yourhostguru si c'est pas indiscret je me demandais pourquoi lors de tes examens tu pensais à plusieurs reprises que c'était réellement foutu alors que finalement tu as eu ton concours en étant correctement classé ?
tu n'étais pas satisfait de toi avant tout et ç'a pris le pas sur tes "réelles" prestations ?
Pour mes écrits j'avais raison de fait. Je suis passé à deux doigts d'être recalé sans admissibilité, si j'avais eu ne serait-ce que 0.5 ou un point de moins à à peu près n'importe laquelle de mes épreuves je passais sous la barre. Je dois être parmi les derniers admissibles ayant que 8 points d'avance sur une limite à 350 je crois. Me taper des notes médiocres en dissert' c'est plutôt habituel - même si là sur une des deux j'ai gratté un bon dix, ça m'a sauvé - mais je pige toujours pas comment j'ai pu avoir une note aussi pourrie sur ma grammaire moderne alors que j'avais bossé cette année et que le sujet était chiant sans être si difficile.
Pour les oraux finalement c'est surtout les conditions d'épreuves qui m'ont tiré. Ma leçon de médiéval c'est bien comme je le pensais là où j'ai eu le moins bon score mais le médiéval c'est tellement de la chiotte - y a des candidats qui font l'impasse - que par contrecoup si tu l'as bien bossé t'arrives à faire illusion un minimum. Pareil pour mon commentaire de comparée, j'ai pas été brillant, deuxième moins bonne note mais sur Corneille la plupart des gens se sont salement ramassés m'a dit une membre de la commission le jour des résultats donc tu bénéficies du contraste. Le gros mystère de l'oral ça reste le commentaire de français + question de grammaire, je savais que le comm' était bon et la grammaire non, la meuf m'a fait refaire l'exercice en entretien limite, donc je suppose que c'est simplement que dans le barème de cette épreuve la grammaire compte peu.
De toute façon en concours tu peux jamais être bien sûr de ce que tu sors, la notation est relative à tous les niveaux donc sans la connaissance des autres prestations, tu ne sais rien.
L'agreg de lettres c'est assez particulier également au niveau du public. L'élève lambda qui y concourt, si on met de côté les normaliens qui représentent déjà une certaine proportion, c'est un bon élève de prépa très scolaire qui est capable d'ingérer une quantité folle d'info et de bien les ressortir suivant des attendus formels assez précis. Parmi ceux-là, t'en as pas mal qui galèrent à l'oral par timidité, inhabitude à s'exprimer à l'oral ou autre, et qui manquent de culture assez singulière pour être à l'aise en impro. Normalement les écrits c'est censé être plus accessibles que les oraux, pour moi ça a toujours été l'inverse, la première marche était plus difficile parce que j'ai jamais été un bucheur. Il faut aussi bien voir que l'agrégation pour les lettres ça repose sur une partition assez étrange, faire que de la compétence de synthèse à l'écrit et faire presque que de la compétence d'analyse à l'oral c'est un choix plutôt curieux je trouve, le vrai travail littéraire c'est un va et vient constant entre les deux.
Après oui dans la perception des faits y a un gros facteur psychologique qui rentre, tout ça étant dit. Ca fait pas mal de temps que je traîne une sale dépression pas soignée qui me fait assez mal voir les choses en général et ça a jamais été dans mon caractère d'être très satisfait du boulot que je rends. Je sais pas.
Le 07 août 2019 à 16:43:34 YourHostGuru a écrit :
Pour mes écrits j'avais raison de fait. Je suis passé à deux doigts d'être recalé sans admissibilité, si j'avais eu ne serait-ce que 0.5 ou un point de moins à à peu près n'importe laquelle de mes épreuves je passais sous la barre. Je dois être parmi les derniers admissibles ayant que 8 points d'avance sur une limite à 350 je crois. Me taper des notes médiocres en dissert' c'est plutôt habituel - même si là sur une des deux j'ai gratté un bon dix, ça m'a sauvé - mais je pige toujours pas comment j'ai pu avoir une note aussi pourrie sur ma grammaire moderne alors que j'avais bossé cette année et que le sujet était chiant sans être si difficile.
