Et voilà la suite! Action au programme!
Après avoir quitté la taverne, Aladir suivit les gardes à une distance raisonnable, se tenant à l´écart des badauds excités à l´idée d´assister à une arrestation. Le Prince Alexandre, rien que ça ! La chance lui souriait. Il n´avait pas imaginé une seconde, en rencontrant Conrad, qu´il le mènerait à une personne si importante. C´était pour lui l´occasion rêvée de gagner la confiance du Prince. Il allait l´aider à s´échapper, et certainement en apprendrait-il en retour un peu plus sur les mystères de Kridath. Car il était convaincu que le Prince, loin d´être fou, convoitait un secret d´une importance inestimable. Une intuition qui recoupait les déclarations des témoins.
Dorzak et ses hommes s´arrêtèrent au bout de quelques minutes dans une rue étroite, devant une maison semblable à toutes les autres. Aladir étudia les lieux. Les habitations se pressaient les unes contre les autres, réduisant le nombre de ruelles qui traversaient les rangées. Si le Prince pouvait s´enfuir par-derrière en bloquant l´entrée de la maison, les gardes devraient faire un grand détour pour le rejoindre, lui laissant le temps de disparaître dans les rues. Sauf que... Entre la maison où se trouvait le Prince et la rue par laquelle il pourrait s´enfuir, comme pour provoquer Aladir, se dressait une autre rangée de bâtisses.
L´Elfe réfléchit pendant que Dorzak Hagarat entamait les sommations. Il lui suffisait d´entrer dans l´habitation située derrière celle du Prince, d´ouvrir un passage entre les deux, de laisser passer Alexandre et de barrer la route aux gardes. Un plan risqué, mais pas irréalisable. Aladir quitta la rue, contourna le pâté de maisons et s´approcha le bâtiment qu´il avait repéré.
C´était une maison de pierres à deux étages et au toit d´ardoise, plutôt riche, qui devait appartenir à un marchand. La porte était verrouillée. Aladir tira de sa ceinture un disque de métal argenté et le posa contre la serrure. Il y eut un déclic et le battant s´ouvrit.
A l´intérieur se trouvaient un couple, trois enfants et une vieille femme. Aucun ne le remarqua. Tous écoutaient attentivement ce qui se passait dans la maison voisine, l´oreille collée au mur du fond, bien que les bruits de voix se fassent entendre dans toute la pièce :
- Ecoutez-moi bien, Altesse. Je ne suis pas du genre à sacrifier des innocents. Mais si cette affaire traîne, le gouverneur sera appelé, et lui n´hésitera pas. Et vous aurez un crime de plus sur la conscience. Alors rendez-vous maintenant.
Aladir tira son sabre et s´éclaircit la gorge. Toute la petite famille se retourna.
- Qu´est-ce que vous faites ici ? gronda l´homme en serrant les poings.
- Tous dans cette pièce, tout de suite ! commanda l´Elfe en indiquant une remise.
L´homme se dressa face à lui, rouge de colère. Aladir leva son sabre d´un geste brusque.
- Je ne le répéterai pas.
Le maître les lieux le toisa d´un air supérieur, mais ses jambes tremblaient. Rapidement, il céda.
- Venez, dit-il à sa famille.
Il entrèrent tous dans la remise en traînant les pieds. Aladir referma la porte sur eux et se servit de sa pièce de métal pour bloquer la serrure. Il s´approcha ensuite du mur. Il fallait agir vite.
Il décrocha de sa ceinture un petit pot en terre cuite et plongea son doigt dedans. Il en tira un fragment de pâte bleue qu´il étala sur le mur. Il renouvela cinq fois l´opération, s´appliquant avec soin à dessiner un demi-cercle passant par toute les lézardes de la pierre. Il entendit un bruit de chute, une respiration saccadée. Vite, finir le travail.
Aladir recula de quelques pas, empoigna son sabre à deux mains et émit un long sifflement. Une légère flamme brilla sur la ligne de pâte bleue. Une fraction de seconde plus tard, tout explosa dans un vacarme infernal.
Aladir attendit calmement que la fumée se dissipe. De l´autre côté du mur se trouvaient le Prince Alexandre, un autre jeune garçon, deux filles, une petite brune et une blonde plus âgée, et trois soldats armés d´épées courtes. Tous le regardaient, ébahis.
