tiens, ce topic remonte.
Très très bon film. La fin est super badass.
Le 14 juillet 2015 à 03:10:01 Lt-Schaffer a écrit :
Cela m'étonnerait puisque le bouquin qu'adapte Drive est plutôt récent et The Driver est un scénario original de Walter Hill.
Dans ce cas, c'est l'adaptation d'un livre lui-même adapté d'un film.
Mais si tu passes des détails de la forme, justement, on a quand même des fins très similaires. C'est-à-dire que tu as le héros taciturne qui a tué le méchant, qui est blessé au court de l'affrontement et qui s'en va vers une nouvelle vie. C'est quand même pas rien. Après pour le reste, l'histoire d'amour, je ne suis pas d'accord avec toi, enfin j'étais loin d'en avoir rien à faire, au contraire je suis toujours à fond dans les drames de Michael Mann... mais question de ressenti, j'imagine. A contrario c'est peut-être un paramètre qui m'intéresse moins dans Drive, film un peu plus superficiel on va dire (mais néanmoins excellent).
Le héros de drive ne s'envole pas vers une nouvelle vie, car il est en train d'agoniser. Ca me semblait évident.
Et l'importance que les deux films apportent à l'histoire d'amour, ce n'est pas seulement une histoire de ressenti, c'est une histoire de gestion du temps accordé de la part de l'auteur. Et Refn y accorde bien plus d'importance que Mann. Prenons l'exemple simple de la comparaison entre la ballade amoureuse dans drive et la scène de la plage dans thief. La première s'étire sur 7 minutes, et la deuxième sur 2 minutes. Alors que le film de Mann dure plus longtemps. Et de plus, l'amour n'est pas prédominant dans cette scène, car le moment où Caan et sa femme sont ensemble dure, lui, moins d'1 minute. Il y a une différence incroyable entre les deux films en ce point pourtant. Tu as revu drive depuis sa sortie en 2011?
Et pour le rapprochement avec Le samouraï, c'est car ce fut le premier film dans lequel j'ai entendu ces notes de synthé très noires et hypnotisantes. Se mariant à la perfection avec la noirceur et l'allure du héros : https://youtu.be/b2zM4f9mNS4
Pourtant je trouve que l'on retrouve la même beauté très éphémère dans les deux scènes, puisque dans les deux cas on sait que le héros taciturne et asocial vit une idylle qui n'est pas conforme à son mode de vie, si tu vois ce que je veux dire. Et avec la musique et l'environnement isolé mis en valeur par les cadres bien taillés (ces voies connues de L.A. dans le cas de Drive, la plage dans le cas de Thief), ça se recoupe également selon moi.
Pourtant, je t'assure qu'il y a une énorme différence dans le traitement. Et sans vouloir énerver les fans de thief, j'avais un peu trouvé que la scène de la plage dans celui-co faisait kitsch et ridicule.
C'est certes pas nocturne tout le long de l'intrigue mais c'est un film qui a une atmosphère nocturne. Le héros est un type nocturne, c'est une sorte de chouette urbaine. Dans Thief aussi tout ne se passe pas de nuit, et pourtant ça n'empêche pas le film d'avoir cette atmosphère nocturne très particulière. Miami Vice aussi, par exemple, est un film qui a une atmosphère complètement nocturne, pourtant tout le film ne se passe pas forcément essentiellement de nuit.
Pourtant thief, 80 % du film se passe la nuit, contrairement à drive. Et au contraire, le personnage de drive ne vit pas la nuit, car il possède un travail dans un garage. Et miami vice se passe aussi la nuit la plupart du temps.
