Existe-t-il un personnage encore plus cruel que Séphiroth dans l'univers de Final Fantasy ? Il faut dire qu'entre les ravages qu'il a causés à Nibelheim, sa volonté de détruire la planète et l'humanité et ses multiples tentatives de manipulation sur les héros, et plus particulièrement Cloud, le célèbre antagoniste du jeu occupe une place de choix dans ce classement. Or, il ne trône peut-être pas à la première place car, aux manettes de cette tragédie, on trouve un autre homme qui est à l'origine de tout, en quelque sorte ! Attention, cet article contient des spoilers sur le lore et l'histoire de Final Fantasy VII.
Plus cruel que Séphiroth, c’est l’antagoniste de tous les antagonistes
Cela n’aura échappé à personne - encore moins depuis la tenue récente d’un State of Play dédié au second volet de la trilogie remake -, la sortie de Final Fantasy VII Rebirth approche à grands pas et cristallise de nombreux espoirs, tant chez les joueurs que chez ses créateurs. Volontairement opaque sur les tenants et aboutissants scénaristiques de la suite de Final Fantasy VII Remake, les cadres du projet n’ont fait que disséminer de petits indices à travers la communication du jeu, que ce soit via les bandes-annonces ou les nombreuses interviews. L’une des preuves de ce mystère reste l’implication du personnage de Zack et de cette mystérieuse histoire de lignes temporelles. De la même façon, les desseins de Séphiroth sont eux aussi très obscurs, tout juste savons-nous que Square Enix ambitionne d’en faire un méchant encore plus présent que dans l'œuvre originale.
Depuis vingt-sept ans, le légendaire guerrier du SOLDAT demeure l’un des antagonistes majeurs du jeu vidéo en général. Or, on sait que derrière son visage se dissimule en grande partie La Calamité des Cieux, la fameuse Jénova, tentant vaille que vaille de parvenir à la Réunion. Si l’on a déjà évoqué le personnage de Séphiroth à travers un article dédié, revenant sur l’empathie qu’il pourra désormais susciter et sur le fait qu’il s’agit d’une idée intéressante pour intensifier la dimension dramatique et la tragédie qui gravitent autour de lui, on a souhaité s’intéresser à un personnage que l’on cite moins souvent que le duo maléfique Séphiroth/Jenova : le professeur Hojo. Mine de rien, s’il n’est pas un antagoniste très présent visuellement, c’est bel et bien lui qui est à l’origine du drame qui innerve tout l’univers de Final Fantasy VII.
La découverte de Jenova : le début de la folie du professeur Hojo
Si l’on remonte très loin dans le passé de certains personnages de Final Fantasy VII, on tombe vite sur un dénominateur commun qui n’est autre que Hojo. Le directeur du département de R&D (Recherche et Développement), âgé de 62, est présenté (dans l’ouvrage Final Fantasy VII Ultimania) comme un « chercheur égocentrique aux méthodes inhumaines », et c’est le moins que l’on puisse dire. Tout a commencé avec le Projet Jenova, initié par le professeur Gast Faremis (également le directeur scientifique de la Shinra, à cette époque). C’est grâce à celui-ci que la Shinra découvre la Mako, la puise à outrance et accroît son influence dans de multiples domaines (énergie, politique, territoire, militaire). C’est au fil de ses recherches de plus en plus poussées qu’il découvre Jenova dans le Cratère Nord - c’est d’ailleurs lui qui la baptise ainsi - et pense avoir mis la main sur l’un des derniers représentants du peuple des Anciens (ou Cétras), vieux de plusieurs millénaires, dont il a découvert l’existence quelque temps auparavant. L’idée d’un processus de résurrection de ce peuple précurseur est entamé avec l’espoir de mener la Shinra vers la Terre Promise. Pour réussir cela, Gast s’entoure d’éminents scientifiques tels que Hollander, Lucrecia Crescent, Grimoire Valentine et.. Hojo.
L’équipe de chercheurs prend donc la décision de s’établir à Nibelheim. Mais, très rapidement, l’un d’entre eux, en l’occurrence Hojo, n’hésite pas à mettre de côté toute forme d’éthique pour assouvir ses ambitions… et gommer le complexe d’infériorité qu’il développe au contact de Gast, considéré comme un génie. Pour Hojo, il faut aller encore plus loin - les humains ne sont que des cobayes pour lui - et mène donc des expériences in vivo. C’est d’ailleurs sous son impulsion qu’il débutera - en parallèle de son compère Hollander, à l’origine du Projet G (pour Gillian) - le projet S (pour SOLDIER / SOLDAT). Discret pendant un temps, Hojo ne peut dissimuler indéfiniment les expériences cellulaires qu’il mène, à partir de Jenova, sur des sujets humains. Tout cela remonte aux oreilles de Gast qui, furieux, se désolidarise de toutes les recherches de la Shinra.. et disparaît. Durant ce laps de temps, Gast fait en réalité la rencontre d’une jeune femme prénommée Ifalna qui lui apprendra qu’elle est la dernière descendante des Cétras. Dans l’esprit de Gast, tout est désormais clair : la Shinra s’est fourvoyée. Alors, pour garder ce secret, ils se réfugient au Village Glaçon… et donnent naissance à Aerith. L’acte 1 de la tragédie est en marche !
