Après des années d’engagement dans la musique, des générations d’iPods, d’iTunes, nous avions de quoi nous étonner qu’Apple n’ait pas déjà sorti son propre casque. Avec le AirPods Max, c’est enfin chose faite. Voyons comment cet accessoire de luxe s’intègre dans nos écosystèmes du quotidien.
Mettons déjà ce AirPods Max dans son contexte. Du côté de la marque elle-même, ce casque vient compléter la gamme d’écouteurs intra-auriculaires AirPods, d’où il tire son nom, en se plaçant en premier modèle à arceau. Mais au vu des technologies qu’il embarque, il ne peut nier sa filiation avec le Beats Solo Pro, un autre casque à arceau sorti fin 2019 et partageant le même processeur H1 d’Apple, les mêmes technologies de réduction du bruit, et grosso modo les mêmes fonctions. Sauf qu’il y a un monde entre ces deux modèles, ne serait-ce qu’au niveau du tarif, celui de Beats étant vendu sous la barre des 300 euros, celui d’Apple étant lancé à 629€. Plus du double du prix. Et plusieurs raisons sont là pour justifier cet écart important.
Spécifications | |
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Compatibilité | Windows, MacOs, Smartphones, Tablettes |
Transducteurs | 2x40 mm |
Réponse en fréquence | 20 Hz – 20 kHz- |
Impédance | N.C |
Sensibilité | N.C |
Type microphone | 9 x Omnidirectionnel |
Atténuation bruit micro | Non |
Zones éclairées | Non |
Rendu 7.1 / 3D | Non |
Poids | 385 g sans câble |
Connexions disponibles | Bluetooth 5.0 |
Une boite assez peu remplie
Comme souvent, le packaging chez Apple est réussi esthétiquement parlant, avec une présentation du produit dans son plus simple appareil. Mais on ne trouve dans la boîte que quatre éléments : le casque, la Smart Case qui enveloppe les oreillettes, un cordon lightning/USB-C et une notice d’utilisation. Et là évidemment, se pose la question de la charge du casque, qui nécessite donc obligatoirement la présence d’un port USB-C pour être connecté. En clair, si vous comptez seulement l’utiliser avec votre Apple Watch, votre iPad, votre iPhone, ou n’importe quel appareil en bluetooth qui ne soit pas Apple, alors vous êtes bon pour aller vous chercher un adaptateur secteur ou un adaptateur USB-C vers USB-A.
Autre manquement côté connectique : le cordon lightning vers mini-jack qui permet de brancher le casque sur n’importe quelle source analogique. Ce petit accessoire optionnel donc, sous la forme d’un câble d’1m20, est facturé 39€. C’est trop. Surtout qu’il permet de récupérer le signal audio d’une source analogique stéréo, mais pas de lui envoyer le signal du microphone, de quoi rendre le casque compatible avec une Nintendo Switch, une console Xbox ou PlayStation en se branchant à la manette, mais uniquement pour l’écoute du son du jeu, et non pour chatter. On aurait alors pu penser à l’adaptateur mini-jack femelle vers lightning, facturé 10€ seulement et développé à la base pour contrer l’absence de port mini-jack sur les derniers iphone, mais il ne fonctionne malheureusement pas dans ce sens.
Enfin, nous aurons de quoi nous interroger sur l’utilité de la SmartCase qui ne protège que très partiellement les oreillettes, et se place comme unique moyen de mettre le casque en veille (à moins de le laisser attendre 5 minutes sans bouger). Pour le coup, si l’effet “accessoire de mode” est plutôt réussi, nous aurions apprécié qu’il entoure totalement le casque en le mettant à l’écart des poussières et des coups.
Esthétique ou confort
L’AirPods Max est un objet très réussi, mécaniquement et esthétiquement parlant. Les oreillettes, l’arceau, les pistons pour le réglage, tout est basé sur du métal avec une prédominance de celui-ci pour l’ensemble des finitions, et ce à l’exception de la gomme de l’armature de l’arceau, de l’amortissement du crâne et des mousses d’oreillettes bien évidemment. Le rendu esthétique est du coup beaucoup plus fin et travaillé que chez ses concurrents directs, le Bose 700, le Sony WH-1000XM4 ou même le Beat Solo Pro, avec une absence totale de grincement ou de résistance aux diverses rotations et manipulations, et pratiquement pas de zone pour récupérer nos empreintes digitales. Encore une fois, la marque à la pomme fait preuve d’audace, d’innovation et de réussite dans la fabrication avec ce design inédit mais néanmoins simple et agréable.
