"Les fics sont pas censées se dérouler en Skyrim "
Nan. Regarde la fic de BlackDevil, elle se passe un peu partout mais pas spécialement à Skyrim - du moins ce que j'en ai lu.
9. Rencontres forestières
Tohrj marchait avec rage dans les sous-bois. Non mais c’est vrai, quoi. Les grands ils étaient tous bêtes. Et méchants. Tohrj il avait bien compris, lui. Tohrj il était pas zinzin tout comme qu’ils croyaient, ça non. Il avait bien compris que les grands ils l’aimaient pas. Et pis d’abord, il en avait marre. Voilà.
« Marre », répéta-t’il en donnant un coup de pied à un innocent caillou. Le caillou s’envola dans les airs, décrivant une jolie parabole sous la lumière lunaire. Tohrj sourit, épaté de son nouveau pouvoir. « Marre, marre ! », claironna-t’il joyeusement en envoyant valser des pierres à grands coups de pied.
Un grognement sourd finit par lui répondre. L’ours se leva péniblement de son lit de fougères, mécontent d’avoir été réveillé en pleine phase de sommeil paradoxal. Non mais vraiment, les promeneurs, plus aucun respect de la nature. Lancer des pierres à un animal sauvage. Si c’était pas honteux. L’ours se dressa sur ses pattes arrières pour mieux évaluer la situation. Là, devant lui. Une petite silhouette à la lueur des étoiles.
Tohrj, pétrifié, regarda l’imposante masse velue se lever. Oh oh. Des siècles de sélection de la race avaient définitivement gravé dans la mémoire des Nordiques que « grosse bête poilue = danger », mais Tohrj n’arrivait pas à détacher son regard de la montagne en mouvement, fut-ce pour prendre ses jambes à son cou. Etrange mélange de fascination et de terreur. L’hémisphère droit, centre des émotions et de la sensibilité artistique, susurrait « va caresser le joli nounours », tandis que l’hémisphère gauche, siège de l’instinct de survie, hurlait « mais bouge-toi de là, crétin ! ». Avec pour seul résultat une immobilité fort peu opportune. Des siècles de sélection vaine, en somme. De quoi faire se damner les théoriciens de l’évolution des espèces.
L’ours s’avança. Pas bien gros, le petit. Pas de quoi se caler confortablement l’estomac, en tout cas. Un en-cas nocturne, peut-être ? En compensation de ce réveil impromptu. Et puis, il n’arrivait pas à se rendormir quand il avait fin. Il s’avança donc de son pas lourd vers la chétive créature. Elle n’esquissa pas un geste. C’est bien pratique, les proies comme ça, songea-t’il. Ca évite de se fatiguer pour rien.
Le gros museau s’approcha avec lenteur de la vilaine frimousse, reniflant l’enfant tremblant de peur. Pouah. Moisissure, bougie et cheveux sales. Plus un vague relent de chair en décomposition. Encore un nécromancien. L’ours fit volte-face, dégoûté, et s’éloigna placidement, disparaissant dans les fourrés. Non mais. C’est qu’il ne mangeait pas de ça.
« Tohrj ! Tooohrj ! »
Ulkar déboula en courant – enfin, en se traînant.
« Ah, te voilà !, souffla-t’il, épuisé. C’est que, heu, hum, on t’a cherché, heu, hum, partout. Heu, hum ! Je, euh, je suis bien content de t’avoir retrouvé. Heu, hum, je crois que je vais me poser un instant. »
Ulkar se laissa doucement glisser sur le sol d’aiguilles de pin, les yeux fermés. Tohrj regarda le vieux nécromant s’assoupir. Des ronflements s’élevèrent bientôt, et l’enfant fronça les sourcils. C’était bien la peine de venir le chercher si c’était pour s’endormir après. Et pis, il avait pas besoin qu’on vienne le chercher, il avait tellement fait peur au nours que le nours il était parti. Nah. C’était Tohrj le plus fort, d’abord, et le nours il avait bien compris. Le nours il était pas bête, le nours il avait pas risqué de se battre avec Tohrj, pasque il aurait perdu, d’abord.
« Tohrj ! »
Cette fois-ci, c’était Aenius.
« Ramène-toi, Heifnir, le mioche est là !, cria-t’il par-dessus son épaule. Dis z’y voir, gamin, t’aurais pas vu l’vieux ? Lui aussi y t’cherchait. Y s’faisait du souci pour toi, enfin, pour lui, mais c’est la même chose.
