Dire que The Batman est attendu est un doux euphémisme. Difficile de passer après Tim Burton, Christopher Nolan et Zack Snyder… et pourtant le film avec Robert Pattinson pourrait bien être le meilleur film du Chevalier noir jamais réalisé. Rien que ça !
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SCRIPT
Une histoire de vengeance
Inutile de revenir sur les origines de Batman. Bruce Wayne. Ses parents tués par un criminel sans avenir dans une ruelle malfamée de Gotham City. Tout le monde ou presque connaît cette histoire. The Batman situe donc son action après les débuts du Chevalier Noir, durant sa seconde année de luttre contre le crime… soyons un peu précis. Batman découvre que Gotham, sa ville natale, est la victime consentante d’une corruption généralisée avec aux commandes un certain Pingouin, parrain du crime organisé. Pire encore, la famille de Bruce Wayne serait même impliquée. Alors que le passé se fraye un chemin pour éclater au grand jour, le protecteur de Gotham doit faire face à un nouvel ennemi, un tueur en série qui dépose des énigmes sur ses lieux de crime. Ce vilain répond au nom de The Riddler connu également par les fans français comme l’Homme-Mystère.
Ce qui frappe dans The Batman, et ce n’est pas peu dire, c’est la violence qui émane de Bruce Wayne. Le pauvre est tourmenté, crie vengeance au point d’être aveuglé par ce désir qui le consume à petit feu. On est loin du Batman serein et sûr de lui, du chevalier en armure toujours enclin à défendre la veuve, le pauvre et l’orphelin. Bruce Wayne est rongé par sa quête personnelle. Le fait d’impliquer certains membres de sa famille dans une sombre affaire de corruption ne fait qu’ébranler un peu plus ce justicier qui débute, et donc doute. Les fans de la première heure pourront probablement trouver d’intrigants parallèles avec les comics Year Zero, Year One et Year Two, mais évitons de nous aventurer trop loin… on risquerait de se faire spoiler sans même le savoir.
Un polar néo-noir urbain
Le premier trailer diffusé en 2020 avait marqué les esprits au point de mettre tout le monde d’accord sur un point. The Batman ne sera pas une pâle copie des précédentes sagas cinématographiques, et franchement grand bien lui en fasse. On pourrait même dire qu’il s’en inspire pour finalement leur faire volte-face. The Batman puise dans les films de Tim Burton et de Christopher Nolan pour créer son propre univers, sa propre mythologie. On y retrouve le réalisme privé de toute notion fantastique de la trilogie du Dark Knight et ce Gotham poisseux, sombre et suintant des Batman de 89 et 92.
Mais ce n’est pas tout. The Batman s’inspire également d’un genre littéraire qui a pris son essor aux Etats-Unis durant la prohibition, cette étrange période - entre 1920 et 1933 - où il était tout simplement interdit de plier le coude sur le sol américain sous peine de poursuites judiciaires. Bref, ce n'est pas le sujet. Je veux bien entendu parler des romans et des nouvelles “Hardboiled”. Dans ces récits cyniques, sombres et désenchantés, des héros, souvent policiers ou détectives privés, luttent face à un système corrompu. Petite anecdote, Max Payne le jeu vidéo revisitait, et modernisait le genre à sa sortie en 2001.
La bande-annonce proposée en 2021 confirme l’approche polar urbain prise par le réalisateur Matt Reeves et ses équipes. Le Chevalier Noir apparaît comme pro-actif. Il est le moteur de sa propre histoire. Il enquête, bat le pavé de Gotham pour faire éclore la vérité, même si celle-ci est susceptible de salir à jamais le nom de la famille Wayne. Puis l’esthétique du film renvoie à cet imaginaire néo-noir qui scied parfaitement à Batman. Gotham prend des airs de coupe gorge crasseux drapé d'un voile de nuages noirs trop rarement percés par les rayons du soleil. Gotham apparaît plus sombre que jamais.
Un casting 5 étoiles
A chaque annonce d’un nouvel acteur pour incarner Batman, c’est la même rengaine. Les fans sont prompts à se plaindre, et lorsque cela concerne le Dark Knight, cela prend une toute autre ampleur. Ce fut déjà le cas lors de l’intronisation de Christian Bale, puis de Ben Affleck. Si pour le premier, son interprétation est parfois sauvée par le talent de Christopher Nolan, difficile de reprocher quoi que ce soit au second. Le Batman de Zack Snyder a séduit les puristes par une approche massive, entêtée et désabusée du personnage. Forcément, à l’annonce de Robert Pattinson pour reprendre le rôle du Chevalier Noir, les mêmes fans ont exprimé leurs craintes, non justifiées, avant même d’avoir vu ne serait-ce qu’une image du film.
