“Ceux qui chercheront à comprendre périront” nous dit Hayao Miyazaki dans son film testament Le Garçon et le Héron. À nos risques et périls, on se tente tout de même à l'exercice avec ses 7 clés de compréhension pour mieux appréhender le complexe et onirique dernier film de Miyazaki.
Pour mieux comprendre Le Garçon et le Héron, nous sommes obligés de revenir en détails sur des moments de l’intrigue du film. Cet article s’adresse donc aux personnes qui ont vu le dernier Miyazaki. Les grilles de lecture proposées ici mêlent réflexion subjective et faits avérés. Le but est de vous apporter des éléments et des pistes de réflexion afin de vous aider à vous faire votre propre interprétation. Comme pour toute œuvre, prétendre entièrement la comprendre serait se voiler la face. D’ailleurs, si vous avez d’autres clés de lecture ou théories à nous partager, nous serons ravis de les lire.
Sommaire
- Le livre Et vous, comment vivrez-vous ?
- Miyazaki, un mélange entre Mahito et le grand-oncle
- La conclusion, qu’est-ce qu’elle veut dire ?
- Une métaphore du studio Ghibli
- Les oiseaux dans Le Garçon et le Héron
- L’art de la création
- La place du deuil
Le livre Et vous, comment vivrez-vous ?
À un moment dans le film, Mahito tombe nez à nez avec un livre laissé pour lui par sa mère décédée. Son nom ? Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburô Yoshino. Sa lecture va profondément toucher et changer Mahito, le poussant à devenir acteur de sa nouvelle vie en commençant par riposter face au héron qui le tourmente. Vous l'aurez compris, ce livre n’est pas là pour rien. Si vous avez un peu suivi le peu de communication autour du film, vous savez qu'il a d'abord été présenté comme une adaptation libre de ce roman. Roman que Miyazaki a lu quand il était petit (également sous l’injonction de sa mère) et qui l'a beaucoup marqué. Mais alors, c'est quoi le lien entre les deux récits ?
Le livre de Genzaburô Yoshino a une histoire assez particulière. En pleine montée du nazisme en Europe, cet éditeur prend sa plume pour défendre notre humanité et offrir “un manuel à l’usage des êtres humains”. Pendant la guerre, ce livre sera interdit et son auteur incarcéré à plusieurs reprises pour antipatriotisme. Son côté humaniste et philosophique ne plaisent pas au pouvoir en place. En abordant des sujets comme “la liberté de pensée, l'ouverture du cœur, l'entraide, le désir de justice”, Genzaburô Yoshino rompt avec les dogmes du Japon militarisé. Peut-être est-ce de là qu’est venu à Miyazaki le goût pour ces thèmes et l’antimilitarisme.
Vous l’aurez probablement compris, outre les quelques similarités au niveau de l’histoire, c’est surtout un lien sur le fond que partagent les deux œuvres. Mahito est un peu comme Junichi Honda, le héros d' Et vous, comment vivrez-vous ?. Il apprend petit à petit à grandir, à devenir plus humain, plus honnête. C’est un voyage initiatique que nous propose Le Garçon et Le Héron. La nécessité de se faire des amis, le besoin de comprendre même les comportements les plus injustes a priori, l’envie de reconnaître ses erreurs… C’est tout ça que va apprendre Mahito et c’est pourquoi on le retrouve changé à la conclusion du film. Cette phrase qui résume le livre peut aussi bien résumer le film : "il ne suffit pas d'avoir des yeux et des oreilles en état de fonctionnement, il faut que les yeux du cœur, les oreilles du cœur soient aussi ouverts". À la manière de Yoshino en son temps, Miyazaki fournit donc là un véritable guide pour être un bon humain, un guide à l’intention de son petit-fils mais également tous les petits-fils du monde.
Miyazaki, un mélange entre Mahito et le grand-oncle
Le Garçon et le Héron a été pensé comme une œuvre testament à l'attention du petit-fils du réalisateur et tous ceux qu'il laissera derrière lui quand il quittera ce monde. Forcément, ce film comporte un certain nombre d'éléments autobiographiques, plus que jamais auparavant. Plus encore, on retrouve un peu du bonhomme dans deux personnages du film. Il y a bien sûr Mahito, petit garçon qui partage un certain nombre de similitudes avec le réalisateur. Son père possède une entreprise qui fait des avions, sa mère est malade, il a connu Tokyo bombardée et a dû fuir la ville pour la campagne afin d’éviter les bombes. Mais scénaristiquement parlant, le parallèle le plus intéressant est celui entre Miyazaki et le grand-oncle.
