Ces derniers mois, Avalanche Software a ouvertement axé sa communication autour de la magie de l’univers et des décors d’Hogwarts Legacy. Mais un autre point important se dégager ces derniers temps : le jeu dans l’univers d’Harry Potter sera inclusif. Profils variés, personnages non-genrés… Hogwarts Legacy semble prendre le contre-pied des triple A habituels rompant même avec les positions controversées de sa maman spirituelle JK Rowling.
Sommaire
- Poudlard, une école pour tous
- Hogwarts Legacy vs JK Rowling : un genre de désaccord
- Un jeu attentif à sa communication
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Poudlard, une école pour tous
Récemment, on a découvert notre quatrième camarade de classe, à savoir Amit Thakkar. Après Serpentard, Gryffondor et Poufsouffle, c’était donc au tour de Serdaigle de s’offrir un digne représentant. Et si les fans de l’univers ont aussitôt commencé à débattre sur le fait qu’il serait oui ou non un réel compagnon (personnage avec sa propre trame narrative et pouvant nous accompagner lors de nos aventures), un autre détail a été soulevé, notamment dans les commentaires de l’article dédié : les profils présentés sont particulièrement variés. On retrouve ainsi une élève venant de l’école de sorcellerie de l’Ouganda et un élève probablement issu de l’immigration indienne. Les personnages en charge du développement des personnages ont d’ailleurs fait les choses bien en allant cherchant des prénoms méconnus pour les occidentaux, comme Natsai qui serait d’origine zimbabwéenne et Amit, qui est un prénom indien particulièrement populaire chez les garçons juifs.
Si certains vont peut-être crier au progressisme outrancier (soulevant plus ou moins ironiquement la présence d’un seul et unique homme blanc dans ce joli casting), il est important de noter que cette diversité n'a rien d'incohérent, au contraire. Le Royaume-Uni est connu pour être un pays multiculturel (notamment dû à ses nombreuses anciennes colonies) et cela ne date pas d'hier. Si bien qu’il aurait été bien étrange de voir un Poudlard quasiment monochrome. La diaspora indienne est par exemple très présente au Royaume-Uni. Si elle s’est principalement formée suite à l’indépendance de l’Inde en 1947, de nombreux notables du pays avaient déjà décidé de faire leurs valises pour la tête de l’Empire britannique dès la fin du 19e siècle. Il en va de même pour l’Ouganda (pays d’origine supposé de Natsai), qui est une toute jeune colonie britannique au moment où se déroulent les événements d’Hogwarts Legacy : l'Héritage de Poudlard.
D'ailleurs, dans les livres et films Harry Potter, nombreux étaient les personnages représentant des ethnies différentes et cela n'avait semblé déranger personne à l'époque. Enfin ça, c'est le souvenir que l'on en a. Katy Leung (Cho Chang à l'écran) garde un souvenir bien amer de l'époque du tournage, ayant dû faire face à de nombreux commentaires racistes sur Internet. De plus Parvati, Cho, Dean ou encore Kingsley tiennent des rôles secondaires dans les aventures d'Harry Potter et sa bande. Natsai, Amit, Poppy et Sebastian devraient être des personnages bien plus importants, un peu comme les Ron et Hermione de notre héros, et leur donner des profils variés et donc d'autant plus appréciable. Et puisque l'on parle d'Hermione, il est important de rappeler la grogne (à tendance globalement raciste) qu'avait déclenchée le casting de la pièce Harry Potter et l'enfant maudit, dans laquelle Emma Watson laissait sa place à l'actrice noire Noma Dumezweni. JK Rowling elle-même avait pris la parole pour dénoncer les propos de ceux qu'elle qualifiait d'une "bande de racistes". Pour sûr, elle validerait avec plaisir la présence de profils aussi variés dans le jeu Hogwarts Legacy. Pour ce qui est du genre, en revanche, le jeu semble se positionner contre les différentes prises de position de la créatrice de l'univers Harry Potter.
I read my most recent royalty cheques and find the pain goes away pretty quickly. pic.twitter.com/s4gl9rlqxl
— J.K. Rowling (@jk_rowling) October 13, 2022
Hogwarts Legacy vs JK Rowling : un genre de désaccord
Vous le savez très certainement, un appel au boycott est lancé sur le jeu Hogwarts Legacy. La raison est simple : JK Rowling, qui a pris à plusieurs reprises des positions transphobes, touchera des royalties sur le jeu (bien qu’elle ne soit pas impliquée dans son développement). Elle s’est d’ailleurs récemment amusé du fait que, même si ses propos lui avaient fait perdre de nombreux lecteurs et fans, elle dormait sans problème grâce aux chèques de ses royalties. Autant dire qu’elle n’est pas du genre à faire profil bas malgré les polémiques, ce qui n’arrange pas les affaires de Warner. Se refusant à call out ouvertement l’autrice, l’éditeur avait tout de même dû prendre la parole plus tôt dans l’année face à la polémique et la lourde menace du boycott.
Nous souhaitons rappeler que J.K. Rowling n’est pas directement impliquée dans le développement du jeu. Nous ajoutons même qu’il sera possible, dans Hogwarts Legacy, d’utiliser des options inclusives, permettant la création de personnages trans. Nous allons rester concentrés sur le jeu que nous avons construit et sur l’excellent travail du studio Avalanche. Nous voulons que tous ceux qui aiment l’univers d’Harry Potter puissent aimer ces histoires et ces personnages.
