Le jeu vidéo physique risque-t-il de prendre le même chemin que les comics, dont le marché s'est effondré dans les années 90 après l'explosion d'une bulle spéculative autour des couvertures alternatives et des éditions collector ? On en est encore loin, mais une nouvelle enchère record relance le débat.
On peut faire remonter jeu vidéo dit "de masse" au début des années 80, lorsque les premières machines dites plug-and-play bon marché, destinées aux foyers, sont arrivées sur le marché (coucou la NES).
Le jeu vidéo en phase de patrimonialisation
Cela fait donc une quarantaine d'années que l'industrie se développe de façon continue, et que des générations de joueurs s'adonnent à ce loisir plus ou moins régulièrement. Autrement dit, les joueurs qui ont connu le début de l'ère des consoles grand public ont maintenant en moyenne 40 à 55 ans et disposent d'un certain pouvoir d'achat. Un pouvoir d'achat qui permet de se forger des collections, et de faire parler la nostalgie en cherchant à retrouver les jeux de leur enfance. Depuis quelques années, on remarque une forte progression des prix des jeux dits rétro, qui suit les différentes générations.
Des ventes aux enchères toujours plus impressionnantes
Actuellement, c'est l'ère PS2/Gamecube/Xbox qui a le vend en poupe, et certains titres commencent à voir leurs prix s'envoler. Mais les records de prix, qu'on retrouve généralement aux enchères, concernent des titres issus de la NES, de la Super NES ou encore de la MegaDrive. C'est sur cette dernière console qu'on va se pencher aujourd'hui, et plus particulièrement sur l'un de ses jeux phares, Sonic the Hedgehog.
Pour le situer dans le paysage, souvenons-nous de la cartouche scellée de Super Mario Bros. (1985) partie à 2 millions de dollars l'été dernier, du Super Mario 64 vendu à 1,56 millions ou encore du The Legend of Zelda qui a trouvé preneur pour 870 000 dollars.
Sonic n'a pas couru assez vite pour échapper aux enchères
Ici, on parle de 360 000 $ de dollars pour un Sonic the Hedgehog américain scellé, évalué à 9.8 A+ par WATA. Datant de 1991, la copie fabriquée sur les premières lignes de production a été extêmement bien conservée par le vendeur, qui ne s'attendait peut-être pas à voir le prix s'envoler aussi haut après 19 enchères.
La vente s'est déroulée, comme souvent, du côté de chez Heritage Auctions les 22 et 23 avril, au cours d'une session qui a tout de même généré 4,9 millions de dollars. Une somme très importante pour le jeu Sonic disposant de la meilleure évaluation de toute l'histoire des ventes aux enchères, même si le prix reste loin des records des jeux Nintendo. Valarie McLeckie, directrice des jeux vidéo pour Heritage Auctions, a déclaré :
Notre équipe ne pourrait pas être plus satisfaite des résultats de cette vente aux enchères. Les données récemment publiées par Wata ont permis aux enchérisseurs de prendre des décisions plus éclairées, et il est clair que cela a eu un impact majeur sur les enchères (...)
Un risque d'éclatement de la bulle spéculative ?
Pour donner une petite idée des autres ventes, notez qu'une copie évaluée à 9,2 de Tecmo Bowl est partie à 99 000$, qu'un Urban Champion de 1986 a été vendu pour 96 000$, ouc encore qu'un Castlevania (1987) scellé, évalué à 9,4 A+ est parti à 72 000$. Mais alors, le marché va-t-il s'effondrer sous son propre poids ? Il est encore difficile de l'anticiper, mais des précédents existent, notamment sur le marché des comics.
Dans les années 90, les éditeurs se sont mis à produire de nombreuses couvertures alternatives collectors, qui ont très vite alimenté la spéculation. La quantité d'exemplaires produits et le fait que des milliers de personnes ont conservé ces mêmes exemplaire n'a pas permis de réellement faire monter leur valeur. La spéculation s'est poursuivie un temps, avant que le marché ne s'effondre totalement. Prudence donc.