Le Zelda de toute une génération

Pour quiconque a eu une Game Boy au début des années 1990, la console portable était souvent présentée comme une alternative intéressante aux consoles de salon, mais avec des jeux moins impressionnants que sur une télévision. Cette impression n’a pas duré. Outre Super Mario Land 2 : 6 Golden Coins qui allait beaucoup loin que son aîné, la révélation a eu lieu avec The Legend of Zelda : Link's Awakening. N’ayant rien à envier aux aventures de Link sur console de salon, cette cartouche a mis une véritable claque à toutes celles et ceux qui pensaient que la Game Boy ne pouvait disposer de jeux dignes de la Super Nintendo. C’est d’autant plus amusant que ce titre est né presque par hasard…

C’est un employé de Nintendo qui a commencé à faire des tests, hors horaires de travail, pour créer un prototype. Le prototype, visuellement très propre et prometteur, a tapé dans l’œil de son supérieur (qui l’a surpris au moment où il était en train de visualiser le prototype) et le projet a été lancé. C’est précisément en 1991 que la direction a validé le projet et il était initialement prévu de créer un portage du Zelda de la Super Nintendo. Quelques membres de Nintendo se sont alors réunis, formant une sorte de petit club, et le concept a évolué jusqu’à devenir un jeu Zelda inspiré de la série Twin Peaks. En parallèle de sa réalisation démentielle et de son design fabuleux, The Legend of Zelda Link’s Awakening est passionnant dans le sens où il s’agit d’une aventure Zelda qui s’est émancipée du lore habituel de la franchise. Les développeurs donnent ainsi l’image d’une sorte de « parodie de Zelda ». Rempli de détails géniaux et mâtiné d’humour, Link’s Awakening est un petit bijou !

Un prodige ! Il le termine en 40 minutes !

L’une des grandes forces de Link’s Awakening, c’est sa durée de vie. En arrivant sur Game Boy, dans une petite cartouche, beaucoup craignait que le jeu se termine rapidement. Il n’en est rien. Pour un joueur lambda, l’aventure réclame 8 à 12 heures selon que l’on effectue toutes les quêtes annexes ou non. Eh bien, tenez-vous bien, un speed runner est parvenu à boucler l’épopée du Poisson-rêve en… 40 minutes ! Cela paraît complètement dingue quand on repense à la densité de la carte et aux différents donjons et zones que l’on doit parcourir. Et pourtant, la vidéo postée par l’intéressé le 1er février est sans appel : le jeu est terminé en exactement 40’41’97. Inutile de vous conseiller de regarder la vidéo tant celle-ci est hypnotique.

Pour réaliser ce « warpless », c’est-à-dire terminer le jeu sans utiliser de téléportations pour se déplacer d’une section à une autre, l’utilisateur a usé de divers stratagèmes. La vidéo de 40 minutes montre ainsi le cheminement qui lui a permis d’aboutir à la fin du jeu et c’est tout simplement étonnant. En plus de jouer avec les sauvegardes et de voler les objets à la boutique du village, il parvient à déclencher des « glitches », autrement dit une défaillance du programme pour devenir invincible lors de certaines sections ou parvenir à bondir sur des murs normalement inaccessibles. Pour donner un ordre d’idées, il parvient au premier donjon en 4 minutes ! En moins de dix minutes, il a déjà deux donjons à son actif sans même avoir besoin de vaincre le boss. Il fait littéralement dérailler le jeu par moments, au point d’exploiter chaque faille avec une précision chirurgicale. La vidéo vaut vraiment le détour, alors si vous avez une quarantaine de minutes devant vous, n’hésitez pas !