Chapitre 36
Lorsque Renji ouvrit les yeux, il se retrouva plongé dans l'effervescence qui animait le dortoir. Il se redressa lentement, l'esprit encore embrumé par le sommeil, et observa ses amis s'agiter d'un air détaché.
Nemira enfilait précipitamment son armure, tandis que Rurick retournait la pièce à la recherche de quelque chose. Athis et Vilkas aidaient un imposant nordique à enfiler son armure de plates, et Rigel discutait nerveusement avec Titus, dans l'encadrement de la porte. Trois impériaux passèrent en trombe dans le couloir, portant de lourdes caisses sur les épaules.
Une ombre bougea sur la gauche et fonça droit sur le khajiit.
- Ri'Drassa ! Ne traîne pas ! lui hurla une grande nordique en le secouant fermement par les épaules. Je te préviens, si tu as peur de partir, autant le dire tout de suite !
- N...Non, ca va aller, Njada... répondit le khajiit en grognant. J'ai juste un peu sommeil, mais je serais prêt à temps...
- J'espère bien. Tout le monde en haut dans cinq minutes !!!
Renji se leva et saisit sa capuche de cuir, posée sur une commode. Il entreprit ensuite de revêtir son armure en peau, puis s'approcha de Rurick :
- Tu es prêt ? lui demanda le nordique en enfilant ses gantelets. C'est le grand jour.
- Pas trop le choix, je suppose, fit le khajiit en baillant. Tu aurais vu mon arme ?
- Ah, oui, Shazam est parti l'aiguiser ce matin. Comme la plupart des autres, je suppose. Enfin, ne traînons pas trop. Tu connais Bras-de-pierre, elle s'énerve assez facilement.
Quelques minutes plus tard, une vingtaine de Compagnons étaient réunis dans la grande salle, alignés devant les portes.
Titus et Rigel vinrent se placer face aux combattants, et le vieux nordique prit la parole d'une voix grave et sérieuse :
- Comme nous vous l'avons dit il y a quelques semaines, ce jour marquera l'histoire des fils d'Ysgramor, non seulement en Bordeciel, mais dans Tamriel toute entière ! Les bandits pullulent dans la région, que ce soit dans les montagnes, à l'Ouest, dans les plaines à l'Est où dans la toundra, au Nord. Et cela doit cesser !
- Cyrodiil est gravement touché par ce problème, continua Rigel. Plusieurs villes et villages sont déjà à la merci des pilleurs et des hors-la-loi, et la situation ne fait qu'empirer. La guilde des guerriers est plus faible que jamais, et c'est pour cela qu'il est de notre devoir d'agir ! Dans les jours à venir, nous nous débarasserons des campements les plus proches dans la région. Puis, nous étendrons notre action au pays tout entier, avant de libérer Cyrodiil du joug des meurtriers qui y font régner le chaos !
- Mais nous sommes trop peu ! protesta un vieil impérial au crâne dégarni. Il faudrait des milliers d'hommes pour régler ce problème !
- Cela prendra du temps, en effet, acquiesca Rigel. Mais n'oublions pas que l'attaque des Libérateurs le mois dernier n'était qu'un avertissement. Ils reviendrons sans doute, ici où ailleurs. Et, plus il y aura de bandits dans le coin, plus leurs rangs grossiront rapidement. Quant à notre nombre réduit, ne vous en inquiétez pas pour le moment. Nous sommes en recrutement dans toute la région, et la garde nous aidera assez régulièrement. Alors, êtes-vous prêts !? Êtes-vous prêts à rétablir l'ordre !? Êtes-vous prêts à faire payer à ceux qui détruisent nos fermes, et incendient nos villages !!?
- OUI !!! hurlèrent en chœur les Compagnons si fort que les murs de Jorvaskr vibrèrent.
- Parfait ! Alors en route !!!
Les hommes sortirent les uns après les autres du hall, et trouvèrent à l'entrée une centaine d'armes alignées sur le sol, aussi aiguisées que des rasoirs. À côté, une dizaine de sacs de provisions reposaient sur le sol, débordant de victuailles et d'outils variés. Les compagnons s'avancèrent vers leur équipement avec une acclamation de joie, et se préparèrent aussi vite que possible.
Renji vit Rurick saisir une imposante masse de bois, plus large qu'un homme et presque aussi haute. Le nordique sortit un long morceau de toile de l'une de ses sacoches, et en entoura l'arme, avant d'attacher le tout à son dos.
- Alors, voilà ce qu'il y avait vraiment à l'intérieur de ton sac, dit le khajiit. Comment fais-tu pour porter quelque chose d'aussi lourd ?
- Tu serais surpris de sa légèreté, fit Rurick avec un sourire empreint de fierté. C'est une masse en bois de Hist, figure-toi. Aussi souple qu'un fouet, aussi dur que la pierre, et pas plus lourd qu'un marteau. Mais évite d'en parler ouvertement. Certains ici risquent de ne pas très bien le prendre...
Le khajiit tourna la tête vers les deux frères argoniens du groupe, Oka et Zede-Tei. En effet, apprendre que l'un de leurs arbres sacrés avait été transformé en une vulgaire arme ne risquait pas de leur faire plaisir.
Une fois les compagnons d'armes équipés, ils se divisèrent en trois groupes de sept. Sheik, Neverar, Fjol et Ja'Hiza étant absents, Rurick, Nemira et Renji se retrouvèrent en compagnie de Rigel, Athis, et de deux impériaux au visages fermés et anguleux.
- Nous sommes assignés à l'Est, les informa leur Hérault. Normalement, nous devrions croiser un campement de bandits d'ici une journée de marche. Voici comment nous allons procéder : Ri'Drassa et Nemira, vous vous infiltrerez d'un côté et devrez estimer leur nombre approximatif. Nous aviseront une fois cet élément en notre possession.
- Pourquoi moi ? questionna le khajiit, bouche bée. Mes compétences de furtivité sont assez limitées...
- Ne t'inquiètes pas pour cela, tu comprendras le moment venu, rétorqua Rigel d'une coix assurée. Vous êtes prêts ? Alors allons-y !
Sans plus tarder, les hommes se dirigèrent la sortie de la ville. Sur leur passage, les passants s'écartaient, curieux, tandis que d'autres les acclamaient depuis leur habitations. Au bout de quelques minutes, la file de guerriers passa la grande porte, et s'arrêta à l'entrée de Blancherive.
- Ceux se dirigeant vers le Nord partiront à cheval, fit Titus en rattrapant ses hommes. Je me suis arrangé avec le propriétaire des écuries, mais faites en sorte de ne pas revenir à pied. Les temps sont durs, nous avons besoin de chaque septim... Enfin, je vous souhaite bonne chance pour cette opération. Puisse notre renommée égaler celle des dieux ! Et puissent nos compagnons vaincus nous acclamer de l'au-delà, et préparer notre arrivée dans le hall de Shor !
- On y va, cria Rigel en se mettant à courir. Il n'y a pas une minute à perdre, les amis !
Renji s'empressa de suivre le bréton, et se plaça à la hauteur de Rurick.
- Tu penses que tout va bien se passer ? demanda le khajiit, soucieux. Il y a beaucoup de nouvelles recrues dans le groupe de Vilkas.
