Histoire

Un scénario dans un jeu de combat ? L’idée peut paraître saugrenue, voire totalement hors sujet, pourtant certains studios en ont fait leur spécialité. NetherRealm avec Mortal Kombat, Bandai Namco avec Tekken ou encore Arc System Works avec Guilty Gear sont parvenus à bâtir une campagne scénarisée digne d’intérêt et surtout fun à explorer. Les studios Player Fist Games ont pris une direction diamétralement opposée. MultiVersus ne possède aucun mode narratif, voire aucun mode solo… ou presque. La présence des Looney Tunes, mais aussi des membres de la Justice League, n’est jamais justifiée. A quoi bon, me direz-vous ? Tt vous auriez probablement raison.

Pour faire simple, le lore de MultiVersus, si on peut parler de lore, peut se résumer à… les plus grandes stars du catalogue de Warner Bros. sont téléportées malgré elles dans des arènes fermées pour se mettre sur la figure dans la joie et la bonne humeur. Les amateurs d’intrigue trouveront cela “trop” léger, c’est un fait, mais ce postulat de départ va à l’essentiel, et ne s'embarrasse d’aucune fioriture… ce qui n’est pas pour nous déplaire. Puis l’éditeur américain tente de séduire les fans de Game of Thrones, mais aussi du Chevalier Noir, et pourrait bien y parvenir en intégrant plusieurs voix des acteurs d’origine. Maisie Williams reprend le rôle qui l’a rendu célèbre… Arya Stark… en lui prêtant sa voix. Il en va de même pour Kevin Conroy. Cet acteur de doublage connu pour sa performance dans l’anime Batman : The Animated Series de 1992 redevient le justicier de Gotham le temps de ce cross over Warner Bros.

Graphismes

Il n’est jamais évident de prendre des licences aussi variées et disparates que Game of Thrones, DC Comics, les Looney Tunes, Scooby-Doo ou encore Steven Universe et de les intégrer dans un unique et même jeu. Niveau graphismes, cela peut rapidement devenir un vrai casse-tête. Il suffit de mentionner Jump Force, qui s’était offert pour l’occasion des sagas de renom telles que Bleach, Dragon ball, One Piece, Naruto et My Hero Academia, et ses visuels semi-réalistes pour raviver certains souvenirs douloureux chez les fans de mangas. Pourtant, dans le cas de Jump Force, les œuvres citées étaient suffisamment proches esthétiquement parlant pour trouver un compromis sans devoir tout réinventer.

MultiVersus se paye le luxe de redéfinir les character designs de l’ensemble du casting - ou presque - afin d’obtenir une unité visuelle aussi surprenante que satisfaisante. La direction artistique “Cartoon 3D” imaginée par les artistes de Player First Games met en valeur les différents combattants, conserve leurs spécificités et souligne avec habilité leurs différences. Ainsi, des icônes de la pop-culture telles que Batman, Bugs Bunny, Arya Stark et Le Géant de Fer peuvent se côtoyer sans que cela ne jure à l’écran. Une belle prouesse de la part des studios qu’il convient de saluer comme il se doit.

D’un point de vue purement technique, le titre de Warner Bros. assurre. Que ce soit sur PC, consoles de nouvelles, mais aussi d’anciennes générations, MultiVersus tourne sans accroc et garantit une fluidité de chaque instant… ce qui est pour un jeu de combat une condition sine qua non pour profiter au maximum de l’expérience. De plus, le matchmaking fonctionne diablement bien, et trouve rapidement des joueurs de votre niveau. Cela ne demande pas plus d’une dizaine de secondes en moyenne pour lancer une nouvelle partie. Le netcode s’avère également robuste et tient la charge face à l'arrivée massive de joueurs due à l’ouverture de la Beta.

Gameplay

Un jeu de combat se juge une fois les gants chaussés et dans l’arène, et donc sur ses combats. MultiVersus reprend les fondamentaux mis en place et peaufinés par la saga Super Smash Bros. Il conserve les règles du Platform Fighter ainsi que les principales mécaniques de jeu, mais tente de se démarquer de la concurrence. Revenons un peu, surtout pour les non initiés, sur le principe de ce sous-genre de la baston. Plusieurs joueurs, ici de 2 à 4, s’affrontent dans des arènes 2D fermées et cherchent à éjecter les autres en infligeant des dégâts. Plus les dégâts s’accumulent, plus l’éjection est facile.

MultiVersus s’avère en définitive plus accessible que son illustre modèle, et ce dès les premiers rounds, en réduisant la palette de coups disponibles par personnage. Mieux encore, les combats sont immédiatement funs, nerveux sans pour autant sacrifier la dimension technique si chère aux joueurs aguerris, mais restent un poil brouillons. Le titre de Player First Games mise sur sa dimension coopérative pour se faire un nom. Le travail d’équipe se trouve au cœur d’une expérience pensée pour faire naître des synergies entre les différents combattants disponibles. Entre sauvetage, regain de vie et boosts temporaires, chacun des membres du roster possède des “moves” spécifiques susceptibles d'aider le partenaire.

MultiVersus cherche également à fidéliser les joueurs avec une surcouche “RPG”. On parle ici d’un système de progression pour le joueur ainsi que pour chaque personnage. Combattre et remplir divers objectifs vous fait gagner de l’XP et monter de niveau. Les membres du roster débloquent ainsi des items cosmétiques ainsi que des Atouts. Il s‘agit de bonus passifs qui améliorent leurs attributs au risque parfois dé déséquilibrer les affrontements, même si dans les faits le jeu reste plaisant. En ce qui concerne les joueurs, la montée de niveaux de leur profil se traduit par des récompenses monétaires et cosmétiques. Patience, on décortiquera le modèle économique dans quelques minutes.