Après je tiens quand même à dire que ça n'est pas juste moi qui "perçoit" l'influence Mann dans Drive, beaucoup l'ont relevé, mais il ne faut pas non plus prendre cela comme un défaut à l'encontre du film de Winding Refn. Comme je le disais, il y a certains grands maîtres du cinéma, si à un moment donné tu te rapproches des univers ou thématiques qu'il traitent, leur héritage est quasiment un passage obligé. Et je pense qu'en terme de cinéaste urbain contemporain, il n'y a sûrement pas plus grande référence que Michael Mann, et quand tu fais un film comme Drive je ne vois franchement pas comment tu peux y échapper. A peine le film avait-il commencé quand je l'ai vu que directement à Michael Mann. Mais ça n'est pas tout, il y a plein de choses dedans aussi, du Cronenberg par exemple, et puis comme je le disais le film doit beaucoup aussi à The Driver de Walter Hill, qu'on a un peu oublié malheureusement.
Justement, la première scène de drive est si marquante, que c'est celle qui a été la source de nombreuses idées reçues sur le film. C'est notamment ce qui a permis aux fanboys de fast and furious de ne pas être déçu par drive (donc moi lorsque le film est sorti ), mais c'est aussi ce qui possède de plus michael mannien dans le film. Donc du coup, si tu y penses dès le début, c'est exactement ce qui a fait penser à de nombreuses personnes que le film était inspiré de michael mann. Après oui, il y a aussi du Cronenberg. Mais Drive n'en demeure pas moins un film personnel, avec un style personnel et une identité.
Il y a un truc dont on pourrait parler plus en longueur aussi, mais il faudrait le faire plans à l'appui, pour moi c'est vital en terme d'influence, c'est l'utilisation du cinemascope en milieu urbain, où là encore pour moi tu as de l'influence Michael Mann à fond les ballons (même si Thief n'est pas en scope, mais ça marche pour ses autres films dont Collateral évidemment).
Je ne pourrais pas te répondre car je ne sais pas de quels plans tu parles.
Après certes, autant pour la lumière lors des quelques scènes de nuits (dont l'introduction), je vois bien ce que tu veux dire. Mais il n'empêche que je ne vois pas de rapports fondamentaux entre les deux films. Ce qui créerait entre autre le fait que drive serait le prolongement de thief.
Bah après l'influence elle est là, je ne pense pas que ça soit très pertinent de comparer les durées des séquences ou des détails du genre, surtout que Schaffer n'a pas affirmé que Drive était un décalque de Thief, ni que cette influence était un défaut. Au contraire, la force de Refn est de recycler et se réapproprier l'influence mannienne, à travers son style et ses thématiques.
Putain ces posts géant avec les quote
Le 14 juillet 2015 à 16:50:04 Lt-Schaffer a écrit :
Évident, pas pour moi alors.
Le héros peut tout à fait mourir, mais je ne vois pas pourquoi ce serait forcément le cas. Pour moi il est simplement blessé et va refaire sa vie ailleurs, il est dans une sorte de cycle. Comme James Caan à la fin de Thief, lui-même blessé aussi. Ce pour cela que je pense que l'un est quasiment la continuité de l'autre, ce sont des cycles de tourbillon de violence qui se répètent.
Caan n'est pas blessé à la fin de thief justement. Il se fait toucher mais avait un gilet pare-balle, d'où le dernier plan où on le voit marcher au loin, normalement. Et je doute réellement qu'il soit sous-entendu que Gosling puisse survivre à la fin de drive. Car rien ne l'empêcherait d'aller retrouver Carey Mulligan si il s'en sortait. Or, nous voyons bien lors de l'avant-dernière scène cette dernière sonner à la porte de Gosling, triste, alors que celui-ci ne répond pas, puis nous voyons ensuite celui-ci sur les routes, ses yeux se plissant progressivement sous un coucher de soleil (symbolique un peu évidente).
Mais tu es dans des considérations trop formelles là. Comparer en se basant sur du temps ça ne mène nulle part, tu peux faire ressentir plus de choses dans une séquence trente seconde que dans une de dix minutes, ça dépend comment tu fais ton film, quel est le ton que tu emploies... C'est trop terre-à-terre de se contenter de comparer des minutages, pour le coup. Moi je te parle purement d'essence, d'esprit, d'intensité, et ça ne se minute pas. On ne se comprend pas là...
