Le bilan fiscal d’Ubisoft est tombé et, avec lui, une pluie de mauvaises nouvelles s’est abattue sur le monde du jeu vidéo. Avatar repoussé, un Splinter Cell annulé… L’avenir semble bien obscurci pour le studio français, mais entre Assassin’s Creed, Star Wars et les Tom Clancy, Ubisoft a encore plus d’une carte dans sa manche.
Avatar, Splinter Cell VR… Un planning qui bouge
Décidément, Ubisoft commence à prendre l’habitude de délaisser les annonces officielles et laisser son bilan fiscal parler pour lui. Et celui qui vient tout juste d’être délivré n’a pas lésiné sur les informations chocs. On y apprend en effet le report et l’annulation pure et simple de titres pourtant attendus, ou même pas encore annoncés.
Commençons par les annulations qui concernent deux licences de la franchise Tom Clancy, à savoir Ghost Recon et le nostalgique Splinter Cell. Pas de panique, Splinter Cell Remake est a priori toujours dans les fourneaux. C’est en effet l’épisode en réalité virtuelle qui devait sceller le partenariat entre Meta (anciennement Oculus) et Ubisoft. A priori, l’épisode VR d’Assassin’s Creed développé dans le même cadre est, lui, toujours sur les rails.
Du côté de chez Ghost Recon, c’est Frontline qui tire sa révérence. Le Battle Royale free-to-play en monde ouvert annoncé en octobre 2021 ne verra pas le jour, et ce malgré un développement bien avancé. D’après Tom Henderson, les premiers retours sur la bêta fermée n’étaient pas concluants. Le jeu ressemblait, paraît-il, beaucoup trop à un certain Call of Duty Warzone. Une ressemblance nécessitant a priori une refonte, mais Ubisoft a visiblement décidé que le jeu n'en valait pas la chandelle. Il faut dire que Frontline recevait déjà de vives critiques de la part de la communauté.
Notez que deux autres jeux Ubisoft ont aussi été annulés, mais ces derniers n’avaient pas encore été annoncés. Si on se fie aux révélations que nous faisait Tom Henderson il y a quelques mois, Ubisoft aurait dans les cartons un nouveau jeu Prince of Persia, The Crew 3, une suite pour Immortals Fenyx Rising, et un certain Assassin’s Creed Rift. Ces deux annulations pourraient donc concerner l’un de ces jeux, mais on est là dans de la pure spéculation. Si c’est le cas, on peut toutefois exclure le potentiel nouvel Assassin’s Creed.
Ces annulations résultent en effet d’une volonté d’Ubisoft de se concentrer sur les titres aux plus hauts potentiels. La licence Assassin’s Creed étant l’une des plus lucratives et appréciées du studio, on les imagine plus mettre les bouchées doubles à son sujet plutôt que d'annuler des projets. Surtout qu’une autre petite ligne du bilan nous parle d’un jeu “premium” non-annoncé, initialement prévu pour cette année fiscale et qui a été repoussé à la suivante. Assassin’s Creed Rift, que les rumeurs annonçaient pour début 2023, semble particulièrement bien coller à la description.
Pour ce qui est du second titre reporté, on sait duquel il s’agit. Avatar : Frontiers of Pandora ne sortira pas cette année. Il est en effet reporté à l’année fiscale 2023/2024. À vrai dire, on voyait difficilement le titre arriver dans les mois à venir étant donné le peu d’informations connues à son sujet. Toujours est-il que, d’après Tom Henderson, l’open-world dans l’univers des films de James Cameron est quasiment prêt et nous n’étions donc pas à l’abri d’une sortie surprise. C’est donc raté pour cette année... Une mauvaise nouvelle pour les joueurs et peut-être bien pour Ubisoft également qui perd son plus gros poisson de l’année. Malgré tout, le studio persiste et signe : il vise les 400 millions de résultat d'exploitation (bénéfices avant impôts) cette année. Il faut dire qu’Ubisoft a toujours quelques cartes dans sa manche pour le reste de l’année.
2022 : une année compliquée pour Ubisoft ?
Ubisoft n’est pas franchement dans sa meilleure forme. Si les bruits de couloirs sur un potentiel rachat se font de plus en plus bruyants, ce n’est en effet pas pour rien et cela se confirme avec ce bilan fiscal. Le chiffre d’affaires du premier trimestre 2022 est en baisse de 9,8% par rapport à celui de l’année passée (qui était moins conséquent que celui de l’année d’avant). Ubisoft a bien conscience que le marché ne joue pas en sa faveur et a revu ses prévisions à la baisse comparées à l’année précédente. D’une certaine façon, ces résultats ne sont donc pas une si grosse claque.
Le bilan parvient même à se révéler positif puisque, sur les ventes nettes, Ubisoft a dépassé ses prévisions de près de 5% (293 millions d’euros amassés contre 280 millions prévus). La situation est donc loin d’être dramatique et c’est ce qui pousse Ubisoft à maintenir son cap des 400 millions en résultat d’exploitation d’ici la fin de l’année. Pour les atteindre, le studio compte bien sûr sur ces deux sorties de fin d’année : Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope et Skull and Bones. Mais à ce stade, se projeter sur leurs ventes paraît bien compliqué.