A condition tout de même d’accepter de porter un objet de 385 grammes sur le crâne. Un poids équivalent à celui d’un Astro Gaming A50 de troisième ou quatrième génération, mais avec cette fois-ci un appui moins homogène, plus marqué sur le haut de la tête mais aussi plus porté sur les oreilles. En effet, les oreillettes de type circum-aural (autour de l’oreille), se retrouvent à appuyer assez fortement sur les côtés du crâne, avec cette impression constante que le casque “pèse”. Et si le tissu en mailles de l’arceau amorti plutôt bien sur le haut, il reste insuffisant pour encaisser le poids du casque sur le long terme, et finit par laisser l’armature entrer en contact avec le crâne. On se retrouve donc à replacer le casque de temps en temps pour retrouver un confort optimal. L’équilibre est finalement assez fragile, particulièrement chez les personnes ayant une tête plutôt large, et ce malgré un réglage par pistons simple et efficace. Notez enfin que la rotation des oreillettes est à l’envers. C’est à dire qu’elles tournent vers l’extérieur. Ca n’empêche pas de poser le casque à plat sur le bureau, mais autour des épaules c’est moins agréable.
Bon, dans l’ensemble et pour la plupart des auditeurs, l’AirPods Max réussit à plaire autant qu’un Bose 700 ou qu’un Beat Solo Pro une fois en place, et assure particulièrement bien pour ce qui est de l’aération du crâne comme des oreilles. Les oreillettes offrent d’ailleurs un très bon niveau d’amortissement, même pour les possesseurs de lunettes, avec un profil plutôt mou mais suffisamment épais. Pour le coup, nous sommes en présence d’un modèle de performance, capable de laisser vos esgourdes au sec, même par temps chaud. En clair, on profite des avantages d’un design fermé, avec néanmoins une bonne aération, et offrant surtout un niveau d’isolation phonique impressionnant grâce à son traitement dynamique.
Bien dans sa bulle ou bien dans son monde
En effet, et comme pour les AirPods Pro, le casque d’Apple propose à la fois une réduction et une amplification des bruits extérieurs, en fonction du mode choisi. En mode “Réduction du Bruit”, le casque atténue proprement les bruits de fond, comme les moteurs d’avion ou de voiture, mais assure aussi étonnamment bien sur les sons plus percussifs ou irréguliers. Les voix, les portes qui claquent, paraissent très lointaines, sans même avoir besoin de mettre la moindre musique. C’est impressionnant d’efficacité, même par rapport aux références du genre, ne laissant qu’un petit défaut audible, à savoir un léger souffle en fond, que la musique au plus faible niveau vient immédiatement faire disparaître.
En mode transparence, c’est un tout autre monde qui s’ouvre à vous, avec un rehaussement très subtil des aigus perdus par le port des oreillettes, de telle sorte qu’on imagine difficilement qu’il s’agisse bien d’un effet actif, basé sur des micros et des haut-parleurs. Point de souffle, de déphasage, et une spatialisation parfaite des sons reproduits. Nous n’irons pas jusqu’à dire que le résultat est “comme si nous n’avions pas de casque sur les oreilles”, mais on n’en est vraiment pas loin. Et pour le coup, ce mode s’apprécie particulièrement en écoute de musique, alors qu’on ne veut pas se couper du monde : dans la rue pour entendre les voitures ou à la maison pour garder le contact avec ses proches.
Reste un troisième mode, à savoir l’absence de contrôle de bruit, qui nous laisse avec un casque de type fermé tout à fait standard, et déjà plutôt isolant des bruits extérieurs dans la plage de fréquences médiums/aigus. Le passage de l’un à l’autre est paramétrable à volonté … Du moins pour les possesseurs d’appareils Apple, les autres devant se contenter de la gestion telle qu’elle est programmée d’usine. Il faut néanmoins avouer la simplicité avec laquelle on change de mode, par simple pression d’un bouton. De même, le casque coupe automatiquement le son, voire met en pause le programme en cours, dès lors que l’on pose les écouteurs autour du cou ou qu’on les retire carrément. Rien de nouveau dans le monde des casques anti-bruit, mais avec ici un fonctionnement encore une fois limité aux environnements Apple, sur Mac, iOS, etc, les systèmes Windows ou Android continuant de diffuser sans interruption.