Le grand-oncle est un homme passionné, à la limite de la folie. Il s’est enfermé dans sa tour afin de créer son propre monde. Monde dans lequel il a fini par se perdre, comme absorbé par un de ses livres. Le lien avec Miyazaki est évident. Si vous connaissez un peu la vie du bonhomme, vous savez certainement qu’il s’agit d’un acharné du travail, parfois même un peu trop pour son propre bien. L’image de l’artiste obsédé par son œuvre au point qu’il finit par se couper de la société pour la réaliser, c’est clairement Miyazaki. Lors d’un entretien pour Yom, il expliquait ainsi au sujet de l’écriture de Nausicäa de la Vallée du Vent : “c’était très éprouvant de revenir régulièrement au monde de Nausicaä et je ne veux plus y retourner. Écrire une telle œuvre a beaucoup compliqué mon retour vers la société.”
Qui plus est, le grand-oncle commence à se faire vieux dans le film. Il n’a plus la force de créer et doit trouver un successeur. Est-ce que cela ne ferait-il pas écho à un certain réalisateur qui aurait prévu de prendre sa retraite (enfin normalement) et qui chercherait son successeur ? Et c’est une question qui se pose concernant Miyazaki. À chaque fois que le bonhomme annonce sa retraite, on se demande qui pourra lui succéder. Cette question, elle est presque déterminante pour le studio Ghibli et les fans de Miyazaki. Mais dans Le Garçon et le Héron, le réalisateur nous propose une réponse assez inattendue.
La conclusion, qu’est-ce qu’elle veut dire ?
On l’a dit, la question de la succession est fondamentale dans Le Garçon et le Héron. Le grand-oncle a besoin de trouver un successeur avant que le monde qu’il a passé tant de temps à créer ne tombe en ruine. Bien sûr, il a Mahito en ligne de mire. Mais Mahito finit par refuser et le monde du grand-oncle est détruit. Une fin abrupte qui porte pourtant un message important : Mahito n’a pas besoin de reprendre l'œuvre de son oncle. Il n’y a pas vraiment de successeur à trouver. Chaque créateur est différent et se doit de créer son propre monde, son propre art. Ce que ça sous-entend, c’est qu’il ne faut pas chercher le prochain Hayao Miyazaki. Chaque réalisateur a son propre vécu, sa propre vision et c’est avec ça qu’il va pouvoir façonner des films qui lui ressemblent. Cette fin, c’est donc un peu un appel à la nouvelle génération à ne pas s’inscrire dans l’ombre d’un modèle mais à façonner ses propres histoires.
C’est d’autant plus intéressant comme conclusion qu’Hayao Miyazaki a fait les frais de cette question de la succession. Quand son premier fils, Goro Miyazaki, rejoint Ghibli, les cadres et les spectateurs y voient forcément le successeur légitime. Mais le père se montrera très critique vis-à-vis des propositions de son fils. Il juge ainsi son premier film, Les Contes de Terremer, immature et va même quitter la projection avant la fin. Comme on peut le voir dans l’épisode 3 du reportable 10 Years with Hayao Miyazaki, les relations entre le réalisateur et son fils sont plus que conflictuelles. Goro a d’ailleurs déjà fait part de l'angoisse qu'il ressent à l'idée d’être toujours vu dans l’ombre de son père. Et c’est une des raisons qui le poussera à opter pour la 3D avec Aya et la Sorcière, un champ dépourvu de l’aura d’Hayao Miyazaki. L’idée est simple : faire son propre truc, créer son propre monde. Et si Hayao Miyazaki a eu du mal à l’accepter, on peut voir dans la conclusion du Garçon et le Héron un changement de paradigme sur ce sujet. De façon intéressante, Goro lui-même interprète Le Garçon et le Héron comme un récit centré sur un père et son fils. Est-ce là la preuve que le réalisateur a aujourd’hui une approche plus mature, ouverte, humaine et moins exclusive de la création ? En tout cas, le fait qu’Hayao est demandé l’aide de Takeshi Honda pour diriger l’animation du Garçon et le Héron est une preuve de plus qui va dans ce sens.
Une métaphore du studio Ghibli
Point important à souligner : la volonté de trouver un successeur n’est pas vraiment une initiative de Miyazaki lui-même. On l’a dit, cette volonté vient surtout des fans, mais également des autres membres du studio Ghibli, à commencer par les grandes pontes de l’entreprise. On le sait, Miyazaki fait vendre. Peu de personnes sont capables de sortir un film avec de tels records d’audience malgré une communication quasiment inexistante. Mais le problème quand on tient une telle poule aux œufs d’or, c’est qu’on appréhende grandement son départ. S’il y a d’autres réalisateurs chez Ghibli, aucun ne parvient à faire ce que fait Miyazaki. Au Japon, seul un film réalisé par un autre que le papa de Chihiro est présent dans le top 9 des meilleurs films Ghibli au box-office. Et encore, il s’agit de La Colline aux Coquelicots, film sur lequel Hayao Miyazaki a tout de même travaillé en tant que scénariste. En France et aux Etats-Unis, on retrouve quelques autres exceptions comme Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs mais en moyenne, ce sont surtout les films d’Hayao Miyazaki qui rapportent le plus. Qui plus est, le réalisateur Ghibli avec la plus grande aura après Hayao Miyazaki, c’est Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles) qui est malheureusement décédé.
