Alors que le dernier film de Hayao Miyazaki s'apprête à sortir en France, le studio Ghibli a annoncé être racheté par la chaîne de télévision Nippon TV. Une initiative, comme l'explique le cofondateur Toshio Suzuki, pour trouver une solution à la succession du studio.
Hayao Miyazaki, les épaules les plus larges de Ghibli
Ghibli est, sans aucun doute, le studio d’animation japonaise le plus populaire au monde. Il peut même s’asseoir manifestement à la même table des plus grands studios d’animation du monde avec Disney et Pixar. Ce sont grâce à de nombreux films qu’il a fait sa notoriété : Mon Voisin Totoro est le film le plus lucratif de son histoire grâce à son merchandising (on enseigne même l’une de ses chansons dans les maternelles de l’archipel) ; Le Tombeau des Lucioles a traumatisé plusieurs générations de spectateurs en représentant le calvaire subi par le pays lors de la seconde guerre mondiale ; Le Voyage de Chihiro a été pendant presque 20 ans le meilleur film du box-office japonais (avant d’être dépassé par Demon Slayer : le Train de l’Infini) et a récupéré de nombreux prix.
Sauf que la majeure partie de la notoriété vient d’un seul homme : Hayao Miyazaki. C’est lui qui a réalisé bon nombre des meilleurs longs-métrages du studio. Or, les années passent et celui que l’on considère comme le Maestro de l’animation japonaise accumule aussi le poids du temps sur ses épaules. Le jour de son départ à la retraite se rapproche, malgré ses multiples retours sur le devant de la scène. Un contre-la-montre dont les tics angoissent de plus en plus Ghibli, qui doit lui trouver un successeur.
Qui pour succéder à Miyazaki ?
Au-delà de son statut de réalisateur incontournable, Hayao Miyazaki est aussi l’un des cofondateurs de Ghibli avec Isao Takahata (connu notamment pour Le Tombeau des Lucioles, décédé en 2018) et le producteur Toshio Suzuki. Les deux hommes sont respectivement âgés de 82 et 75 ans. Pour trouver une solution à ce problème, une conférence de presse a été organisée jeudi 21 septembre au Japon. C’est la chaîne de télévision japonaise Nippon TV (NTV) qui a annoncé avoir pris la décision d’acquérir 42,3% des parts de Ghibli. Une telle initiative la rend alors actionnaire majoritaire du studio, faisant de ce dernier sa filiale. Comme le rapporte le site officiel de Ghibli et le média Oricon, Toshio Suzuki (aussi présent lors de la conférence) a avoué que cette décision n’était pas étrangère à la recherche de successeurs pour la tête du studio.
Cette succession pose un véritable problème depuis des années. Déjà à la fin des années 90, Hayao Miyazaki considérait sérieusement l’idée de retraite : avec Yoshifumi Kondo (chef animateur sur de nombreux long-métrages) qui réalise Si Tu Tends l’Oreille en 1995, la postérité du studio semble assurée. Sauf que ce dernier meurt en 1998 à 47 ans à la suite d’une dissection aortique, à l’instar de Kentaro Miura (mangaka de Berserk) en 2021. L’heure de la retraite anticipée est donc sonnée pour Hayao Miyazaki (qui est sur le point de réaliser le chef-d’œuvre Le Voyage de Chihiro).
Encore aujourd’hui donc, la question de la succession de pose. Si Goro Miyazaki (le fils de Miyazaki) a déjà été sollicité plusieurs fois pour reprendre le poste, il a refusé à chaque reprise les offres faites. C’est aussi son père qui refuse un tel choix, témoin de sa relation compliquée avec son fils. L’avenir à long-terme est donc incertain pour les studios Ghibli. Toutefois, ils peuvent encore compter un peu sur Hayao Miyazaki. Le réalisateur a bouclé Le Garçon et le Héron, sorti au Japon le 14 juillet dernier et prévu dans les salles françaises le 01 novembre prochain. Un film considéré comme son auteur comme un testament pour son petit-fils. Un constat qui donne le ton pour le studio Ghibli qui, malgré les nouvelles idées de son réalisateur phare, est bien sur le point d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire.