Que se passe-t-il chez Ubisoft ? L’éditeur français a subi sa quatrième baisse consécutive à la bourse de Paris et perd 12,30 % sur ces 5 derniers jours. Le lundi 9 janvier 2023, l’entreprise dirigée par Yves Guillemot était la plus forte baisse de SBF 120. En un an, le cours de la société à qui nous devons la série Assassin’s Creed a chuté comme un Lapin Crétin sur une peau de banane. Qu’est-ce qu’il y a à comprendre dans cette méfiance visible et durable du marché ?
Sommaire
- En pleine turbulence
- Les craintes de prévisions inatteignables, mais pas que
En pleine turbulence
La spirale étincelante du logo d’Ubisoft serait-elle en train de se transformer en tourbillon pourpre ? Cela fait depuis plusieurs semaines que l’action du géant français du jeu vidéo est dans le rouge avec des baisses répétitives. Depuis le 1er janvier de cette année, le titre dévisse avec une chute de plus de 9 %, au moment où nous écrivons ces lignes. Bien que les spécialistes expliquent le repli d’Ubisoft du 9 janvier dernier par le profit warning du développeur britannique Frontier (F1 Manager 2022, Jurassic World Evolution 2), la chute du cours d’Ubisoft ne date pas que de ces derniers jours.
En un an, l’action de la société d’Yves Guillemot a fondu de 44,15 %, un chiffre dans le rouge vif par rapport à ceux des autres acteurs du marché – et concurrents directs de la marque française – que sont Take Two (- 26,50 % sur un an), Electronic Arts (- 3,67 % sur un an), et Activision (+ 22,36 % sur un an, notamment grâce à la proposition de rachat de Microsoft). En janvier 2021, le cours d’Ubisoft dépassait les 80 euros. Aujourd’hui, l’action de l’éditeur français s’échange autour des 24 euros à la Bourse de Paris, soit une dégringolade de quasiment 70 %... son niveau le plus bas depuis presque 7 ans.
En septembre 2022, c’est pendant cette période de sous-évaluation déjà amorcée que Tencent a décidé de renforcer ses liens avec le groupe français en investissant 300 millions d’euros dans la société (dont 200 millions dans de l’acquisition de titres). Le géant chinois déjà actionnaire de la firme derrière Rayman possède ainsi 49,9 % des parts Guillemot Brothers, le principal actionnaire de la société Ubisoft, et promet de ne pas interférer avec les décisions du conseil d’administration. Il n’est pourtant pas certain que Tencent – le premier éditeur mondial – voit d’un bon œil cette nouvelle baisse du cours, lui qui a acheté ses actions au prix de 80 euros afin de soutenir l’entreprise dans laquelle il avait déjà investi.
Les craintes de prévisions inatteignables, mais pas que
La pente descendante suivie par l’action Ubisoft trouve plusieurs explications. La baisse drastique constatée à partir du mois de septembre 2022, qui coïncide avec l’annonce de l’investissement de Tencent, s’explique par la déception des marchés qui espéraient une OPA plutôt qu’une nouvelle aide du géant chinois. Il est bon de rappeler qu’Ubisoft avait vu son cours bondir de plus de 20 % en seulement deux jours suite aux simples rumeurs d’un éventuel rachat. Ensuite, l’éditeur français a soufflé le chaud et le froid pendant son année 2022, avec l’annonce des reports de Skull and Bones et d’Avatar : Frontiers of Pandora, mais aussi la promesse de développement de nombreux nouveaux projets Assassin’s Creed, la licence locomotive du groupe. Malgré des résultats dans le rouge durant le premier semestre de son exercice 22-23, Ubisoft a confirmé ses objectifs annuels avec un résultat d'exploitation (non-IFRS) fixé à 400 millions d’euros. Le 5 janvier dernier, Bank of America révisait à la baisse son objectif sur le titre Ubisoft, estimant que les prévisions de la société étaient trop ambitieuses.
Le mystérieux accord de licence brandi par la marque au moment de présenter le report d’Avatar : Frontiers of Pandora a su rassurer les investisseurs pendant un temps, mais la confiance s’est finalement dissipée. La menace d’un profit warning, à l’image de celui qui secoue Frontier, s’installe à l’approche des résultats du troisième trimestre de l’exercice fiscal 22-23. En outre, ces résultats permettront de savoir si Just Dance 2023 et Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope ont performé à la hauteur des attentes des Guillemot. GamesIndustry avait précisé que le jeu de stratégie mettant en scène Mario et les Lapins avait malheureusement fait un moins bon démarrage au Royaume-Uni que le premier épisode sorti en 2017. Enfin, il reste à lever les zones d’ombre qui englobent encore l’année 2023, en particulier sur tout ce qui concerne le planning des sorties, l’état d’avancement des remakes de Prince of Persia et de Splinter Cell Remake, ce qui se cache vraiment derrière les multiples Assassin’s Creed annoncés et le niveau de qualité de Skull & Bones (prévu pour le 9 mars 2023). Un vaste programme.
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