Après avoir visionné les deux premiers trailers, une chose est sûre. Le Batman interprété par Robert Pattinson n’a rien à voir avec un justicier vampirique “boule à facettes disco”. Juste pour appuyer mon propos. Après la saga Twilight, cet acteur a crevé l’écran dans des films comme De l'eau pour les éléphants, Cosmopolis, The Lost City of Z et plus récemment Tenet. Sans tomber dans la foi aveugle, on peut avoir confiance. Puis Robert Pattinson est entouré d’un casting de haut vol. Zoë Kravitz en Catwoman, Paul Dano en The Riddler, Jeffrey Wright en commissaire Gordon, Andy Serkis en Alfred Pennyworth et pour finir Colin Farrell en Pingouin… Matt Reeves s’est offert un parterre de stars confirmées pour donner vie à sa vision de Gotham.
“J’aime me battre”
Ben Affleck sous l’impulsion de Zack Snyder avait su mettre K.O les spectateurs dans Batman v Superman lors d’une scène d’action ultra violente passée à la postérité. Difficile de faire plus viscéral, plus punchy. C’est ce que je pensais avant de voir en 2020 les premiers échanges de coups dans The Batman. Bruce Wayne n’a clairement plus le temps de niaiser, et fait dans l’efficace. Et surtout, il laisse parler sa rage. Sa colère transpire à l’écran, et anime ses poings. Personnellement je dis OUI, et signe sans même lire les petites lignes du contrat. C’est alors que Warner nous offre un second round en octobre 2021 lors du DC FanDome, et que dire si ce n’est WOW.
C’est encore pire. Un Batman avec une batte de baseball prêt à éclater manu militari du criminel. Bruce Wayne n’est clairement pas dans la retenue. On sent l’appréhension, la peur sur les visages. Et certaines séquences dévoilées sont tout simplement du "jamais vu" sur grand écran. Un Chevalier Noir avance sous le feu nourri de l'ennemi alors que les balles ricochent sur son armure, et éclairent le scène de mille feux.' Il y a quelque chose de brutal dans cette vision proche du clair-obscure, comme si la violence dans ce qu’elle a de plus expéditive était la seule manière pour Batman de retrouver la lumière. Au-delà de la pure baston, les courses-poursuites s’annoncent explosives et sans concession. Mention spéciale à la Batmobile qui ressemble à une muscle car modifiée, plus proche du prototype que d'un modèle définitif, ce qui colle parfaitement avec le choix de placer l’intrigue dans les premières années en activité de Batman.
Adieu le DC Extended Universe
Autant Marvel Studios et Disney ont su garder une certaine cohérence, autant DC et Warner se sont éparpillés. D’un côté, nous avons le MCU avec ses films et ses séries qui constituent un lore commun toujours plus riche, de l’autre nous avons un DC Extended Universe précipité qui faute d’avoir réussi à convaincre - merci au Justice League de Joss Whedon - a fini par prendre des libertés avec le concept même de continuité. Avec DC, plusieurs univers coexistent désormais. Entre celui du Joker de Joachim Phoenix, celui de Zack Snyder, les multiples timelines des séries TV, et désormais The Batman, le Chevalier Noir se disperse.
Soyons clair, The Batman est totalement indépendant du DCEU, et n’a donc aucun lien avec les films Aquaman, Justice League, Shazam ou encore Wonder Woman. Le long métrage de Matt Reeves prend pour cadre la Terre-2, une planète et donc un univers différent de celui du DC Extended Universe. The Batman est donc un nouveau départ pour Bruce Wayne, une nouvelle vie, oui encore une. Cela devrait permettre à Matt Reeves d’expérimenter, et surtout de s’approprier le Batverse. Puis rien n’empêche Warner de lier les différents lores dans un multivers cinématographique. C’est déjà le cas avec le film The Flash. Le Batman de 1989 interprété par Michael Keaton fait son grand retour, et intègre donc officiellement le DCEU.
The Batman sortira le 4 mars 2022, et franchement ça va tabasser sec. J’ai hâte.