Ces derniers jours, on a autant parlé de Shadow of the Erdtree pour ses notes dithyrambiques que pour sa difficulté. Une difficulté qui nous pousse à utiliser tous les outils à notre disposition, c’est normal, mais parfois au détriment d’un ressenti précieux chez FromSoftware : l’accomplissement.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV. Merci d'avance, bonne lecture !
Mise en situation : vous entamez le dernier quart de la vie d’un boss dans Elden Ring. Vos doigts se crispent, vous commencez à transpirer et votre cœur, quant à lui, bat de plus en plus en fort… Vous reste-t-il assez de fioles pour tenir jusqu’au bout ? Est-ce le bon moment d’imprégner votre arme ? Quelle est la meilleure fenêtre pour attaquer sachant que quelques erreurs peuvent être fatales ? Et surtout, en cas d’échec, parviendrez-vous à atteindre une nouvelle fois cette étape du combat ? Ces questions, c’est simple, je me les pose CHAQUE FOIS que je suis sur le point de battre un boss dans un jeu FromSoftware (ou sur un autre très bon Souls-like). J’entre alors dans un état second où plus rien autour n’a d’importance, et si jamais je l'emporte, j’exulte comme jaja. Un sentiment précieux que j’ai bien failli occulter dans le DLC Shadow of the Erdtree. Je vous raconte ici ce qui m’est arrivé.
Face à Rellana
Comme beaucoup d’entre-vous, les chemins du Royaume des Ombres m’ont rapidement mené vers Rellana, Chevaleresse des Lunes jumelles - boss du Château d'Ensis. Un ennemi a priori obligatoire pour progresser et qui propose un combat certes classique (ça reste une humaine avec deux épées) mais franchement prenant, notamment grâce sa seconde phase et à la bande-son. Bref, j’ai eu envie de me casser un peu les dents dessus. J’avais ma lame-revers améliorée à fond, une bonne armure, quelques fragments de l'Arbre-Occulte en stock et je sentais que le rapport de force était plus ou moins équilibré. J’étais prêt mais après pas mal d’efforts, il n’y avait rien à faire, ça ne passait pas.
Puis, mesdames et messieurs, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Il se faisait tard, je voulais terminer sur une victoire, j’ai flanché, j’ai fait appel à la Lame Imitatrice (un pouvoir qui permet littéralement de se dédoubler). Vous vous doutez de la suite, j’ai fumé Rellana et quand le fameux “ennemi majeur abattu” s’est affiché en gros sur mon écran, j’ai rien ressenti. Même pas un peu de fierté ou de joie à la vue de la zone inédite qui me tendait les bras. J’avais juste l’impression de n’avoir rien accompli.
Rellana, Chevaleresse des Lunes jumelles (Elden Ring : Shadow of the Erdtree)
Mon rapport à la difficulté
Pourtant, je ne suis pas de ceux qui ne jurent que par la difficulté ou s’interdisent de faire appel aux invocations. J’avais - par exemple - déjà utilisé la Lame Imitatrice pour me débarrasser d’un énième combat de dragon. Mais à ce moment, face à Rellana, je n’ai pas trouvé mon compte. J’ai joué avec des dés un peu trop pipés à mon goût, j’ai perdu ce sentiment d’accomplissement que j’aime tant.
Tout ça concerne mon propre rapport à la difficulté… Je n’avais pas l’impression de m’être dépassé, mais il y avait autre chose. Après cette victoire en demi-teinte, j’ai réalisé que je n’avais pas vécu à fond l’un des ultimes boss d’Elden Ring. Oui, vous n’êtes pas sans savoir que Shadow of the Erdtree est le premier et dernier ajout de contenu au chef d'œuvre de FromSoftware. Après ce DLC, il faudra attendre quoi, trois ou quatre ans avant de pouvoir revivre une aventure signée Hidetaka Miyazaki et ses équipes. J’estime donc devoir prendre le temps de savourer l’extension comme il se doit - même si ça veut dire recommencer un boss en boucle alors que je pourrais me simplifier la vie. Par ailleurs, plotwist : grâce à la magie du cloud, j’ai pu revenir en arrière et battre Renalla de la bonne manière ! Dans tous les cas, c'est certain, je ne ferai plus cette erreur pour le reste de Shadow of the Erdtree.