- Nous sommes aussi des nouveaux, je te rappelle. Mais cela dit, je me sens en sécurité avec vous. Et je sais me défendre, naturellement !
- C'est vrai que je ne t'ai jamais vu en action, maintenant que j'y pense...
- Crois-moi, tu ne rates pas grand-chose ! fit une voix dans leur dos.
- Nemira, soit maudite, gromela le nordique sans se retourner. Je te rappelle que niveau combat, je n'ai pas de leçons à recevoir de toi !
- Tu a oublié la fois où je t'ai sauvé du marchand d'esclaves en Morrowind. Et celle où les mercenaires argonien t'avaient attaché à un arbre pour te scalper. Et aussi...
- C'est bon, j'ai compris ! Tu trouvera toujours un moyen d'avoir raison, de toute façon...
Renji éclata de rire et regarda quelques secondes les deux amis.
- Vous êtes vraiment irrécupérables, vous savez ? Enfin, espérons que nous rentrerons sains et saufs.
En fin de matinée, Rigel décida de faire une halte près d'un lac et de camper pour quelques heures. Les deux impériaux partirent aussitôt chasser, et revinrent en portant un élan sur leur dos après quelques minutes.
Ils mangèrent silencieusement, puis l'atmosphère se détendit, les laissant échanger blagues et anecdotes sur leur vie d'avant. Renji préféra s'éclipser discrètement avant que l'on ne le questionne, et s'adossa à un arbre, à quelques mètres de là. Il finit même par s'endormir, laissant le chant des oiseaux le berçer.
Une brève secousse le réveilla. Il ouvrit les yeux, et tomba nez-à-nez avec Rurick.
- Dis donc, je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu fais pour dormir aussi bien. Il pourrait y avoir une bataille à côté que tu pioncerais toujours ! Tu sais que, de loin tu ressembles à un cadavre quand tu reste immobile ?
- Je suis flatté, fit le khajiit en se redressant. J'espère que tu ne m'as pas juste réveillé pour me dire ça quand même ?
- Non, le groupe est déjà parti, je leur ai dit que nous les rattraperions.
- Mais... pourquoi ?
- J'ai... une faveur à te demander.
À la mine sévère du nordique, d'ordinaire si joyeux, Renji savait déjà de quoi il s'agissait.
- C'est à propos de Nemira, je suppose ?
- Tu supposes bien. Quand vous vous introduirez dans le campement des bandits... Promet moi que tu la surveillera.
- Elle se débrouille très bien toute seule, objecta le khajiit. Il suffit de voir la raclée qu'elle a mise à Torvar la semaine dernière.
- Je sais bien ! grogna Rurick. Je ne te le demanderais pas si j'étais sur que rien ne foire. Mais tu le sais aussi bien que moi, la moindre erreur, et vous êtes foutus.
- Très bien, fit Renji après un instant de réflexion. Tu as ma parole. Les autres sont partis il y a longtemps ?
- Non, un quart d'heure, je dirais. Très bien, dépêchons-nous de les rattraper.
Les deux amis suivirent un sentier battu au milieu de la foret, alors que le soleil commençait lentement sa descente dans le ciel. Ils ne tardèrent pas à tomber sur les autres, arrêtés devant quelque chose, sur le bord du sentier. En s'approchant, ils découvrirent une charrette renversée, près de laquelle était allongé un vieux couple nordique. La femme avait été égorgée, tandis que l'homme avait le visage tuméfié, et la poitrine ouverte. La hache ensanglantée dans sa main témoignait de la maigre résistance qu'il avait opposé, malgré son âge avancé.
Sur une planche de la charrette était écrit en lettres rouges :
«Mort aux humains»
Rigel tourna la tête vers Rurick et Renji, puis leur fit signe d'approcher.
- Je dirais un groupe d'altmers, suggéra Athis.
- Cela m'étonnerait fortement, repondit un impérial. La plupart des habitants de l'archipel préféreraient sans doute mourir plutôt que de finir bandits dans une province humaine. Je pencherais plutôt vers des dunmers... Sans vouloir vous offenser, naturellement.
- Ne vous inquiétez pas, dit Nemira. Quel que soit leur race, il s'agissait de leurs dernières victimes.
- Je suis assez d'accord, approuva Rurick.
- Bien, fit le Rigel. En tant que Hérault des Compagnons, il est de mon devoir de régler ce genre de problèmes. Et je compte bien me montrer sans pitié... Je suppose que vous êtes prêts à vous battre, n'est-ce pas ?
- Avec plaisir, fit Athis en portant la main au pomeau de son épée. Ils seront morts avant même de connaître mon visage.
Sur ces paroles, les sept combattants se remirent en route, avançant prudemment à l'ombre des sapins. L'air se rafraîchit à mesure que le soir tombait, aussi s'arrêtèrent-ils à l'orée des bois. Face à eux, une grande plaine d'herbe jaunie parsemée de collines semblait s'étendre à l'infini. Le sol ondulait en reflets argentés, comme doté de volonté par le passage de la bise nocturne. Le lieu était apaisant, calme et silencieux, il paraissait être l'endroit parfait pour mener une vie heureuse. Mais dans le petit groupe, tous le savaient : ce genre d'environnement paradisiaque pouvait très vite s'avérer mortel.
- Nous dormons ici, ordonna Rigel. Sauf vous deux.
Nemira jeta un regard anxieux à Renji, puis acquiesca.
- Allons-y, Ri'Drassa.
Renji se leva à son tour, puis se dirigea lentement vers les plaines.
- Où est leur campement ? demanda la jeune dunmer.
- Un peu plus loin, au sommet de la colline, répondit le bréton. Vous ne risquez pas de le manquer, vu la taille des murs. Mais je vous fait confiance pour vous occuper de ce genre de détails, vous en êtes parfaitement capables.
Les deux amis quittèrent leurs camarades, et se dirigèrent furtivement vers leur destination en suivant la route. Soudain, sous la clarté naissante de la lune, ils apperçurent de hautes barricades de bois, se dressant au pied d'une colline, trois cent mètres au Nord.
- Par là-bas, lui chuchota Nemira en bifurquant sans bruit vers la butte.
Renji acquiesca et la suivit sans un mot. En quelques minutes, ils parvinrent à se positionner derrière un arbre, non loin du campement. Ainsi, ils pouvaient observer les allées et venues des bandits sans craindre d'être repérés. Apparemment, les murailles étaient bien plus larges que prévu, puisque deux silhouettes y passèrent côte à côte sans le moindre mal. Les lourdes portes à l'entrée était fermées, protégées par deux rangées de barricades. Ils semblaient bien préparés.
- Tu arrives à voir quelque chose ? demanda Nemira.
Renji acquiesca silencieusement.
- Oui, les khajiits peuvent voir de nuit, à condition que les lunes éclairent suffisamment. Et cette soirée est assez peu sombre, ce qui tombe bien. Enfin, voyons voir...
Les pupilles du khajiit de dilatèrent doucement, tel celles d'un lion guettant sa proie. Et c'était bien le cas. Un peu d'action était tout ce dont il avait besoin en ce moment. Il était resté bien trop longtemps sans faire d'exercice, et la peur du combat n'avait désormais plus sa place dans son esprit.