Sinon j'ai revu Drive en vidéo il y a deux ans, oui. J'en ai plutôt un bon souvenir si c'est ça que tu me demandes
Mais l’intention découle de l'utilisation du temps. Soit tu en fais quelque chose de secondaire, comme une péripétie, soit comme le coeur central du film. Ce qui constitue en deux cas inverse ici. Et l'utilisation du temps est un argument, et un réalisateur accorde plus ou moins de temps à des situations en fonction de leur importance. Et le fait est que l'histoire d'amour passe ici comme étant quelque chose de secondaire. Et en terme d'intensité et bien, je n'en vois pas réellement dans cette scène de la plage. D'ailleurs, Caan n'est tout d'abord pas seul avec sa femme, contrairement à drive, alors certes, dans ce dernier, il y a aussi l'enfant, mais il crée l'objet d'un rapprochement entre les deux. Mais bon, l'émotion, ce n'est que peu discutable sinon, ça se passe aussi bien dans nos têtes que dans celle du cinéaste.
Et oui, ma question était de savoir si tu te souvenais bien de drive.
Tu peux m'assurer mais ça ne me convainc pas, alors que justement j'essaye de t'expliquer quels sont les points qui étayent des similarités. Que la scène de la plage soit kitch dans Thief, pourquoi pas d'ailleurs, je pense que le kitch est un esprit à par entière d'un pan du cinéma de Michael Mann, ça n'est pas forcément péjoratif. Mais il peut en effet y avoir des fulgurances kitch, pour la simple et bonne raison que les personnages du quotidien que film Michael Mann (puisque ses héros sont constamment des gens qui ne font que leur job) vivent également des moments que l'on voit comme kitch. Pour moi c'est naturel. Et c'est totalement ça dans la scène de la plage de Thief. C'est une beauté kitch éphémère, ce qui est encore plus beau vu qu'on devine que le film reste une tragédie.
Sauf que le kitsch ne me paraît pas comme étant beau. Mais plus comme étant ridicule.
Mais à nouveau ça n'est pas une question de proportions... Lorsque tu écris un film tu ne raisonnes pas forcément en terme de proportion, tu peux avoir un film qui se passe de jour qui semble avoir quand même cet esprit nocturne, ce côté taciturne... Tout est simplement une question d'essence et de ce que tu mets dans tes séquence, de l'intensité qu'elles dégagent.
Mais de quelle intensité nocturne si le film ne se passe pas la nuit?
Enfin, certes, l'une des scènes les plus réussies du film et des plus puissante reste cette scène d'ouverture. Qui possède d'autant plus d'impact car elle constitue la première impression que le spectateur se forme.
Mais ce ne sont pas juste des idées reçues puisqu'on argumente à leur sujet pour expliquer le pourquoi du comment... Et il n'y a pas que cette séquence qui m'évoque Michael Mann comme je le disais de toute façon, c'est une question de démarche générale. Mais à nouveau j'ai l'impression que tu prends ça comme si je disais que c'est un défaut de Drive, que du coup ça en fait un film impersonnel sans identité, mais je n'ai jamais dit cela. Je ne comprends pas pourquoi il ne faudrait pas assumer cette influence Michael Mann ? Ça ne retire rien à l'identité de Drive, ça n'empêche pas que ce soit un film de Nicolas Winding Refn et tout à fait identifiable vis-à-vis de l'auteur qu'il est. Quand tu regardes Thief, tu vas te faire les mêmes réflexions à propos des influences de Michael Mann, des types comme Melville ou même Sam Peckinpah. Du coup je ne comprends pas trop ce refus de l'influence Michael Mann en fait. Comme si Nicolas Winding Refn ne pouvait être inspiré par personne et que forcément son talent tombait de la grâce du Saint-Esprit
Mais c'est pourtant toi qui veut tourner cet argument en défaveur de drive aussi.