- Sauvez-vous, Altesse ! lança l´Elfe.
Heureusement, Alexandre avait l´esprit vif. Il s´avança vers la brèche et la franchit tandis qu´Aladir bondissait dans la maison des Heinkel.
- Fuyez ! s´écria-t-il en se mettant en garde.
Alexandre se dirigea vers la sortie d´un pas hésitant. La fille à terre et l´autre garçon échangèrent un regard avant de la rejoindre.
- Alice ! Adrien ! hurla la blonde. Arrêtez !
La brune se retourna.
- Désolée, dit-elle calmement, mais je lui fais confiance. Qu´il m´ait prise en otage ne change rien.
Le garçon s´approcha d´Alexandre et le soutint pour l´aider à marcher.
- Pareil pour moi, ajouta-t-il.
- Mais vous êtes complètement cinglés !
Pas de réponse. Alexandre et les deux autres franchirent la porte. Dorzak Hagarat sembla retrouver le fil de la situation.
- Arrêtez-les ! ordonna-t-il. Tuez cet Elfe !
Les trois gardes s´élancèrent vers Aladir en abattant leurs épées. L´Elfe se décala sur le côté dans un mouvement fluide et léger. Deux lames ne déchirèrent que le vide. Le sabre d´Aladir intercepta la troisième.
Sans perdre de temps, l´Elfe fouetta du pied les jambes d´un de ses adversaires, poursuivit son mouvement et pivota complètement pour cueillir le second d´un coup de coude dans le ventre, avant de le repousser du plat de la main. Le troisième soldat leva son épée et frappa de taille. Aladir dévia l´attaque d´un battement de son sabre, puis évita agilement l´assaut d´un des deux autres gardes et plaça une riposte... qu´il dut transformer in extremis en parade. Les trois hommes s´écartèrent et firent pleuvoir les coups en tentant de l´encercler
Aladir était rapide et adroit, mais il affrontait trois soldats entraînés, ce qui réduisait sérieusement ses chances. Il contrait, déviait, esquivait, bondissait, sans jamais parvenir à frapper à son tour. Sans compter que dans cet espace réduit où reculer était presque impossible, maintenir une position défensive relevait de l´exploit. Katja les observait, les yeux grands ouverts, figée par ce déchaînement de violence.
Du coin de l´oeil, Aladir vit un quatrième homme qui s´engouffrait par la porte d´entrée. Aussitôt il lança un coup de pied dans le battant, qui se claqua sur le visage du soldat. Il effleura la serrure avec son disque d´argent, entendit le bruit du mécanisme qui se verrouillait, et se remit en garde.
Des coups ébranlèrent la porte pendant quelques secondes, puis la voix de Dorzak s´éleva :
- Faites le tour ! Vite !
Aladir comprit qu´il devait se débarrasser rapidement de ses trois adversaires pour avoir une chance de bloquer les autres. Le Prince était blessé, il lui fallait plus de temps. Un des gardes délaissa soudain l´Elfe et courut vers la brèche dans le mur. Aladir se déroba aux attaques des deux autres, saisit la table et lui imprima une forte poussée. Le meuble traversa la pièce et percuta le soldat juste avant qu´il n´atteigne le trou. L´angle du bois s´enfonça dans son ventre, et il tomba par terre, le souffle coupé. Un de moins
Aladir recula de quelques pas sous l´assaut d´un des deux gardes restants, attrapa une chandelle et la lui lança au visage. L´homme l´évita aisément.
La seconde bougie le manqua également.
Pas la chaise.
L´Elfe avait décoché un puissant coup de pied dans l´un des sièges de bois, qui percuta le garde en pleine tête. Le sabre d´Aladir siffla, tranchant en plein vol l´un des pieds de la chaise, que du plat de sa lame il projeta dans la poitrine de l´autre soldat, le ralentissant une infime mais décisive seconde. Tout en se disant qu´il y avait peut-être là une idée à creuser pour établir les règles d´un sport, l´Elfe se dirigea vers l´homme sur qui il avait lancé la chaise, et qui avait baissé sa garde
L´attaque fut foudroyante. Aladir enfonça sa main ouverte dans la gorge du soldat, qui s´effondra avec un gargouillis. Un coup mortel, si on l´appuyait vraiment. L´Elfe s´était contenté de le mettre hors de combat pour quelques heures.
