Advent Children, un film d’animation dont le remake fait perdurer l’héritage

En 2023, le plus beau cadeau qu’a pu nous offrir Square a été l’officialisation de la date de sortie de Final Fantasy VII Rebirth, accompagnée de nombreuses vidéos promotionnelles. Néanmoins, la firme japonaise avait plus d’un tour dans son sac pour paver la voie de la sortie de cet épisode central de la trilogie remakée. Outre la sortie de Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion en décembre 2022 ou encore celle du jeu mobile Final Fantasy VII : Ever Crisis, c’est l’annonce, en décembre dernier, du retour du film Final Fantasy VII : Advent Children dans les salles de cinéma qui a décuplé l’engouement de la communauté. Compte tenu des dates de projection, on ne peut croire une seule seconde qu’il s’agit d’une ressortie anodine du film, surfant uniquement sur la couverture médiatique de Rebirth. D’autant que les messages sibyllins et cryptiques disséminés par certains personnages de Final Fantasy VII Remake pourraient y être liés.

Sorti en 2005, Final Fantasy VII Advent Children revient donc dans les salles obscures à compter du 19 janvier au Japon (jusqu’au 1er février) puis du 21 février aux États-Unis dans sa version remasterisée de 2021. Encore aujourd’hui, qui plus est dans sa version Complete en 4K, ce film d’animation nous apparaît toujours aussi saisissant, preuve qu’il était en avance sur son temps au beau milieu des années 2000. Dire que ce projet aurait pu ne jamais voir le jour si Yoshinori Kitase n’avait pas réalisé l’immense potentiel que ce film représentait à l’époque où il n’était qu’une démo technique façonnée par les équipes de Visual Works, le pôle dédié aux cinématiques avec lequel travaille Square Enix. Son importance est telle que le film fait partie intégrante de la Compilation of Final Fantasy VII, elle aussi étoffée par le biais de multiples œuvres littéraires (On the Way to a Smile, Traces of Two Pasts).

Au-delà d’un remake en trois parties, la récente relecture de Final Fantasy VII repose sur toute la diégèse qui s’est construite autour, et forcément l’influence d’Advent Children sur Remake et Rebirth ne peut pas être occultée. Tetsuya Nomura, en septembre dernier, le rappelait lui-même en évoquant le fait que la trilogie serait « éventuellement liée à ce film » et que certains éléments « feraient éventuellement partie du canon ». Une minimisation des propos pour mieux surprendre les joueurs à la sortie ? Connaissant Nomura, cela n’aurait rien d’étonnant. Et puis, on imagine mal Kazushige Nojima, le scénariste principal, occulter tout ce qu’il a édifié autour de Final Fantasy VII depuis des années. Par conséquent, le visionnage d’Advent Children, de nos jours, ouvre-t-il la porte à de nouvelles clefs de compréhension ou pistes de réflexions sur les intentions de Final Fantasy VII Rebirth ? Voici ce que cela nous a évoqué.

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Rivière de la Vie, omniscience de Séphiroth, géostigmates : les pistes d'Advent Children

Final Fantasy VII : Advent Children nous transporte deux ans après les ultimes événements du jeu original. Tandis que les habitants de Midgar et des alentours tentent de se remettre de la catastrophe, notamment en bâtissant une ville, prénommée Edge, en périphérie de l’ancienne mégalopole, une étrange maladie circule parmi eux. Très rapidement, ils y voient une punition de la planète pour tout le mal que la Shinra lui a causé via l’extraction de la Mako (en réalité, La Rivière de la Vie, l’énergie spirituelle qui parcourt son cœur). De son côté, le groupe ne s’interroge pas longtemps sur l’origine de ce mal qui ronge l’humanité : c’est encore un coup de Séphiroth (et par extension, de Jénova), une menace allant au-delà de la présence physique. Dans le guide Ultimania FF7, les géostigmates sont « des rémanences génétiques de Jénova qui pénètrent le corps humain (...) un navire qui permet à Séphiroth de voguer sur cette planète et dans l’univers ».

Bien qu’il soit également atteint, Cloud passe bien plus de temps à fuir la réalité et sa culpabilité (son quotidien se résume désormais à effectuer des livraisons) qu’à en élucider la cause. De toute manière, il n’y a pas besoin de ratisser Midgar tant les éléments de réponse viendront rapidement à lui. Du jour au lendemain, Kadaj, Yazoo et Loz, ses « petits frères » vont faire leur apparition, réclamant leur « Mère », essentielle à la fameuse « Réunion ». Le film désamorce rapidement le mystère qui entoure ces trois personnages qui sont des reliquats de Séphiroth, des « êtres nés de la rémanence des gènes de leur mère dissous dans la Rivière de la Vie, mais ne possédant pas ses véritables cellules » (Cf. Ultimania FF7) au beau milieu de Cratère Nord, là où Séphiroth a régénéré peu à peu son corps, mortellement mutilé suite à la mission sur le Mont Nibel. En guise de conclusion, après quelques combats préliminaires contre le trio, Cloud fera face à la résurgence de Séphiroth, réincarné à travers le corps de Kadaj qui a fusionné avec les restants récupérés de Jénova.

