La question des exclusivités sur console est un vaste débat. Nécessaires pour convaincre un joueur de prendre une machine plutôt qu'une autre, elles sont également décriées car elles sont parfois limitées aux joueurs qui possèdent la bonne console. Les choses évoluent, mais la réalité est que ces exclusivités sont rarement les jeux lesp lus vendus sur chaque plateforme.
Les exclus sont importantes mais ne dominent pas
De God of War à Marvel's Spider-Man en passant par Halo, Forza Motorsport, The Legend of Zelda ou encore Mario Kart, chaque constructeur a ses propres studios qui développent des exclusivités. Temporaires ou définitives, ces exclus ont pour objectif de proposer des expériences calibrées et d'être de véritables produits d'appel pour telle ou telle machine. Aujourd'hui, ces deux géants du jeu vidéo que sont Sony et Microsoft raisonnent de plus en plus en "écosystème". Microsoft pense Xbox comme une marque accessible sur PC, console et mobile, tandis que Sony met largement en avant sa PS5 puis porte certains de ses jeux sur PC quelques mois / années après.
Pour enrober tout ça, les joueurs trouvent des services par abonnements, qui propose de vastes catalogues de jeux. Sony à ses offres PlayStation Plus, Xbox a son Game Pass. Nintendo fait un peu bande à part en misant uniquement sur sa console hybride et conservant une forte inertie autour de ses licences exclusives. Mais les débats continus sur la pertinence des exclusivités occultent en partie la réalité du marché. Oui, des jeux comme God of War ou Forza peuvent faire vendre des consoles. Oui, les services proposés peuvent aider les joueurs à faire leur choix. Oui, Sony comme Microsoft rachètent des studios pour proposer encore plus de jeux first-party.
Mais les licences les plus vendues en Europe et en Amérique du Nord ne sont majoritairement pas des exclusivités. Sur le Vieux Continent, c'est FIFA qui domine le marché, suivi par Call of Duty, et ce pratiquement chaque année, tandis qu'en Amérique du Nord, Call of Duty truste généralement la première place. Quand, dans le Journal, on vous expliquait qu'une grande majorité de joueurs achetaient leurs consoles pour des titres de ce genre et de cette envergure, ce n'était pas pour rien. Le fait qu'Animal Crossing : New Horizons arrive en tête des produits culturels les plus vendus en France en 2020 et qu'on ait considéré ça comme un événement, ça n'était pas pour rien non plus. Aujourd'hui, un nouvel exemple vient reforcer cette tendance, et elle nous vient indirectement de nos confrères de Kotaku.
Un million de joueurs n'auraient joué qu'à Call of Duty !
Vous l'avez vu, Call of Duty pèse très lourd dans l'industrie, et ce malgré des sorties quasi annuelles. Il n'est pas anodin de voir Sony s'inquiéter du rachat d'Activision par Microsoft, et ce n'est pas non plus un hasard si la licence est l'un des angles d'attaques de la FTC pour tenter de bloquer le rachat. Pour Sony, ce rachat pourrait permettre à Microsoft de faire de Call of Duty une exclusivité et de créer un immense manque à gagner.
Microsoft a de son côté proposé des accords, avant de réaffirmer devant la Cour que la franchise restera multiplateforme. A l'heure où sont écrites ces lignes, le tribunal n'a pas rendu son verdict et, de toute façon, Microsoft devra encore se défendre en appel face au régulateur britannique. Autrement dit, tout ce qui est craint par Sony et proposé par Microsoft est hypothétique. Mais on comprend un peu mieux la verve de Jim Ryan, président de SIE, lorsqu'on lit l'un de ses mails, envoyé en 2021 et diffusé dans le cadre du procès contre la FTC.
Selon lui, un million de joueurs PlayStation ont passé l'année 2021 à ne jouer qu'à Call of Duty, que ce soit sur PS4 ou PS5, et 6 millions d'entre eux ont utilisé 70% de leur temps de jeu sur la licence d'Activision, avec une moyenne annuelle de 100 heures. Là où les choses deviennent un peu cocasses, c'est que, comme pour les budgets de The Last of Us Part II et d'Horizon : Forbidden West, ces données ont été mal censurées et n'auraient pas dû être visibles par le public.