- Chut, fit Tohrj un doigt sur la bouche. Le monsieur y fait dodo, il a besoin de vacances. »
L’enfant pointa du doigt la forme noire étendue sur le sol.
« Alors ça y est, z’avez trouvé le môme ?, intervint Heifnir en arrivant. C’était le risque…
- Chuuut !, gronda Tohrj.
- L’vieux débris a pas tenu l’coup, ricana Aenius. Il dort dans les buissons.
- Bah ça c’est la meilleure, maugréa Heifnir. Y commence bien, l’voyage. Entre le gosse qui se taille et l’vieux qui tient pas l’coup. Quelle plaie !
- Mais chuuut-euh !
- Oh, la ferme Ulk… Tohrj. »
Aenius soupira.
« Bon bah tant pis, on a perdu assez d’temps et l’soleil va bientôt se lever. Campons ici, on r’prendra la nuit prochaine. »
***
« Allez, tout le monde se lève ! Et plus vite que ça ! »
La voix était jeune, énergique, autoritaire. Tohrj cligna des yeux.
« Aah, le soleil ! Ca brûle !
- Allez, dépêchez-vous !, reprit la voix.
- Qui c’est-y donc qui…
- Debout, vous dis-je ! »
Aenius se leva, rouge de colère et les cheveux en pagaille.
« Réveiller les honnêtes voyageurs, z’avez donc pas… Par les V.. les Neuf ! »
Le vieux nécromant ne revenait pas de sa vision. Enchanteresse, dans la lumière du matin, une jeune amazone, l’arc à la main et les cheveux au vent. Et une tenue de chasse en cuir mettant agréablement en valeur ses courbes féminines. Aenius fila un coup de pied à ses compères : « Debout les gars, on a d’la compagnie !
- Vous allez m’expliquer ce que vous faites là, à la fin ?, s’énerva la jeune femme.
- Qu’est-ce qu’y s’passe ? bougonna Heifnir en se réveillant. J’espère que t’as une bonne raison de… Par Mann… par Talos !
- Qu’est-ce t’y que j’t’avais dit, hein ?, fit Aenius en lui donnant un coup de coude. Ca vaut la peine d’être dérangé à une heure indue, hein !
- Bon, ça suffit maintenant !, s’empourpra la chasseuse en pointant son arc devant elle.
- Tout doux, mademoiselle, dit Aenius sur un ton mielleux qui lui était inhabituel. Nous sommes, euh, de paisibles voyageurs, qui… qui… Bon sang, Ulkar, lève-toi, t’es plus doué qu’moi pour les explications !
- Hein, euh, hum ?
- Il n’y a pas de voyageurs dans ces terres. Pas en tout cas d’assez stupides pour camper devant la tanière d’un ours, répondit-elle en baissant son arme.
- Nous sommes, euh, tenta Ulkar d’une voix pâteuse, des, euh, des promeneurs, qui, euh, nous, hum, nous promenons, dans, et bien, dans ces bois. Oui, ces, hum, ces bois que vous voyez là. Parfaitement.
- Oh, vraiment ?, fit la jeune femme d’un air sarcastique. Et moi je suis la Haute Reine de Skyrim !
- Mes hommages, Majesté, dit Aenius en s’inclinant.
- Mais non crétin, rétorqua Aenius en lui donnant un nouveau coup de coude, c’est pour se moquer !
- Mince, j’me disais bien…
- Je vous donne une dernière chance de vous expliquer. Qui êtes-vous, et que faites-vous dans cet accoutrement au milieu des monts de Bruma, dormant en plein jour devant la tanière d’un ours ?
- Je, euh… On savait pas, pour l’ours, en fait. Pas vrai les gars ? »
Aenius, Ulkar et Tohrj hochèrent vigoureusement la tête.
« - Si vous, euh, me permettez, mademoiselle, intervint Ulkar rouge jusqu’aux oreilles, nous, hum, et bien…
- Oui ?
- Et bien, nous, hum, je, euh, je suis le grand-père de cet enfant, et, hum, euh… En voici l’autre grand-père, et, euh, hum, le… le père, oui, tout à fait, le père de l’enfant donc, euh, mon propre fils. Nous, hum, nous nous sommes égarés dans ces, hum, dans ces bois, oui, ces bois que voilà, et, euh, et… »
Ulkar, tout en réfléchissant, se maudissait de n’avoir pas préparé plus tôt une excuse valable. C’est que les évènements s’étaient un peu bousculés depuis la veille et qu’il ne s’attendait pas à recevoir de la visite aussi tôt.
