C’est un comeback auquel on commençait à ne plus croire. Empêtré pendant des années dans ses lignes de production 14 nm, Intel a laissé filer son rival AMD seul en tête, à partir de février 2017, avec le résultat que l’on connaît : les processeurs Ryzen se sont rapidement imposés comme des solutions performantes et au bon rapport qualité/prix, tant pour les configurations d’entrée de gamme que pour les puissantes stations de jeu. Du côté de Santa Clara - fief d’Intel - il fallait se retrousser les manches et réinventer, littéralement, une formule qui n’était désormais plus à la pointe de l’innovation.

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Intel Alder Lake, une architecture hybride

S’ils s’inscrivent dans la grande famille des “Core” au point d’en incarner la douzième génération, les processeurs Alder Lake qu’Intel a dévoilés aujourd’hui tentent une nouvelle approche et leur conception n’a plus grand-chose à voir avec celle des “Rocket Lake” de mars dernier. Ils entérinent enfin le passage au 10 nm, une grande première dans la gamme des processeurs de bureau d’Intel. Mais les changements ne s’arrêtent pas là.

L’architecture Alder Lake épouse en effet une structure hybride, combinant sur un même circuit intégré des cœurs à hautes performances (les P-Cores, comme “Performances”) et des cœurs à basse consommation (les E-Cores, pour “Efficience”). En variant leur nombre et leur répartition, Intel parvient à spécialiser chaque modèle et à l’orienter davantage vers un usage bureautique ou vidéoludique. Sur le papier, la gamme profiterait ainsi d’une grande granularité, avec des nouveaux Core i5, i7 et i9 équipés de 6 à 8 cœurs “performants” et de 4 à 8 cœurs “efficients” au sein de la même puce. Avec une restructuration globale de l’architecture et des changements en profondeur, comme l’utilisation d’un cache L3 partagé, Intel promet des performances en moyenne 19 % supérieures à celles des Core de 11ème génération, à fréquence égale. Et près de 30 % supérieures à celles d’un Ryzen 9 5950X dans les jeux vidéo.

Si cette approche hybride peut faire penser aux “chiplets” des Ryzen, qui mettaient déjà fin aux processeurs “monolithiques” en faveur d’une plus grande modularité, le choix d’Intel est plus radical encore. Avec les chiplets, les cœurs sont regroupés sous forme de modules gravés en 7 nm (les CCD, “Core Complex Die”), eux-mêmes divisés en deux blocs CCX (“Core Complexes”), avec quatre cœurs chacun. L’architecture Alder Lake va plus loin : ce sont bien deux types de cœurs aux caractéristiques différentes qui cohabitent, à la manière de l’assemblage big/little au sein d’un même circtui intégré que l’on retrouve sur certains processeurs mobiles, par exemple.

Tout l’enjeu consiste alors à “piloter” avec la plus grande efficacité la répartition des charges entre ces cœurs performants ou peu énergivores. On réservera les premiers aux tâches faiblement multithreadées, qui réclament une grande puissance de calcul brut, et les seconds aux tâches de fond où ils concentrent leurs capacités sans peser sur la consommation. Ce travail de chef d’orchestre, Intel le confie à une surcouche matérielle qui signe son entrée : le Thread Director. Cette technologie vient “sonder” à intervalles réguliers les tâches présentées au processeur et dresse un rapport au système d’exploitation pour orienter et rééquilibrer dynamiquement l’utilisation des P-Cores ou des E-Cores. Le fondeur a d’ailleurs étroitement collaboré avec Microsoft pour mieux intégrer cette technologie au planificateur de tâches de Windows 11, au point de recommander cette dernière édition du système pour débrider le potentiel des Alder Lake. Les soucis de performances d’AMD, au lancement de Windows 11, n’étaient peut-être pas étrangers à cette connivence.

Du Core i5-12600K au Core i9-12900K : six nouvelles références

Six premiers modèles ouvrent la génération Alder Lake, trois avec un circuit graphique Intel UHD 770 basé sur l’architecture Intel Xe (suffixe K) et trois qui en sont dépourvus (suffixe KF). Les Core i9-12900K et i9-12900KF sont les plus performants : ils embarquent 8 P-Cores et 8 E-Cores (24 threads) avec 30 Mo de cache L3. Viennent ensuite les Core i7-12700K et i7-12700KF, avec 8 P-Cores et 4 E-Cores (20 threads et 25 Mo de cache L3), et les Core i5-12600K et i5-12600KF (6 P-Cores + 4 E-Cores, 16 threads, 20 Mo de cache L3). Seuls les P-Cores supportent l’Hyperthreading.

Du côté des fréquences, les P-Cores sont cadencés entre 3,2 GHz et 3,7 GHz et peuvent atteindre jusqu’à 4,9 GHz et 5,1 GHz en mode Turbo, avec une marge de 100 MHz supplémentaires pour les Core i7 et i9, qui profitent du Turbo Boost Max 3.0. Quant aux E-Cores, ils évoluent entre 2,4 GHz et 2,8 GHz, et peuvent être poussés jusqu’à 3,6 GHz et 3,9 GHz. Intel cherche à séduire les overclockeurs, en débloquant le coefficient multiplicateur sur tous les modèles de la gamme. Il promet d’ailleurs une certaine réserve en fréquence, avec la possibilité de booster en temps réel la cadence de chaque cœur ou famille de cœurs à l’aide de son utilitaire Intel Extreme Tuning, revu et corrigé pour l’occasion. Si Intel annonce un TDP de 125 W sur l’ensemble de ces six premières références, il complète la fiche technique en évoquant une valeur “Maximum Turbo Power” (MTP), c’est-à-dire la consommation électrique maximale du processeur seul. Et elle semble plutôt élevée : le MTP des Core i9 est de 241 W, celui des Core i7 de 190 W et celui des Core i5 de 150 W.

Préparez-vous à changer de carte mère

A nouveaux processeurs, nouveau socket : Intel introduit le LGA 1700, en lieu et place de l’actuel LGA 1200. Il vous faudra donc investir dans une nouvelle carte mère pour en profiter, et ainsi découvrir un nouveau chipset. Pour l’heure, Intel n’a levé le voile que sur le plus haut de gamme d’entre eux, le Z690, mais il devrait bientôt être rejoint par d’autres variantes. Il gère jusqu’à 12 lignes PCI-Express 4.0, 16 lignes PCI-Express 3.0 et 8 lignes SATA-III et intègre par ailleurs un contrôleur Ethernet 2.5G, le Wi-Fi 6E et l’USB 3.2 Gen2x2 à 20 Gb/s. La nouvelle gamme prend en charge la mémoire DDR5 et les processeurs Alder Lake gèrent 16 lignes PCI-Express 5.0. Au passage, Intel introduit les profils XMP 3.0, pour ajuster les caractéristiques de la mémoire vive selon les paramètres de chaque constructeur (trois profils) ou les préférences personnelles de l’utilisateur (deux profils supplémentaires à compléter).

Du côté des tarifs, on se dirige vers une hausse globale de 10 à 15 % par rapport à la génération précédente. Les Core i9 s’échangent en effet à 719 et 749 euros, en fonction de la présence ou non de l’iGPU, les Core i7 à 499 et 529 euros et les Core i5 à 329 et 359 euros. Ces nouveaux processeurs seront disponibles le 4 novembre prochain et on espère vous en reparler prochainement.

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