ah oui ok tu étais juste à l'écrit, ç'aurait été bête à quelques points près
dire qu'on peut être recalé alors que finalement ,tout regroupé, on se retrouve avec une moyenne satisfaisante
je sais pas si tu pourrais demander ta copie pour comprendre la note mais généralement on a pas envie de faire la démarche quand on a passé ses examens avec succès
Pour les oraux finalement c'est surtout les conditions d'épreuves qui m'ont tiré. Ma leçon de médiéval c'est bien comme je le pensais là où j'ai eu le moins bon score mais le médiéval c'est tellement de la chiotte - y a des candidats qui font l'impasse - que par contrecoup si tu l'as bien bossé t'arrives à faire illusion un minimum. Pareil pour mon commentaire de comparée, j'ai pas été brillant, deuxième moins bonne note mais sur Corneille la plupart des gens se sont salement ramassés m'a dit une membre de la commission le jour des résultats donc tu bénéficies du contraste. Le gros mystère de l'oral ça reste le commentaire de français + question de grammaire, je savais que le comm' était bon et la grammaire non, la meuf m'a fait refaire l'exercice en entretien limite, donc je suppose que c'est simplement que dans le barème de cette épreuve la grammaire compte peu.
oui j'ai le souvenir que tu disais que t'avais pas eu de chance avec tes sujets mais finalement tu t'en sors bien (mais effectivement tu n'étais pas au courant des autres prestations sur ces sujets)
De toute façon en concours tu peux jamais être bien sûr de ce que tu sors, la notation est relative à tous les niveaux donc sans la connaissance des autres prestations, tu ne sais rien.
L'agreg de lettres c'est assez particulier également au niveau du public. L'élève lambda qui y concourt, si on met de côté les normaliens qui représentent déjà une certaine proportion, c'est un bon élève de prépa très scolaire qui est capable d'ingérer une quantité folle d'info et de bien les ressortir suivant des attendus formels assez précis. Parmi ceux-là, t'en as pas mal qui galèrent à l'oral par timidité, inhabitude à s'exprimer à l'oral ou autre, et qui manquent de culture assez singulière pour être à l'aise en impro. Normalement les écrits c'est censé être plus accessibles que les oraux, pour moi ça a toujours été l'inverse, la première marche était plus difficile parce que j'ai jamais été un bucheur. Il faut aussi bien voir que l'agrégation pour les lettres ça repose sur une partition assez étrange, faire que de la compétence de synthèse à l'écrit et faire presque que de la compétence d'analyse à l'oral c'est un choix plutôt curieux je trouve, le vrai travail littéraire c'est un va et vient constant entre les deux.
c'est sûr qu'être bon/à l'aise à l'oral c'est un gros point fort c'est particulièrement valorisé je dirais
Après oui dans la perception des faits y a un gros facteur psychologique qui rentre, tout ça étant dit. Ca fait pas mal de temps que je traîne une sale dépression pas soignée qui me fait assez mal voir les choses en général et ça a jamais été dans mon caractère d'être très satisfait du boulot que je rends. Je sais pas.
tu penses entreprendre quelque chose pour te soigner ?
Ca sert à rien de demander ses feuilles, tu écris sur des copies standardisées pour qu'elles puissent être scannées donc si tu les réclames elles ne sont pas annotées. Je suis même pas sûr que pour la grammaire - qui est composée d'exercices très différents entre eux - il y ait le détail des points par question. Tant pis de toute façon je l'ai ce concours de merde, peu importe la manière.
Mais de toute façon cette saloperie ça brise le mental à des tas de gens alors qu'à la fin ça se joue toujours en grande partie sur du hasard total. C'est simplement une question de performance localisée un jour et de chance qui décidera qu'à même travail un jour tu gagneras 800 boules par mois de plus que quelqu'un qui n'en aura pas eue, de la chance. Y a aucune fierté à avoir, c'est débile et inique au possible.
tu penses entreprendre quelque chose pour te soigner ?
Bof. J'ai connu tellement de gens qui se sont fait enculer pendant des années par des psy que je suis extrêmement hostile à la profession et à ses méthodes au global, et si ta démarche n'est pas positive ça ne fonctionne pas de toute façon. J'ai déjà suivi des traitements anxiolytiques, c'est une bonne solution de survie mais ça ne règle rien.
