"J'ai pleuré de rire tout du long, ça a même failli me tuer à un moment"

Certains pourraient le considérer trop inaccessible en raison de son humour profondément british et de ses références très locales mais les retours dithyrambiques sur Thank Goodness You’re Here! sont bien capables de les faire changer d'avis au sujet de l’expérience impeccable servie par le studio Coal Supper. Avec un score de 90/100 sur Metacritic, le “jeu de claqueforme comique et absurde” (c'est bien la description donnée sur Steam) s’impose indéniablement comme l’une des révélations de l’année. Sur sa page Steam, qui affiche des commentaires massivement positifs, même les joueurs français font part d’un enthousiasme assez frappant : “J'ai pleuré de rire tout du long, ça a même failli me tuer à un moment”, “Le jeu est super et drôle ! Je n'y croyais pas trop avant de le prendre mais je ne regrette pas !”, “Thank Goodness You're Here est un ovni vidéoludique”, peut-on lire parmis une myriade d’éloges faites au jeu. Alors forcément, on devait nous aussi s'y essayer.

Plus drôle que ton jeu le plus drôle

Le média Guardian, qui a accordé au jeu la note maximale (5 étoiles sur 5, tout simplement), s'avance à affirmer qu’à l'avenir, lorsque le sujet des jeux comiques les plus drôles de tous les temps sera abordé, le nom de Thank Goodness You’re Here! pourra sans honte reposer aux côtés de Monkey Island et The Stanley Parable. Voilà qui est flatteur pour cette petite pause humoristique que l'on compare de notre côté volontiers à un épisode de Mr Bean trois fois plus fou et déluré. Si le soft charme autant, c’est peut-être que les expériences purement comiques se font encore rares de nos jours. Les deux dernières productions à m’avoir décroché de véritables rires étaient probablement South Park : L'Annale du Destin et There Is No Game : Wrong Dimension. Mais bien sûr, l'humour, c'est subjectif, et vous avez probablement tous des recommandations bien différentes les uns des autres. Nul doute que certains détesteront Thank Goodness You're Here! quand d'autres seront hilares tout au long de la partie.

Thank Goodness You’re Here s’apparente davantage sur la forme à une sorte d’Untitled Goose Game : l’expérience ne dure pas plus longtemps de deux heures et ne nécessite que deux commandes pour en venir à bout : un bouton pour sauter, un autre pour frapper tout ce qui bouge, humains et objets compris. Si vous désirez ouvrir une porte, vous n’avez qu’à taper dessus ; et si vous souhaitez engager une conversation tout à fait formelle avec un passant, vous n’avez qu’à lui donner un petit coup sur les fesses, et personne ne semble vous en vouloir pour cela. La différence avec le jeu de l'oie étant que l’objectif n’est pas là de saccager le jardin de vos voisins, mais bien de venir en aide aux petits commerçants d'un coin fictif qui s’écrient “Thank goodness you’re here !” ("Dieu merci, vous êtes là !") chaque fois qu’ils vous voient débarquer pour la première fois. Votre petit héros, miniature au possible (et sans nom), est l'homme de tout un tas de situations vraiment loufoques. Avec une prise en main aussi simple et une durée aussi courte, le titre se déguste comme un petit bonbon en fin de soirée.

2 heures de gags british

On adhère au style comics, minimaliste mais hautement chatoyant de Thanks Goodness, comme à ses délicieuses animations. La direction artistique colle parfaitement au propos et rend l'univers parfaitement convaincant. Perdu dans les méandres de la pittoresque ville de Barnsworth, un commercial voit son rendez-vous avec le maire se transformer en une aventure rocambolesque composée de situations tellement absurdes qu’elles semblent bien difficiles à retranscrire ici à l’écrit. Et vous comprendrez bien vite à quelle sauce le jeu compte vous manger quand vous devez quitter le bureau de votre patron en sautant par une fenêtre d’une hauteur de dix étages au lieu d’emprunter la porte grande ouverte qui n'attendez que vous.

Accueilli à bras ouverts par des habitants excentriques empêtrés dans un tas de petits soucis techniques et logistiques, notre héros minuscule se retrouve rapidement impliqué dans des situations surréalistes où il va devoir assister ce beau monde rien qu’en sautant et en tapant. Entre deux tâches farfelues, il explore cette bourgade hors du commun, où chaque coin de rue cache une nouvelle surprise. Le temps semble s'écouler à une vitesse folle au rythme d'une flopée de gags enchaînés, alors que notre bonhomme est capable de se glisser dans des tuyaux qui l’emmènent dans des royaumes totalement insoupçonnés. Bloqué dans une motte de beurre qui le fait virevolter d’un lieu à l’autre, il se retrouve également projeté dans les fesses d’un marchand peu regardant, coincé dans les conduits d’un lavabo douteux ou largué dans un centre commercial pour rats caché dans le plafond d'une épicerie. Thanks Goodness You’re Here semble par ailleurs être une chaleureuse lettre d’amour au nord de l’Angleterre, avec ses mines de charbon, ses images d’archive de maisons en briques rouges et ses petites chansonnettes paillardes. L’ensemble est un enchaînement hautement créatif et complètement inattendu de situations aussi folles qu’intelligentes qui vous invite dans une vague d’absurdité absolument captivante. Ah, et c'est en français !