« - Mais encore ?, s’impatienta l’archère.
- Et bien, euh, oui, nous avons, euh, perdu tous nos vêtements. Euh, détroussés, par des, hum, bandits. Oui, voilà, de vils bandits, qui nous ont détroussés, de, euh, de la plus désagréable façon. Et nous n’avions plus, euh, que ces… ces vilaines robes noires à nous mettre.
- Des robes de nécromanciens, me semble-t’il.
- Oui, euh, oui, presque, euh… Je, euh, je salue votre coup d’œil, mademoiselle. Nous, euh, c’est tout ce qu’il nous restait de, ah, hum, houm, de, euh, de… de nos… accoutrements.
- Vous ne seriez pas une bande de comédiens, par hasard ?, fit la jeune femme en fronçant les sourcils. Une troupe ambulante, des saltimbanques, ou quelque chose comme ça. Vous êtes trop bizarres pour être de simples promeneurs.
-Siiii !, répondit Ulkar en hochant frénétiquement la tête, sautant sur l’excuse trouvée. Oh, euh, mademoiselle, je, hum, je loue votre, euh, votre sens aigu de l’observation. Laissez-nous nous présenter, nous, hum, nous sommes la troupe… euh… la troupe du Vent Capricieux. C’est que, euh, hum, nous portons nos pas partout où, hum, où le vent nous mène.
- Et vous n’avez pas de chevaux ? Pas de carriole ?
- Oh, dive chasseresse, dit Heifnir en s’inclinant, c’est que, euh, ces sacrés salopa… ces fieffés marauds nous les ont, comme qui dirait, piqués sous l’nez. Mais c’est qu’ces désagréments valaient ben la peine, dame oui, puisqu’c’est pour faire l’plaisir de votre rencontre. Heifnir, gente damoiselle, pour vous servir et… c’genre de choses.
- Aenius, se présenta le vieux nécromant tout sourire. Enchanté d’faire vot’rencontre, mademoiselle, héhéhé…
- Et, euh, hum, je suis Ulkar. Et mon, enfin, notre… petit-fils , Tohrj. Dis bonjour à la dame, Tohrj.
- B’jour, murmura l’enfant les yeux fixés sur le sol.
- Freyja de Nibelheim. J’imagine, soupira la jeune femme, que ma conscience m’impose d’escorter quatre infortunés voyageurs jusqu’à leur prochaine destination ?
- Oh, mais ce serait avec plaisiiiir, mademoiselle », répondirent les trois compères d’une seule voix.
Elle doit être blonde.
Sinon, j'aime toujours !
Bien que, "n’arrivait pas à se rendormir quand il avait fin"
Et puis, "- Mes hommages, Majesté, dit Aenius en s’inclinant.
- Mais non crétin, rétorqua Aenius"
Damn it.
C'est Heifnir qui s'incline. Ca a échappé à ma relecture attentive.
Damn it. Mauvais pseudo, en plus.
Tu veux pas que je t'envoie les chapitres par MP pour que tu me les corriges avant que je poste ?
J'ai pas envie d'avoir des MPs de quinze pieds de long. Et pis, s'il reste une faute, tu m'accuseras.
Bonjour bonjour
"Et pis, s'il reste une faute, tu m'accuseras. "
A ton avis, pourquoi est-ce que j'essaye de me décharger de mes responsabilités sur toi, hein ?
Demande donc à cotin.
Oh wait. Dovakhiin.
10. Compagnons de route
« Et où allez-vous comme ça ?
- Et ben, on va vers Bruma, mais… » Aenius et Heifnir échangèrent un regard complice. « … Mais ça nous arrangerait qu’vous nous accompagniez jusqu’à Cheydinhal. C’est qu’les routes sont ben dangereuses pour d’vieux… saltimbanques. Vous nous abandonneriez pas, hein, mam’zelle ?
- J’imagine que non, soupira Freyja. Et j’imagine que vous n’avez pas non plus de montures ?
- Bah… non, mam’zelle. C’est qu’on nous les a piqués, tout comme qu’on vous a dit. »
Nouveau soupir. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Elle se le demandait encore. Un peu de pitié, sans doute, pour les trois vieux grigous. Et pour le petit, aussi. Une bonne dose de curiosité, surtout. Un inexplicable attrait pour le mystère ; sans compter un certain goût pour les embrouilles. Nouveau soupir.
