Désormais, la société de production cinématographique Blumhouse ne se contente plus seulement de superviser des films : elle s’intéresse de très près aux jeux vidéo. Après les révélations du Summer Game Fest, on a pu essayer l’un des titres phares du catalogue en construction. Visuellement à contre-courant de tout ce qu’on peut voir, ce jeu vidéo nous montre que les titres indés ont un potentiel incroyable. Il est temps de revenir sur… Fear the Spotlight, un titre qui va plaire aux mordus de Stranger Things, l’une des plus grandes séries Netflix.
On l’avait déjà compris mais c’est désormais une certitude : la société de production Blumhouse n’a plus envie de rigoler et compte bien s’imposer, globalement, comme la référence en matière de divertissement horrifique. Lors de la cérémonie du Summer Game Fest, Jason Blum et Louise Blain ont fait une apparition sur scène, le temps de dévoiler une bande-annonce un peu particulière. Au lieu de se focaliser sur un seul et unique jeu, le duo nous a offert un aperçu des titres qu’ils ont souhaité soutenir et commercialiser sous leur label Blumhouse Games. Quelques heures seulement après cette annonce, nous étions dans les allées des Play Days à la recherche d’un stand bien particulier, celui de Fear the Spotlight, et c’est l’heure de vous en parler plus en détail.
Des petits projets qui valent chers : Blumhouse applique sa stratégie de films aux jeux vidéo
Si l’on a pu découvrir de multiples projets soutenus par la branche jeux vidéo de Blumhouse, les Play Days ont mis un coup de projecteur - c’est le cas de le dire - sur Fear the Spotlight, un titre développé par un couple qui a déjà un pied dans le divertissement. Bryan a travaillé sur des jeux à gros budgets tels que The Last of Us et Uncharted 4, tandis que Crista était, entre autres, responsable artistique des Animaniacs, en plus d’avoir bossé avec de grandes chaînes (directrice artistique pour Nickelodeon, ..). Presque instantanément, on a ressenti ce bagage professionnel car Fear the Spotlight nous immerge dans une espèce de cadre qu’on a déjà vu dans un teen/horror movie, réussissant avec brio à nous plonger dans son univers grâce à un parti-pris graphique. En effet, Fear the Spotlight se présente comme un hommage aux jeux des années 90 à travers son esthétique très rétro. Lorsqu’on joue, on a presque l’impression qu’on est face à un film récent qui aurait subi un demake, c’est-à-dire une déconstruction pour lui donner un aspect plus désuet, plus ancien.
Mine de rien, le monde de l’horreur dans le jeu vidéo n’a pas peur de prendre des risques, d’assumer un côté artistique très marqué, et c’est ce qui fait ses preuves chez certains créateurs de contenu friands de ce type d’expérience. Sur Twitch et YouTube, on en recense plein (Markiplier, Jacksepticeye, GabSmolders, …) et c’est typiquement le genre de titres qu’on pourrait retrouver sur leur chaîne. Ici, on suit deux jeunes filles qui ont décidé de s’introduire dans leur école, la nuit, à la recherche d’une tablette Ouija entreposée dans une vitrine de la bibliothèque scolaire. Bien plus entraînée par son amie que l’instigatrice de cette excursion, Viviane se retrouve vite au beau milieu d’une séance d’occultisme qui dégénère.
Pendant cette expérience, on a découvert, d’une part, la dimension narrative de Fear the Spotlight. On déambule dans les couloirs vides, on se fait cueillir par certains éléments interactifs qui nous apprennent de détails assez importants, à l’image de cette plaque mémoriale dédiée aux enfants qui ont tragiquement péri à la suite d’un incendie de l’école. Au-delà de ce type d’élément qui incite à l’exploration, c’est toute l’expérience qui est basée sur ce registre : on arrive dans une nouvelle pièce, on fouille les recoins pour trouver de quoi remplir notre objectif et on progresse dans la narration. Certes, une vingtaine de minutes, c’est assez court mais ça a été suffisant pour vouloir savourer l’expérience globale avec un seau de popcorn à portée de main.
Ne vous fiez pas aux apparences : ce jeu vidéo a toutes les qualités pour vous surprendre… et vous faire peur !
Tout au long de notre essai, on a senti que l’ambiance devenait de plus en plus tendue. Si l’on débute notre intrusion en compagnie de deux jeunes filles insouciantes, la tension s’installe rapidement lorsque le tandem doit éviter d’apprendre dans le champ de vision des caméras de surveillance. Plus oppressant encore, la séance d’occultisme se transforme vite en une expérience traumatisante. Une apparition fantomatique, des bougies qui s’éteignent, un noir complet. Avec peu de moyens, Fear the Spotlight nous prouve, encore une fois, qu’un jeu d’horreur peut nous glacer le sang sans user et abuser des artifices du médium (jumpscares, monstres hideux, …). Les allumettes en main, on tremble à l’idée de raviver la flamme des bougies et d’être confronté à ce qui se cache dans l’obscurité.
À côté de ça, le jeu pose une atmosphère anxiogène qui repose sur des choses simples, exacerbées par le sound design. Des bruits de pas, des chutes d’objets, des effets de lumière, des chemins étriqués… La recette est simple mais elle fonctionne sans forcer le trait, notamment parce que l’aspect graphique instaure déjà une sensation de malaise. Les visuels paraissent datés, l’esthétique des années 90 nous fait penser à ses vieilles cassettes, ses anciens jeux que l’on lançait à l’époque. Pourtant, il s’inscrit totalement dans cette mouvance actuelle des jeux vidéo horrifiques et indépendants qui se montrent bien plus surprenants que certains titres aux budgets considérables.'''
Vraiment, ces vingt minutes en compagnie des développeurs sur Fear the Spotlight nous ont confirmé que Blumhouse avait autant de flair pour les films d’horreur à fort potentiel que pour les jeux vidéo qui ont suffisamment de bonnes idées pour que l’on parle d’eux. Parmi les souvenirs que l’on gardera de cet essai, on doit dire que les derniers instants de la démo, où l’on court pour échapper aux flammes tout en retrouvant la trace de notre amie disparue, en pleine détresse émotionnelle et dans un état de transe inhabituel, nous ont fait comprendre qu’il allait falloir suivre cette expérience de (très) près, tout en se souvenant que Blumhouse a (encore) plus d’un tour dans son sac !