Son sang bouillonnait dans ses veines, irriguant tout son corps d'un flot d'adrénaline intarissable, tandis qu'il scrutait chaque détail possible de ses yeux ambrés.
- Oui, murmura t-il finalement à demi-voix. Ça s'annonce plutôt bien...
J'ai la flemme en ce moment, en partie (complètement) à cause des jeux vidéo notamment, mais je poste la suite avant la fin de la semaine
J'ai pas pu poster plus tôt, je m'en excuse !
Chapitre 37
Dans l'obscurité de la nuit, deux ombres furtives passèrent par dessus les murs, et se laissèrent tomber à l'intérieur du campement. La première attacha une capuche de cuir autour de sa tête, puis huma l'air nocturne.
- Tu sens quelque chose, Ri'Drassa ? chuchota l'autre en jetant un regard anxieux autour d'eux.
- Non, répondit Renji. C'est étrange, mais au moins nous sommes tranquilles pour le moment... Aucun bandit en vue.
- Bien, faisons cela le plus rapidement possible.
Le khajiit acquiesca, puis s'accroupit pour continuer sa progression plus discrètement. Nemira le suivit quelques mètres en arrière, sans faire le moindre bruit.
Pour le repaire d'un groupe de bandit, l'endroit était remarquablement bien tenu. Plus de quinze cabanes étaient alignées les unes à la suite des autres, formant un quadrillage parfait. À chaque porte figurait un numéro, et toutes les habitations semblaient posséder chambre, toilettes et salle d'armes.
Le khajiit s'engouffra par une fenêtre entrouverte, et disparu dans les ténèbres. Nemira se cacha derrière un amoncellement de provisions, et patienta jusqu'au retour de son ami. Ce dernier ressurgit une poignée de minutes plus tard en ouvrant grand la porte, chancelant.
- Merde... Ils se sont drogués au skooma ! jura t-il en s'appuyant contre le mur du cabanon.
- Zut ! J'aurais du y aller, vu les effets de ces substances sur 3l'organisme des khajiits... Mais pourquoi est-tu resté dedans aussi longtemps dans ce cas ?
- J'ai senti quelque chose d'étrange, en plus du skooma... Tu n'aurais pas remarqué, l'odeur était très légère.
- Et alors ? De quoi s'agissait-il ?
- Je n'ai pas réussi à le déterminer, murmura Renji en secouant la tête. Tu n'as vu personne de ton côté ?
- Pas un chat. Enfin, tu m'as compris...
- C'est pas normal... On en a vu deux le long des murs, alors ils ont dû établir des tours de garde... On aurait déjà du voir quelqu'un, je n'aime pas trop ca.
- Moi non plus, renchérit la dunmer. Faisons ce qu'on a à faire et tirons-nous d'ici en vitesse.
Ils reprirent donc leur investigation, jetant un coup d'oeil prudent à chaque croisement, faisant leur possible pour éviter les feuilles mortes et l'herbe afin de ne pas trahir leur position. Mais toujours personne en vue...
À mesure que les deux amis s'enfonçaient au cœur du campement, à l'affût du moindre son, plusieurs signes commencèrent à les inquiéter sérieusement.
Aucun souffle de vent. Alors qu'il couvrait aisément leur discussion à leur arrivée dans le repaire des malfrats, il laissait désormais place à un silence étouffant. Ils avaient l'impression dérangeante de marcher sur du verre tant leurs pas paraissaient bruyants en résonnant dans le noir. Il n'y avait pas le moindre son mis à part celui qu'ils faisaient. Si quelqu'un avait été caché au détour d'une maison, il les aurait immédiatement repéré, et aurait sonné l'alerte.
De cette conclusion découlait naturellement leur principale source d'inquiétude : l'endroit était manifestement vide. Et cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose...
- Ils sont déjà partis... fit Renji, frappé de stupeur. Ils savaient très bien que nous allions venir ici. Nemira, c'est un piège !
Rigel se redressa brutalement sur sa couche et jeta un coup d'oeil circulaire à la clairière dans laquelle il se trouvait. Se relevant avec précipitation, il éteignit le feu de la pointe de sa botte en jurant. Il avait commis une erreur.
- Tout le monde ! Préparez-vous à vous battre ! cria le bréton en dégainant sa hache.
Trois formes se redressèrent en gémissant sous l'exclamation de leur Hérault, puis une quatrième tomba du haut d'un arbre. Rapidement, tous se mirent en cercle, et observèrent les alentours avec nervosité.
- Les amis, pardonnez-moi, pesta Rigel en grognant. J'ai fait une erreur de débutant, j'en ai bien peur.
- Que voulez-vous dire ? demanda Rurick en fixant tour à tour les zones d'ombres qui les entouraient.
- Nous ne connaissons rien du terrain, voilà tout. Nous aurions mieux fait de dormir en haut d'un arbre ou dans les fourrés. Au lieu de cela, nous sommes parfaitement exposés au danger, sans moyen de contrer notre adversaire. Nous aurions mieux fait d'attaquer de front, au lieu de camper en territoire ennemi. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne nous débusquent...
- Vous voulez dire... qu'ils connaissent l'existence de cette clairière ? Et qu'ils savent où nous sommes ?
Rigel n'eut même pas besoin de répondre. Un léger bruissement se fit entendre devant eux, puis un trait fusa des buissons à une vitesse irréelle. Il vint achever sa course dans la gorge du plus grand des deux impériaux, qui resta immobile, avant de basculer sans un mot.
- À TERRE !!! hurla le bréton en se jetant au sol.
Les autres suivirent, un peu tard cependant. Le pied de Rurick fut éraflé par une flèche, tandis que deux autres se plantèrent avec un sifflement aigu dans la poitrine du second impérial, qui posa un genou à terre en laissant échapper un gémissement plaintif.
Les Compagnons restèrent figés un moment devant cette attaque éclair, puis une ombre émergea du sous-bois. Il s'agissait d'un chat à la fourrure brune, qui fut bientôt rejoint par une vingtaine de khajiits, des hommes pour la plupart.
- Bienvenue dans notre humble territoire, chers visiteurs. J'espère que le cadeau de bienvenue vous aura satisfait... Enfin, je veux que vous sachiez que c'est un véritable honneur de recevoir les illustres Compagnons parmi nous.
Le meneur des assaillants fit signe au khajiit à sa gauche de s'approcher, puis lui chuchota quelque chose à l'oreille.
- Très bien, acquiesca t-il. J'y vais avec mon groupe.
Cinq bandits se joignirent à lui, puis prirent une direction bien connue des quatre Compagnons encore debout.
- Restez là, bande d'enfoirés ! hurla Rurick en se levant brusquement.
- Attends ! lui intima Athis. Garde ton calme !
Trop tard. Le nordique bondit vers le khajiit le plus proche, puis se retourna en dégainant sa masse d'un mouvement complexe. Le bois de l'arme fouetta l'air d'une bourrasque meurtrière, puis percuta de plein fouet sa cible, lui éclatant la cage thoracique. Une demi-seconde plus tard, alors que le voisin de la victime dégainait, Rurick frappa de nouveau, avec encore plus de violence. La tête du khajiit voltigea dans les airs, avant de s'écraser au sol, devant le dirigeant des hors-la-loi.
