Link et Zelda sont tous les deux tirés de personnages célèbres

Depuis 1986 et la sortie du premier épisode de la saga, les jeux The Legend of Zelda tournent autour… de Link et non pas de l’héroïne Zelda. Un nom que Shigeru Miyamoto (dont on écrira le nom à plusieurs reprises dans cet article) justifie par sa traduction anglaise de lien. Un héros inspiré du dessin animé Peter Pan dont le mutisme est également expliqué : cela est censé permettre aux joueurs de plus s’immerger dans la peau du protagoniste en se mettant à sa place. Ils peuvent alors se raconter leur propre histoire. Une autre explication est également donnée dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Accablé par sa responsabilité de sauver le Royaume d’Hyrule, notre Héros du temps préfère ne rien dire par peur de trahir les espoirs qu’on place en lui. Une philosophie de Never complain, never explain.

Mais être le sauveur de l’humanité ne suffit pas pour voir son nom en haut de l’affiche puisque sinon la saga s’appellerait ‘’The Legend of Link’’ et l’histoire s’arrêterait-là. C’est la princesse d’Hyrule qui récupère cet honneur dont le nom vient directement de la romancière américaine Zelda Fitzgerald, elle-même nommée ainsi par sa mère en référence à deux histoires publiées au 19e siècle (Zelda : A Tale of the Massachusetts Colony et Zelda's Fortune). Shigeru Miyamoto aimait sa sonorité et décida de le conserver pour le nom du jeu.

De la même manière, c’est la jument Epona qui tire son nom de la déesse gauloise liée au cheval et à la cavalerie.

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Un premier épisode très particulier

Si The Legend of Zelda est devenue aussi légendaire aujourd’hui, c’est en partie grâce au premier jeu. Il sort en 1986 et est distribué à six millions d’exemplaires. Un chiffre colossal pour l’époque et qui reste impressionnant aujourd’hui : à titre de comparaison rapide, Sonic Frontiers est devenu le jeu Sonic en 3D le plus vendu de l’histoire avec 3,5 millions d’exemplaires. La seule ombre au tableau qui empêche alors à The Legend of Zelda d’accéder à la notoriété suprême est déployée par… Nintendo lui-même avec Super Mario Bros et ses 40 millions d’exemplaires distribués.

Avant sa sortie, c’est surtout son nom qui pose problème. Bien que Shigeru Miyamoto dispose du prénom Zelda pour son titre, ce dernier est un peu trop long puisqu’il s’intitule Hyrule Fantasy The Legend of Zelda. La première copie est alors coupée pour rentre le nom plus digeste et ça tombe bien : au même moment sort le premier épisode d’une licence qui va devenir tout aussi culte avec Final Fantasy.

Maintenant que le sujet du patronyme a été couvert, il s’agit désormais d’expliquer le succès du premier jeu. Ce sont deux raisons toutes simples. La première est qu’il s’agit quand même d’une révolution technique : c’est le premier jeu console à embarquer un système de sauvegarde. De quoi affirmer en 1986 que c’est The Legend of Zelda qui assure la transition des joueurs PC aux joueurs consoles. Puis il y a aussi les qualités intrinsèques du jeu qui, pour l’époque, sont colossales : c’est un monde ouvert que le joueur peut explorer à sa guise et affiche déjà l’ambition de donner aux joueurs une extrême liberté.

Une inspiration japonaise du temps des samouraïs

Un laisser-aller total que Shigeru Miyamoto s’est efforcé de reproduire dans chaque jeu vidéo Zelda. Avant d’être développeur pour Nintendo, il aime explorer les forêts autour de Sonobe : un village rural au nord-ouest de Kyoto. Il se passionne pour l’exploration d’une grotte qu’il s’amuse à parcourir jour après jour. C’est ce sentiment de découverte et de liberté qu’il prône avec The Legend of Zelda qu’il défend bec et ongles lors de son développement.

Les forêts de Kyôto n’est par ailleurs pas sa seule source d’inspiration japonaise pour Zelda. À plusieurs reprises dans la saga, il est question de triforce : un artéfact divin représentant les trois déesses d’Hyrule dont les qualités principales ont été divisées en 3 : c’est Link qui récupère la Triforce du Courage, Zelda celle de la sagesse et Ganondorf celle de la force. Sa forme géométrique est quasi-identique à celle du mon (forme géométrique utilisée par les clans de samouraïs pour se reconnaître sur le champ de bataille) de la famille Hojo : un clan important de l’époque Kamakura (1185 - 1333).

La musique composée en une seule nuit

Plus une anecdote pour briller en soirée qu’une réelle information nécessaire avant de se plonger pour Zelda, la rapide histoire autour de la création du thème musical principal de la saga est intéressante. Il devait initialement être le Boléro de Ravel avant que les droits d’auteur ne s’en mêlent. Koji Kondo, devenu au fil des années le compositeur incontournable des chefs d’œuvre de Nintendo, a alors composé en une seule nuit ce qui est devenu l’une des musiques les plus emblématiques du jeu vidéo.

The Legend of Zelda : une chronologie particulière entre les jeux

Ce qui vaudra plus le coup d’être su avant de se plonger dans ce The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom, c’est que la saga Zelda affiche une chronologie qui n’appartient qu’à elle. C’est The Legend of Zelda : Skyward Sword (2011) qui fait office d’épisode d’introduction aux histoires de Zelda et de Link. Ensuite, les fondations du Royaume d’Hyrule sont lancées (non sans contretemps avec l’apparition de Vaati) puis dérangées avec la réincarnation du Fléau avec Ganondorf dans The Legend of Zelda : Ocarina of Time. C’est à partir de là que la temporalité se complique puisqu’elle se divise en trois : selon son âge mais surtout selon la réussite ou l'échec de sa mission principale.