Le 07 août 2019 à 18:53:52 YourHostGuru a écrit :
Ca sert à rien de demander ses feuilles, tu écris sur des copies standardisées pour qu'elles puissent être scannées donc si tu les réclames elles ne sont pas annotées. Je suis même pas sûr que pour la grammaire - qui est composée d'exercices très différents entre eux - il y ait le détail des points par question. Tant pis de toute façon je l'ai ce concours de merde, peu importe la manière.
oui c'est sûr, du moment qu'on l'a
Mais de toute façon cette saloperie ça brise le mental à des tas de gens alors qu'à la fin ça se joue toujours en grande partie sur du hasard total. C'est simplement une question de performance localisée un jour et de chance qui décidera qu'à même travail un jour tu gagneras 800 boules par mois de plus que quelqu'un qui n'en aura pas eue, de la chance. Y a aucune fierté à avoir, c'est débile et inique au possible
parmi tous les examens que tu as passés ce concours est le pire en termes de "bon sens" ?
je connais pas la part des études qui ne fonctionnent qu'en examens terminaux mais quelque part ils reposent tous sur le hasard dans les ultimes jours. Ce concours est particulièrement malsain ?
et encore une fois je ne connais pas la façon dont ça se passe vraiment mais peut-on malgré tout louer le fait que bien que ça se joue sur le hasard (sujet plus ou moins accessible, forme du jour, etc.) les membres de la commission prennent en compte l'ensemble des prestations pour juger (disons qu'on peut être floué mais c'est relatif) ?
tu penses entreprendre quelque chose pour te soigner ?
Bof. J'ai connu tellement de gens qui se sont fait enculer pendant des années par des psy que je suis extrêmement hostile à la profession et à ses méthodes au global, et si ta démarche n'est pas positive ça ne fonctionne pas de toute façon. J'ai déjà suivi des traitements anxiolytiques, c'est une bonne solution de survie mais ça ne règle rien.
oui il faut de la volonté… et du temps
tu envisages quelque chose du genre trouver des activités, entamer un mode de vie différent pour retrouver plus de sérénité ?
Les normaliens grattent généralement la plupart des places ? Je demande parce que c'est pas la première fois que t'en parles dans tes messages sur l'agreg. J'ai essayé de trouver des statistiques sur internet mais sans grand succès, à part ce chiffre sur un article du monde "Ce qui explique leur surreprésentation chaque année parmi les admis : en 2017, les normaliens constituaient un quart des 1 747 lauréats à l’agrégation externe de l’enseignement public " mais:
- ça mélange toutes les sections
- il aurait fallu avoir la proportion de normaliens candidats pour avoir le taux de réussite
Bien joué pour l'agrégation. Je tente celle d'histoire dans 3 ans. C'est très déstabilisant car les compte-rendus de jurys pointent des erreurs qu'on t'apprend à ne pas faire dès la L2 (bien mettre en interaction les termes du sujet, bien ancrer dans le temps et l'espace notre réflexion), du coup je me demande qui passe l'agrégation en externe en dehors des normaliens, et si l'admissibilité à l'écrit se joue dans des détails, les erreurs commises étant assez grossières.
Merci pour les conseils sur l'Arioste et le Tasse, je prend note. Faudra que je vois les différentes traductions disponibles, dans ma BU il y en a qu'une seule à chaque fois et les deux auteurs ne semblent pas être dans des éditions de référence comme la Pléiade.
Le 07 août 2019 à 19:49:01 naftali a écrit :
Les normaliens grattent généralement la plupart des places ? Je demande parce que c'est pas la première fois que t'en parles dans tes messages sur l'agreg. J'ai essayé de trouver des statistiques sur internet mais sans grand succès, à part ce chiffre sur un article du monde "Ce qui explique leur surreprésentation chaque année parmi les admis : en 2017, les normaliens constituaient un quart des 1 747 lauréats à l’agrégation externe de l’enseignement public " mais:
- ça mélange toutes les sections
- il aurait fallu avoir la proportion de normaliens candidats pour avoir le taux de réussite
Je n'ai aucun chiffre moi-même à donner mais c'est de notoriété publique que les admis en agrégation sont pour une énorme majorité des normaliens. Ça dépend des filières bien sûr, mais il me semble qu'en philosophie par exemple il ne faut même pas rêver de l'agrég si tu sors de la fac (a fortiori une faculté de province). Pour l'agrégation d'histoire je vais m'inscrire au Collège Sévigné perso, c'est ce que mes profs m'ont conseillé.