Le dernier garde hurla et abattit son épée de toutes ses forces. Aladir esquiva. La lame se ficha dans le plancher. L´Elfe renouvela son attaque. Ses doigts s´enfoncèrent comme un poignard dans le cou de son adversaire, qui lâcha son arme et recula, mais cependant ne tomba pas.
« Il encaisse bien » songea Aladir, amusé.
Il laissa tomber son sabre, qui ne pouvait que le gêner pour l´attaque qu´il comptait exécuter. Il appuya ensuite son pied contre le mur et, dans une brusque détente, s´élança contre le soldat. Il lui porta un coup de poing dans le ventre, doublé d´un crochet à la tempe, triplé d´un uppercut au menton, quadruplé d´une manchette à la gorge, quintuplé d´un coup de pied dans les côtes, sextuplé d´un coup de coude dans le nez, septuplé d´un coup de poignet au plexus, octuplé d´un atémi dans le rein, nonuplé d´un coup de genou entre les jambes, décuplé d´un simple coup de poing.
Simple mais puissant.
En plein milieu du front.
L´homme encaissait bien, certes, mais là, il s´écroula et heurta le sol avec un bruit sourd. Aladir soupira et ramassa son sabre, puis s´enfuit pas le trou dans le mur.
Aladir repéra la ruelle empruntée par le Prince, ainsi que les autres gardes qui accouraient. Il se plaça au milieu du passage. Arrivés à sa hauteur, les soldats s´immobilisèrent.
- Vous ne passerez pas ! clama l´Elfe.
Très théâtral. Il était fier de sa réplique. Il en aurait été moins satisfait s´il avait su que c´était un cliché usé jusqu´à la corde, mais il ne le savait pas.
Dorzak Hagarat s´avança.
- Faites le tour, commanda-t-il à ses hommes. Je m´occupe de lui.
- Mais, mon capitaine...
- Faites ce que je dis ! rugit le géant. Tout de suite !
Les soldats s´éloignèrent en courant. Les habitants du quartier fermèrent leurs volets et se cachèrent au fond de leurs demeures.
Dorzak avança d´un pas et décrocha les deux haches énormes qu´il portait dans le dos.
- Ecarte-toi, Elfe. Je n´aime pas me battre.
- Etrange, ça ! répliqua Aladir. Un barbare qui sait parler et qui n´aime pas se battre...
- Ne me traite pas de barbare ! J´ai quitté ma tribu depuis assez longtemps ! Et laisse-moi passer.
- Pourquoi ne veux-tu pas te battre ? Aurais-tu peur de la mort ?
- Je ne crains pas pour ma vie, répondit Dorzak. Mais je déteste prendre celle des autres.
- Pourquoi avoir choisi ce métier, alors ?
- On n´échappe pas à son destin. Ni à ses serments.
Dorzak s´élança en abattant l´une de ses haches. Aladir jugea l´attaque balourde et j´évita d´un pas sur le côté. Il ne considérait son adversaire que comme un tas de muscles sans la moindre finesse. Un boeuf, rien de plus. Si rien ne démentait son jugement, il avait cependant négligé un paramètre : Dorzak n´était que muscles, mais des muscles surhumains.
La lame de son arme s´enfonça de vingt centimètres dans les pavés de la rue, faisant trembler le sol et vaciller Aladir. L´Elfe retrouva son équilibre et riposta par un coup latéral fulgurant, que le géant contra du plat de son autre hache avant de lancer un coup de pied d´une violence monstrueuse.
L´attaque aurait brisé tous les os d´Aladir, s´il n´avait reculé juste à temps. Dorzak retira son arme du sol et se remit en garde.
Les deux adversaires se regardèrent droit dans les yeux. L´échauffement était terminé. Tous deux avaient hâte d´en finir. Aladir avança d´un pas, tous les muscles tendus, prêt à bondir. Dorzak leva la hache qu´il tenait dans la main gauche. Son bras partit soudain en avant dans un mouvement puissant, frôla la terre et lâcha le manche.
La lame fendit l´air au ras du sol en tournoyant dans un terrifiant vrombissement. Droit sur Aladir. L´Elfe ne dut son salut qu´à un bond agile qu´il transforma ensuite en un solide coup de pied.
