À bien des égards, la nouvelle adaptation des romans Dune de Frank Herbert par Denis Villeneuve dépasse largement le travail de David Lynch, jugé décevant par certains réalisateurs, dont James Cameron. Pour tenter de faire l’unanimité, le réalisateur canadien a parfois dû prendre des décisions clivantes, quitte à faire un pas de côté par rapport aux œuvres littéraires. Toutefois, il y a un changement bien particulier qui a été opéré pour permettre au public de mieux cerner la vision de l’auteur, et c’est ce que Denis Villeneuve appelle son « arme secrète ».
Denis Villeneuve s’est parfois éloigné des livres : une décision parfois clivante
Du côté du cinéma, la sortie du deuxième volet de la franchise Dune a été l’un des gros phénomènes du monde du divertissement. Avec le recul, on se rend compte que l’accueil fut dithyrambique et la réussite au box-office spectaculaire. Adoubé par Steven Spielberg ainsi que par James Cameron, qui n’a pas réfléchi longtemps pour décrire le long-métrage comme étant du « pur cinéma », Denis Villeneuve n’en a pas moins pris des décisions risquées. D’ailleurs, l’une d’elles a suscité la polémique, notamment parce qu’elle dévie pas mal du roman de Frank Herbert.
Ainsi, pour concrétiser pleinement sa vision de l'œuvre de Frank Herbert, Denis Villeneuve n’a pas eu peur de se mettre quelques lecteurs à dos. Au-delà du choix qui a déjà contrarié quelques-uns d'entre eux, il y en a un autre qui divise beaucoup mais qui, pour les spectateurs avant tout, s’avère être plus proche de ce que l’auteur souhaitait exprimer. En effet, un grand nombre de lecteurs n’ont pas saisi les intentions de Frank Herbert, à savoir de faire de Dune « un avertissement contre le mélange entre la politique et la religion », « une fable contre contre les figures messianiques ». Pour pallier ça, Denis Villeneuve a confié qu’il avait une arme secrète.
Chani, l’arme secrète de Denis Villeneuve qui sert la vision de Frank Herbert
C’est auprès de la rédaction du New York Times que Denis Villeneuve est revenu sur l’intérêt de cette arme secrète. Comme il l’explique, c’est à travers ce personnage qu’il tente désormais de diffuser les intentions de Frank Herbert, et cette arme secrète n’est autre que Chani. C’est lors de l’écriture du deuxième volet que Denis Villeneuve a eu l’idée de se rapprocher de ce discours implicite et, selon lui, le personnage de Chani s’y prêtait parfaitement puisqu’il pouvait amener du contraste par rapport à sa représentation dans les livres. En opposition aux livres, où Chani se contente de le suivre, Denis Villeneuve a souhaité la montrer plus réticente.
Ce choix qui tranche avec les livres, Denis Villeneuve explique qu’il a été motivé pour permettre au public de cerner plus facilement les enjeux et les réflexions derrière l'œuvre de Frank Herbert. En plus de la dépeindre de manière assez distante, Denis Villeneuve voulait qu’elle soit le symbole d’une « perspective et d’une distance critique » vis-à-vis de la transformation de Paul Atréides. En quelque sorte, elle est désormais là pour que les spectateurs comprennent que le héros qu’il incarne n’est qu’une façade cachant, en réalité, « une figure sombre ». Certes, cette décision ne fait pas que des heureux mais l’idée de respecter la vision du créateur est des plus louables.