Je ne suis pas naïf, je sais bien que chaque cinéaste possède des influences. Et si nous n'en percevons pas, c'est tout simplement que nous ne les connaissons pas. Que ces influences soient cinématographiques, littéraires, musicales ou picturales...
J'essaye juste d'affirmer que drive n'est pas fondamentalement le prolongement de Mann, pas plus que Mann est le prolongement de Melville ou Friedkin.
Non mais ce qu'il je pense c'est que au delà des influences évidentes toi tu parles carrément de suite spirituelle, alors que bon Drive peut parfaitement exister de lui même.
Le 14 juillet 2015 à 23:24:13 Lt-Schaffer a écrit :
Mais la balle n'a-t-elle pas transpercé le gilet ? Peut-être que je me trompe. Après de toute façon je ne cherche pas à dire que c'est identique, juste qu'il y a des similarités, ce qui est le cas. Pour la fin de Drive, je ne suis pas d'accord. Tout l'empêche de retrouver Carey Mullingan, à commencer par sa propre nature, incompatible avec la relation qu'il convoite. Ce pour cela que Drive est un film sur la transfiguration, et sur ta nature qui, quelque soit ta métamorphose, revient toujours au galop. A nouveau rien ne m'oblige à croire que le personnage meurt à la fin de Drive, d'ailleurs je trouverais le choix moins intéressant, plutôt que de maintenir le doute, et d'avoir la possibilité d'une répétition de cette spirale de violence. C'est tout l'intérêt de ce que raconte Drive et plus généralement le cinéma de Winding Refn d'ailleurs, cette violence qui n'a s'arrête jamais.
Je viens de revoir drive du coup, et oui, tu as raison par rapport à la représentation de la fin de drive. Mais elles demeurent encore très différentes en d'autres points.
Je ne suis pas d'accord. Le temps peut être une considération simplement formelle un peu superficielle. Ce pour cela que je te dis qu'une séquence de trente secondes peut avoir plus d'impact et plus d'intensité qu'une séquence de dix minutes, tout dépend de l'esprit de ton film, de son équilibre, de son écriture. Un film n' est pas une séquence mathématique où les enjeux dépendent du temps que l'on y consacre.
Mais si un réalisateur n'accorde que peu de temps à cette situation mélodramatique, comment est-il possible de l'approfondir? Mais serais-tu capable de qualifier thief d'histoire d'amour? Car la dimension thriller est bien plus appuyée. Contrairement à drive.
Que tu ne vois pas l'intensité de la plage, soit, ça te regarde, mais c'est une question de ressenti j'imagine. En revanche ne vient pas me dire qu'il ne peut pas y en avoir. Que tu sois touché ou non n'empêche pas que cela reste une grande séquence centrale du film, une séquence importante pour le cinéma de Michael Mann, parce que ça dessine quand même les enjeux dramatiques, à commencer par l'opposition entre le choix de la vie de famille et le boulot, thématique constamment récurrente chez Michael Mann... Et ça mène constamment au drame. Moi ça me touche. Plus que Drive, que personnellement, je trouve plus versé dans l'exercice de style, moins profond dans le sens mélodramatiques sur ses personnages.
Drive, c'est plus qu'un exercice de style. Et en quoi serait-il moins profond sur les relations mélodramatiques de ses personnages? Ce que j'affirme depuis tout à l'heure se rapportait plutôt au contraire de ce que tu dis en réalité.
Le kitsch n'est qu'une étiquette. On le catégorise comme quelque chose de péjoratif mais au fond c'est plus complexe que cela. C'est comme le grotesque. Le kitch chez Michael Mann, façonne par petites touches ses univers et ses personnages. Après que tu n'adhères pas au choix, je comprends, mais essaye d'être quand même un peu plus ouvert que ça pour ne pas y voir que du ridicule. Enfin je repense aux gens qui me disent que Miami Vice c'est ridicule parce que Colin Farrell a une moustache
Oui, le kitsch peut-être tourné de manière différente, je pense notamment à la scène du baiser dans body double. Mais il n'en demeure pas moins que je ne vois pas du tout en quoi le kitsch dans cette scène de la plage serait une utilisation plus particulière. Je ne vois pas de beau là-dedans, juste du ridicule, entrant en opposition avec le reste du film et cassant le rythme. Ce qui possède une connotation péjorative.
