Pas plus tard que ce jeudi 13 juin, je n’ai pas boudé mon plaisir de reprendre la série The Boys après de longs mois d’absence. Je suis cette série depuis ses débuts et c’est toujours ce petit plaisir régressif qui me donne l’envie d’en suivre les événements. Aujourd’hui, je trouve que la série a bien changé, et ce n’est pas une mauvaise chose ! Voici ce que je retiens des trois premiers épisodes de la saison 4 de The Boys.
Il y a quelques jours de cela, nous avons appris que cette quatrième salve d’épisodes serait bel et bien l’avant-dernière saison de The Boys. À défaut de tirer sur la corde comme beaucoup d’autres séries, l’un des shows les plus populaires de la plateforme Amazon va tirer sa révérence avec la prochaine saison. Par conséquent, on comprend que cette saison 4 a une importance capitale puisqu’elle donnera le ton et amorcera la conclusion de la série. Bon, ça ne sera pas vraiment un clap de fin pour cet univers rempli des pires super-héros que l’on ait jamais connu car il y a déjà le spin-off Gen V sur lequel Amazon peut se reposer en attendant que d’autres programmes dérivés ne prennent le relais.
Comme à son habitude - bien que ce n’était pas le cas avec la série originale Fallout diffusée il y a quelques semaines -, Amazon a mis à disposition les trois premiers épisodes de cette quatrième saison. Trois heures et quelques à en prendre plein la vue, à détourner parfois le retard avec un bruit d’écoeurement, à rire à certaines piques bien senties ou à des blagues douteuses. En fin de compte, il y a des choses qui ne changent pas dans The Boys, mais… En effet, le show a semble-t-il perdu un peu de son aura avec cette entame de saison, récoltant (pour l’instant) le moins bon score de recommandation depuis la saison 1 en 2019. The Boys s’est-elle perdue ? Oui, elle est peut-être moins subtile et nous parle plus d’humains que de super-héros dégénérés… et c’est ce qui marche.
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La série The Boys est toujours aussi crade, mais de moins en moins subtile
Comme à chaque fois, il ne faut pas attendre bien longtemps pour comprendre les intentions de The Boys, notamment en matière d’intrigue ou de sous-texte. Alors, lorsque l’on entend les premières notes de God Save the Queen du groupe Sex Pistols, on a vite fait le lien avec son message contre le fascisme. Rappelons que, dans les derniers instants de la saison 3, Homelander faisait exploser la tête d’un militant qui avait osé lancer une bouteille en plastique sur Ryan, l’enfant qu’il a eu avec Rebecca, la femme de Butcher. Bref, rien qu’avec cet élément, on comprend vite que beaucoup de choses vont tourner autour de la politique dans cette saison : il y a eu le procès de Homelander, les deux camps d’activistes/militants qui s’affrontent (le camp de Homelander et celui de Starlight), Victoria Neuman qui brigue la présidence et essaie de mettre la main sur le pays tout entier, les actions de la CIA via Butcher, son groupe et l’apparition de Joe Kessler (incarné par Jeffrey Dean Morgan).
Dans ces premiers épisodes, on sent rapidement que les enjeux politiques ont pris le dessus sur les magouilles sanguinolentes des Sept durant les débuts de la série et qu’il ne s’agit plus seulement d’une course à la vengeance. Même dans sa caricature, The Boys paraît un peu moins percutant et vise trop des thématiques évidentes comme l’essor du complotisme partout dans le monde, y compris aux États-Unis, ou le parallèle bien trop marqué entre Trump et Homelander. Dans pas mal de choses de ce que ce début de saison 4 entreprend, on ressent ce manque de subtilité. Qu’on se le dise, il y a toujours les scènes les plus crades et grotesques de la télévision - la saison 4 n’y va pas de main morte avec une variante très perturbante de The Human Centipede et n’épargne toujours pas The Deep et ses relations avec certaines espèces marines - mais, même si certaines scènes gore font surtout office de fan-service pour montrer aux spectateurs de la première heure qu’il y a toujours ce qui fait le sel de The Boys, on est un peu moins convaincu par l’idée. Du moins, pour l'instant.