Désolé du triple post, le temps d'édition du message est dépassé :
Pour préciser, l'agrégation s'acquiert par une méthode, une analyse et une connaissance des attendus du jury, et un certain bagages de connaissances (et évidemment de la chance puisque c'est un concours). Les normaliens sont préparés à cela dès l'arrivée à l’École par des agrégés grassement payés pour former des agrégatifs. C'est tout un ensemble d'enseignements (et aussi toute une mythologie) qui fait qu'ils ont une longueur d'avance.
Je veux pas jeter l'opprobre facile sur les commissions mais bon, à leur sujet plusieurs réflexions rapides qui sont factuelles : ce sont des êtres humains normaux qui fatiguent quand ils sont enfermés dans une salle de classe toute la journée à écouter en boucle des oraux angoissés en plein coeur de la canicule. S'ils ont envie de te saigner parce que tu leur reviens pas ou parce qu'ils ont un caractère de merde, pas grand chose concrètement ne peut les en empêcher, puisque par commission deux membres seulement te notent et l'un a la priorité sur l'autre - y a un gars notamment dans les commissions de comparée qui est un vrai boucher. Ce n'est pas la majorité du genre mais ça existe. Et enfin, dernier détail mais non des moindres : un candidat qui a préparé sérieusement, en lettres (à cause du fait que l'on travaille sur programme), en sait presque toujours plus que les membres du jury à part le spécialiste du siècle ou de la matière en question, et si t'as raison mais que t'as pas réussi à te faire comprendre - parce que tu te reposes par exemple sur de la recherche trop neuve sans l'avoir explicité - le doute est porté à ton discrédit. Et là j'évoque même pas le fait que quand tu parles à des humains qui s'en branlent de ce que tu veux leur transmettre, c'est la forme qui prime avant tout et pas le fond. Si vous passez l'agrégation un jour, après les écrits, vous investirez mieux votre pognon dans des cours de théâtre que dans des bouquins de cours.
Même en virant cette masse de facteurs humains pénibles, je vois pas rationnellement comment on peut espérer comparer la notation d'un gars qui passe comme moi en sujet sur un vers de récit médiéval, un gars qui passe juste à côté sur un sujet type "analyse et récit dans les mémoires de beauvoir" et un troisième qui passe encore à côté sur soixante pages de Balzac à commenter. Je déplore pas tant la diversité des objets d'étude ici, il faut bien varier les sujets, que les différences profondes de démarche intellectuelle derrière chacun de ces types de questionnement qui ne convoquent pas du tout les mêmes compétences. Après pourquoi pas, mais qu'on vienne pas se toucher sur l'égalitarisme républicain derrière, c'est du vent.