Son talon percuta Dorzak en plein visage sans lui arracher le moindre signe de douleur. Aladir retomba au sol et frappa de son sabre sans laisser au géant le temps de se reprendre. Sa lame siffla dans un coup d´estoc fulgurant, qui filait droit sur le ventre du colosse.
La pointe du sabre s´écrasa sur la cotte de mailles. Plusieurs anneaux sautèrent, mais la lame n´atteignit pas la chair.
- Cinq épaisseurs, commenta Dorzak avec un sourire. C´est bon, tu abandonnes ? Tu n´as aucune chance de me vaincre.
Aladir remarqua alors pour la première fois l´absence de manches sur les bras du géant. Il lui suffisait de frapper à l´aisselle, au défaut de la cotte ! Encore une fois la pointe de sa lame s´élança dans un coup si rapide qu´il en devint flou, s´engouffra sous le bras gauche du colosse...
Puis s´arrêta.
Aladir ne comprenait pas. Il aurait dû percer la peau et lacérer la chair. Au lieu de cela, il ne pouvait plus bouger.
Et il réalisa son erreur.
Dorzak avait plaqué son bras contre son corps, avec une telle force que le sabre restait bloqué sous son aisselle.
De son autre main, le colosse leva sa hache.
- Tant pis pour toi, dit-il simplement.
Le fer s´abattit. Aladir, pour éviter le coup, dut lâcher la poignée de son sabre. L´arme de Dorzak percuta le sol, puis remonta. Alors l´Elfe comprit pourquoi son adversaire avait abandonné son autre hache : il saisissait le manche de son arme à deux mains, prêt à frapper de toute son extraordinaire puissance !
Le sabre d´Aladir gisait à terre, inutile. L´Elfe dans un tourbillon se jeta sur son arme, l´empoigna et se tint prêt. Dorzak libéra son bras. Sa lame fouetta l´air dans un mouvement vertical. Aladir leva son sabre pour parer. « Ridicule ! » songea le colosse. L´arme de l´Elfe allait se briser sous le choc, tout comme son bras et son corps entier !
Le bruit du métal heurtant le métal résonna dans toutes les rues alentour. Puis il n´y eut plus rien. Plus un son. Dorzak, dont l´attention s´était focalisée sur son arme, regarda son adversaire. Il s´attendait à découvrir un carnage, une poupée désarticulée couverte de sang.
Pourtant Aladir lui faisait toujours face. Il avait encaissé le choc sans même fléchir un peu les genoux. Son sabre n´avait pas reculé d´un poil.
- Tu me forces à dévoiler des ressources que j´aurais volontiers gardées en réserve, déclara l´Elfe.
Dorzak vit son adversaire amorcer un mouvement. Une botte sur sa droite. Trop rapide. Pas le temps de...
Une explosion de douleur dans sa tempe. Tout devint noir.
Ahhh c´est super :D Les combats sont vraiment dantesques, surhumains, c´est jouissif à lire
trop bien!!!
allez les elfes!!!
Question idiote : ça fait quel bruit, une lame qui s´enfonce dans un corps?
kaim splocht
Heu...ça fiat pas d´bruit j´crois, sauf celui du cri de douleur du type qui s´la prend^^.
Et sinon, excellent chapitre, vraiment! Les combats sont extrêmement bien écris, vivants et dynamiques au possible. Heu j´ai pas compris comment il a fait exactement à la fin, même si je suppose qu´il s´agit de magie^^. Mais en fait, j´le sens pas c´t´Elfe, p´têt pasqu´une armée de ses semblables veut raser Kridath et Dümrist^^.
La suite demain? Pitiééééééééééééééééé
Non, la suite tout de suite. J´ai pas chômé, j´attendais juste que tout le monde ait lu.
Alexandre avançait avec lenteur, reposant largement sur l´épaule d´Adrien. Alice marchait devant, surveillant à l´angle des rues que la voie était libre. Ils avaient désormais quitté le quartier réveillé par les gardes. Tout le monde dormait. Pas de risque d´être aperçus par les habitants, donc. Mais la milice devait toujours les pourchasser. Il leur fallait une cachette, et vite
Alexandre tentait de mettre de l´ordre dans ses pensées. Qui était cet Elfe qui l´avait aidé à s´enfuir ? Un fanatique dévoué au roi ? Un mercenaire ? Un envoyé de son maître ? Aucune de ces solutions ne lui paraissait crédible. Ensuite, pourquoi Alice et Adrien l´aidaient-ils ? Cela lui paraissait complètement irréel. Deux enfants de paysans, qui craignaient l´armée, laissaient soudain tout tomber pour lui venir en aide. Après, de surcroît, qu´il les ait trompés et menacés.