C'est une question de comment filmer le spectre de la ville, tout simplement. Et dans un cas comme dans l'autre il est mention de film qui ont des séquences importantes de nuit, dont leur climax final. Et arrête de revenir constamment à l'ouverture je ne parle pas que de cela comme je le disais. Et quand bien même tu veux rester sur l'ouverture, une ouverture de film chez un grand cinéaste c'est quelque chose de programmatique. Les premiers photogrammes de ton film ne sont pas anodins. Ils orientent non seulement un récit mais son ressenti également.
Ben non, pas forcément... Et tout dépend de ce que tu considères comme étant le climax final de drive...
Attends, là je vais te corriger tout de suite, en quoi ai-je tourné tout cela en la défaveur de Drive ? Sérieusement, parmi ce que j'ai dit, à part au niveau des appréciations personnelles (j'ai d'ailleurs reconnu que Drive était excellent), en quoi je le tourne en la défaveur de Drive ? Je dis juste que le film puise beaucoup chez un grand maître, c'est comme ça, enfin c'est comme si je disais que Spielberg a puisé quantité de trucs chez John Ford ou John Huston, Tarantino chez Corbucci ou Godard, que sais-je...
Et je ne comprends même plus où tu veux en venir dans ta dernière phrase. Pourquoi nier l'influence qu'a eu Melville sur Michael Mann ? Elle est totalement là, enfin, c'est la matrice de son cinéma, pourquoi le nier ? Et puis pareil avec Friedkin. Enfin excuse-moi mais mais les liens entre la carrière de Michael Mann et celle de William Friedkin ne sont plus à prouver. Michael Mann s'est inspiré d'éléments du cinéma de Friedkin, Friedkin a pillé Michael Mann en retour (même s'il ne l'assume pas), tu ne vas quand même pas me dire que j'invente n'importe quoi et que c'est pas le cas (parce que c'est un peu ce que tu sous-entends). Sans me montrer prétentieux je pense savoir quand même de quoi je parle à ce sujet-là, et c'est pas faute d'en avoir souvent parlé.
Pourquoi tant de violence?
Et je te dis bien qu'il y a une influence de Mann, je ne l'ai jamais nié, je discute juste de son importance que tu attribue, que je trouve surévalué personnellement.
Le 14 juillet 2015 à 23:29:15 Lt-Schaffer a écrit :
D'ailleurs j'aimerais savoir où tu as vu que le bouquin Drive était adapté de The Driver, parce que pour l'instant je n'ai rien trouvé de tel. Déjà si on ne se base pas sur les mêmes faits pour discuter ça ne va pas le faire...
Au générique de début de drive, il est écrit "based on the book written by James Sallis" soit l'auteur du livre "drive" dont je parlais, sorti 30 ans après le film de Walter Hill.
Le 15 juillet 2015 à 03:18:44 Lt-Schaffer a écrit :
Mais approfondir ça ne se fait pas juste sur le temps. A nouveau, au risque de me répéter, tu peux mettre une intention dans un plan qui en dira plus qu'une séquence de dix minutes. Ce pour cela qu'en deux minutes de Mad Max Fury Road on raconte plus de choses qu'entre trente minutes de Jurassic World... Et pour te répondre, oui, je vois Thief comme une vraie tragédie, parce que l'histoire d'amour est au centre. Je ne conçois pas le drame des films de Michael Mann sans leur histoire d'amour, parce que constamment Michael Mann fait l'opposition entre le travail du héros et sa vie sentimentale. Et c'est extrêmement important (et constamment juste je pense). Parfois c'est plus au second plan (par exemple dans The Insider ou Manhunter), mais ça reste toujours un centre d'attention important. Et souvent, ce sont de grandes histoires d'amour, il y en a dans Heat, dans Public Enemies, dans Miami Vice, dans Hacker et bien entendu dans Thief que j'estime être un peu la matrice de tout ça. Je ne conçois pas Thief sans l'intensité dramatique de son histoire d'amour. Sinon ça n'a plus d'intérêt, c'est juste un exercice de style dans le film de genre, si j'ose dire (j'exagère beaucoup mais l'idée est là).
