En tant que cinéphile notoire, Quentin Tarantino a souvent des avis bien tranchés quant au cinéma et son industrie qu’il n’hésite pas à partager en interview. Dernièrement, le réalisateur américain s’est exprimé sur les remakes par Hollywood.
Je n'aime pas le sable, il est grossier, agressif, irritant…
Récemment, Tarantino et Roger Avary (notamment connu pour son travail en tant que scénariste sur Pulp Fiction et True Romance) étaient les invités du Bret Easton Ellis Podcast, l’occasion pour le réalisateur de lancer une des déclarations controversées dont il a le secret. En effet, Variety rapporte que le cinéaste a non seulement défendu le récent Joker : Folie à Deux de Todd Phillips mais a en plus affirmé n’avoir aucune envie de voir les nouveaux films Dune de Denis Villeneuve. Pourtant, contrairement au film de Phillips, ceux-ci rencontrent un succès critique et financier indéniable.
"J’ai vu le Dune de Lynch plusieurs fois. Je n’ai pas besoin de voir à nouveau cette histoire," affirme le réalisateur oscarisé. "Je n’ai pas besoin de voir des vers des sables. Je n’ai pas besoin de voir un film qui utilise le mot "épice" de manière si dramatique."
En effet, Denis Villeneuve n’est pas le premier à proposer une adaptation des livres de Frank Herbert, puisque David Lynch s’y était déjà essayé en 1984 (sans compter l’adaptation avortée d’Alejandro Jodorowsky). Mais plutôt qu’un remake du film de Lynch, Villeneuve propose de revenir au matériau de base, qu’il adapte sous le biais de sa vision personnelle tout en apportant quelques changements au récit des livres.
Proposer de l’ancien à nouveau
Derrière cette complainte quelque peu aigrie se cache une critique pas forcément inexacte sur la tendance au sein d’Hollywood de s’en tenir à des licences "sûres" ou des remakes d'œuvres populaires. Pas de chance pour Tarantino, Dune et Shogun (sur lequel le cinéaste a également exprimé son peu d’envie de revoir une histoire qui a déjà connue une adaptation en 1980) étaient tous deux des petits paris pour leurs producteurs à l’époque de leurs sorties.
En effet, Dune avait beau être l’adaptation d’une saga littéraire culte, celle-ci n’avait connue qu’une seule adaptation au résultat plus que mitigé tandis que Shogun est une série américaine se déroulant au milieu du Japon féodal et comptant un casting majoritairement japonais, dans une industrie notoirement réticente aux récits non occidentalo-centrés. Ainsi, il est dommageable qu’un réalisateur tel que Tarantino se refuse à regarder ses œuvres sur le principe qu’elles adaptent un matériau déjà précédemment adapté. Si le matériau de base reste en effet le même, le regard que les nouveaux créateurs posent sur celui-ci peut mener à des œuvres drastiquement différentes les unes des autres et, si les succès des deux œuvres concernées ici est à croire, le public est particulièrement réceptif à ces propositions.