Kingdom Hearts, un nouveau modèle de développement d’intrigue pour Final Fantasy VII ?

Rappelons-le d’entrée de jeu, Kingdom Hearts, sous ses airs de simple mélange entre Disney, Final Fantasy et un univers original, ne possède pas le scénario le plus accessible. Différentes temporalités, pléthore de personnages parfois très mystérieux et maniant à la perfection les faux-semblants, concepts qui peuvent être déroutants (Sans-coeur, Simili, Nescients, transmigration, …) et surtout de multiples intrigues à tiroirs qui peuvent rapidement vous causer des noeuds au cerveau tant votre matière grise est mise à rude épreuve au moment de reconstituer le puzzle de la licence.

Aujourd’hui, la franchise est âgée depuis plus de vingt ans et s’accroche à une fâcheuse habitude, développée très tôt, qui est de diluer sa trame à travers absolument tous les jeux, forçant le joueur à multiplier les expériences pour raccrocher les wagons et ne pas se perdre en cours de route. Kingdom Hearts : Chain of Memories, Kingdom Hearts : 358/2 Days, Kingdom Hearts 3D : Dream Drop Distance, Kingdom Hearts χ, Kingdom Hearts : Unchained χ, Kingdom Hearts χ Back Cover, Kingdom Hearts : Union χ, Kingdom Hearts : Dark Road ou encore Kingdom Hearts : Melody of Memory, pour ne citer qu’eux.

Chacun d’entre eux recèle, à sa manière, une ou des informations capitales qui permettent d’avoir une meilleure compréhension de l’univers. Et ce que l’on remarque également, c’est qu’un grand nombre des jeux cités, si ce n’est tous, sont des titres qui sont parus sur supports mobiles (GBA, DS, 3DS, iPhone/Android, Switch), preuve s’il en est que chaque plateforme à son importance et n’est nullement délaissée dans le processus créatifs des équipes. En soi, tout support représente un terreau fertile pour le développement de Kingdom Hearts.

Une idée qui fait sens, reprise par de nombreuses autres franchises, et qui peu à peu se propage à la licence Final Fantasy. Comme on l’a vu avec Final Fantasy VII Remake, avec ce que laisse supposer Final Fantasy VII Rebirth et la récente sortie de Final Fantasy VII Ever Crisis, il y a une volonté de revisiter et d’étendre l’univers, tout en partageant cette nouvelle vision avec le plus grand nombre. En y regardant de plus près, ce projet autour de Final Fantasy VII applique, à sa façon, les mêmes codes que Kingdom Hearts, et la sortie d’un nouveau chapitre consacré à Sephiroth dans Ever Crisis nous le prouve complètement.

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Final Fantasy 7 Ever Crisis : tout regrouper et tout développer à la fois

Déjà extrêmement complet, grâce la Compilation of Final Fantasy VII, l’univers du hit de Square Enix devient en quelque sorte tentaculaire. Au fil des années, les projets et les formats se sont démultipliés, preuve s’il en est que l’univers de FF7 possède une force à nulle autre pareille et que la société japonaise n’hésite pas à capitaliser dessus. Plus qu’une simple remise au goût du jour, les remakes et titres parallèles cherchent à offrir une nouvelle vision de l'œuvre aux joueurs, et la sortie du free-to-play mobile Ever Crisis (prochainement disponible sur Steam, comme l’éditeur l’a récemment annoncé) est l’exemple parfait, notamment grâce aux compléments qu’il introduit.

À l’occasion de notre test du jeu, on a remarqué que le free-to-play mobile n’hésite pas à implanter, entre les grands axes du scénario, quelques mises en scène inédites. Pour autant, toutes ne sont pas spécialement capitales. On retient toutefois que le jeu, via ses chapitres additionnels ou encore ses événements par exemple, alimente ce regard frais sur le lore et l’extension de cet univers, tout en faisant des ponts avec les concepts introduits dans Final Fantasy VII Remake tels que les différentes timelines. L’événement à durée limitée « Beach Festival Fun ! » en est un bon exemple puisque l’on suivait les péripéties de Zack, d’un côté, et de Cloud et sa bande de l’autre, laissant même un indice sur ces lignes temporelles qui se frôlent, se touchent presque.