Menacés... Alexandre s´en voulait d´avoir pris Alice en otage. Bien sûr, il n´avait pas l´intention de l´égorger. Mais il l´avait terrifiée, il en était sûr. Le souvenir de la lame posée sur le cou de la jeune fille, même si cette lame était la sienne, le faisait frémir. Et puis, il était faible, donc maladroit. Il aurait pu la blesser.
Alexandre, pour la première fois depuis longtemps, avait honte.
Les bruits de pas et de voix derrière lui le ramena brusquement à la réalité. Les gardes allaient les rattraper ! Ils ne les avaient pas encore vus, mais d´ici quelques secondes, ils franchiraient l´angle de la rue qui les séparaient !
Les trois jeunes gens débouchèrent sur un grande place, au centre de laquelle se trouvait une fontaine. Alexandre reconnut tout de suite ce lieu : la Fontaine des Anges.
C´était un bassin de pierre large d´au moins trois mètres, rempli d´eau rendue sombre par la nuit, au centre duquel se dressaient les statues de trois anges, hommes dotés d´ailes et de têtes d´oiseaux. Un procédé ingénieux amenait jusqu´ici l´eau qui coulait dans la rivière au pied de la cité, eau que les anges relâchaient par les trous de leurs paumes ouvertes en signe d´accueil.
Alexandre établit un plan simple mais efficace.
- Prenez une grande inspiration et plongez ! ordonna-t-il.
- Quoi ? s´étonna Adrien. Tu est sûr que...
- Pas le choix ! trancha Alice. On y va !
Ils inspirèrent profondément et s´engagèrent dans le bassin. Le froid les fit frissonner, mais, comme l´avait dit Alice, ils n´avaient pas le choix. Ils s´allongèrent au fond et s´immergèrent complètement, l´eau s´infiltrant dans leurs habits.
Alexandre compta les secondes, estimant que les gardes dépasseraient la fontaine en une minute. Peut-être plus. A cause de l´obscurité, ils ne les verraient pas de loin. Mais si l´un d´eux avait la mauvaise idée de s´approcher...
Trente secondes.
A côté de lui, Alexandre sentit Alice s´agiter. Elle commençait à manquer d´air. Le Prince eut l´impression d´entendre des pieds heurter le sol, puis s´éloigner, mais il ne s´y fia pas. Il n´était pas sûr que ce ne soit pas un simple tour de son imagination.
Cinquante secondes.
Alexandre ne s´inquiétait pas pour lui, il était capable de tenir largement trois minutes sous l´eau, mais ce n´était pas le cas des autres. Adrien commença à remuer à son tour. Alice n´en pouvait presque plus...
Une minute dix secondes.
Alice fit mine de sortir. Alexandre voulut la retenir, mais il se ravisa. Il n´allait pas la noyer pour s´en sortir ! De toutes façons, elle se débattrait et s´il y avait d´autres gardes, ils seraient repérés tous les trois. Alexandre releva la tête à son tour, suivit d´Adrien. Ils respirèrent enfin, le souffle court.
Le Prince regarda autour de lui. Les gardes étaient tous passés.
Sauf un.
Il se tenait devant la fontaine, appuyé sur sa lance, comme amusé de voir ces trois fugitifs gelés et trempés jusqu´aux os, dont les efforts n´avaient servi à rien.
- Cette fois, je crois que j´ai gagné, Altesse, ricana-t-il.
Alexandre le reconnut soudain : c´était le garde qu´il avait vaincu dans la tour, lors de son évasion ! Celui qui, une fois déjà, était resté en arrière pour vérifier une intuition.
- C´est une habitude, chez vous, de laisser tomber votre équipe ? lança le Prince.
Un grand sourire fendit le visage mal rasé du soldat.
- Seulement quand ça me permet de retirer tout le profit. Imaginez ce que va me rapporter votre capture ! Moi, seul, j´ai arrêté celui qui a mis en échec toute la garnison !