- Tu ne touchera pas à un cheveu de Renji et Nemira, tu m'entends !? Viens te battre, mon grand !
Les bandits s'écartèrent, laissant leur chef face au nordique.
Ce dernier esquissa une grimace dégoutée, entre le mépris et la hargne féroce qu'il vouait au genre humain.
- Très bien ! cracha t-il. Dans ce cas, vous allez tous mourir ici !
Le chaos gagna la clairière en un instant, laissant déjà place aux hurlements des premières victimes.
Pendant ce temps, les deux amis présents dans le campement cherchaient désespérément une solution pour venir en aide à leurs camarades sans se mettre en danger.
- Nemira ! On doit sortir d'ici ! jeta Renji en se mettant à courir.
- Attends !
- Comment ça, attends !!?
- Réfléchis ! répondit la dunmer. C'est exactement ce qu'ils souhaitent que l'on fasse ! Si l'on sort d'ici maintenant, ils vont nous cueillir en moins de deux !
- Qu'est ce que tu suggère, alors ?!
- On va retourner l'environnement contre eux, fit Nemira avec un sourire espiègle sur les lèvres.
- C'est hors de question ! rétorqua le khajiit. Rurick m'a fait promettre de...
- Il t'a... quoi ? demanda Nemira, le regard suspicieux. Oh, c'est pas vrai... Pour ta gouverne, je me débrouille tout aussi bien que vous. Et si tu as une meilleure idée, peut-être ?
- Très bien, entendu... fit Renji. Évite juste de te mettre en danger inutilement.
Le grincement sinistre des portes du campement les fit sursauter.
- Merde ! On a plus le temps d'élaborer une stratégie ! Prépare-toi, Ri'Drassa !
Lorsque six khajiits parvinrent au centre du campement, l'un d'eux renifla brièvement l'atmosphère.
- Les gars... Vous avez un peu abusé sur le sucrelune là, vous croyez pas ?
- Ta geule, Tosha, lui ordonna un grand khajiit à la fourrure rayée . On doit buter ces deux raclures avant le retour des autres. À moins que tu ne veuilles partager le sort de nos victimes ?
- C'est une menace ? grinça le premier khajiit.
- Non, je m'étonne juste que tu sois encore en vie, voilà tout. Fouillez l'allée de droite, vous deux, on reste ici en attendant.
Deux bandits partirent aussitôt inspecter les lieux, tandis que les autres s'assirent tranquillement, baissant ainsi leur garde. Le khajiit au pelage tigré reprit la parole d'un ton sarcastique :
- Tosha, évite de me manquer de respect devant tes frères, s'il te plaît... Je ne voudrait pas qu'ils aient de mauvaises idées et qu'il leur arrive quelque chose, vois-tu.
- Encore un coup de bluff, je suppose... Attends... C'est quoi, ce regard ?
- Non, rien. Je m'en fait juste pour tes frangins. Un malheur est vite arriv...
Un cri retentit soudain à travers le campement. Tous se levèrent et dégainèrent immédiatement, se dirigeant instinctivement vers la source du hurlement.
- On va buter ces enfoirés, les amis...
- Pas si vite, vous quatre !
Les malfrats se retournèrent, pour faire face à une jeune dunmer apparemment désarmée. Trois s'en approchèrent en ricanant, tandis que le dernier scrutait minutieusement les alentours.
- Tiens bon, Ri'... murmura Nemira en écartant les doigts. Je me débarrasse de ces guignols et j'arrive tout de suite...
Renji passa sous une table au moment où la lame de son premier adversaire fondait sur lui. Le khajiit se félicita d'avoir pu toucher l'épaule de son adversaire avant de se faire repérer. Ce genre de détails pouvaient faire basculer l'issue d'un combat... Il se plaça précipitamment de l'autre côté de la table, puis observa son second adversaire entrer à son tour dans le cabanon.
- Enchanté, fit le jeune khajiit d'une voix nerveuse. Moi, c'est Renji, et vous ?
Ses opposants ne répondirent pas et passèrent chacun d'un côté pour l'acculer dans un coin. Ils bondirent simultanément, et effectuèrent un coup de biais maintes fois répété. Mais leurs épées s'entrechoquèrent bruyamment, sans atteindre leur cible.
- Dommage, je suis sur qu'on aurait pu faire plus ample connaissance... fit Renji en se relevant de sa roulade. Dans une autre vie, nous serons peut-être amis, qui sait ?
- Ferme-la... Petit merdeux, tu t'allies aux humains, et tu oses te foutre de nous par dessus le marché ?
- Et bien, c'est un début de dialogue, ma foi un peu rude, mais je m'en contenterais...
Le premier khajiit se rua sur lui et balança sa lame en direction de sa gorge, mais Renji se pencha en arrière de manière à laisser passer le coup au dessus de sa tête. Se redressant brusquement, il saisit le poignet du bandit et le déboita d'une rapide torsion, avant de lui asséner un coup magistral en pleine poitrine. L'autre mit un peu de temps à réagir, ce qui permit à la recrue d'enchaîner sur une clé articulaire qui brisa les cervicales de son premier adversaire.
- Pose ton arme maintenant, où tu partagera le même sort ! cria le jeune khajiit en reculant d'un bond.
Son interlocuteur préféra se jeter sur lui en grognant. Son épée fusa dans l'air, mais il fut brutalement désarmé par un coup de talon sorti de nulle part. Une seconde plus tard, Renji était déjà passé sous la garde du hors-la-loi, et lui brisa la mâchoire d'un seul coup. Le khajiit s'effondra en tentant d'appeler à l'aide, incapable de riposter.
- Tes amis sont... déjà morts, pauvre fou ! haleta t-il simplement en se tenant le visage. La dunmer avec qui tu a passé la porte est condamnée ! Et... tu va la rejoindre... très bientôt...
- C'est fort dommage que notre séparation se fasse aussi brutale... déplora le jeune khajiit.
Renji dégaina, avant de planter son arme dans la jambe de son adversaire, qui poussa un hurlement hystérique. Il rampa pour échapper à son triste sort, mais la lame dure et froide vint se ficher entre ses omoplates, mettant fin à ses jours.
Le vainqueur se redressa, puis jeta un œil aux deux corps sans vie qu'il laissait derrière lui. Il songea en soupirant qu'il aurait très bien pu se trouver à la place de l'un d'eux, mais sortit finalement du cabanon.
«Nemira doit avoir besoin d'aide», se dit-il en se mettant à courir.
Athis laissa son épée plantée dans le cadavre de son dernier adversaire, et sortit une longue dague de sa ceinture. Évitant avec brio l'attaque d'un nouvel arrivant, il frappa avec fluidité son avant bras, puis se pencha pour passer sous un nouvel assaut. En se relevant d'une brève impulsion, il passa derrière le khajiit, et lui sectionna les tendons de la jambe sans ciller. Son opposant s'effondra et bascula sur le côté en hurlant lorsque la dague traca un arc mortel le long de son abdomen.
Déjà, deux autres malfrats se ruaient sur lui, griffes dehors.
«Non, pas deux, mais trois» se dit le dunmer en pivotant sur ses appuis.
