Square Enix traverse actuellement une mauvaise passe : malgré le succès critique de Final Fantasy XVI, les chiffres ne décollent pas et l'entreprise entière semble vouloir rattraper sa façon de travailler. Mais il se pourrait, selon certains, qu'il soit déjà trop tard.
Après le beau temps, la pluie
Après l'échec de Marvel's Avengers, Square Enix avait déjà fait face à une première tempête difficile à gérer. Depuis, la firme a carrément vendu ses franchises et studios occidentaux, préférant se concentrer sur des productions nippones… mais non sans grand succès non plus : Babylon's Fall (conçu par PlatinumGames, mais édité par ses soins) fut un four monumental tandis que Final Fantasy XVI n'a pas atteint les chiffres de ventes espérés, en tout cas pour un jeu de cette trempe.
Le lancement de Final Fantasy VII Ever Crisis sur mobile n'a pas non plus répondu aux attentes commerciales (pour le moment tout du moins) et Bravely Default : Brilliant Lights comme Echoes of Mana, deux titres aussi sortis sur mobile, se sont même éteints après un an d'activité seulement.
Depuis la sortie de FF16, c'est simple : Square Enix a perdu 2 milliards de dollars de sa valeur. Une situation de crise qui se répercute sur le long terme, voyant certains des plus gros investisseurs de l'entreprise (notamment Mitsui Trust Asset Management Co.) réduire leurs participations pour les années à venir.
Des producteurs trop puissants
Mais alors, pourquoi Square Enix ne parvient pas à redorer son blason ? "La société s'est surpassée sur trop de titres sans surveillance appropriée", déclare le développeur Michael Prefontaine à Bloomberg. S'adressant au même média, plusieurs employés et ex-employés anonymes de Square Enix donnent une raison précise : la faute serait celle des producteurs ou plutôt, celle de Square Enix à donner trop d'importance aux producteurs.
Pour faire simple, le producteur d'un jeu aurait une telle main mise qu'il échapperait à la vigilance des hautes sphères de Square Enix : il aurait le contrôle total du projet, tandis que la structure des équipes et leurs directives seraient déséquilibrées. En fonction de l'avis changeant d'un producteur, des développeurs seraient poussés à changer totalement de direction du jour au lendemain et personne ne serait là pour guider harmonieusement le tout.
Le hic, c'est que tout dépend du coup du producteur. Cela peut être bénéfique si l'individu a du flair et s'avère bon stratège, ou désastreux si de mauvaises décisions sont prises. Donner trop de responsabilités à une seule personne serait donc la principale cause des mauvais résultats récents de Square Enix.
Pour remonter la pente, l'actuel directeur général de l'éditeur et développeur, Takashi Kiryu, a affirmé vouloir internaliser les jeux vidéo davantage et de se concentrer sur les grosses productions, qui rapportent tout simplement plus. Néanmoins, cela ne changera pas le problème évoqué plus haut, comme le précise Yijia Zhai, analyste chez Macquarie Capital Securities Japan :
Nous restons préoccupés par la structure de développement des jeux et le contrôle de la qualité des jeux de la société, qui pourraient limiter les performances à long terme.
Déjà du changement ?
Toutefois, Square Enix serait au courant du problème et agirait déjà dans ce sens, selon l'une des sources de Bloomberge. "L'entrteprise a commencé à revor la manière dont elle affecte les producteurs", déclare-t-elle.
En réalité, l'espoir à court et moyen terme reposerait surtout sur les grosses franchises de l'éditeur comme Final Fantasy et Dragon Quest… et encore, l'analyste de chez UBS Securities Kenji Fukuyama ne s'avère pas très optimiste :
La société s'est reposée trop longtemps sur ses lauriers et a peut-être déjà épuisé la patience de ses fans fidèles, qui en ont assez de voir d'anciens jeux réédités sur les plateformes mobiles.
On rappelle que début 2024, les joueurs pourront dévorer Final Fantasy VII Rebirth, suite très attendue de Final Fantasy VII Remake. À voir si cela suffira à remettres les voyants au vert, ou du moins quelques uns seulement.