Mario + The Lapins Crétins est une licence qui fonctionne bien. Le premier opus a enregistré pas moins de 2 millions de ventes, le plaçant, à l’époque, premier du classement des jeux third-party les plus vendus sur Nintendo Switch, rien que ça. Avec son gameplay visiblement plus riche et accessible, on voit donc mal le second opus être un échec. Cependant, il a peu de chances d’enregistrer des chiffres record dignes des Assassin’s Creed, dont le dernier opus s’est vendu à plus de 3,5 millions d’exemplaires en une seule semaine d’exploitation. Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope n'est a priori pas assez fort pour porter la responsabilité du chiffre d’affaires d'Ubisoft.
Ce rôle, c’est plutôt l’ambitieux Skull and Bones qui devait le tenir. Mais plus le temps avance et plus il devient difficile d’anticiper l’engouement qui accompagnera sa sortie. Certes, le jeu avait su donner extrêmement envie aux joueurs à l’époque de son annonce, mais les années ont passé depuis. On le sait, le développement du titre a été plutôt chaotique si bien que certains ne l’attendaient plus quand il s’est finalement montré lors du dernier Ubisoft Forward. Ajoutez à cela une séquence de gameplay qui n’a pas convaincu tout le monde et une date de sortie qui tombe la veille d’un des plus gros jeux de l’année (God of War : Ragnarok) et on peut légitimement commencer à s’inquiéter pour le jeu de pirates. Permettra-t-il à Ubisoft de rentrer dans les clous ? Rendez-vous en novembre pour le savoir.
Notez que si ces deux jeux ont été mis en avant dans le bilan fiscal de la boîte, il faut également compter les potentielles nouvelles entrées encore non-annoncées. Peu de chances de voir une énorme surprise pointer le bout de son nez, mais il ne faut tout de même pas négliger l’importance de Just Dance qui risque très certainement de s’offrir un nouvel opus cette année et surveiller The Settlers (qui était prévu pour le 17 mars 2022), Rocksmith+ et OddBallers qui attendent encore une date. Dans son bilan fiscal, Ubisoft évoque également un contrat juteux avec un jeu mobile en vue d’un partenariat avec l’une des grosses licences du studio. Si ce dernier est prévu pour cette année, il pourrait constituer un bon moyen de renflouer les caisses et financer tous les beaux projets qu’a le studio pour les années à venir.
Assassin’s Creed, Prince of Persia, Star Wars… Que reste-t-il à Ubisoft ?
Et oui, des projets qui donnent envie Ubisoft en a un plein rayon. On va commencer par une licence dont l’avenir devrait être clarifié en septembre : Assassin’s Creed. De ce que l’on sait, Ubisoft travaille sur son grand et mystérieux projet de métavers Assassin’s Creed, Infinity, et un opus en réalité virtuelle. Pour les rumeurs, on a déjà évoqué Assassin’s Creed Rift, le potentiel titre vous permettant d’incarner Basim et remettant l’infiltration au cœur du gameplay. Mais depuis peu, un nouveau nom de code est sur toutes les lèvres : Project Red. Opus à part entière ou faisant partie d’Infinity ? Les choses sont loin d’être claires. Mais quoi qu’il en soit, ce nouveau projet AC devrait nous emmener en Asie, et peut-être même au Japon (un lieu très attendu des fans de la licence).
Pour le reste, on a tout de même un sacré paquet de jeux en production. Entre le remake de Prince of Persia : Les Sables du Temps , celui de Splinter Cell, la grande arlésienne Beyond Good & Evil 2 et le free-to-play Tom Clancy's The Division : Heartland, il y a une bonne pelletée de jeux annoncés. Côté mobile également puisqu’Ubisoft travaille sur pas moins de trois jeux : Tom Clancy's The Division Resurgence, Wild Arena Survivors et Tom Clancy's Rainbow Six Mobile. Mais ce n’est pas tout !
En effet, Ubisoft a également de gros projets nouveaux et particulièrement ambitieux dans ses tiroirs, comme cela est le cas d’Avatar : Frontiers of Pandora mais aussi du jeu en open-world Star Wars (aussi développé par Massive Entertainment). Côté nouveautés, on note également le développement du jeu multijoueur en équipe et en arène coloré répondant au nom de code Project Q et une nouvelle entrée dans l’univers Tom Clancy nommée XDefiant. Ajoutez à cela les licences détenues par Ubisoft qui n’ont toujours pas donné de nouvelles comme Far Cry, Watch Dogs et Immortals Fenyx Rising. Sans oublier que nous ne sommes pas à l’abri d’un revival de licences mythiques estampillées Ubisoft, avec Rayman en tête de ligne. Reste encore à voir la stratégie que va choisir Ubisoft et quels jeux verront réellement le jour.
Dans le contexte économique actuel, gérer nos investissements de façon stratégique et consciencieuse est plus crucial que jamais. Nous devons donc parvenir à limiter nos dépenses à l’essentiel en questionnant certains de nos habitudes et de nos réflexes et en nous réinventant ensemble pour progresser en termes de coût, de flexibilité et d’efficacité.
Yves Guillemot, bilan fiscal Q1 2022/2023