A contrario cela me touche moins dans Drive, parce que je trouve cela plus superficiel (peut-être est-ce voulu), plus appuyé, plus ancré dans un exercice de style.
Très bien, mais alors où est-ce que Mann donne-t-il plus d'intention à cette scène qu'à celles relatives à l'action? C'est une notion abstraite que tu m'évoques là. Elle est invérifiable car elle dépend de l'émotion de chacun de nous, contrairement à la durée qui correspond à des faits. Et pourquoi aussi, pour rebondir sur l'une de tes remarques d'hier, l'art ne pourrait-il pas être lié aux mathématiques? La gestion du temps est au contraire un paramètre important à prendre en compte. Et moi aussi, j'ai l'impression de tourner autour du pot.
Et dans drive, le thriller dépend de l'histoire d'amour. C'est de cette dernière qu'il naît. Et c'est aussi par cette dernière qu'il vit. Et l'importance de son récit se concentre autant sur ses personnages que sur son "exercice de style" (les guillemets sont ici pour souligner que ce sont plus que de simples "belles images" qui sont face à nos yeux). Et j'ai du mal à voir en quoi l'histoire d'amour dans thief serait peu conventionnelle. Car je n'y vois que le résultat d'un conformisme par rapport au reste du cinéma d'action que l'on peut voir ici et là. Enfin, personnellement, je n'y accroche pas. Mais je sens que l'on va tourner en rond en ce qui concerne ce point. Comme tu le dis après.
Alors je ne sais pas quoi te répondre, enfin, je ne vais pas passer la nuit à t'expliquer pourquoi c'est une grande scène du film, j'ai compris que tu n'adhérais pas, m'enfin de là à parler de ridicule... Tu peux ne pas voir de beau, ça n'empêche pas la scène d'être centrale, capitale pour les enjeux et surtout très importante pour Michael Mann.
Voir James Caan sortir de l'eau avec ses lunettes de soleil, en plan américain et le torse poilu, regardant vers l'horizon, c'est ce qui correspond à ma vision du ridicule.
L'acte de règlement(s) de compte.
Ça ne se passe pas la nuit.
Mais à nouveau je ne comprends pas en quoi je la surévalue. Je dis juste que c'est là, c'est perceptible, dans le fond ou dans la forme, mêlé à d'autres influences, à d'autres idées... Je n'ai pas parlé que de Michael Mann, j'ai parlé de Cronenberg et du film de Friedkin et de celui de Walter Hill, on a parlé de Melville également, on trouvera sans doute plein d'autres points à rapprocher. Drive est un film très référencé, ça n'est pas un mal de le dire non plus. D'ailleurs je pense que ça a été un peu sa manière de s'approprier un film de commande, puisque vraisemblablement l'adaptation originale de Hossein Amini ne volait pas bien haut, avant la ré-écriture.
L'adaptation d'Amini était censée être un blockbuster à l'origine en même temps.
Et l'inspiration d'un auteur forge son identité. Et je ne vois pas vraiment en quoi ça lui aurait permis de s'approprier le scènario d'Amini.
Oui j'ai bien compris que Drive était basé sur le bouquin... Drive. En revanche j'aimerais savoir où tu as vu que le bouquin Drive était, je cite, "lui-même adapté d'un film" (donc le Walter Hill si j'ai bien compris). Parce que je ne l'ai pas encore vu mentionné quelque part, d'où ma question en fait.
Pas officiellement. Mais les histoires ont l'air de se raccorder. C'était juste une supposition en réalité.