Des super-héros et des humains qui se bagarrent… à coup d’images
Certes, ce début de saison nous fait craindre une certaine facilité, que ce soit vis-à-vis de la narration (la relation entre Butcher et son fils) ou des clins d'œil (la référence visuellement évidente à Mortal Kombat), il y a tout de même quelque chose qui nous intrigue. Un peu à la manière de la série Gen V, dont on évoquait le sous-texte intéressant des traumatismes familiaux sur ses jeunes individus, The Boys n’hésite plus à embrasser des thématiqus plus humaines. Bon, qu’on soit bien d’accord, Homelander est toujours le psychopathe le plus effrayant que la Terre n’ait jamais porté mais on le voit ici sous un nouveau jour, plus instable qu’à aucun autre moment. En fait, derrière son inhumanité, Homelander devient le vecteur de thèmes profondément humains : la peur de vieillir, la crainte de ne plus être aimé/de tomber dans l’oubli… Plutôt qu’un être qui tue de manière décomplexé, presque une déité qui tue pour son propre plaisir et craint de tous (ce qui l’agace profondément), Homelander dévoile une forme d’ambivalence, à la fois fragile et terrifiante. Même lorsqu’il dévoile ses failles, il nous fait craindre le pire : on se dit qu’il est capable de vriller à tout moment, lui qui ne parvient pas à comprendre son fils, reste obnubilé par sa propre personne et continue de traiter les humains en les prenant de haut.
Durant ces trois épisodes, la saison 4 de The Boys nous montre que ce ne sont pas tant les pouvoirs et les super-héros qui comptent désormais dans cette série que la dimension humaine. Au-delà de Homelander, ce sont quasiment tous les personnages qui affrontent leurs démons ou des choses du passé qui les obsèdent. Butcher et les nombreuses erreurs qu’il a commises, l’éloignant de son fils ; Hughie et sa mère qui l’a abandonné, Kimiko et l’enfance traumatisante qu’elle a vécue, Frenchie et sa culpabilité vis-à-vis de Colin, A-Train qui souhaite se racheter et balayer ses mensonges, Starlight et son immaturité d’antan. C’est notamment pour cela que je ne vois, au contraire, aucun inconvénient à ce changement de ton dans la narration de The Boys. Oui, il y a moins de super-pouvoirs utilisés à tout-va mais ce n’est vraiment pas si grave, d’autant que le début de cette saison 4 nous montre qu’il y a plus fort encore que les aptitudes physiques. Ici, l’arme la plus puissante, c’est l’image.
En faisant le choix d’inclure un nouveau membre dans la troupe des Sept, Homelander nous fait voir qu’il est plus intelligent qu’on le croit. Ce qu’il cherche, c’est quelqu’un qui le stimule et c’est pour ça qu’il va se tourner vers… Sister Sage, l’héroîne la plus intelligente du monde. Si on sent que sa présence est à double tranchant - on est prêt à parier que les choses vont rapidement dégénérer -, elle montre aussi qu’on peut faire plus de dégâts en manipulant l’image et l’opinion qu’en tirant des lasers avec ses yeux. Dans la continuité, l’autre héroïne de la bande des Sept, Firecracker, n’est pas en reste dans ce domaine et possède un discours aussi rodé qu’une population acquise à sa cause, à savoir les adeptes des théories du complot. Fines stratèges en matière de communication et reines de la manipulation de masse, Sister Sage et Firecracker sont deux personnages qu’il faudra surveiller de près et qui tranchent énormément avec ce dont The Boys nous a habitués depuis ses débuts. On est loin de la traditionnelle série de super-héros, mais c’est une très bonne chose à mon avis !
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