Un violent coup de genou à l'abdomen le plia en deux, mais il parvint cependant à agripper la jambe de son agresseur. Sa dague fonça droit entre ses côtes, perçant la poitrine du bandit dans un geyser sanglant.
- Très bien, reculez ! cria quelqu'un.
Les hors-la-loi suspendirent soudainement leurs coups, et vinrent se placer aux côtés de leur chef.
Les Compagnons étaient en mauvaise posture : le premier impérial était mort sur le coup lorsque la flèche lui avait traversé la gorge, et l'autre, le torse en sang, était au bord de l'évanouissement. Rurick, quant à lui, était couvert de griffures et de coupures, et ses mouvements se faisaient de plus en plus lents à mesure qu'il s'épuisait. Seuls le dunmer et Rigel semblaient bien s'en sortir, mais le nombre ne jouait clairement pas en leur faveur. Huit malfrats sans vie gisaient sur le sol ensanglanté, pourtant toute trace de peur était absente du visage des survivants.
Doucement, les traits du dirigeant se firent plus durs, puis se déformèrent dans un craquement immonde. Ses muscles gonflèrent jusqu'à faire éclater ses vêtements, mais continuèrent leur croissance aberrante pendant de longues secondes.
- Par Azura... jura Athis en reculant. Ce n'était pas prévu !
La chose qui se tenait devant eux n'avait absolument plus rien d'un khajiit. Un monstre humanoïde de deux mètres cinquante de haut se dressait sur d'imposantes pattes, les fixant d'une attitude dangereusement calme. Sa tête était vaguement semblable à celle d'avant la transformation, mais était désormais encadrée d'une crinière flamboyante, semblable à une couronne de flammes. Ses griffes étaient épaisses comme des lames, et sans doute encore plus solides. Et l'intensité de son regard colérique semblait démultipliée par les pupilles du félin le plus imposant des déserts d'Elsweyr.
Un lion-garou. Le sang de Rigel se glaça instantanément lorsque les mots de son père lui revinrent en mémoire.
« Il serait stupide de penser que les loups-garoux représentent la seule espèce hybride vivant à la surface de Tamriel. Quand on parle de lycanthropie, on fait allusion à l'ensemble des races ayant pour base un animal et un être humanoïde. Enfin, passons... Les ours-garoux sont aussi redoutables que les loups, dans le genre de ceux qui achèvent un mamouth en quelques minutes. Mais encore une fois, ils ne sont pas les seuls... Crocodile, requin, lion, sanglier et j'en passe... Autant de créatures assoiffées de sang qui auront tôt fait de s'occuper d'un aventurier imprudent. Ne vous aventurez jamais dans leur repaire, sous aucun prétexte. Si vous en apercevez un lors de la guerre, fuyez. Rester serait stupide, et reviendrait à signer votre propre arrêt de mort...»
- Fuyez, maintenant.
- Pardon ? fit Athis en regardant Rigel. Tu attends de nous que nous te laissions seul face à eux ?
- Hors de question, répondit Rurick. Il est de notre devoir de nous battre de manière honorable, jusqu'à la mort s'il le faut. Et nous avons un blessé à protéger.
- Fermez-là et obéissez. Nemira et Ri'Drassa auraient bien besoin de votre aide.
- Je ne compte pas devoir enterrer un troisième Héraut de mon vivant, rétorqua le dunmer. Deux me suffisent amplement pour l'instant, rétorqua le dunmer en se mettant en garde.
- Je vous ai dis de fuir !!! hurla le bréton en leur jetant un regard colérique. Si je viens à mourir, il y aura bien quelqu'un pour me remplacer ! Alors barrez-vous sans faire d'histoires ! C'est un ordre !
Rurick et Athis se figèrent un instant. La mission avait été un échec cuisant, du début à la fin. Pourtant, ils le savaient, la décision de Rigel était mûrement réfléchie, et ils devaient la respecter. En fuyant maintenant, il leur restait encore une chance de sauver trois des leurs, afin de minimiser les pertes. Malgré la situation, ils se résignèrent à laisser leur Héraut épuisé, seul face à cinq adversaires.
Ils saisirent l'impérial, qui s'était évanoui, et disparurent dans les fourrés.
Le meneur des khajiits ricana d'une voix grave déformée par sa métamorphose :
- Quel noble sacrifice ! Tes subordonnés te pleureront pendant des années, je n'en doute pas ! J'en verserait bien une petite larme, mais je ne me passionne guère de votre sort, à vrai dire...
- Bien, ils doivent être assez loin, maintenant... Il n'aurons pas à entendre ça...
- Alors, tu préfères que mes hommes se chargent de toi, où je dois m'en occuper personnellement ? poursuivit le khajiit, sur de son triomphe.
- Pour commencer, chers amis, vous venez de faire une grande erreur en laissant mes hommes s'enfuir.
- Arrête tes histoires, pauvre fou ! plaisanta un bandit en s'approchant de lui, l'arme à la main. La région est sous notre contr...
Rigel saisit le crâne du malfrat entre ses mains, et exerça une légère pression avec ses paumes. La tête du khajiit éclata telle une coquille de noix, projetant des morceaux de cervelle partout dans la clairière.
- En second lieu, je ne compte nullement mourir ici, poursuivi le bréton en laissant retomber le corps tressaillant de sa victime.
- Occupez-vous de lui, fit le khajiit en tendant son énorme bras vers l'homme.
Les trois hors-la-loi restant se jetèrent sur lui en hurlant, pris d'une folie guerrière.
- En dernier lieu, pardonnez-moi... acheva Rigel, alors que ses omoplates s'extirpaient de son dos dans un craquement ignoble. Je ne maitrise pas très bien cette apparence, alors ne m'en tenez pas rigueur si je me montre un peu brouillon...
sweet
Ce week end si j'ai le temps, beaucoup de travail pour les dernières notes
Alors le chapitre sera la mercredi (voir mardi soir), j'aurais probablement pas le temps d'en écrire un autre en entier d'ici dimanche, mais à partir du 11 juin je serais en vacances, j'aurais tout le temps d'écrire, alors les chapitres vont pleuvoir comme... comme des pancakes !!!
Chapitre 38
D'une torsion du poignet, Nemira détendit doucement le fil qu'elle tenait dans la main. Lorsque le premier adversaire arriva à sa portée, elle recula brusquement, et se mit à courir dans la direction opposée de celle qu'avait prise Renji.
Trois khajiits se lancèrent à sa poursuite, tandis que le dernier disparu dans un coin d'ombre.
- Vous êtes bien lents, pour des félins ! cria la dunmer en se faufilant entre deux cabanes.
- Ferme-là, peau grise ! rugit son poursuivant le plus proche. Arrête-toi un peu, que l'on voit ce que tu vaux en un-contre-un !
Nemira pivota et projeta son fil derrière un tonneau, puis s'arrêta pour faire face à ses opposants.
Le premier se jeta sur elle sans même prendre le temps d'examiner sa posture. Un coup de pied ferme lui fouetta les cotes, et fut suivit d'une balayette qui le coucha au sol. Le deuxième était déjà sur elle, et tenta de lui asséner un puissant coup de griffes, qu'elle évita de peu. Lorsqu'elle croisa les mains, les appuis du khajiit furent fauchés par une ligne invisible, qui remonta en s'enroulant autour de lui. En une fraction de seconde, il se retrouva prit au piège, les bras plaqués le long du corps.