Celui que cette histoire embête le plus, c’est probablement Toshio Suzuki, le producteur du studio Ghibli. Lui qui cherche un moyen de remettre à flot le studio doit particulièrement être inquiet au sujet de cette histoire de succession. C’est du moins ce que peut sous-entendre le film. Selon Goro Miyazaki, Suzuki serait en effet le héron, ce personnage qui cherche à tout prix à ramener un jeune successeur à son maître. Dans la même interview de Brut, Takeshi Honda appuie cette analyse : “il faut savoir que le héron, en japonais “sagi”, est homonyme de “duperie”, “mensonge”. Et M. Suzuki ment souvent M. Miyazaki, c’est pourquoi il s’en est inspiré pour créer le personnage du héron.” Cela expliquerait d’ailleurs la relation ambiguë entre Mahito et le héron cendré. Au départ antagoniste, l’oiseau devient rapidement un allié, presque un ami pour Mahito, comme Suzuki l’est malgré tout pour Miyazaki peut-être.
Certains vont même jusqu’à pousser l’analogie avec le studio Ghibli plus loin en indiquant que tout l’édifice construit autour de la pierre tombée du ciel (qui symboliserait donc le monde créé par Miyazaki) serait une métaphore du studio Ghibli qui s’est construit autour, principalement, des oeuvres de Miyazaki. Mais cela voudrait dire que le studio s’effondrait donc forcément une fois le génie créatif de Miyazaki disparu. Pas sûr que ça colle avec la conclusion qui semble se dégager du film et dont nous vous parlions plus haut.
Les oiseaux dans Le Garçon et le Héron
Pour le héron, on pense donc avoir trouvé le message. Mais pour les autres oiseaux, qu’en est-il ? Premièrement, ce n’est pas vraiment étonnant de trouver autant de piafs dans Le Garçon et le Héron. On sait que Miyazaki est fasciné par les cieux. Qui plus est, il l’est tout autant pour tout ce qui concerne la nature et donc la faune et la flore (le tout teinté d’un héritage shintoïste marqué). Voir autant de petites bêtes ailées, ce n’est donc pas vraiment surprenant. Mais quelles sont donc leurs significations ?
Il y a tout d’abord les pélicans. Très vite, ils font office d’antagonistes dans le monde merveilleux créé par le grand-oncle. Après tout, il faut vraiment être sans cœur pour dévorer sans vergogne les petites créatures mignonnes de ce nouveau Ghibli, non ? Mais en réalité, les pélicans ne seraient que les victimes d’un système qui les pousse à se nourrir ainsi pour survivre. Il y a très certainement un message écologique (sujet cher à Miyazaki) derrière tout cela : des créatures poussées dans leur retranchement à cause des ressources qui se font de plus en plus rares dans un monde qui tombe en ruine sous les actions de l’Homme. On peut également y voir une des conséquences du capitalisme. Pendant que certains ont tous (les perruches), d’autres sont obligés de se laisser aller à de viles pratiques pour survivre (les pélicans). C’est certes un peu tiré par les cheveux, mais connaissant les penchants politiques du réalisateur, ce n’est pas totalement dénué de sens. Certains voient également dans les pélicans des artistes ratés qui tentent tant bien que mal de survivre dans un monde ultra compétitif et précaire au possible.
Les pélicans, c’est aussi un moyen d’inviter à ne pas se fier aux apparences et à laisser parler son cœur pour comprendre les raisons derrière certains actes. On en revient à cette phrase : "il ne suffit pas d'avoir des yeux et des oreilles en état de fonctionnement, il faut que les yeux du cœur, les oreilles du cœur soient aussi ouverts". Ça permet de donner un esprit moins manichéen à Mahito qui va lui permettre de grandir et de se détacher de la vision de son grand-oncle.
Et puis, il y a les perruches. Avec l’aspect très militaire et sanguin de ces petites bêtes, on pense naturellement à une métaphore de la militarisation à outrance et du nazisme. Cela permet notamment de faire écho à Et vous, comment vivrez-vous ?. Ou alors, on peut en revenir au capitalisme. On l’a dit, les perruches possèdent des vivres abondantes et semblent gouverner cet autre monde. Elles ont l’air abruti par le système qui les entoure et ne laissent pas franchement place à la réflexion dans leur esprit. Ce manque de réflexion, il va d’ailleurs mener à la perte du monde onirique créé par le grand-oncle. Le capitalisme pourrait donc bien être à Le Garçon et le Héron ce que le nazisme était à Et vous, comment vivrez-vous ?. Mais encore une fois, ce n’est qu’une interprétation parmi tant d’autres.