Le 15 juillet 2015 à 15:07:25 Lt-Schaffer a écrit :
Je n'ai pas dit que Michael Mann y mettait plus d'intentions que dans ses scènes d'action, tu inventes là... Je dis juste que c'est au cœur du film, que c'est une scène importante et ultra mannienne. Et ça n'est pas si abstrait que cela, suffit de voir le soin qu'il apporte à la mise en scène de cette scène, à comment il y dessine ses enjeux dramatiques (avec, j'insiste encore dessus, la toujours très importante opposition boulot/amour), comment il te met dessus une des musiques les plus dingues composées par Tangerine Dream...
Toi aussi tu déformes mes propos (ou peut-être me suis-je mal exprimé, soit). Ce que je veux dire, c'est que l'intention que l'un accorde à son histoire d'amour par rapport à l'autre est différente. Drive, c'est une histoire d'amour, ce n'est pas un film d'action. C'est ce que j'essaye de dire depuis le début en réalité. Il n'y a que peu de scènes de voitures, contrairement à thief. La musique dans cette scène au contraire, je n'y prête pas une attention fondamentale.
Si tu voir l'art depuis un prisme mathématique ça te regarde mais ça n'est pas intéressant, parce que c'est plus complexe que cela. Évidemment qu'il y a des principes mathématiques par lesquels on peut lire l'art (basiquement, une histoire divisée en chapitres...), mais c'est plus complexe que cela, il ne s'agit pas d'appliquer platement des proportions à l'écran. Tu n'es pas là à te dire "si je veux que cette scène soit importante, je vais faire durer cette scène douze minutes vingt secondes". Le temps, la durée, c'est un paramètre parmi d'autres, tu peux faire ce que tu veux pendant cette durée, douze minutes de vide comme douze minutes importantes. Et je me répète encore, c'est pour la même raison qu'en deux minutes de Mad Max on raconte plus de choses qu'en trente minutes de Jurassic World. Pourtant je ne suis pas là à dire "Jurassic World passe plus de temps sur son exposition alors par le théorème cinématographique de A + B², Jurassic World soigne plus son exposition"
Ben oui, je ne résume pas à l'art à un prisme mathématique, j'ai juste dit que c'était lié. Bien entendu qu'un auteur peut accorder plus ou moins d'importance à une scène. Et n'ayant pas vu Jurassic World, je ne peux pas vraiment rebondir sur ta comparaison.
Mais je ne dis pas non plus que l'intensité de Drive ne dépend pas de l'histoire d'amour, enfin c'est hallucinant que tu me lises aussi mal que cela quand même. Je dis juste qu'elle me touche moins, car je la trouve plus superficielle (et peut-être le choix est-il délibéré). Mais c'est tout, ça ne veut pas dire pour autant qu'elle n'est pas au cœur du récit, au cœur des enjeux dramatiques des personnages...
Contrairement au film de Michael Mann donc.
Drive a été créé comme étant un conte de fée. Le chauffeur étant le sauveur de la veuve et de l'orphelin, et l'ironie voudra que sa situation de protecteur se voudra plus limitée. L'histoire d'amour les liant tous les deux se rattachant à leur silence respectif. L'histoire se passe de mots pour raconter l'amour. Et c'est de ce silence profond que découle la poésie. Ça m'étonne que tu trouves ça superficiel.
Pour Thief je n'ai jamais dit que l'histoire d'amour était "peu conventionnelle" (c'est vraiment hallucinant, tout ce que je dis, tu le prends de travers) juste qu'elle était extrêmement importante dans le film, et que c'est une thématique importante aux yeux de Michael Mann (ce qui est un fait). Ensuite tu parles de conformisme, bon, ça n'a pas forcément de sens finalement puisqu'après je ne sais pas si implémenter une histoire d'amour comme celle de Thief correspond non plus aux stéréotypes du film d'action. Tu regardes chez John McTiernan, dans Die Hard l'histoire d'amour est en background, elle sert habillement le scénario mais ça n'est pas dans son intention de la rendre plus intense que cela. Et puis ça n'est pas une tragédie. Thief, si, en revanche. Mais ça marche pour Heat aussi, avec le personnage de DeNiro et sa copine, par exemple.