Le troisième khajiit se contenta de sourire en reculant doucement. Puis il tourna tout à fait les talons, au pas de course cette fois-ci.
Nemira fronça les sourcils lorsqu'elle se rendit compte que son ami devait encore être en plein combat. Puisqu'ils s'étaient rendus compte de sa force, il était logique de penser qu'ils allaient tenter de submerger Renji, pour revenir vers elle une fois l'avantage en leur possession. S'ils décidaient en plus de le prendre en otage, la situation allait rapidement devenir ingérable. Elle ne pouvait donc pas se permettre de le laisser fuir.
Nemira se rua derrière le hors-la-loi, et tendit la main vers son dos. Celui-ci se pencha à une vitesse impressionnante, laissant le fil de la dunmer passer au dessus d'elle, avant de le saisir à deux mains, comme s'il avait anticipé sa trajectoire. Il tira sèchement sur le lien, et Nemira se retrouva attirée en avant, sans pouvoir réagir. Un coup fusa vers elle, mais d'un réflexe de survie, elle replia les bras autour de sa tête. La frappe se fit néanmoins assez violente, et la projeta contre un mur, contre lequel elle se cogna violemment le crâne.
Le khajiit s'avançait de nouveau vers elle, mais lorsqu'il dégaina, quelque chose se produisit. Pendant une fraction de seconde, il crut apercevoir un filet se déployer autour de lui, coupant toute possibilité d'attaque ou de fuite, couvrant chaque angle avec une précision démentielle. Il se sentit soudain compressé de toutes parts, et s'éleva dans les airs sans la moindre explication, laissant échapper une exclamation de stupeur. Il continua à monter un moment, puis retomba violemment vers le bas, pour se briser la colonne vertébrale contre un rocher.
Une goutte de sueur coula le long du front de la jeune dunmer, qui se releva en s'essuyant le visage. Elle exécuta quelques mouvements dans les airs afin de réajuster ses fils, puis décida de se diriger vers ses deux prisonniers.
Mais comme elle le redoutait, elle trouva désert l'endroit où ils se trouvaient un instant plus tôt. Les liens retenant le premier étaient proprement tranchés, tandis que seul une trace au sol attestait de la présence de celui qu'elle avait maîtrisé. Ils s'étaient sans doute volatilisés en profitant de la fuite de leur camarade...
«Une diversion», comprit-elle soudain en faisant volte-face. S'ils avaient cherché à la piéger, ils pouvaient être fiers d'eux. Mais il allait en falloir un peu plus pour lui échapper...
Renji tenta un regard au coin d'un bâtiment. Le lieu était désert depuis la fin de son affrontement... Et il n'avait pas la moindre idée du nombre d'adversaire auquel lui et Nemira faisaient face. Une chose était sure, Rigel et les autres devaient être en plein affrontement, et auraient sans doute besoin d'aide d'ici peu.
Le khajiit sortit totalement à découvert et avança le plus doucement possible entre les cabanes et les tentes vides. La lumière du jour finit par poindre à l'horizon alors qu'il arrivait en vue d'un croisement plus important. Il s'agissait de celui où il avait laissé Nemira, une demi-heure plus tôt.
Quelque chose passa quelques mètres derrière lui, sans faire le moindre bruit, sans faire crisser la moindre feuille. Mais les poils de Renji se hérissèrent instantanément, et il se retourna en une fraction de seconde. Il se retrouva face au vide, sans aucun signe de vie alentour.
«Je stresse beaucoup trop», pensa t-il en secouant la tête.
Il se redressa et s'apprêta à reprendre son chemin, lorsqu'il détecta un second mouvement, devant lui cette fois-ci. Ce coup-ci, il n'attendit pas, et se rua en avant. Il se faufila à la hâte entre deux tentes, pour déboucher sur une petite zone parfaitement vide, d'une dizaine de mètres de diamètre.
Deux khajiits se tenaient face à lui, le regard mauvais.
Renji se figea. Cette odeur si particulière qu'il avait senti mêlée au sucrelune, dans la cabane... Il pouvait la reconnaître, à présent. C'était sans aucun doute celle d'un khajiit. Les deux qu'il avait affronté plus tôt étaient loin d'être les seuls présents ici. Il comprenait désormais mieux pourquoi Rigel souhaitait qu'il accompagne Nemira dans le campement malgré son manque de discrétion... Son supérieur voulait qu'il se fonde dans la masse, pour frapper de l'intérieur.
Un goût amer envahit la bouche de Renji. Il détestait être laissé à l'écart. Il détestait ne pas savoir dans quoi il s'engageait, spécialement lorsqu'il s'agissait d'un ordre. Pour lui, cela relevait plus de la manipulation que de la stratégie. Il dégaina néanmoins, sentant une colère sourde gagner son corps, mêlée à l'adrénaline.
- Allez, par qui je commence ? fit-il d'une voix faussement enjouée.
Simultanément, les deux bandits se jetèrent sur lui. Le Compagnon évita aisément le premier assaut, et taillada le bras de l'un des deux khajiits d'un rapide coup d'estoc. Le blessé grogna et tendit la main vers lui.
La dague qu'il tenait fut projetée vers lui, comme attirée par un aimant. Renji bloqua le projectile et se retourna pour dévier un coup de son second assaillant, sans succès. La lame traca une ligne rouge le long de sa joue, lui arrachant un gémissement. Il balança rageusement sa lame vers le torse de son ennemi, mais celui-ci se mit hors de portée d'un petit bond en arrière. L'autre entamait déjà un nouvel assaut, et faillit lui crever un œil.
Les forces décuplées par l'excitation du combat, Renji bondit en arrière, et se réceptionna sur les mains, avant de se remettre en garde. Un filet de sang ininterrompu lui coulait le long du visage, obstruant sa vision. Même si la douleur restait modérée, elle n'en demeurait pas moins présente. Les choses débutaient assez mal.
La recrue sprinta vers son premier adversaire avant que ce dernier ne rejoigne son allié. Il tenta une feinte, mais fut repoussé d'un coup de pied nonchalant, qui lui comprima douloureusement la cage thoracique. Il s'écroula à genoux, suffocant.
- Tu es misérable, petit ignorant ! lui jeta le malfrat avec une lueur de dégoût dans le regard. Je ne vois même pas pourquoi tu as décidé de rejoindre les Compagnons, vu ta force minable !
- Une fois que tu m'auras tué... haleta Renji. Une fois que tu sera débarrassé de moi, pense à enterrer tes deux potes. Ils sont dans l'avant dernière cabane au Nord... Enfin, pas sûr que tu parviennes à les différencier, vu leur état...
- Qu'est-ce que tu as dit !!? rugit le hors-la-loi, un rictus furieux soudain gravé sur le visage.
- Il faudra... peut-être les enterrer ensemble, à mon avis... Tu te rappelles de leurs noms, j'espère ?
sweet?
D'ici trois petits jours tout au plus
Chapitre 39
Lorsqu'il fut arrêté, à la tombée de la nuit, le groupe établit un semblant de campement, et entreprit d'allumer un feu. La marche avait été pénible et silencieuse, chacun ayant encore le goût amer de la défaite dans la bouche.
