Aujourd'hui, la pratique du jeu de rôles sur table est plus populaire que jamais. On ne compte plus les références dans les séries ou le nombre de chaînes YouTube qui proposent des campagnes complètes aux utilisateurs de la plateforme. Pourtant, la pratique été très mal vue pendant des décennies, avant de devenir simplement confidentielle puis d'exploser.
Baldur's Gate, une licence culte au sein d'une licence qui l'est encore plus
De Stranger Things à Critical Role en passant par La Bonne Auberge, Grimoires et Tentacules, Game of Roles ou encore Role'n Play, le jeu de rôles est désormais partout sur Internet. Un retour sur le devant de la scène notamment dû aux Américains de Critical Role et leurs millions d'abonnés, mais aussi grâce à une certaine nostalgie des années 80 et à la progression du jeu vidéo en tant que culture de masse. Pourtant, entre la période où le JDR a été accusé de tous les maux et celle où tout le monde connaît le principe, la pratique n'a pas disparu.
La preuve avec les nombreuses publications que l'on retrouve à cette période, notamment autour de Donjon & Dragons, mais aussi avec les développeurs de jeux vidéo. Si vous avez eu accès à Internet cet été, vous n'avez pas pu manquer la sortie de Baldur's Gate III, développé par Larian Studios et situé dans le monde de Donjons & Dragons. Mais les deux premiers épisodes ont été développés du côté de chez BioWare, actuellement au travail sur Dragon Age : Dreadwolf et sur le prochain Mass Effect.
Ce studio, fondé à Edmonton en Alberta (Canada) en 1995 par Ray Muzyka et Greg Zeschuk a commencé son existence en développant Shattered Steel, mais a rapidement embrayé sur le premier puis le second Baldur's Gate, simplement séparés par MK2. Dans l'équipe de développement de Baldur's Gate, on retrouve James Ohlen, désormais aux commandes d'Archetype Entertainment, une division de Wizards of the Coast (Hasbro), éditeur de... Donjons & Dragons ! Designer, il a participé à tous les succès de BioWare, qui comprennent notamment Neverwinter Nights, Star Wars : Knights of the Old Republic, Dragon Age : Origins, Star Wars : The Old Republic, Jade Empire ou encore le premier Mass Effect.
20 000 heures sur Donjons & Dragons ? C'est possible, et ça ouvre même des portes
Ce n'est que 22 ans après son embauche que James Ohlen a décidé de mettre les voiles, rejoignant le studio précédemment cité, où il oeuvre désormais aux côtés de Drew Karpyshyn et Chad Robertson, eux aussi anciens de BioWare. Revenons justement sur son embauche, évoquée par l'intéressé au micro de Rock, Paper, Shotgun. Durant l'entretien, il a déclaré qu'il était (évidemment) un gros joueur de jeux de rôles sur table, et qu'il était rapidement devenu MJ (Maître du Jeu). Une passion qui lui a beaucoup appris pour son travail chez BioWare, puisqu'il indique que lorsqu'il a été recruté par le studio canadien, il avait, selon ses estimations, plusieurs milliers d'heures en tant que MJ sur Donjons :
Je pense que, lorsque BioWare m'a embauché, j'avais 20 000 heures de DM . C'était ridicule. Je dois beaucoup à D&D. Mes amitiés, ma carrière, ma stabilité mentale.
Cette pratique intensive a même été un atout précieux pour Ray Muzyka, qui l'a invité à utiliser toute sa documentation, ses notes et ses connaissances autour de Donjons & Dragons pour les utiliser dans le développement des jeux. Un ancien collègue, Cam Tofer, a ajouté que James Ohlen "n'avait pas vraiment de vie en dehors de D&D", et qu'il organisait jusqu'à trois sessions par semaine. De quoi connaître parfaitement toutes les règles de "DnD". On imagine qu'il a passé quelques heures sur Baldur's Gate 3 en marge de son travail sur la licence imaginée par Archetype du côté d'Austin, qui prendra la forme d'un RPG de science-fiction.