Au petit jour d'hier, à l'ouverture des choses,
Des arbres et des femmes, des épines des roses,
J'ai senti fuir de moi tout élan d'existence
Il pleut sur les ruelles ; ma vie est grise et rance.

Fini les poèmes fiers, fini les claires proses,
Les marbres et les âmes, les rimes et les poses,
Fini aussi le bois, les ballades d'enfance,
Eteintes les chandelles ; vive la déshérence !

Je griffone sur papier quelque vieux testament ;
La bonne trouvera mon cadavre par terre,
Elle sera horrifié par ce morceau dément

De fin de vie, de souffle, et de fin de prières.
De ma dernière maison je ne vais plus souffrir ;
Je suis bien fatigué, je m'en vais m'endormir.

Le-SupeR-Pro: J'ai trouvé joli, bien que triste, ton poème "l'exil". Tu m'as fait voyager à moindre frais..!

Jean_Dezert: Parmis tes poèmes que j'ai lu (c'est vrai, j'avoue je ne les ai pas tous lu... du moins pas tous en entier) c'est mon préféré! Au-delà d'une certaine noirceur romantique qui s'en dégage et que j'apprécie tout particulièrement, je trouve qu'il est un subtil mélange de classicisme et de modernité (surtout sur le ton, le language, le vocabulaire). Cependant un petit quelque chose me dérange... Je trouve parfois le choix de la sonorité des mots employés un peu trop gaie par rapport au thème abordé( surtout le "i" qui est une sonorité qui oralement rappelle ostensisblement le rire; cela est couramment employé). Mais c'est vraiment un détail ça!

Eh bien c'est très gentil.
Quand même, spécialiste de l'ergotage et du pinaillage, lestat8601 !
Mais c'est aimable à toi.

L'amour comme un serpent s'insinue tout en moi
Au gré du fin parfum de ses calmes baisers
Le toucher de ses seins dans l'air s'est enlisé
C'est un parfum sans fin qui me saoûle d'émoi.

Un gai sourire aux lèvres, le coeur épais, j'attends
L'heure, bénie-soit-elle, de sa tendre visite,
O Dieu des âmes lourdes, qu'elle vienne au plus vite,
Et que dans l'air mauvais elle résiste au temps.

La cour et le jardin en sont tout enbaumés
Du chaud contact pur de son corps tiède et doux,
Un bavard alizé annonce le redoux

De ses cheveux en fleurs, de ce pas tant aimé.
Si bien qu'à l'arrivée de son coeur qui frémit
Dans le lit de la chambre je me suis endormi.

Jean_Dezert
Posté le 16 avril 2009 à 15:15:06
C'est la forme poétique dans laquelle je suis le plus à l'aise ; bizarrement, je me sens plus libre dans un sonnet, et plus engoncé dans une forme libre.

Etonning, no ?

J'ai la même chose.

J'espère que ça va évolué.

Branlante, la porte cède face à l'assaut du vorace,
Sans lui offrir la moindre résistance.
C'est qu'elle est mal huilée, et elle grince!
La franchissant, moults gémissements métalliques;
Froids et mécaniques.

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Hop, voilà une improvisation de prose poétique. Je pense fouiller cela, mais j'ai peur, je dois le dire, de gâcher la métaphore, et donc la valeur implicite du message de ce texte, en le retravaillant.(Car le travail tue la spontanéité, et tend à vouloir structurer, et à expliciter. Il faut donc trouver l'équilibre, peut être la part la plus difficile dans notre rôle d'artiste, surtout pour moi qui ne suis ni un classique, ni un symboliste. Plutôt un baroque )

Parce que je t'aime, je dois te fuir
Et fuir ton visage - pardonne moi.
Comme s'accorde ton si joli minois
Avec ma froide mine de cire!

Parce que je t'aime, ma face à moi
Devient blafarde, aigre et piteuse
A la fin tu la trouverait affreuse
Je veux t'éviter - pardonne moi

La tristesse a le visage de l’Homme.
Ce dernier a vu les étoiles.
De ce fait, il sait ; et il ne cherche plus.
Il traverse un désert aride nommé « la Vie » ;
Un lieu inhospitalier, rempli d’êtres incapables d’admirer le ciel, et de s’y abandonner,
Ayant peur de ce qu’ils pourraient alors voir : un infini grimaçant,
Un vide clos et boursouflé par une présence, sans cesse naissante et mourante,
La Vie, qui n’est jamais la même : Etrange chose !
C’est là la toute puissance des atomes qui entre en jeu.
Les étoiles sont la clé : des phares nous guidant vers la compréhension de la vie.

Et l’Homme triste ne prend plus pitié de ceux qui végètent.
Cherchant un écho au vide qui l’emplit, il répand le malheur. Il avance.
L’amour n’est qu’une souffrance en sursis, et empêche le mouvement, alors, il le rejette.
Drapé d’un voile de cruauté, il est rongé par les remords.
Ce conquérant tragique ne cherche qu’à retourner au vide,
A être oublié, pour enfin disparaître ;
Et alors, laisser sa souffrance s’effacer,
Laisser les atomes se libérer, et se lier à nouveau, mais différemment.
Une nouvelle vie émerge alors, et avec elle, peut être une nouvelle forme de bonheur ?