- Mange, dit Athis en tendant un morceau de viande séchée à Renji.
- Je n'ai pas faim, merci, refusa ce dernier.
- Ne joue pas à cela. Tu ne peux même pas marcher, et tu n'a sans doute pas dormi depuis avant-hier. Tu dois te reposer, je ne veux pas d'un poids mort.
Les gémissements de l'impérial détournèrent l'attention du dunmer un instant. La recrue en profita pour se traîner douloureusement jusqu'à Rurick, assit en tailleur sur le sol, la mine fermée.
- Il a raison, fit simplement le nordique en sortant un morceau de fromage de sa sacoche. Tu dois reprendre des forces si nous voulons avoir une chance de contre-attaquer.
- Hors de question ! lui lança le dunmer en changeant les bandages du blessé. Nous allons rentrer à Jorvaskr en un seul morceau en attendant de voir ce que Titus prévoit pour la suite des opérations.
- Alors, c'est à lui de reprendre les rênes... soupira tristement Nemira. Les choses changent vite par ici...
- Ne vous méprenez pas, c'est un excellent dirigeant, doublé d'un habile orateur. Et c'est un stratège hors-pair.
- Vous pensez que son groupe s'en est sorti ? le questionna l'elfe noire.
- Aucun... doute... gémit l'impérial en relevant péniblement la tête. Nos meilleurs... guerriers sont avec lui... Sheik, Oka et Zede-Tei... ils sont innarêtables.
- Arrête de gigoter, j'essaye de panser tes blessures, lui intima Athis. Aucune inquiétude pour Titus et les autres, ils s'en sont sans doute mieux tiré que nous.
- Ce n'est pas bien difficile, d'un autre côté... reprit l'impérial en grimaçant. Rigel et Lucien sont morts, et nous sommes plutôt... mal en point...
- Ton frère était un guerrier honorable, Radann, soupira le dunmer. Et je ne connaissais pas meilleur archer que lui au sein des Compagnons.
- Je ne savait pas que vous étiez frères, dit Renji, l'air désolé. Vous étiez en Bordeciel depuis longtemps ?
- Depuis toujours... Nous servions dans la légion impériale, à Faillaise. Après la rébellion et la fuite d'Ulfric, nous avons démissionné pour rejoindre les Compagnons. Nous en avions assez de nous battre contre... nos frères... alors que le véritable ennemi était à nos portes. Notre Hérault l'avait comprit, lui aussi. Il vouait sans doute... une haine viscérale au Thalmor, tout comme nous. Pourtant, il n'a jamais montré de signe de réticence vis-à-vis de quiconque, elfe ou humain. C'était un chef exemplaire... Oh, j'ai mal !
- Je vois, fit Nemira. Je ne peux prétendre savoir ce que vous ressentez, mais la perte de votre frère m'attriste. Ce devait être quelqu'un de bien, tout comme Rigel.
- Ne soyez pas si moroses... fit l'impérial, la voix de plus en plus faible. La vie continue pour nous, même si... elle les a quitté. Chaque instant passé dans la légion puis chez les Compagnons nous a préparé à ce moment. Nous n'allions tout de même pas rester ensemble toute notre vie, cela aurait été... bien trop monotone. Enfin, ils doivent bien... rire de nous depuis Sovngarde...
L'homme fut prit d'une quinte de toux violente, et se retourna pour vomir un flot de sang noirâtre. Il inspira longuement, tremblant de tout ses membres, puis bascula sur le dos dans un long soupir.
- C'est fini, déplora Athis en posant la main sur le torse de Radann. Il nous a quitté.
- Fait chier ! ragea Rurick en frappant le vide. Ca n'aurait pas dû se passer comme ça ! Si seulement on pouvait revenir en arrière...
- Ici, tu es le seul à ne pas avoir comprit, cracha le dunmer, le regard plein de mépris. Je vais faire preuve d'un peu de bonne volonté, puisque tu es débutant, mais saches que ce genres de propos n'a pas sa place parmi nous. Cet homme a fourni plus d'efforts que vous tous réunis ! Il a saigné, pleuré et rit à nos côtés, et ce depuis bien plus longtemps que vous ne pouvez l'imaginer ! Et il est parti avec le sourire, blessé mortellement à l'issue d'un combat ! Il n'existe pas de fin plus glorieuse pour un Compagnon ! Alors ne t'octroies sous aucun prétexte le droit de lui enlever la fin glorieuse qu'il a mérité !!! Peine, douleur, rage et joie sont les différentes facettes de la vie d'un fils d'Ysgramor. Ces émotions, ces sacrifices, nous rendent plus fort, pour nous préparer à rejoindre nos ancêtres tombés au combat ! Que vous mourriez face à l'ennemi ou empoisonné dans votre lit ne change rien à ce que vous êtes !!! Vous êtes des guerriers, vous êtes de ceux qui se battent sans abandonner ! Le jour où vous serez ouverts à cette idée, vous pourrez enfin gravir les échelons comme tous l'ont fait avant vous. Vous vous croyez dignes ? Prouvez-le, montrez-vous matures et acceptez la défaite de temps en temps.
Les paroles du dunmer claquèrent comme un coup de fouet aux oreilles de Rurick. Il se rassit sans rien répondre, et contempla le sol d'un œil vague pendant plusieurs minutes. Renji lui adressa un signe de tête compatissant, puis s'allongea pour trouver un peu de sommeil. Les autres se couchèrent à leur tour, épuisés par leur fuite et effondrés par les pertes qu'ils avaient subi.
Athis avait raison, le nordique en était bien conscient. Ces deux frères avaient mérité leur place dans l'au-delà. Mais la simple idée de savoir qu'un sort pareil aurait pu attendre Renji où Nemira le mettait hors de lui. Sa vie, il l'avait passé au service des Telvanni, à protéger une héritière aux origines obscures, tel un vulgaire mercenaire sans avenir ni valeurs. Ce qui lui avait permi d'avançer était la confiance que les autres lui accordaient. D'abors Nemira, puis Renji, et nombre d'autres Compagnons depuis. Il avait une famille, maintenant. Et il refusait de se la voir arracher par des inconnus, sous prétexte que certains devaient vivre et d'autres mourir. Il allait tuer ce soir, lui aussi. Mais chaque vie qu'il prendrait en sauverait dix autres, il en était persuadé.
Rurick se leva sans un bruit, et se dirigea vers la forêt, très loin derrière eux. Il allait venger ces familles de paysans terrorisées, venger la mort de Rigel, Lucien et Radann. Parce que la vie de ses amis serait en danger tant qu'il resterait une raison pour eux de prendre les armes. Il avait hésité depuis son arrivée à Blancherive, mais désormais, il n'avait plus peur de se salir les mains.
«Je fait ça pour vous», souffla t-il en accélérant le pas. Il allait leur montrer que lui n'abandonnerait pas la lutte avant de l'avoir emporté ou d'être mort au combat, en se battant de toutes ses forces.
Titus pénétra en trombe dans le Hall des Compagnons, haletant. Il se dirigea vers la table de banquet et y saisit une choppe à moitié pleine, qu'il vida d'un trait sans se soucier de son contenu. Alors qu'il la reposait, sa soif apaisée, il entendit les acclamations des habitants, à l'extérieur. Il préférait laisser la gloire de la réussite à ses hommes, et se contenter des choses simples. Il s'assit en soupirant sur une chaise.