Pour le déroulé de l'agrégation en elle-même, y a des gens qui aiment ça - y a des gens qui aiment être DRH et tyranniser leurs collègues aussi. Y a des gens qui aiment être matons et d'autres qui aiment sodomiser des enfants. Moi j'ai profondément détesté, j'ai haï ça à un point que je peine encore à exprimer tant je vomis ce système. Je l'ai déjà dit de nombreuses fois ici mais c'est la mort de l'esprit des lettres au profit du pire de ce que peut être la fausse érudition stérile d'escroc, j'ai d'ailleurs déjà oublié les trois quart de ce que je me suis enfoncé dans le crâne comme un débile. Mais t'es plongé dedans à haute dose, des dizaines et des dizaines d'heures par semaine, et la société bourgeoise dans laquelle on vit qui a la bouche agrippée à n'importe quelle teub qui porte un titre autour du collier te souffle que c'est normal de te battre pour cette connerie sinistre, que ça a de la valeur parce que ça élimine beaucoup de gens qui sont bons et pertinents pourtant. Alors stupidement à force de se faire aliéner la gueule on finit par y croire, des fois, et par se détester quand on redescend. Les gens que t'aimaient deviennent des rivaux, des obstacles, des menaces au mieux et des marchepieds au pire quand t'as totalement digéré le virage. A la fin on aboutit à une séparation des êtres entre ceux qui ont réussi et ceux qui ne sont rien, comme dirait notre estimé président, que viennent sanctionner une respectabilité et un traitement économique bien différents - je me répète mais sur le brut en fin de carrière c'est 800 balles de mémoire de différence entre un agrégé et un certifié sans compter le fait que toutes les primes de l'agrégé lui rapportent beaucoup plus et qu'il travaille moins. La différence entre ceux qui passent et ceux qui se font tamiser elle se réduit souvent à rien dans les faits. Une question un peu moins réussie par là, un bout de traduction par ci, un manque de confiance sur un oral. Mais à la fin celui qui a été retenu a travaillé comme un malade pendant 50h par semaine sur un, deux, trois ans parfois, et tout ça pour rien.
Humainement je peux pas valider ça.
Les normaliens grattent généralement la plupart des places ?
La plupart, non sans doute pas, je crois pas qu'ils soient assez nombreux pour ça. Faudrait regarder les chiffres d'inscription par académie - sur Paris - puis ensuite essayer d'en retrancher les chiffres d'inscrits par fac pour avoir une idée approchante. Je me base surtout au nez sur les gens que j'ai côtoyés pendant mes années fac et concours. Ce qui est certain en tout cas c'est que presque tous les normaliens qui s'inscrivent obtiennent le concours.
Portailleur c'est très important de méditer les rapports de jury mais après faut pas se laisser avoir non plus à les prendre trop au premier degré. Il y a dedans une tradition de défonçage tout à fait ridicule des candidats, et les propositions de correction fournies sont totalement irréalistes, préparées pendant des semaines par des équipes de pro et sans commune mesure avec ce que peut être le fait de devoir en plein stress rendre une dissert' complètement achevée d'un coup en sept heures. D'ailleurs ils s'amusent à balancer les erreurs les plus grosses qu'ils ont pêchées dans les copies et ils amplifient le truc comme si les générations étaient de plus en plus connes - un discours réactionnaire qui revient systématiquement dans les rapports chez nous - mais c'est de l’esbroufe en bonne part. Après quand t'es en semaine d'exam, que t'attaques ton 3e jour, que t'as déjà passé quinze heures à composer les deux jours précédents, ouais des fois tu glisses c'est normal. Des fois c'est simplement que t'as pas le temps, tu dois rendre un truc à tout prix donc tu bâcles même si tu sais que ça tient pas, parce qu'il faut bien chier quelque chose dans les temps depuis des conditions d'examen faites pour te faire chuter. Ils ont beau jeu derrière de relire ton propos comme si c'était une production assumée de ton esprit que tu soutiendrais dans tous les contextes, alors que bien souvent c'est juste de la merde formatée suivant des consignes artificielles au possible. Je ressors souvent cet argument mais je connais aucun putain de livre, aucun putain d'essai de qualité qui est rédigé suivant un plan de dissertation.
Pour la philo ça m'étonne que tu aies entendu dire ça, j'ai souvent entendu le contraire personnellement, que c'était l'une des rares matières où la fac se défendait bien face à normale - à la sorbonne en tout cas qui a des liens historiques très forts avec l'agrégation de philo, d'ailleurs leurs oraux s'y déroulent - et je connais quelques personnes, dont mon "beauf", qui l'ont obtenue dans ces conditions.
La seule chose que je sais c'est que Paris IV envoie généralement autour de la moitié de ses candidats aux oraux en lettres, mais qu'ensuite ça chute pas mal avec toujours autour de 15, 20% d'admis parmi les admissibles, parfois moins. Chiffres de la fac fournis à l'oral pendant les réunions de rentrée, je garantis pas sur pièce qu'ils mentent pas
Pour l'agrégation de philosophie effectivement je me suis gouré, c'est pas les gens de fac qui doivent casser tout espoir, mais les gens qui ne sont pas dans les facs parisiennes ou de province très réputées. Parce que les facs de province de philo n'ont aucun budget pour faire cours en licence, alors pour préparer à l'agreg...