- Vous réfléchissez trop, répliqua Alexandre. C´est mauvais. Vous risquez de ne jamais passer officier. N´oubliez pas : « le clou qui dépasse se fait taper dessus ».
- En attendant, tout se passe bien pour moi, riposta le garde. Je vais vous demander de m´accompagner jusqu´à la citadelle.
Alexandre chercha un plan à toute vitesse. Il n´avait qu´un seul adversaire, mais il n´était pas en état de le vaincre. Ses deux amis ne valaient pas mieux que lui en combat rapproché. Le garde possédait un casque, une cotte de mailles, une lance et une épée. Alexandre, lui, n´avait qu´un couteau et son armure de cuir endommagée. La place était déserte, sans rien qui pût lui fournir un avantage. Impossible de se battre.
Alexandre n´était cependant pas prêt à abandonner aussi vite. Il sortit du bassin, dégoulinant d´eau, bientôt imité par Alice et Adrien.
- Ecoutez-moi bien, leur chuchota-t-il. Je vais détourner son attention. Vous en profiterez. Alice, jette-toi dans ses jambes. Adrien, prends-lui sa lance. Compris ?
Pour toute réponse, ils hochèrent la tête en silence, bien que tremblant de tous leurs membres.
- Tiens ! tiens ! ricana le garde. Vous pensez vous enfuir ? A mon avis, vous avez peu de chances ! Laissez tomber un peu, il faut savoir s´av...
Sans lui laisser le temps d´achever sa phrase, Alexandre leva son couteau et le lança sur le soldat. Un jet précis, mais faible. L´homme trouva néanmoins prudent de l´éviter en se penchant sur le côté. Il comprit un peu tard que cette attaque n´était qu´une diversion. Le Prince était déjà sur lui, décochant une manchette qu´il aurait voulue violente et sauvage. Ce coup non plus n´aurait pas ébranlé son adversaire, mais de toutes façon il ne l´atteignit jamais.
Le soldat repoussa Alexandre d´un revers de la main qui le jeta par terre. Il sentit alors des bras qui s´agrippaient à ses chevilles : Alice s´était jetée sur lui. Il tenta de la frapper avec le manche de sa lance, mais alors Adrien bondit sur lui et le percuta au niveau de la taille. Comme Alice l´empêchait de reculer pour conserver son équilibre, l´homme bascula en arrière et s´étala sur le sol. Il se reprit rapidement, et lança à Adrien un grand coup de poing au visage. Le garçon alla rouler un peu plus loin en geignant de douleur.
Le soldat voulut ensuite se débarrasser d´Alice. Il agita les pieds, tentant de lui faire lâcher prise. En vain. Il abandonna sa lance, qui le gênait bien trop pour combattre d´aussi près, et tendit les mains vers la jeune fille...
Qui s´écarta aussitôt. Le garde perçut un mouvement sur sa droite, tourna la tête et découvrit Alexandre. Le Prince se tenait debout devant lui, la longue lance entre les mains, prêt à frapper.
Le soldat roula de côté pour éviter un coup qui visait sa tête, se releva souplement et tira son épée.
La lame n´était qu´à moitié sortie du fourreau quand Alexandre attaqua à nouveau. L´homme parvint à écarter l´arme de sa main libre, acheva de dégainer la sienne et l´abattit.
Le Prince manquait de force, il ne tenait pas sa lance assez fermement. Sous le choc, le manche lui échappa des mains. Son adversaire lui décocha un violent coup de pied dans le ventre. Son armure de cuir atténua l´impact, mais il fut cependant jeté à terre, plié en deux.
Le garde se tourna vers sa lance. Elle gisait aux pieds d´Adrien.
- Prends-la ! cria Alexandre.
Mais le jeune garçon ne bougeait pas. Il regardait, livide, le soldat qui s´approchait de lui, l´arme haute. Tout à l´heure, il avait trouvé le courage de l´attaquer, mais le coup qu´il avait reçu et maintenant la vision de cette épée acérée, lui faisaient perdre ses moyens.
Le garde poussa un long soupir. Ces trois-là lui avaient donné bien du mal...
C´est alors qu´Alice s´empara de la lance.
A la surprise générale, elle bondit sur l´arme, l´empoigna et se dressa face au soldat. Une détermination farouche brillait dans ses yeux.
Le garde ricana. Cette gamine voulait se battre ? Très bien ! Elle allait comprendre pourquoi c´étaient les hommes qui faisaient la guerre !
