Les joueurs de Pokémon ne cessent de dire que les versions 2D sont meilleures que celles en 3D. Mais pour moi, ils ont tout faux ! Les opus en trois dimensions ne sont pas tous mauvais, et Game Freak en avait grandement besoin. Selon moi, le passage à la 3D des jeux Pokémon n’est pas du tout la pire idée du studio.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV. Merci d'avance, bonne lecture.
“Wow, les graphismes de Pokémon Écarlate et Violet sont vraiment éclatés au sol”, a titré Numerama à la sortie du dernier volet de la licence phare de Game Freak, et on pouvait retrouver ce genre de phrase sur d'autres sites d'informations. Et il faut avouer que la 3D et Pokémon, c’est pas une grande histoire d’amour. Sortis en 2023 sur Nintendo Switch, Pokémon Écarlate et Violet présentaient des bugs à gogo, un framerate qui fait le yo-yo et des textures clairement en deçà des standards de l’industrie (même pour la console japonaise). Bref, un résultat difficile à regarder dans les yeux - qui a ravivé la méfiance des joueurs à l’égard de la troisième dimension dans l’univers des monstres de poche. Et même si je comprends tout à fait qu’on puisse préférer les volets 2D - les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas -, je pense qu’il faut arrêter de tout mettre sur le dos de la 3D quand on parle de Pokémon !
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La 3D et ses bons côtés
Je trouve dommage que les joueurs ne fassent que critiquer les graphismes 3D des jeux Pokémon et ne s’arrêtent donc qu'à l'aspect technique de ces opus. Car si l’on regarde bien, la 3D a beaucoup apporté à la licence, qu’on le veuille ou non. D’une part, les premiers jeux en trois dimensions ont amené un vent de fraîcheur dont Game Freak avait bien besoin, tout en étant de totales réussites. Pokémon X et Y, qui a marqué cette transition, en est un très bon exemple. On acclamait alors la prouesse d’avoir créé plus de 3.000 animations différentes pour plus de 400 créatures, et tout ça en trois dimensions, sans parler de tout ce qui a été mis en œuvre en dehors des combats. Et comment ne pas parler des méga-évolutions, sûrement un des meilleurs ajouts de tout jeu Pokémon confondus.
Mais X et Y ne sont pas les seules exceptions des jeux 3D de Game Freak. Bien qu’il ait été énormément critiqué à cause de ses graphismes - et à juste titre - Pokémon Legends : Arceus est selon moi le jeu le plus innovant sorti depuis longtemps. Il présente une formule très éloignée des autres opus, basée sur la capture des Pokémon et non sur les combats. Le joueur évolue dans la région d’Hisui, qui précède celle de Sinnoh des jeux Diamant et Perle, et où les humains ne sont pas encore en parfaite harmonie avec les monstres de poche. Cela donne au jeu une atmosphère bien différente de celle des autres volets. Bien qu’il fasse office de remake de la 4G, Arceus présente clairement une nouvelle manière de jouer à Pokémon. Cette nouvelle formule appelée Legends va sûrement refaire surface dans le futur, Legends Arceus pouvant être considéré comme une sorte de prototype.
Mais voilà, malgré de bonnes idées et même de bons résultats (Pokémon Y se plaçant aujourd’hui 6ème des meilleures ventes de Game Freak), les jeux Pokémon en trois dimensions ont des défauts majeurs. Toutefois, la qualité graphique, bien que dérangeante je vous l’accorde, n'est pas le principal reproche à leur faire. Selon moi, les jeux souffrent depuis des années d’une casualisation de la licence, totalement voulue par le studio.
Casualisation de la licence : La pire idée de Game Freak
Depuis la sortie de la Nintendo Switch, Game Freak a changé radicalement d'approche concernant la licence. J’ai constaté, depuis quelques années maintenant, une casualisation de la franchise, qui démarre en 2018 avec Pokémon Let’s Go Evoli/Pikachu. Le jeu, bien que beau visuellement, dénote par rapport aux autres opus. Sorti deux ans après Pokémon GO qui a tout écrasé sur son passage, ce Let’s Go tire une grande inspiration du jeu mobile, reprenant d’ailleurs son mode de capture de monstre. Des combats à la chasse de créatures, le jeu était plus abordable, plus ludique et plus "enfantin" que d'habitude, donc clairement orienté pour un public plus jeune.
À partir de ce moment, je trouve que la difficulté est devenue quasi-absente des jeux Pokémon, ajoutant à chaque génération des fonctionnalités facilitant l’expérience des joueurs, et retirant des éléments jugés trop compliqués. L’exemple qui me frappe le plus est la disparition totale de la Route Victoire dans les récents opus. Elle qui représentait un des plus gros défis des premières générations, la dernière ligne droite avant la ligue Pokémon, n’est plus qu’un vague souvenir fugace. Même au niveau du contenu End Game, on a très peu de challenges à disposition. Tous les jours, je repense au combat contre Red dans Pokémon Heartgold ou même à l'arbre de combat de Pokémon Soleil qui me demandaient de développer une véritable stratégie d’attaque.
Mais il n’y a pas que les combats qui marquent la casualisation de la licence. Game Freak a aussi décidé d’enlever des éléments qui compliquaient la progression du joueur. Dorénavant, plus besoin de connaître par cœur les faiblesses des Pokémon ou de galérer à trouver un maître des capacités, le jeu le fait pour vous. Dans Pokémon Écarlate et Violet, on n’a même plus besoin de farmer la Ligue pour augmenter le niveau de nos créatures, il nous suffit juste de faire 4 à 5 raids Dynamax. En à peine 30 minutes, voilà que l'animal est passé du niveau 1 au niveau 60. On a même accès à nos boîtes PC - le stock de monstres normalement uniquement accessible dans un centre Pokémon - depuis notre sac, ce qui n’a littéralement aucun sens ! Mais malgré de nombreuses critiques de la part du public, Pokémon Écarlate et Violet s’est vendu à plus de 23 millions d’exemplaires, se plaçant 4e des meilleures ventes de la licence.
En bref, je trouve que le problème majeur des récents jeux Pokémon vient d’une casualisation de la licence totalement voulue par le studio. Certes, les graphismes 3D sont à déplorer, mais ils ne représentent que la partie émergée de l’iceberg ; si les jeux étaient de meilleure facture, on ne cracherait pas autant dessus. Alors quel avenir pour Pokémon ? Même avec de très bons scores pour les derniers jeux, on a vaguement l’impression qu’un point de non-retour a été atteint. La formule Legends me fait espérer de meilleurs jours pour la franchise, même si j’ai du mal à y croire. Toutefois, malgré un manque d’originalité certain, des redondances qui s’accentuent et un retard graphique évident, il semble que la licence Pokémon reste une poule aux œufs d’or qui ne s'arrêtera pas de pondre de sitôt.