L’art de la création
En revanche, il y a indéniablement une dichotomie qui est dressée entre l'autoritarisme abscons des perruches et la beauté sauvage du monde qu’elles envahissent peu à peu. Ce que met en avant Miyazaki dans Le Garçon et le Héron, c’est la beauté de l’esprit créatif. Il y a d’ailleurs tout un sous-texte qui fait référence au rapport à la création. On a notamment pu évoquer le sujet dans notre partie sur la conclusion et le thème de la succession. Mais il y a un point important et très cryptique que nous n’avons pas abordé pour le moment : la salle de l’accouchement. Dans le film, il semble y avoir un parallèle entre le fait d’accoucher d’un petit être humain et d’une œuvre d’art. Comme Miyazaki, la nouvelle mère de Mahito a besoin de se retirer et s’isoler dans ce monde merveilleux pour pouvoir donner vie à quelque chose. Elle va donc se cacher dans la salle de l’accouchement, salle qui n’est accessible à personne d’autre. Cela fait très certainement écho à la manière qu’a Miyazaki de créer, isolé et sans interférence du monde extérieur. Ce sentiment il est renforcé par la présence des petits papiers (référence à l'Onmyôdô déjà vue dans Le Voyage de Chihiro), mais également par cette phrase de la future mère en souffrance “je te hais”. Cette phrase adressée à un petit dont elle a tant pris soin peut sembler incompréhensible. Et pourtant, ça fait justement écho au rapport qu’entretient Miyazaki avec certaines de ses créations, comme Nausicäa de la Vallée du Vent dont nous avons longuement parlé ici.
Selon Goro Miyazaki, le film parle même de ce qui a amené son père à créer. Sa théorie à lui vient un peu chambouler celles dont nous vous parlions plus haut. Pour lui, Mahito est Hayao Miyazaki et le grand-oncle, Isao Takahata : “un de ses déclics dans son choix de métier c’est sa relation avec Isao Takahata. Je pense que c’est ce que raconte le film.” Et il est vrai qu’on sent dans le début du film un air du Tombeau des Lucioles, chef d'œuvre de Takahata. Pour le reste, il serait intéressant de demander au fils Miyazaki ce qui, dans cette relation à la fois proche et distante qu'entretiennent Mahito et le grand-oncle, lui rappelle celle qu’avaient les cofondateurs du studio Ghibli.
La place du deuil
S’il y a une part d’hommage au regretté Isao Takahata dans Le Garçon et le Héron, ce n’est néanmoins pas son seul lien à la mort. Le thème du deuil est très présent dans les œuvres de Miyazaki. Nombre de ses protagonistes sont orphelins et Mahito est l’un d’entre eux. Le film s’ouvre de façon très abrupte avec la mort prématurée de la mère de Mahito. Le petit doit donc apprendre à faire son deuil et c’est aussi à ça que va servir son voyage initiatique dans le monde merveilleux du grand-oncle.
De façon assez intéressante, on ne voit jamais vraiment la mère de Mahito. Elle meurt avant qu’on l’ait vu et on la découvre ensuite, plus jeune, dans le monde fantastique de la tour. Qui plus est, les pistes sont brouillées avec sa tante qui ressemble énormément à sa mère et qui partage, de par son sang, certaines choses avec elle. Ça nous plonge dans un espèce de flou où tout se mélange, probablement comme c’est le cas dans la tête du jeune Mahito. Et puis au fur et à mesure de l’histoire, les choses deviennent un peu plus claires.
Et ça, c’est peut-être car Mahito est passé par les différentes étapes du deuil. Il abandonne le déni, ne cherchant plus à retrouver sa mère mais bien sa tante. Il connaît la colère après avoir été trompé par le héron. Il évalue la possibilité du marchandage, en pensant à ce monde qu’il pourrait réinventer et où sa mère serait toujours vivante. La dépression, il l’a connu tout au long du début du film, enfermé dans un mutisme presque morbide et s’auto-mutilant. Et l’acceptation, c’est ce moment où il reconnaît ses torts et décline l’offre du grand-oncle. Au moment de dire au revoir à sa mère dans ce monde fantastique en train de s'effondrer, il n’est pas triste. Après tout, elle n’a même pas peur du feu, elle ne souffrira pas. Une fois de retour dans le vrai monde, il accepte pleinement sa nouvelle maman, mais il n’a pas pour autant oublié la sienne. D’ailleurs, il gardera toujours un petit bout de ce monde où il était avec elle. En revanche, il avance. En somme, il a réussi à faire son deuil. Comme nous devrons tous le faire une fois qu’Hayao Miyazaki se décidera vraiment à prendre sa retraite.