C'est vraiment mon angoisse d'être admissible, de passer l'oral, de tomber sur un sujet très clivant sur lequel je n'arrive pas à être "académique" et me faire déboîter par un prof réac, d'autant que l'histoire est un milieu universitaire très clivé politiquement.
On a le problème assez régulièrement par rapport à certaines questions en lettres, par exemple sur les stéréotypes raciaux, sexistes ou autre. Là dans le Balzac y avait quelques phases sur les juifs assez limites Et je parle même pas des embrouilles autour de la religiosité de y, du conservatisme de x ou du féminisme de z.
Je sais pas si en histoire c'est pareil mais chez nous y a certains jurés qui aiment bien précisément balancer du sujet polémique, pour se distraire déjà et surtout pour tester la capacité du candidat (qui concourt théoriquement pour être prof) à gérer les propos problématiques. Normalement on t'y entraînera durant l'année, et l'essentiel de toute façon c'est d'affronter les questions chaudes frontalement - ils aiment pas dans ce cadre le faux-fuyants - mais avec une distance nuancée dans le ton et une forme de désimplication personnelle. Faut être direct et dépassionné quoi. C'est que du théâtre là encore, c'est un coup de main mais ça vient vite.
C'est pendant l'entretien surtout qu'il faut bien garder la tête froide. C'est assez déstabilisant de voir un type te poser une question, parfois débile ou fausse, et ne pas rebondir sur ta réponse comme s'il s'en branlait ou que t'étais un demeuré, c'est vite irritant si t'es un peu un nerveux comme moi ou anxiogène si t'es stressé. Il faut s'en battre les couilles et glisser, de toute façon tout ça passe très vite.
Les examens à la fac de toute façon, je l'ai vécu comme ça du moins, c'est toujours extrêmement artificiel et mensonger. J'ai sorti un nombre incalculable de conneries en sept ans que jamais j'assumerais en mon nom dans un travail pro simplement parce que j'avais parfaitement conscience de ce que le branle-couille en face attendait.
Encore à l'agreg y a un vieux qui a voulu me faire cracher à demi-mots que y avait de l'ironie voltairienne dans Scarron. C'est un non-sens complet mais si ça lui fait plaisir après tout...là encore passée ta performance de singe "savant" - pétons les guillemets - il reste rien de tout ça.
yourhostguru t'as voulu faire le concours parce que tu t'étais lancé dedans et tu souhaitais aller au bout ?
t'étais conscient de la façon dont ça se passerait au départ ?
Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait. Parce que je me suis laissé entraîner et que c'était la suite logique de ma formation, j'en sais rien. Parce que j'espérais vaguement que ça m'aiderait à faire de la recherche un jour même si maintenant je m'en branle. La 2e fois je l'ai fait parce que n'ayant pas passé le capes lors de ma première tentative, il fallait de toute façon que je retape une année pour avoir un statut et le niveau du capes étant faible, je me voyais pas passer un an à faire que ça.
On m'avait dit que c'était aussi dur que ça niveau charge de boulot, ça ça va, mais je pensais vraiment pas que ce serait aussi usant psychologiquement et que j'en prendrais une telle répulsion morale. J'ai perdu un bon pote notamment et la femme que j'aime à cause de cette merde, je vais pas revenir sur les détails mais ça change les gens.
Est-ce que les nouvelles de Cortazar sont dans le même esprit que celles de Borges ?
C'est impossible de ranger les nouvelles de Cortazar sous un paradigme générique. Il a fait de la SF conceptuelle, du conte cruel, du fantastique classique, du fantastique moderne, du merveilleux, de l'étude de moeurs réaliste, du jeu méta-textuel et j'en passe.
Si par esprit de Borges, qui a tout de même recouru à pas mal de variations aussi sur ses contes, tu entends surtout le ton pseudo-scientifique ou pseudo-religieux, les faux traités, et les jeux de réflexion sur le développement d'une idée-concept labyrinthique, non Cortazar c'est souvent assez différent.
D'accord merci