On pourra faire le même reproche à la commande de volume, physiquement très proche de la molette “Digital Crown”, simplement inspirée de celle de l’Apple Watch, et qui permet sous environnement Apple de prendre la main sur le volume du système par rotation (avec un super effet sonore de cliquetis à chaque cran virtuel), ou encore de contrôler le titre en cours par appuis successifs et d’utiliser Siri avec un appui long. Sous Windows ou Android, elle se limite à gérer le son du casque, avec pour maximum le volume déterminé par le l’OS et sans possibilité d’aller au-delà. Là encore, c’est super sur Mac ou iOS, c’est juste bien sur les autres systèmes.
En même temps, le casque s’intègre parfaitement dans un environnement fait de multiples appareils de la marque et accepte plutôt facilement la présence d’autres types de produits. Par exemple, le passage d’un Mac à un iPhone se fait en 3 secondes, idem d’un iPhone à un iPad, ou d’un iPad à une Apple Watch. Et pour se connecter à une TV ou un téléphone Android comme à un ordinateur Windows, comptez à peine 10 secondes, avec une procédure ultra-simple qui, pour une fois, ne demande pas à ce que l’appareil précédemment connecté désactive son Bluetooth ou oublie le casque. Là dessus, rien à redire. C’est simplissime et super agréable au quotidien.
Un son exceptionnel, mais pas si audiophile
Avec sa connexion Bluetooth 5.0, le casque AirPods Max devrait au passage pouvoir s’autoriser quelques jolis codecs HD, à même de faire profiter les plus audiophiles d’entre nous. Pourtant, au-delà de l’absence de communication d’Apple sur le sujet, nos essais ont plutôt montré une différence très minime en sans-fil, entre des sources pourtant assez différentes en termes de résolution. Que l’on écoute de la musique sur Spotify, Apple Music, ou que l’on diffuse de l’audio HD directement depuis un Mac, le résultat est globalement le même. Ça sent un peu la compression obligatoire pour passer le signal à travers le Bluetooth.
Surtout qu’en filaire, la différence est plus nette et audible, avec une vraie amélioration de la définition des graves et des plus hautes fréquences à l’écoute de fichiers en haute résolution. Et pourtant, il faut avouer que le son délivré par l’AirPod Max reste très agréable, dans toutes les situations. L’égalisation générale adaptative, la spatialisation de la scène, la variation avec le volume, tout est d’un excellent niveau, comparable aux références citées précédemment. Les graves en particulier, sont étonnamment précis et percutant, jusqu’au plus bas du spectre, et ce alors que les transducteurs restent de taille raisonnable. Le profil général de l’égalisation est d’ailleurs légèrement orienté vers ces fréquences, de telle sorte que l’ensemble soit assez flatteur pour les graves et les bas médiums.
Les aigus aussi profitent d’une jolie définition, très fine jusqu’en haut du spectre. Le traitement du signal est d’ailleurs efficace, même sur des mp3 de qualité moyenne, avec un rehaussement certes un peu approximatif de la précision, mais pour un résultat convaincant. Là où l’AirPod Max est un peu moins au niveau, c’est sur les hauts médiums. Les petits haut-parleurs ont un peu de mal à assurer simultanément sur les graves et médiums, et ont tendance à un peu écraser ces derniers au profit des premiers. Là encore, le passage en filaire gomme quasiment ce défaut, preuve que le codec utilisé par Apple ou son traitement par le processeur H1 n’y est pas pour rien. Mais attention, on chipote sur des détails au vu des prétentions techniques et tarifaires du casque, mais au final, le grand public en prendra clairement plein les oreilles quel que soit le volume, quand les habitués des modèles audiophiles filaires accompagnés de leur ampli et de leur DAC crieront à la supercherie.