- Ce devait être une bien belle bataille, fit une voix dans son dos.
Le vieux nordique se retourna pour apercevoir Vignar Grisetoison, assit sur les marches à l'entrée.
C'était un nordique âgé, allant déjà sur ses soixante-dix ans, au teint tanné par le soleil. Sa chevelure grisonnante lui couvrait la nuque et les épaules, comme toujours, et une moustache imposante lui ornait le bas du visage. Il était vêtu de son habituelle tenue de noble orangée, à l'allure flambant neuve même après des décennies d'utilisation. Une épée d'acier pendait à sa ceinture, rappelant le passé de cet homme aujourd'hui retiré des affaires.
- Oh, je ne t'avais pas vu, l'ami, s'excusa Titus en se levant.
Les deux hommes échangèrent une poignée de main amicale, puis s'instalèrent sur un vieux banc à moitié disloqué par le poids des années.
- Tout a bien changé depuis que tu es arrivé ici, fit Vignar en étendant ses jambes. Et en bien, tu peux me croire. Ce n'est pas l'autre qui aurait fait quoi que ce soit de cette ampleur...
- Tu parles de Rigel ?
- Non, je parle de ton prédécesseur... Il passait ici une fois par mois, tout au plus...
- Il est vrai que je ne l'ai vu que le jour de mon arrivée parmi les Compagnons. Un homme étrange, n'est-ce pas ?
- Ouais. Et un fervent défenseur de l'Empire par dessus le marché. Le genre de type que je ne supporte pas en temps normal, en bref.
- À l'époque, j'étais le plus vieux membre à vous rejoindre, fit Titus en souriant. C'était un moment mémorable pour moi.
- Comme pour nous tous ! clama le nordique en riant. On aurait eu du mal à se passer de toi, tu sais. Enfin, les choses vont mieux maintenant.
Vignar frisa sa moustache d'un geste expert, marqua une pose, puis reprit :
- Si je n'était pas si rouillé, je me serait volontiers joins à vous. Je me demande bien comment tu fais... À quatre vingt-cinq ans, la moitié des nordiques sont déjà six pieds sous terre !
- Je suis bien conservé, tu ne trouves pas ? plaisanta le vice-Hérault avec un sourire audacieux.
- C'est étrange, Rigel et Athis devraient déjà être de retour...
- Ils ont dû rencontrer un imprévu en route. Enfin, moi je vais me coucher, j'ai besoin de repos.
- Attention à enlever tes bottes en arrivant dans le dortoir ! Tilma vient de passer le balai, elle va être furieuse si tu y traines tes bottes pleines de boue !
- Je vais éviter de m'attirer des ennuis, elle serait bien capable de me tuer ! répondit Titus en descendant les marches.
Il se dirigea d'un pas vif en direction de sa chambre, puis se dévétit, laissant apparaître un torse musculeux et couturé de cicatrices. Il s'étala sur son lit et laissa le sommeil le gagner.
Alors qu'il commençait à s'endormir, il fut saisit d'un sombre pressentiment. Il se releva en sursaut et poussa un grognement :
- Rigel, ne fais pas ça...
Rurick avança, des heures durant, parcourant à l'envers le chemin qu'ils s'étaient tracé à travers les plaines. Il ne prettait guère attention à sa blessure au pied, ni à la fatigue, qui se faisait pesante sur ses épaules. À mesure que ses forces s'amenuisaient, il se sentait envahi d'une colère froide, indomptable, et d'une envie de revanche qui lui donnait le courage de continuer. L'herbe ondulait silencieusement sous ses lourdes bottes, lui donnant l'aspect d'un chevalier sortant vainqueur du combat après une glorieuse bataille, les cheveux au vent. Mais il venait d'essuyer une défaite terrible, qu'il refusait d'accepter. Et, il le savait, il allait avoir du mal à arracher la victoire cette fois-ci.
Il faisait nuit noire lorsqu'il arriva aux abords du campement. Le chant des grillons et le souffle du vent nocturne couvrait le bruissement de l'herbe accompagnant ses déplacements, lui assurant discrétion et sécurité. Il craignait néanmoins de commettre une imprudence, à cause de la fatigue qui le tiraillait depuis plusieurs heures maintenant. Ses paupières se fermaient parfois pendant de longues secondes, ne se rouvrant qu'au prix d'un effort innommable.
«Non, je dois continuer», se dit-il, autant pour se rassurer en vue du combat que pour rester éveillé.
Il décida d'opter pour la sûreté, et obliqua vers le Sud, en direction de la clairière. S'il parvenait à dénombrer les victimes, il aurait une idée plus précise de l'effectif ennemi avant de passer à l'action.
Il pénétra dans la forêt, étrangement sombre malgré la pleine lune. La lumière de la voute céleste semblait obstruée par l'épaisseur du feuillage noir, s'accrochant encore à la cime des chênes malgré l'hiver naissant. L'obscurité fût bientôt totale, forçant le nordique à tatoner entre les branches mortes et les fourrés. Il parvint cependant à destination après de nombreuses minutes de déambulation.
La lumière filtrait péniblement entre les feuillages épars, laissant à peine visible le sol de la clairière. L'odeur était saisissante, et assaillit les narines de Rurick, qui eût un mouvement de recul. Pour la première fois, il voyait la réalité en face. Les corps ne disparaissaient pas dans la nature, ils n'étaient pas enterrés par la garde. Ils se décomposaient durant des semaines, faisant régner le climat de mort et de désolation auquel il faisait face actuellement.
Rabattant le col de sa tunique sur son nez, il fit un pas en avant. Lorsqu'il entra au milieu du charnier, il prit conscience du carnage qu'ils avaient engendré : partout, des cadavres, du sang, et des entrailles. Des corps brisés, au torse déchiqueté et aux membres disloqués, affublés d'un rictus furieux, comme figé par la mort sur leurs visages tuméfiés. Un bruit de chair mastiquée attira son attention. Son cœur bondit violemment dans sa poitrine, chassant en un instant la fatigue accumulée au fil des heures.
Au centre de la clairière. Une forme sombre, sinistre, repliée sur elle même, le dos voûté. Les griffes maculées de sang, les crocs enfoncés dans le ventre d'un cadavre fumant. De longs poils, noirs et drus. Une masse de muscles prête à donner la mort à chaque instant. La créature s'immobilisa, alors que le nordique s'était figé lui aussi, cloué sur place par une terreur abyssale. La chose se tourna vers lui. La recrue ne voyait plus qu'une chose, désormais. Ces yeux de braise le fixant, tandis qu'un grondement rauque emplissait les bois.
- Oh, gémit Rurick. Merde...
sweet?
Je suis en stage dans un laboratoire cette semaine, je vais essayer d'en faire un avant vendredi
non mais te presse pas hein c'est bientot les vac' on peut attendre jusque là mais si t'insiste...
Je suis en vacances depuis le 11 juin
Les joies du lycée
Bon, j'ai fini le chapitre avant hier, j'ai juste pas trouve le temps de poster, donc je le met demain matin, et je commence la redaction du suivant.
Et j'ai un coup de soleil dans le cou