Il s´élança sur elle et frappa. Son épée s´abaissa lentement. Assez lentement pour qu´Alice l´évite. La lame heurta les pavés avec un tintement. L´homme chercha un instant son équilibre. Un soldat aurait profité de l´ouverture pour attaquer. Mais Alice n´était pas un soldat, et son adversaire s´écarta avant qu´elle ne puisse réagir. Il releva son arme et reprit le combat.
Alexandre admirait le courage de la jeune fille. Elle qui était presque une enfant, affrontait, avec une lance bien trop lourde pour elle, un soldat entraîné dix fois plus compétent. Mais sa vaillance ne lui suffirait pas pour l´emporter. Elle ratait chaque occasion de frapper, et les quelques coups qu´elle portait ne mettaient pas vraiment son adversaire en danger.
Le garde, lui, s´amusait. Il ralentissait ses mouvements, afin de laisser Alice esquiver, sachant très bien qu´il pourrait en finir dès qu´il le voudrait. Et soudain, il fit monter la pression. Ses coups devinrent plus rapides et précis. Alice fut débordée en quelques secondes, levant désespérément son arme devant elle pour se protéger de l´épée de son assaillant. La blessure qu´elle reçut à la main gauche n´aurait pas gêné un homme. Mais encore une fois, elle n´était pas un homme. Elle laissa échapper un cri et lâcha sa lance.
Le garde eut un sourire dément. Il ne pouvait plus s´arrêter. Il brandit son arme pour achever sa victime...
- Non !
Katja avait surgi de l´angle d´une rue et accourait vers eux, le visage déformé par la peur de voir sa soeur à la merci du soldat. Mais il était trop tard. La lame s´abattait. Alice leva la main pour cacher à son regard la mort qui arrivait. Adrien et Alexandre s´élancèrent sur le garde. Katja tendit le bras.
Il y eut un éclair de lumière blanche. Alexandre ne vit plus rien. Il entendit un bruit de chute, un tintement métallique. Que se passait-il ?
Enfin il retrouva la vue. Le garde gisait au sol, inanimé. Son épée traînait à côté de lui.
Le Prince s´approcha et tâta le pouls du soldat. Rien.
- Mort, annonça-t-il.
Katja, Alice et Adrien regardaient le corps, ébahis, sans comprendre ce qui s´était passé. Alexandre, lui, comprenait. Ce n´étaient pas las Bracelets d´Arzhan qui avaient agi, il en était sûr. L´un des trois Heinkel possédait donc un pouvoir magique. Le Prince ne savait pas duquel il s´agissait, mais en tout cas, à voir l´air incrédule qu´ils arboraient tous les trois, il ou elle l´ignorait aussi. Il préféra ne pas le leur annoncer immédiatement.
Un bruit sur sa droite le fit sursauter. Aladir arrivait, son sabre à la main. L´Elfe, essoufflé et chancelant, semblait épuisé.
- Que s´est-il passé ? interrogea-t-il. J´ai vu une lumière qui...
Il se tut en voyant le corps du garde. Alexandre lut dans son regard que lui aussi avait compris.
- Qui êtes-vous ? demanda le Prince. Pourquoi m´avoir aidé ?
- J´ai tendance à considérer que plus on se place haut dans la hiérarchie, plus on a raison, répondit Aladir. Et puis, cette histoire m´intrigue trop pour que je laisse une bande de soudards interrompre votre travail. Car vous êtes venus pour une raison précise, n´est-ce pas ?
Alexandre considéra l´Elfe. Etait-ce un ennemi ? un espion ? ou un simple aventurier curieux avide de secrets ? Aucun moyen de le savoir. Et pour l´instant, mieux valait le garder dans son camp.
- Je pense que nous ferions mieux de partir, déclara le Prince.
Il observa un instant la place, puis désigna une rue.
- Par là.
Adrien, Katja et Alice semblaient se ressaisir. Alice parla la première :
- Comment sais-tu que c´est par là ? Et qu´est-ce qu´on y trouvera ?
- J´ai étudié les plans de la ville avant de venir, répondit Alexandre.
Il s´engagea dans la rue, puis tituba. Aladir le rattrapa.
- Ca va bien ? questionna l´Elfe.
- Non, pas vraiment. Mais je m´en sortirai. Avançons.