« Bon, et bien, il nous faut donc des montures, en plus des vêtements, s’entend. Impossible de vous balader dans tout l’empire habillés comme ça, tout le monde vous prendrait pour des nécromants ou quelque chose du genre. Sauf l’enfant, évidemment. Qui a jamais entendu parler d’un enfant nécromancien ?
- Qui donc, hein ?, ricana Aenius.
- Ce s’rait, comme qui dirait, rajouta Heifnir, une foutrement mauvaise idée.
- Comme de se promener en pleine forêt, au milieu des monts de Bruma, sans armes et sans chevaux ? »
Tous les regards se tournèrent vers le nouveau venu. Jeune, fringant, souriant, élégamment vêtu d’un ensemble de lin noir agrémenté d’une cape de fourrure. Et, accessoirement, un gourdin nonchalamment appuyé sur l’épaule droite.
« Oh, voyons, ne me regardez pas comme ça. Je ne suis pas aussi méchant que j’en ai l’air… Mademoiselle, messieurs, permettez-moi de me présenter. Jormund Haegirsson, bandit de son état, pour vous servir.
- Elles sont, hum, bien mal fréquentées, vos montagnes, renifla Ulkar avec dédain.
- Je suis profondément peiné de vous importuner, mademoiselle, messieurs, mais, que voulez-vous, les temps sont durs et ils le sont pour tout le monde. Nous en sommes réduits, mes compagnons et moi-même – il fit un geste de la main par-dessus son épaule – à dévaliser les honnêtes voyageurs. Bien entendu, nous préférerons parler de taxation. Un, comment dire, droit de passage. Une somme en or pour assurer votre sécurité. Cette transaction, j’espère que vous le comprenez, se fait avant tout dans votre intérêt – et nous permet par là-même d’assurer notre subsistance, certes, mais il faut bien vivre, nous sommes humains après tout, tout comme vous. Nous allons donc, mademoiselle, messieurs, si cela ne vous dérange pas, procéder dès maintenant à cet échange de bons procédés, comme j’aime à l’appeler. »
Pendant que le jeune homme prononçait son discours, ses deux acolytes à la mine patibulaire s’étaient avancés, gourdin à la main.
« Bien, bien. Selon l’usage consigné, comme vous le savez sans doute, le moment est donc venu de poster la question rituelle. Mademoiselle, messieurs, la bourse, ou la vie ?
- Z’avez qu’à prendre la bourse, on a rien d’dans. C’est con pour vous, hein ?
- Ô combien regrettable, en effet. Une journée qui commence bien mal… A défaut d’intérêts pécuniaires, j’ai bien peur que nous ne soyons amenés à tous vous passer au fil de l’épée. Enfin, du gourdin, mais j’imagine que vous m’aviez compris. Nous épargnerons bien entendu la jeune demoiselle, comme notre code d’honneur l’exige, et tâcherons de nous consoler de ce triste manque à gagner en profitant de sa douce compagnie pour assouvir nos appétits animaux. J’ai, sans me flatter, la réputation d’être de la plus grande tendresse, mais ce n’est hélas pas le cas de mes compagnons. Quel dommage pour la demoiselle, une telle délicatesse bientôt réduite à néant par leur sauvagerie et leur brutalité… Gurk, Jorg, vous ne m’en voudrez donc pas si je prends mon tour le premier, avant que vous ne me l’abîmiez ? Ce n’est pas comme si vous aviez besoin de moi pour vous débarrasser de trois vieillards et un enfant en bas âge. »
Sans se départir de son sourire, le bandit se dirigea d’un pas lent et assuré vers Freyja.
« - Vous n’avez pas l’air de prendre en compte le fait que je suis armée, déclara-t’elle froidement.
- Voyons, voyons, mademoiselle, vous êtes charmante, mais quel couard serais-je donc pour considérer qu’une créature féminine représente une menace ? Allons, ne soyez pas… »
Il fut coupé net dans son élan – tant sur le plan physique que figuré. Avouez qu’on le serait à moins : formidable coup de pied ascendant qui le plia en deux de douleur, suivi d’un cruel coup de genou dans le ventre. Et, pour clore le spectacle, une frappe du tranchant de la main sur la nuque. Imparable. Rouge de colère, l’amazone regarda l’importun s’effondrer sur le sol.
