Baldur's Gate 3 n'a clairement pas volé son titre de jeu l'année lors de la cérémonie des Game Awards 2023. Et pourtant, arrivé à la fin de l'aventure, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de frustration, voire de déception, à cause d'un détail malheureusement de plus en plus courant dans les jeux vidéo modernes.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV.
À force d'écrire sur Baldur's Gate III, on va penser que je m'acharne sur le jeu. Pourtant, je vous assure que j'ai passé une excellente centaine d'heures dans le monde de Faerun et que j'ai adoré l'aventure pour ses personnages, son histoire, sa liberté, ses choix et la richesse de son système de combat. Pour toutes ces raisons, je considère que la dernière production de Larian Studios mérite parfaitement son titre de jeu l'année. Malgré ses qualités, il y a tout de même un élément que j'ai trouvé décevant dans sa Baldur's Gate 3 : sa fin. Et je vous rassure, la suite de l'article est garantie sans spoilers.
Le voyage est-il plus important que l'arrivée dans Baldur's Gate 3 ?
Évidemment, le but n'est pas si de revenir en détail sur ce qu'il se passe à la fin de Baldur's Gate 3. D'un point de vue de ce qui est raconté, je dirais même qu'elle est satisfaisante et qu'elle procure un sentiment d'accomplissement. En revanche, c'est plutôt dans la façon de faire que les choses m'ont plus gêné. Alors que la moindre quête de BD3 est particulièrement développée, avec souvent des ramifications et des retournements intéressants, le grand dénouement paraît assez direct, voire expédié. Les choses vont droit au bout sans détour, ce qui donne le sentiment que tout va trop vite en comparaison de tout ce que l'on a fait auparavant. Dernière conversation avant la bataille, combat final et court épilogue, et voilà, Baldur's Gate 3 est terminé.
Fort heureusement, les développeurs ont récemment ajouté un épilogue dans lequel nos personnages se rejoignent quelques mois après les événements du jeu pour discuter de ce qu'ils sont devenus. Cela a le mérite d'apporter un peu plus d'épaisseur à l'ensemble, mais cela reste tout de même quelque chose en plus de la fin principale à mes yeux. Si j'étais pleinement satisfait de mon expérience de Baldur's Gate 3, je ne peux m'empêcher de penser que j'ai assisté à un dénouement précipité par rapport au rythme global de l'aventure. Et d'un autre côté, plusieurs raisons évidentes peuvent expliquer un tel résultat.
Les fins, parents pauvres du jeu vidéo modernes ?
Après une aventure qui aura forcément pris plusieurs dizaines d'heures pour en voir le bout, on peut imaginer que les développeurs de Larian Studios ont souhaité donner rapidement aux joueurs ce qu'ils voulaient en arrivant à ce moment de l'histoire. Ou alors, on peut se dire que les équipes étaient parvenues au terme de ce qu'elles avaient à raconter. Pour en être sûr, il faudrait directement leur poser la question. Dans tous les cas, une chose est sûre, c'est que ce sentiment d'être en face d'une fin qui n'est pas aussi bonne que le reste de l'aventure ne date pas d'hier et que cela est malheureusement devenu une tendance dans le jeu vidéo moderne.
Am I the only one who thinks God of War: Ragnarök wasn't as "Epic" as it should have been?https://t.co/O32VcSawJC
— NESbot (@NESbot_feed) June 13, 2023
Prenons l'exemple de God of War : Ragnarok par exemple. Tout le monde a été marqué par le combat épique entre Kratos et Thor en début d'aventure. En revanche, quelque temps après la sortie du jeu, certains joueurs ont été déçus que le dénouement qui ne soit pas, selon eux, à la hauteur de ce départ en fanfare. Et malheureusement, il s'agit d'un schéma de plus en courant dans l'industrie du jeu vidéo : un début spectaculaire et marquant pour arriver à une fin moins impressionnante, voire décevante.
Il faut dire que pour les développeurs, ce qui compte c'est d'abord d'accrocher le joueur par ce qu'on appelle la "first-hour experience". À l'inverse, la fin fait l'objet de moins de soins pour une raison simple : les joueurs ne finissent par leurs jeux. Et ça, les développeurs le savent bien depuis l'introduction des succès et autres trophées. Cela change radicalement de ce qui était fait précédemment où atteindre la fin était souvent une victoire récompensée par une longue cinématique en images de synthèse marquante. Bon, évidemment, Baldur's Gate 3 n'est pas exactement dans ce cas-là car dire que sa fin est bâclée serait mentir. Mais pourtant, on peut dire sans trop se mouiller qu'elle n'est pas si bonne que le reste de l'aventure. Comme quoi, BD3 illustre parfaitement l'expression "le voyage compte plus que la destination".