Demon Slayer : The Hinokami Chronicles est enfin disponible, et une question brûle les lèvres de tous les fans du manga. Le jeu de combat de CyberConnect2 est-il à la hauteur du phénomène ?
SCRIPT
Histoire
Avant toute chose, Demon Slayer, ça parle de quoi ? L’histoire du manga se passe au début du XXe siècle dans un Japon alternatif en cours d’industrialisation. Pour le puristes, il s’agit de l’ère Taisho qui tire son nom de l’empereur, et qui couvre une période dite de “grande justice" allant de 1912 à 1926. Maintenant que le cours d’Histoire avec un grand H est terminé, place à celle de Demon Slayer. C’est dans ce contexte historique que nous rencontrons Tanjiro Kamado, un jeune vendeur de charbon qui coule des jours paisibles. Mais car il y a un mais… Par une journée d’hiver, notre héros découvre horrifié que toute sa famille a été massacrée par un démon. Sa sœur cadette est la seule survivante…enfin presque. Nezuko Kamado s’est transformée en créature démoniaque, mais fait encore preuve d’humanité. Bien décidé à trouver un remède pour mettre un terme à cette malédiction, Tanjiro devient un Demon Slayer.
Graphismes
Les visuels sont rarement un problème dans les adaptations de mangas. La majorité des studios japonais savent transposer fidèlement les anime. Il en va de même pour CyberConnect2 que vous connaissez sûrement pour la saga Naruto Shippuden : Ultimate Ninja Storm. Sans surprise, La direction artistique "manga" et le design des personnages respectent religieusement ceux de la série animée. Le contraire aurait été étonnant, pour ne pas dire décevant. Et que dire des effets visuels foudroyants qui rendent justice à l’intensité et à l’explosivité des affrontements qui ont fait la renommée de la franchise.
Par contre, Demon Slayer : The Hinokami Chronicles souffre d’une réalisation technique loin des standards actuels. Inutile de tirer à vue sur l’ambulance, mais il faut bien reconnaître que le jeu n’est que trop rarement à la hauteur sur ce point. Entre les environnements tristement vides, les animations rigides hors phases de combat sans parler des textures, Demon Slayer peine à convaincre d’un point de vue technico-technique. Et ce ne sont pas les 30 images par seconde affichées par le jeu qui vont convaincre les puristes de la baston. Néanmoins, CyberConnect2 devrait proposer un mode performance à 60fps via une mise à jour post-launch, mais seulement sur PC et consoles Next Gen.
Gameplay
Les adaptations de mangas en jeu de combat se veulent en majorité accessibles à tous, exception faite de Dragon Ball FighterZ qui parvient à réunir athlètes de l’esport et joueurs casuals sous une même bannière. CyberConnect2 oblige, Demon Slayer est un jeu de baston 3D en arènes fermées où s’affrontent deux équipes en 2 versus 2. La grande force du jeu réside dans ses combats instantanément fun et fidèles aux grands principes de la saga. La voie du sabre dans toute sa splendeur. Les amateurs de joutes virtuelles sont en terrain connu. Le gameplay diffère peu des précédentes productions des studios nippons. Attaques rapides, esquives, parades, techniques et pouvoirs ultimes ne surprennent en rien, mais assurent le spectacle. Puis certains partis pris ludiques forcent à faire des choix stratégiques en plein combat, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Si vous avez toujours rêvé de pourfendre du démon à la pointe du sabre, cela devrait vous séduire pour un temps... avant de déchanter.
Après quelques heures à croiser le fer, il faut se rendre à l’évidence, aussi fun soient-ils, les affrontements sont parfois brouillons et peu lisibles ce qui ruine les efforts des studios. Les FX en particulier peuvent rapidement devenir un obstacle visuel à la lecture de l’action. Demon Slayer : The Hinokami Chronicle propose également plusieurs affrontements scriptés pensés pour enrichir l’expérience. Dans les faits, ces combats de boss s’avèrent trop peu épiques ce qui face à l’anime laisse un goût d’inachevé. Puis parlons un peu de la difficulté. L’esprit shonen a besoin de challenge pour s’épanouir… mais Demon Slayer est en réalité une balade bucolique avant que le pic de difficulté du dernier chapitre du mode Histoire transforme ce parcours de santé en séquence hardcore.
Scénario
Si seulement, CyberConnect parvenait à faire du jeu Demon Slayer un reflet tout aussi épique et touchant de la série animée. Le mode Histoire se veut respectueux des aventures de Tanjiro Kamado durant les 7 à 8 heures nécessaires pour en voir le bout. C’est une excellente chose qu’il convient de saluer, mais et OUI des mais il y en a en combos, la mise en scène s’avère fade et la narration décousue. La faute incombe à une structure narrative faite de souvenirs à collecter, et d’ellipses qui rendent l’intrigue confuse pour peu que vous n’ayez jamais lu le manga ou vu la série animée.
Le ton et l’humour hérités de l'anime répondent présents. Il va falloir vous y faire mais les partenaires de Tanjiro Kamado sont toujours aussi irritants pour ne pas dire pénibles... Zenitsu Agatsuma en tête. Au rang des bonnes nouvelles, les voix originales en japonais et en anglais ont été intégrées au titre. Niveau fidélité, difficile de faire mieux donc. Pour ce qui est du confort de jeu , Demon Slayer propose des sous-titres en français. Les joueurs peu à l’aise avec les langues étrangères sont mis dans les meilleures conditions pour suivre le récit.
Contenu
Le mode Histoire couvre les 69 premiers chapitres du manga pour se terminer avec l’arc du Train de l’infini adapté récemment en film d’animation, puis en série animée. Pour donner vie à cette histoire, ce ne sont pas moins de 11 personnages auxquels se greffent 6 versions alternatives qui composent un roster de combattants de qualité. Chaque pourfendeur et démon se démarque des autres par ses aptitudes et ses combos, même si encore une fois Demon Slayer : The Hinokami Chronicles est un jeu destiné au grand public et donc comme on dit dans le milieu "Easy to Play", mais aussi "Easy to Master".
Moins d’une dizaine d’heures pour terminer le mode Histoire… c’est peu, mais CyberConnect2 gonfle la durée de vie avec plusieurs modes annexes et un multijoueur. Si sur le papier ces ajouts sont accueillis à bras ouverts, en réalité ils ne font que mettre l’accent sur les faiblesses du titre. Le mode versus sans surprise est à l’image du reste avec un simple Joueur vs IA et Joueur vs Joueur classé ou non à se mettre sous la dent. Même les autres modes, à savoir Entraînement et Pratique, ne font que retarder l’inéluctable… une durée de vie en deçà des attentes légitimes des joueurs. Bon il y a tout de même de nombreux contenus à débloquer (tenues, répliques, musiques) qui servent à justifier des phases d'exploration sans grand intérêt histoire de récolter des points Kimetsu essentiels pour obtenir 100% des récompenses.
Demon Slayer : The Hinokami Chronicles applique simplement la formule de l’adaptation de manga en jeu de combat sans jamais oser le hors-piste. Venant d’un pourfendeur de démon, ce manque de combativité pourrait décevoir les fans.