Et bien dans ce cas, je considère l'histoire d'amour comme étant un point faible du film. Car c'est exactement ce qui fausse le rythme. Alors que ce n'est pas dans mon habitude, j'attendais toujours à ce que l'action reprenne dès que Caan parlait avec sa copine. Du coup, j'ai du mal à concevoir que thief soit autant une tragédie qu'un film d'action.
Mais tu peux toujours le résumer de façon ridicule, mais si dans le film j'y crois, si Michael Mann le filme fabuleusement, il n'y a plus de place pour le ridicule. Enfin j'ai compris que tu souhaitais resté bloqué sur le ridicule, bon, tant pis...
Mais en quoi le filme-t-il fabuleusement? A l'exception de la musique de Tangerine dream (que je n'apprécie pas par ailleurs).
Mais on s'en fout ! Arrête d'être bloqué là-dessus ma parole... Enfin je m'obstine à te répéter que ça n'a pas besoin d'être un copier/coller pour pouvoir faire des parallèles, et toi tu reste braqué dans un truc aussi terre-à-terre que le fait qu'il fasse nuit ou jour... Ça n'empêche pas l'esprit global d'être similaire.
Euh... je ne faisais que réagir sur un exemple que tu me donnais pour appuyer ton argumentation hein...
Parce qu'il a ré-écrit le scénario d'Amini en conséquence ? Et parce que Winding Refn est un cinéaste très référencé.
J'ai perdu le fil de la conversation en ce qui concerne ce point personnellement.
N'ayant pas lu le livre et rien lu de tel je ne saurais dire. En revanche, ce que je peux affirmer, ce que Refn est aussi aller chercher dans le film de Walter Hill, livre ou pas livre.
Dans ce cas je verrais le film de Walter Hill et on pourra en redébattre pendant 10 pages sur le topic de celui-ci avec des posts qui font 15 mètres chacun.
Bon après j'ai l'impression que de toute façon on ne s'entendra pas parce qu'on arrive pas à avoir les mêmes conceptions des choses, du coup tu prends de travers ce que je dis, et j'avoue que ça me fatigue un peu. De toute façon je pense que je ne peux rien dire de plus. Peut-être tu repenseras à Thief autrement quand ça aura décanté, qui sait.
Mais j'ai adoré thief ! C'est mon Michael Mann préféré avec Collateral ! (bien que je n'en ai vu que 7 )
Désolé, mais j'ai beau la voir autant de fois possible, ça ne me fait rien. La seule sentiment que j'éprouve est la gêne. Et notamment ce ralenti sur la femme et son gamin. Qui, je trouve, sonne faux. Et le pire, c'est que l'un des meilleurs moments du film arrive juste avant. Personnellement, ça ne fait rien, désolé...
Et bien oui, tu as raison. Que veux-tu que je te dise de plus?
Je viens de le voir et je les trouvé excellent. Un des meilleurs Mann pour moi avec Heat et Collateral (moquez vous de mes gouts mainstream ).
Pour l'instant dans l'intégrale Michael Mann que je suis en train de me faire seul Manhunter et Le Dernier des Mohicans m'ont déçu, bien que je leur trouve des qualités, je ne les est pas beaucoup appréciés.
Tu ne mérites pas de moqueries si tu aimes Heat et Collateral
Oui mais il aime pas Manhunter alors il mérite bien des moqueries.
J'aime aussi Miami Vice, allez y, faites vous plaisir
Ou pas.
Miami Vice
Le 29 août 2015 à 18:31:34 The_Nicoloss a écrit :
J'aime aussi Miami Vice, allez y, faites vous plaisir
non mais au contraire c'est une preuve de bon gout absolu
Première fois que je vois des gens défendre Miami Vice. J'pensais être le seul mec à l'apprécier.