L’autre exemple, appuyant encore plus cette volonté de développer davantage l’univers de Final Fantasy VII avec de l’inédit, c’est la portion du mode Histoire qui est entièrement dédiée à The First Soldier. On le rappelle, ce titre n’était à la base qu’un prétexte pour proposer un battle royale estampillé Final Fantasy. Ici, c’est une période de Final Fantasy VII qui, comme c’était le cas avec Before Crisis lors de sa sortie mobile, s’intègre totalement à la trame globale avec des péripéties dédiées autour de Glenn, Matt et Lucia. Depuis peu, c’est une version jeune de Séphiroth qui vole la vedette au trio. Comme on le supposait, ce chapitre additionnel et le début de ce « nouvel arc » nous apportent des informations intéressantes autour de ce personnage hautement charismatique.

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Le jeune Séphiroth de The First Soldier n’est pas tout à fait celui que l’on connaît

Rien qu’en scrutant la campagne promotionnelle de Final Fantasy VII Rebirth, on comprend que le remake est déterminé à faire de Séphiroth son grand méchant, là où Jenova avait une place prépondérante bien que dissimulée derrière le héros du SOLDAT. Néanmoins, a-t-il toujours été le méchant que l’on a l’habitude de dépeindre ? À l’image de sa chevelure, le personnage évolue dans une zone grise, ni foncièrement méchant ni totalement bon. Pour poursuivre dans ce sens et, au passage, lui conférer encore plus de profondeur, le Chapitre 5 de The First Soldier lorgne vers une nouvelle facette de Sephiroth. De la même manière que Kingdom Hearts nous proposait d’approfondir l’histoire et les jeunes années de Xehanort grâce à l’opus mobile Dark Road.

Peu après son entrée en matière spectaculaire, venu sauver in extremis Glenn, Matt et Lucia du guet-apens des Rhadorans comme on l’a vu dans l’une des bandes-annonces du jeu, on est quelque peu étonné de découvrir un Séphiroth bien plus tempéré et enjoué, allant même jusqu’à s’excuser à cause de certains de ses comportements. En réalité, il est un guerrier socialement inexpérimenté qui, jusqu’alors, n’a eu que très peu d’interactions - si ce n’est aucune - avec d’autres personnes ou compagnons. Et pour cause, c’est en réalité sa première mission en tant que combattant génétiquement modifié du SOLDAT dont l’aura est dûe, en partie et à cette époque, à des fausses données de la Shinra qui vantaient ses mérites.

Le contraste avec le Séphiroth que l’on connaît est saisissant, en particulier parce que celui de The First Soldier paraît bien plus apaisé. Comme il le déclare, il ne veut pas devenir un héros, il souhaite juste vivre une vie normale. Pour autant, ça ne lui ôte pas cette facette de véritable machine de guerre sur le champ de bataille, prêt à accomplir sa mission quoi qu’il en coûte. Mais malgré tout, cela pèse sur son moral. Apparaître comme un cyborg dénué de compassion le ronge (« I never wanted to be ») car tout ce qu’il souhaite, c’est faire ses preuves. Grâce à ça, on comprend mieux pourquoi celui-ci perd la raison et libère toute sa colère dans Final Fantasy VII : la découverte des expériences qu’il a subies lui renvoie l’image qu’il a toujours voulu combattre, celle d’une machine à tuer dénuée d’humanité.

Au-delà d’un Séphiroth tiraillé par ses émotions, c’est également un jeune soldat faisant les frais de l’emprise du Professeur Hojo qui, rappelons-le, n’est autre que son père biologique. Encore une fois, là où Ever Crisis se la joue Kingdom Hearts, c’est qu’il délivre des éléments de compréhension aussi étonnants que complémentaires. Dans cette portion d’histoire, on apprend par exemple que Séphiroth a sur lui une photo de Lucrécia, sa mère biologique décédée, que Hojo lui a présenté comme tel mais sous l'appellation… de Jenova. C’est à peu près tout ce que Séphiroth aura à se mettre sous la dent au sujet de sa figure maternelle.

Ceci étant dit, on a hâte de découvrir les prochains chapitres dédiés à The First Soldier et au jeune Séphiroth car l’on sait d’ores et déjà qu’ils seront riches d’informations. À quelques mois de la sortie de Final Fantasy VII Rebirth, cela promet tant pour cet épisode central des remakes que pour le développement de l’univers. Tout le monde ne sera peut-être pas convaincu par le fait que Final Fantasy applique une méthodologie similaire à Kingdom Hearts, mais pour peu que l’on aime tout ce qui gravite autour de cet épisode, c’est assez grisant.

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