L’ombre se fane…

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Voilà, ce n'est pas grand chose, peut-être 10 minutes de travail, je n'ai pas pour habitude de poster des textes dont je ne suis pas totalement satisfait. Attendez-vous à en voir une mouture "convenable" dans les jours qui suivent. Ceci n'est rien de plus qu'une démo, comme en musique. Maintenant, il faut mixer et sampler tout ça, pour lui donner davantage de profondeur et d'intelligence

Ça me fait beaucoup penser à Spawn.. suis-je dans le vrai ?

Spawn? tu parles du héros de Comics? Je ne l'ai jamais lu.
Non, disons que c'est un ressenti personnel, qui avait besoin de s'exprimer.

C'était un creux d'été, chaud et mûr comme ces fruits
Qui prennent le soleil du fond de leur panière.
Il faisait bleu et bon comme aux beaux jours d'hier
Où le ciel, de plaisir, ronronnait sans un bruit.

L'air était calme, filait, d'un bruit, léger, limpide ;
Sous la vieille tonnelle elle se tenait assise,
Nous ne faisions rien, la vie était promise
A bien de jolies joies sous des soleils torrides.

Le soleil se couchait, la lune apparaissait,
Inclinant, souriante, sa fantasque coupole
Vers nous qui en pleurions ; le soir s'enhardissait.

Nous allions nous cacher dans les campagnes folles,
Les figuiers et la nuit regardaient, sans un mot
Les tous premiers baisers qui d'alors furent le lot.

Hé bien, Jean_Dezert, on voit que le printemps est là! (c'est un compliment, ton sonnet est très bon, comme à l'habitude)

Trés sympa ton dernier sonnet Jean_Dezert.On en entendrait presque les cigales..! Cependant attention aux répétitions.

Bon je précise que le deuxième poème je sais pas encore si je vais rajouté un deuxième paragraphe ou changé quelque petit détail (mais bof, j'aime bien laisser comme sa me vient).

Articulation
Posté le 21 avril 2009 à 15:47:13
Hé bien, Jean_Dezert, on voit que le printemps est là! (c'est un compliment, ton sonnet est très bon, comme à l'habitude)

Oui je parlais bien de ce Spawn là ^^
Ben ça rend plutôt bien en tout cas je trouve après un première lecture rapide.

[fat-fux] j'ai préféré le premier poème, "le naufragé",plus sobre, et, d'une certaine manière, plus sombre.

Kazy merci!

L'été est imminent, et ma mort l'est aussi ;
Je vois dans le jardin les enfants jouer et rire
Dessous les couvertures je sue et je respire
Mal ; il est évident que mon séjour ici

Touche à sa fin prochaine, mais j'en ai l'habitude.
Alors dans le soir mauve, dans l'horizon en flammes
Je dessine au fusain les années et les femmes
Qui jadis dans ce lit souriaient d'hébétude.

Je rêve, et je m'envole, par dessus l'autrefois,
Par dessus le passé, l'avant et le naguère ;
Au temps qui se redit je mènerai la guerre,

Je n'abandonnerai pas mes souvenirs et ma foi.
Oui, le présent est plat ; mon passé vit encore
Mais il ne vivra plus quand soufflera la mort.

Quel contraste avec ton précédent sonnet, ils pourraient presque forme une paire, à la manière de collection de tableau! (tu sais, ses tableaux qui ne sont vendus que par paires, car seuls, ils n'ont aucune valeur, mais ensemble, valent une fortune colossale!)

4000?

Il y a une ambiance crépusculaire qui se dégage de ce sonnet. C'est un peu languissant, doux, tout dans la retenue. Tu n'exploses jamais et tu délivres l'émotion au fur et à mesure, j'aime beaucoup ça. Bon, y a quand même deux ou trois problèmes de forme, je pense notamment à des vers qui ne sont pas en alexandrins et sur lesquels j'ai buté au niveau du rythme :
"Dessous les couvertures je sue et je respire"
13 syllabes avec le "e" de couvertures.
"Touche à sa fin prochaine, mais j'en ai l'habitude. "
13 syllabes avec le "e" de prochaine.
"Je rêve, et je m'envole, par dessus l'autrefois, "
13 syllabes avec le "e" d'envole.
"Je n'abandonnerai pas mes souvenirs et ma foi. "
14 syllabes là.
Au niveau des rimes, l'alternance rimes masculines / féminines n'est pas respectée, surtout dans le deuxième quatrain.
J'ai trouvé également une certaine originalité dans le maniement de l'alexandrin, ça m'a bien plu surtout que tu as l'air de connaitre les règles de la poésie classique..

Voilà, je serai content de te relire =)