Après ce final haletant, Séphiroth met en garde Cloud : quoi qu’il fasse, il ne sera jamais un souvenir. Des années plus tard, en devenant le grand méchant de la trilogie Remake, Séphiroth confirme cette funeste promesse et soulève, par ses connaissances des événements, de nombreuses questions. L’une d’elles renvoie directement à son origine : aurait-il acquis davantage de connaissances, en raison de sa présence au sein de la Rivière de la Vie, pour accéder à une autre ligne temporelle, celle où Cloud et les autres sont déterminés à lutter contre le destin, ou même au futur, lui permettant d’aboutir à la véritable Réunion ? Celles et ceux qui ont l’habitude de jouer au jeu mobile Final Fantasy VII : Ever Crisis ont pu voir que les événements à durée limitée étaient la plupart du temps justifiés par l’utilisation de portails, cités comme « l’une des nombreuses créations de la Rivière de la Vie, menant à d’autres « possibilités ».

Reste donc à savoir si Square Enix a bel et bien l’intention de s’engouffrer dans cette brèche scénaristique pour faire converger, se réunir les héros (y compris Zack) de cet univers. Quoi qu’il en soit, et pour en revenir au cas de Cloud tel qu’on l’observe dans Advent Children, le film nous suggère qu’il est fortement lié à Jénova, d’où son appellation de « grand frère » par les trois incarnés de Séphiroth. L’ensemble du film nous souligne que le but du trio est de retrouver leur génitrice (Jénova) et d’utiliser ses cellules pour accomplir la Réunion. Tout en sachant qu’il a pu utiliser le corps de Kadaj pour revenir à la vie, est-il envisageable qu’il se serve de Jénova et de Cloud pour accomplir sa Réunion dans le remake ? Quand on voit la propension qu’a Séphiroth à manipuler Cloud tout au long de Remake, une habitude qui semble exacerbée dans Rebirth comme on le voit dans les extraits promotionnels, il y a fort à parier que Cloud ait un rôle à jouer dans ses plans machiavéliques. Et si Zack et Aerith étaient là pour rétablir tout cela ?

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Aerith et Zack, les potentiels grands héros de Final Fantasy VII Rebirth

Tout au long du film Advent Children, la présence de Zack et Aerith est suggérée à de multiples reprises, soit sous la forme de symboles, soit à l’aide d’une véritable représentation physique. Réunis à travers le courant de la Rivière de la Vie (puis de manière symbolique lors de la conclusion de la version Complete), tous deux ont potentiellement accès à un savoir sans limites, de la même manière que Séphiroth, tandis qu’ils (et surtout Aerith) mettent tout en oeuvre pour préserver l’intégrité de la Rivière de la Vie : une intégrité qui permettra, à la toute fin, de guérir les humains contaminés. Ce rôle important et ces évènements sont-ils connus de la Aerith que l’on rencontre dans Final Fantasy VII Remake ?

Pendant l’aventure, la jeune femme tient des propos ou arbore des attitudes troublantes comme si elle connaissait les évènements à l’avance, elle aussi. Aurait-elle eu accès à une certaine forme d’omniscience, de la même manière que Séphiroth, qui lui permettrait de contrecarrer les plans de celui qui rêve de décimer l’humanité ? Quoi qu’il en soit, cette Aerith nous cache des choses et ce qu’elle a entrepris à travers la Rivière de la Vie dans ce film pourrait redéfinir son rôle et ses actes dans Final Fantasy VII Rebirth. À l’opposé, mais tout aussi lié à elle, on retrouve le personnage de Zack qui, grâce au combat mené par le groupe de Cloud contre la Singularité du Destin, a ldésormais un rôle (physique) essentiel à jouer.

Tout au long du film, la présence de Zack se matérialise sous la forme d’un loup - également le symbole de la solitude de Cloud et de sa quête de repentance - à trois reprises : à l’endroit où est plantée la Buster Sword, dans l’église des taudis du Secteur 5 et à la Capitale Perdue. D’une certaine manière, Zack est toujours là pour veiller sur Cloud et lui redonner courage. Dans le film, lorsque Cloud, accablé par les remords et la culpabilité, est assailli de douleurs à cause des géostigmates, on peut autant y voir la corruption de Jénova qu’un stimuli envoyé par Zack (voire Aerith), à travers la Rivière de la Vie, pour l’aider à retrouver ses esprits et trouver la force de se battre.

On ne sait pas encore dans quelle mesure il sera également capable d’aider Cloud et son groupe dans leur lutte contre Séphiroth mais il est possible que sa connexion à Aerith puisse être la clef. D’autant que la fin secrète de Remake nous montre que celui-ci semble réagir à la présence parallèle d’Aerith et que, du côté des rumeurs, on imagine d’ores et déjà que Zack sera le personnage principal de la troisième partie. Quoi qu’il en soit, Advent Children nous rappelle très clairement le rôle primordial qu’Aerith et Zack endossent dans l’univers de Final Fantasy VII. L’influence de cette oeuvre pour les projets à venir et futurs de Final Fantasy ne s’arrête d'ailleurs pas à ces quelques éléments de potentialités narratives. Advent Children est avant tout un long-métrage marquant, et ce à bien des égards, que Remake cite allègrement (les courses poursuites à moto, le parallèle entre le combat final de Cloud et Séphiroth et l’ultime bataille à laquelle les personnages participent à la fin du jeu, ou encore la réutilisation des variations des thèmes musicaux du long-métrage) et qui continuera de se diluer dans Rebirth.

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