- Une minute !
C´était Katja qui avait parlé. Tous se tournèrent vers elle.
- Il n´est pas question que vous emmeniez Alice et Adrien avec vous ! Vous leur avez déjà causé assez d´ennuis !
- Tais-toi ! s´écria Alice. Je l´accompagne, quoi que tu dises ! Si tu n´est pas contente, tu n´as qu´à venir avec nous !
- Mais tu réalises que...
- Tu ne la convaincras pas, coupa Adrien.
Katja soupira, remua lentement la tête de droite à gauche, puis sembla se décider.
- D´accord, je viens, annonça-t-elle. Mais c´est bien pour veiller sur vous.
Une autre idée l´avait poussée à accepter : Alexandre était certainement la personne la plus capable dans toute la ville de lui expliquer ce qui arrivait à sa famille. Deux fois, déjà...
Aladir soutint le Prince tandis qu´il s´éloignait. Les autres les suivirent. Après quelques minutes de marche silencieuse, ils atteignirent une coupole noire d´une matière étrange, ni de la pierre, ni du métal.
- Un vestige de la cité enfouie sous Kridath, expliqua Alexandre. Il y a un accès aux souterrains. Nous pourrons nous y cacher.
Ils contournèrent la structure et découvrirent en effet une ouverture qui révélait un long escalier.
- Nous n´avons pas de lumière, remarqua Adrien.
- Pas de problème, répondit Aladir.
Il tira une petite bille de verre d´une pochette à sa ceinture et l´effleura de son doigt avec une infinie douceur. La bille dégagea aussitôt une grande lueur blanche.
- Ca devrait suffire, dit Alexandre. Vous avez toujours tout ce qu´il faut sur vous ?
- Question d´habitude, répondit l´Elfe, laconique.
Et tous les cinq s´enfoncèrent dans les profondeurs de la cité.
Dorzak Hagarat reprenait peu à peu ses esprits. Plusieurs badauds s´agitaient autour de lui, commentant son état et son duel sans se soucier de lui porter assistance. L´esprit du géant restait obnubilé par des questions dont il brûlait de connaître les réponses.
Qui était cet Elfe ?
Et comment avait-il fait pour le vaincre ?
bon, voilà, j´ai lu, et franchement, les combats que tu décris sont encore mieux faits que les précédents...
vraiment bien fait!
ha j´avais pas vu c´t´avais posté un aut´ chap´
j´vais le lire maint´ant (enfin, apr´ un gars une fille )
Cool ça, un deuxième chapitre directement! Que dire...hum, que j´pense que c´est Katja qu´a buté le soldat? Ou Aladir qui a fait semblant d´rien avoir vu? Nan, il lance pas à une assez longue distance pour ça...bref, plein de questions dont j´ai hâte d´avoir la réponse dans le prochain chapitre? (est-il déjà écrit au passage? Si oui suis partant pour qu´tu l´postes )
Ben...viv´ment la suite quoi
Rah mince j´ai de moins en moins à dire, parce que c´est de mieux en mieux ! Le rythme du récit va vraiment crescendo, c´est superbement travaillé de ce côté (des autres aussi, d´ailleurs), c´est tout fait pour plaire
ben apres un garsu ne fille je suis allé manger, donc je viens juste de lire.
ben voilà, et je suis sûre à 0, 06 % que c´est alice qu´a un pouvoir...
Ben d´après les indices qui nous sont donnés dans le texte, c´est plutôt Azerty qui a raison
Oui mais qui dit que je ne donne pas des faux indices pour embrouiller le lecteur? Qui dit que moi-même je connais la réponse? Qui te dis Azerty que la réponse viendra au prochain chapitre?
Affaire à suivre, mais peut-être pas aujourd´hui...
C´est pour toutes ces raisons que j´ai dit "d´après les indices", et non "C´est Azerty qui a raison"
Subtil... Tu pèses chacune de tes phrases de la même manière?
Surtout les avis J´essaie au maximum de ne jamais mettre quelque chose comme "Ceci est nul", plutôt "Je trouve ceci nul", par exemple ^^´ Et puis là comme effectivement j´étais loin d´être sûr que ce soit effectivement le cas, j´ai mis la nuance
Une suite ce soir quand même, c´est bien de faire tous ses devoirs en perm´
Au prochain post pour la NP