Contenu

Comment rivaliser avec un concurrent qui aligne pas moins de 89 combattant ? Et oui, je veux bien entendu parler de Super Smash Bros. Ultimate. Warner Bros. a de nombreux personnages en stock, tous issus de licences fortes, et pourrait tenir la dragée haute au maître du genre, à condition de mettre les bouchées doubles. Lors de cette phase de Beta ouverte, seuls 17 combattants constituent le roster de MultiVersus, mais possèdent un style qui leur est propre et des attaques 100% uniques. Il faut également reconnaître la diversité de ce casting qui devrait ravir petits et grands. Le roster varié de combattants tirés des franchises de Warner Bros. pioche dans des univers multiples allant de DC aux Looney Tunes en passant par Games of Thrones, Scooby-Doo, Adventure Time, Steven Universe, Le Géant de Fer et Space Jam.

Les joueurs ont le choix entre Batman, Harley Quinn, Superman, Wonder Woman, Bugs Bunny, Tom & Jerry, Taz, Arya Stark, Sammy, Véra, Finn the Human, Jake the Dog, Garnet, Steven Universe, Le Géant de Fer, Lebron James et Chien-Renne. Si vous ne connaissez pas le dernier combattant cité, c’est normal. Chien-Renne est une création originale née de l’imagination des studios Player First Games. Certes éclectique, le casting de MultiVersus est encore trop limité, et ce ne sont pas les skins, aussi classes soient-ils, qui changent la donne. Néanmoins, deux nouveaux personnages entreront dans l’arène en août. Il s’agit de Rick et Morty de la série du même nom. Puis Warner Bros. aurait encore des combattants en réserve. Les 30 “tickets personnages” inclus dans le Pack Fondateur Premium et permettant de débloquer le roster laisse à penser que de belles surprises sont à venir au cours des prochains mois.

Entre la Batcave, le Manoir hanté de Scooby-Doo, la S.A.L.L.E des trophées, le Labo ou encore l’Arbre Maison… niveau arènes, rien à redire. Les 7 proposées lors de la Beta ouverte changent un peu l’approche des combats avec leurs éléments destructibles et leurs level designs qui diffèrent selon l’environnement choisi. Enfin, et on s’en serait douté, MultiVersus se focalise sur le multijoueur et plus précisément le multijoueur en ligne. Niveau modes de jeux, le titre fait donc dans le classique, mais efficace avec son 1v1, Chacun pour soi, 2v2 et Coop vs IA, disponibles en ligne. Les 3 premiers sont également jouables en local avec des amis sur une même machine, histoire de s’affronter dans la joie et la bonne humeur.

MultiVersus délaisse donc la dimension solo qui se résume pour faire simple à plusieurs tutoriels, le Labo pour s’entraîner et une option “versus IA”, histoire de profiter seul des différents modes multijoueurs. L’absence de véritable mode solo est à déplorer et pourrait contrarier certains joueurs, mais il faut bien reconnaître que le cœur du titre se trouve dans son multijoueur. Les équipes de Warner Bros. ont également pensé à intégrer deux fonctionnalités online souvent réclamées, à savoir le Cross Play et le Cross Save. MultiVersus permet le transfert de sauvegardes et autorise les affrontements entre joueurs des écosystèmes PC, PlayStation et Xbox.

Free to Play

L’approche Free to Play de MultiVersus a fait couler beaucoup d’encre et est à l’origine de nombreuses questions dont la principale est : MultiVersus est-il Pay to Win ? La réponse tient en un mot. NON. Des microtransactions sont bien présentes en jeu, mais s’avèrent optionnelles, exception faite des combattants à débloquer. Le principe est simple. Plus vous jouez, plus vous êtes récompensés. Les joueurs récoltent ainsi des items et de la monnaie virtuelle à dépenser pour principalement obtenir de nouveaux personnages. En résumé, il n’est pas nécessaire de mettre la main à la poche pour profiter du jeu de Player First Games, à condition d’avoir du temps à passer dans les arènes. Seule la rotation des combattants d’une semaine sur l’autre pourrait gêner les joueurs, surtout si votre personnage favori est du jour au lendemain verrouillé.

Le Battle Pass, voici le cœur du modèle économique de MultiVersus. Les joueurs sont invités à relever des défis, nommés ici “échelons saisonniers”, et à gravir les 50 paliers du Battle Pass avec à la clé des récompenses. Bien entendu, il existe deux Battle Pass, un gratuit et un autre Premium. La version payante vient avec son lot d’items plus intéressants et surtout des skins inédits pour vos personnages favoris. Ces variantes des combattants n’affectent en rien le gameplay et sont purement cosmétiques. Les joueurs passant à la caisse d’une manière ou d’une autre se facilitent un peu la vie, mais n’ont aucun avantage une fois plongés au cœur de la mêlée. MultiVersus est Free to Play ce qui devrait ouvrir les portes du Platform Fighter au plus grand nombre en espérant que les amateurs de baston ne soient pas découragés par le modèle économique.

Conclusion

MultiVersus frappe fort et enchaîne les Hits Combos sans parvenir à mettre KO la concurrence. Le titre est solide sur ses appuis et funs dès les premiers instants, mais manque encore de caractère dans tous les sens du terme pour gagner la ceinture de champion.