entre les deux hommes, jusque-là renouvelée six fois. Quoi qu’il en soit, Ridley Scott n’est pas prêt à prendre sa retraite puisqu’on parle d’un biopic sur les Bee Gees et un film de science-fiction dans lequel Paul Mescal serait présent. Ce long-métrage serait intitulé The Dog Stars et serait une adaptation du roman éponyme de Peter Heller.