Si notre cher Link perd face à Ganon, s’ensuit alors les événements des quatre premiers Zelda sortis mais dans un ordre particulier. C’est A Link to The Past qui prend le flambeau, suivi des épisodes Oracle, Awakening pour retourner au tout premier épisode avant de conclure avec The Legend of Zelda II. En cas de victoire à l’âge adulte, c’est la temporalité liée à Wind Waker, Phantom Hourglass et Spirit Tracks qui se déroule tandis que s’il gagne en étant enfant, c’est un futur légèrement plus sombre qui lui est réservé puisque Majora’s Mask, Twilight Princess et Four Swords Advendure internet en jeu.

Pour compliquer légèrement l’équation, The Legend of Zelda : Breath of the Wild s’inscrit dans une temporalité alternative qui ne dépend pas de celle décrite ici. Il s’agit toujours de jouer les sauveurs d’Hyrule et exécuteur de Ganondorf mais dans une autre dimension temporelle. Dimension temporelle dans laquelle s’inscrit également Tears of the Kingdom puisqu’il est la suite directe de BotW.

Chaque jeu vidéo Zelda innove

Chaque jeu avance donc vraiment un pion sur l’échiquier du temps de Zelda tout en apportant son innovation propre. C’est probablement en majeure partie pour cette raison que The Legend of Zelda a encore un succès fou aujourd’hui. Sans être exhaustif, on peut mentionner l’arrivée de la sauvegarde avec le premier épisode, le ciblage de la caméra avec Ocarina of Time, le principe de boucle temporelle avec Majora’s Mask ou la révolution du monde ouvert (sur laquelle on reviendra dans cet article) avec Breath of the Wild.

Il faut reconnaître que toutes ces innovations n’ont pas eu le même impact. Néanmoins, il faut reconnaître que c’est la preuve du soin apporté par Nintendo au développement des jeux de l’une de ses sagas phares. Ces fonctionnalités, dérisoires ou non, servent en plus toujours les jeux de la même manière : celui de rendre l’exploration toujours plus poussée et la liberté toujours plus palpable. Chaque Zelda qui sort veut être le plus permissif et il y arrive.

Quasiment l'intégralité des Zelda sont des incontournables

Des ajouts qui permettent à la sortie de chaque jeu de séduire la presse et le public, en témoigne metacritic. Le site est un agrégateur de notes des médias et permet de mesurer la température quant à l’appréciation d’un jeu. En ce qui concerne The Legend of Zelda, quasiment l’intégralité sont des must-play et affiche une note supérieure à 90/100. C’est particulièrement vrai pour deux d’entre-eux : le premier, The Legend of Zelda, intronisé au Panthéon du jeu vidéo et source d’inspiration de nombreux jeux d’aventure qui l’ont suivi. Ocarina of Time a aussi été intronisé au Panthéon du jeu vidéo mais est, à la différence du premier cité, souvent considéré comme le meilleur jeu vidéo de tous les temps. Il est d’ailleurs le seul à avoir la note de 99/100 sur metacritic, plus haute note recensée sur le site à ce jour.

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Un monde ouvert révolutionnaire pour la saga et pour le jeu vidéo

Un défi pourtant ambitieux surtout depuis 2017 avec la sortie de BotW. Une révolution du monde ouvert signée Nintendo qui cartonne : le jeu fait probablement vendre des Nintendo Switch par millions (ils partagent la même date de sortie, le 03 mai 2017) et devient l’épisode de la licence le plus vendu de tous les temps avec plus de 30 millions d’exemplaires distribués. Fier de leur travail, Nintendo assiste même à des conférences réunissant des développeurs de jeux vidéo : quelque chose de surprenant pour la firme Kyotoïte qui cultive la culture du silence et refuse de partager ses secrets.

Dans les grandes lignes, Nintendo explique avoir construit un monde ouvert en cassant la formule traditionnelle des Zelda en faisant confiance au cerveau humain. Sans le montrer d’une quelconque manière, le jeu laisse croire au joueur qu’il est libre alors qu’il lui prend la main sans cesse en laissant sur le long de son chemin des points d’intérêt. Une pomme à cueillir, puis une hache de bûcheron puis un arbre à couper. Le monde de Breath of the Wild est blindé de points d’intérêt caché qui désoriente et distrait constamment le joueur.

Tears of the Kingdom, un lourd héritage

Décrit comme une suite à Breath of the Wild par Nintendo elle-même, Tears of the Kingdom doit faire briller d’une flamme encore plus forte le flambeau que lui a remis son aîné. Être aussi culte que son prédécesseur est une tâche ardue mais sur le papier, il a tout en main pour l’être. Le terrain de jeu a été agrandi avec l’arrivée des îles célestes. Certains ajustements ont aussi été remarqués par les joueurs avec la présence de grotte absente de Breath of the Wild. C’est surtout autour des pouvoirs de Tears of the Kingdom que Nintendo met l’emphase : fusions d’objets entre eux, constructions de navires ou de fusées…

S’il est disponible depuis le 12 mai en exclusivité sur Nintendo Switch, c’est probablement quelques mois voire années plus tard que l’on se rendra compte de la portée et de l’impact qu’il aura eu sur les joueurs. Difficile de ne pas reprendre l’exemple de Breath of the Wild (ou d’Elden Ring plus récemment) pour comparer. Les joueurs continuent d’explorer ces mondes ouverts gigantesques qui les laissent exprimer leur créativité. Il est à la fois surprenant et rassurant de voir à quel point il est possible de découvrir de nouvelles choses plusieurs mois après leur sortie. Si le constat s’observe pour Tears of the Kingdom, nul doute qu’il contribuera plus que jamais à sacraliser une saga qui est déjà dans la légende.