Ces options inclusives, elles ont d'ailleurs été montrées lors de la dernière présentation de gameplay. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Hogwarts Legacy ne se limite pas à un genre. Une grande liberté sera visiblement donnée aux joueurs, sans jamais proposer des archétypes ouvertement genrés. On ne vous demande pas si vous voulez incarner un homme ou une femme mais de choisir l’un des modèles proposés ou façonner le vôtre. Il est ainsi possible d’avoir un protagoniste aux traits fins et avec une coupe de cheveux plus féminine, tout en lui donnant un torse d’homme et une voix masculine. Il n’y a pas vraiment de codes et il est donc bien possible d’incarner un personnage transgenre.
Seul élément genré : la qualification de sorcière ou de sorcier. On ne parle pas d’homme ou de femme, aucun élément biologique à prendre en compte ici. L’important est de savoir si vous voulez être une sorcière ou un sorcier (détail nécessaire pour l'attribution d'un dortoir). C’est peut-être la même chose pour vous, mais cette spécificité, surtout au vu de la polémique en cours, est loin d’être anodine. Et pour les personnes concernées, cela veut dire beaucoup. Mais ce n’est tout de même pas assez.
Difficile pour des personnes trans ou défendant leur cause de voir leur argent partir dans les poches de celle qui prend un malin plaisir à alimenter encore et toujours la polémique à ce sujet. Essai sur sa vision du genre et du sexe, soutien affiché aux personnalités de la lutte pour les droits LGB (par opposition à LGBT qui inclut les personnes trans), promotion d’une boutique aux messages transphobes (“Le transactivisme est de la misogynie” ou “Les femmes trans sont des hommes”)... Ses positions ont même été saluées et reprises par des politiciens particulièrement conservateurs et Vladimir Poutine. Et entre deux polémiques, elle s’amuse à écrire un livre sur un homme qui s’habillerait en femme pour tuer des gens. Autant dire qu’elle ne fait rien pour apaiser les tensions, se montrant ainsi blessante envers une bonne partie des fans de sa licence qui la pensaient pourtant acquise à leur cause… Avec elle dans les parages, Warner et Avalanche marchent définitivement sur des œufs.
.@claraoswiin But of course. pic.twitter.com/Galu47MT4X
— J.K. Rowling (@jk_rowling) December 16, 2014
Un jeu attentif à sa communication
Et ça tombe bien, puisque les équipes de communication travaillant autour du titre sont particulièrement habiles et à l’écoute. Sans pour autant se détacher totalement de l’autrice, ils parviennent à disperser ici et là quelques détails qui changent réellement la donne, sans faire dans la lourdeur. Ils n’appuient pas le côté inclusif de leur jeu avec outrance. Si Warner avait assuré proposer des outils de ce genre, la présentation de gameplay ne s’est absolument pas attardé là-dessus, n’en faisant qu’un détail parmi tant d’autres. Aujourd’hui, c’est assez rare pour être noté. Si ce genre d’approches énervent, c’est notamment parce qu’elles sont trop souvent perçues comme motivées par un intéressé besoin de faire du pinkwashing (se montrer progressiste et engagé pour les droits LGBT afin de se donner une bonne image uniquement). Hogwarts Legacy, en faisant plus dans la discrétion, paraît plus sincère dans sa démarche. Habile procédé de communication ou simple envie de faire dans la discrétion et dans la simplicité ? Difficile à dire, il est vrai. Mais ce qui est sûr, c’est que les équipes du jeu sont particulièrement attentives à ce que les fans ont à dire.
Outre le fait que Chandler Wood est un CM particulièrement actif et à l’écoute (jetez un œil à son compte Twitter après chaque présentation, son zèle est assez remarquable), on sent que la communication dépend beaucoup des retours des fans. Vous rappelez-vous du pitch d’Hogwarts Legacy ? On nous proposait de suivre les aventures d’un étudiant à l’école de sorcellerie Poudlard ayant en lui une magie un peu spéciale et devant apprendre à la maîtriser, le tout sur fond de révolution des gobelins. L’accent, lors des premières bandes-annonces, était ainsi mis sur les antagonistes de ce jeu, à savoir Viktor Rookwood et le gobelin Ranrok. Peut-être les avez-vous oubliés depuis le temps. Il faut dire que ces derniers ont d'un seul coup disparu de la communication autour du titre. Alors que l’on en sait encore très peu sur le contexte d’Hogwarts Legacy, les équipes se sont tournées vers d’autres détails à présenter, comme les fameux compagnons, les professeurs ou les différents sorts.
Ceci n’est qu’une hypothèse mais la polémique autour de la représentation des gobelins (considérée comme antisémite) pourrait bien avoir eu son petit rôle à jouer là-dedans. Au vu du soin qu’apportent les équipes à ne pas heurter les fans, on a du mal à voir à travers ce changement d’angle une simple coïncidence. Tout comme on les imagine mal changer totalement le scénario du titre. Ranrok sera très certainement présent, à la rigueur peut-être un peu moins manichéen que prévu. Mais cette courte pause côté com a permis de faire oublier cette fâcheuse polémique. Tout comme l’approche actuelle permet d’atténuer un peu celle gravitant autour des propos de JK Rowling.
Alors oui, Hogwarts Legacy sera visiblement un jeu très inclusif. Et oui, cela est à peine mentionné. Il s’agit ainsi d’un détail auquel de nombreuses personnes ne feront même pas attention, mais qui voudra dire beaucoup pour les personnes concernées. Une intention qui valait le coup d’être soulevée.
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