La tragédie de presque tous les personnages de Final Fantasy VII converge vers Hojo
En parallèle des découvertes majeures de Gast, Hojo continue d’exercer sa mainmise sur le département biologique de la Shinra et en prend même les rênes en tant que directeur. En quelque sorte, il succède à Gast et va encore plus loin dans les interdits éthiques, n’hésitant pas à éliminer la moindre personne qui essaie de l’entraver : Vincent Valentine, membre des Turks, l’apprendra à ses dépens. Ayant développé des sentiments amoureux à l’encontre de Lucrécia Crescent - un amour impossible à vivre en raison de la culpabilité que ressent Lucrécia suite au sacrifice de Grimoire Valentine, la sauvant in extremis d’une expérience ratée -, il s’oppose à l’effroyable idée de Hojo. Celui-ci, marié à Lucrécia, souhaite inoculer au foetus de sa compagne des cellules de Jenova. Par amour, Vincent s’opposera à cette horrible méthode… et sera éliminé par Hojo qui, toujours avide de nouvelles expériences, s’en servira comme cobaye. Si l’ancien Turk est toujours « en vie » dans Final Fantasy VII, c’est parce que Lucrécia l’a doté de la protomatéria Chaos : au moment où il reprend connaissance, Vincent, honteux, fait le choix de s’enfermer dans un cercueil au sous-sol du manoir de Nibelheim.
En plus de démontrer qu’il n’a aucune considération pour autrui, pas même pour sa femme qu’il ne considère même pas comme tel et encore moins comme son épouse, Hojo parvient bel et bien à aboutir à la naissance d’un enfant porteur des cellules de Jénova : Séphiroth. En l’espace d’une expérimentation, Hojo brise ainsi trois destins : celui de Lucrécia, celui de Vincent et celui de Séphiroth. Bien évidemment, cela ne s’arrête pas là… puisqu’il remonte la piste de Gast. Au Village Glaçon, Hojo apprend lui aussi la vérité et, une fois de plus, son ambition le pousse à commettre de nouvelles ignominies : il fait éliminer Gast, son rival, et emporte Ifalna et Aerith avec lui. Deux autres destins brisés s’ajoutent à la liste. De fil en aiguille, il poursuit ses recherches et projets annexes, à l’image du personnage d’Elfé, la tête pensante du groupe Avalanche, des rescapés du bombardement de la ville de Kalm qui servent de cobayes pour la fusion de matérias ou encore des candidats à l’accession au SOLDAT. D’ailleurs, Hojo rêve de développer des copies de Séphiroth. Alors, au moment où son enfant biologique comprend qu’elle est sa vraie nature et que, de rage, il met le village de Nibelheim à feu et à sang, il n’hésite pas à utiliser les rescapés comme de nouveaux outils, dont Zack et Cloud, pendant que la Shinra camoufle l’incident de sa progéniture.
Des découvertes de ce genre, on en apprend tout au long de Final Fantasy VII. On comprend par exemple qu’il a multiplié les tentatives d’expérimentations sur Aerith ainsi que sur Red XIII qu’on libère lors de l’excursion dans la Tour Shinra. Jusqu’à la fin de l’aventure originale, il fera preuve d’un orgueil à nul autre pareil, souhaitant réaliser son plus grand rêve : se réincarner en Oméga, l’Arme du dernier recours, censée canaliser l’ensemble de la Rivière de la Vie et prendre son envol dans le cosmos pour redémarrer un nouveau cycle. C’est d’ailleurs ce qu’il tentera de faire, vers la fin du jeu de 1997, lorsqu’il inocule des cellules de Jenova pour affronter Cloud et le reste de l’équipe. Dans un ultime effort de survie, il parvient à implanter des fragments de lui-même, tels que ses connaissances, ses pensées et son âme dans le Réseau informatique. Un antagoniste devenu immatériel qui ressurgira des années plus tard durant l’intrigue de Dirge of Cerberus, preuve qu’il est, comme Séphiroth, une menace qui ne cesse de planer sur l’univers de Final Fantasy 7, multipliant les horreurs pour arriver à ses fins.