Sauf que là, nous avons au global une très belle qualité audio avec un produit simple, sans fil et ce avec des morceaux dénués de haute résolution. Un très bon compromis, même s’il manque tout de même à l’équation une gestion de l’égalisation, pour qui aurait voulu se faire son propre profil sonore.
Et pour jouer ? Et bien non !
Pas vraiment de surprise de ce côté là malheureusement. D’un côté l’adaptateur filaire qui je vous le rappelle ne diffuse pas le micro, et de l’autre la latence inhérente au Bluetooth 5.0 bidirectionnel, faible mais néanmoins clairement audible, rien n’est fait pour que le AirPods Max soit vraiment utilisé pour le jeu vidéo dans le cadre compétitif. Ça passe en film parce que les téléviseurs, téléphones et ordinateurs compensent l’apparition de l’image, mais en jeu ça reste décevant et source de frustration en comparaison de modèles dédiés à cette activité.
Nous l’avons tout de même essayé sur Switch, PS4 et PS5 avec un adaptateur Bluetooth 5.0 APTX (et donc diffusant le son en stéréo avec une latence réduite, mais toujours sans micro), pour un résultat plus convaincant, mais toujours muet. Et pour le coup, ce résultat est grosso modo le même que l’on soit sur Mac, iOS, Android, Windows ou autre… Peu importe la plateforme, ce casque n’est pas un modèle gamer, il n’en a pas les caractéristiques, mais le grand public saura s’en contenter pour quelques parties sur Apple Arcade.
Finalement, et aussi bon soit-il, l’AirPods Max reste assez enfermé dans le carcan pour lequel il a été pensé, à savoir l’écoute de musique, le visionnage de vidéos, et l’isolation phonique. Il est efficace dans ces trois domaines et ajoute même la possibilité de communiquer par téléphone ou visioconférence, à condition que l’environnement ne soit pas trop bruyant, l’atténuation des bruits n’étant pas opérante sur les micros du AirPod Max. A ce sujet, les micros réservés à la reproduction de la voix font un travail correct, laissant une voix audible, claire et détaillée, mais évidemment loin des canons du genre que l’on trouve dans le milieu du gaming ou de l’audio pro, le casque étant dénué de tige micro et plaçant donc ses capteurs à près de 15 centimètres de la bouche. En clair, pour du streaming, c’est correct mais pas top.
Nous avons tout de même apprécié son autonomie qui dépasse la journée complète d’utilisation, soit officiellement 20 heures de fonctionnement, avec une charge d’à peine 2h15 sur le port USB-C de notre MacBook. De quoi en faire un excellent compagnon du quotidien si vous êtes possesseur d’autres produits de la marque. L’AirPod Max se laisse donc clairement apprécier pour sa finition, son rendu sonore et son isolation phonique de haut niveau, avec une superbe intégration dans l’environnement d’Apple. Mais il nous laisse aussi un peu sur notre faim pour ce qui est du confort qu’il propose, la faute à un poids un peu élevé pour le confort qu’offre ce design. Le résultat est donc à la fois impressionnant face à certaines caractéristiques du casque mais aussi en demi-teinte pour certains autres aspects. Quant au prix, lui ne fait pas dans la demie mesure.
Conclusion
Points forts
- Un très beau casque, avec finition métal très réussie
- La sonorité de haut vol, quelle que soit la source
- 20 heures d’autonomie à pleine puissance
- L’isolation phonique très convaincante
- Le mode transparence impressionnant
- Un casque aéré malgré son design fermé
- L’intégration dans l’écosystème Apple et Bluetooth est très bonne
Points faibles
- Un peu lourd, avec des appuis peu discrets
- Pas de connexion analogique incluant le micro
- Pas de gestion de l’audio haute définition
- Peu adapté à une utilisation gaming
- Le tarif, élitiste
Note de la rédaction
Le premier casque audiophile d’Apple est un accessoire luxueux et cher, qui brille par la qualité de ses matériaux, de sa finition, et par son confort d’utilisation dans l’environnement Apple. Niveau sonore, l’AirPods Max nous délivre un son très réussi, très équilibré, avec une définition à même de vous faire redécouvrir votre musique préférée, et une isolation phonique qui vous place dans une bulle de silence. Mais il faut, pour en profiter, accepter d’avoir sur la tête un casque un peu lourd, qui ne se laisse pas totalement oublier au fil de la journée.