« Pauv’ mec », cracha-t’elle.
Gurk et Jorg échangèrent un regard, de leurs petits yeux profondément enfoncés sous une arcade sourcilière proéminente. Deux trolls se contemplant, perdus dans un abîme de réflexion. Bah ça alors. La p’tite dame elle avait mis le patron à terre.
C’était plus qu’ils ne pouvaient tolérer. Au nom de l’honneur de la profession, bien entendu. Et ils comptaient bien y remédier sur l’heure.
« Geuh. »
Formidable efficience des modes de communication primitifs. En un regard et en un mot, les deux gorilles s’étaient compris. Un simple mot vaut parfois mieux qu’un long discours, voilà qui n’aurait pas manqué d’interroger Berrus Carvelius.
Les deux truands s’avancèrent d’un pas lourd vers Freyja, le gourdin à la main. C’est le moment que choisirent les nécromanciens pour se montrer héroïques – c'est-à-dire qu’ils prirent leurs jambes à leur cou pour sauver leur misérable vie. Seul Tohrj ne bougea pas, son instinct de survie présentant, comme on le sait, des défaillances notoires. Voyant ses proies prendre la fuite, Gurk se lança à leur poursuite ; la jeune femme profita de cet instant de distraction pour faire décrire à son arc un grand arc de cercle au dessus de sa tête, qui s’abattit avec violence sur la nuque épaisse de Jorg. Et de un.
Jetant un coup d’œil terrifié par-dessus son épaule, Ulkar aperçut la montagne de muscles qui les poursuivait. Trop, c’est trop, songea-t’il. Quitte à mourir, autant que cela se fasse avec un minimum de dignité. Il fit volte-face et adopta la posture rituelle d’incantation – qui n’était pas sans rappeler celle des moines-guerriers des hommes-tigres akavirois, l’aspect impressionnant en moins et les douleurs articulaires en plus. Agitant ses mains d’une façon menaçante, Ulkar entonna d’une voix grave les formules censées promettre la victime à une mort atroce et immédiate.
« N’gasta kavahi, ark zobon jegaya ! N’gono massa lo mugitey, n’gono los mimasso !”
Gurk s’arrêta net, stupéfait devant le spectacle de ce vieillard agité.
« M’Orkund ! », hurla Ulkar en le pointant du doigt dans une pose théâtrale. Il eût dû s’ensuivre un formidable déferlement d’énergie sombre, un tourbillon maléfique qui aurait consumé les chairs, broyé les os, aspiré la force vitale jusqu’à la moelle et condamné le malheureux à une éternité de souffrance dans le Royaume de Mannimarco. En lieu et place… rien. Du tout. Pas même une vague étincelle, ou un petit crépitement. Mais Ulkar avait suffisamment captivé l’attention du bandit pour que Freyja, munie du gourdin de Jorg, se faufilât derrière lui et l’assommât d’un coup sur le crâne.
« Vous alors, on peut dire que vous êtes un sacrément bon acteur ! »
Le visage blême d’Ulkar vira graduellement au rose pâle, au fuchsia puis à l’écarlate. Il bafouilla :
« -Je, euh, je, oui, je, euh, hum…
- En tout cas, merci à vous. Sans votre intervention, je ne sais pas comment j’aurais fait.
- Je, euh, hum, euh… Rien du tout, euh, hum, je vous l’assure,…
- D’ailleurs, dites à vos deux compères d’arrêter de courir, ce n’est plus la peine.
- Oh, euh. Bien sûr. »
***
« -Est-ce que, hum, je ne suis pas trop ridicule ? J’ai, euh, j’ai l’habitude de porter du noir, mais, hum, je ne sais pas si le lin est ce qui me va le mieux…
- Je vous assure que ça vous va très bien. Aenius, Heifnir, c’est bientôt fini, vos essayages ? »
Une voix s’éleva de derrière les buissons.
« Euh, tout de suite, mademoiselle ! »
Les bandits avaient eu la bonne idée de se déplacer à cheval. Pour les remercier, Freyja les avait donc déshabillés et ligotés à un arbre, résolvant du même coup le problème vestimentaire.
« Et moi ?, demanda Tohrj d’une petite voix. Pourquoi y a que moi qui a pas droit à des jolis habits comme que les autres y z’ont ?
- Oh, je suis désolée, je t’avais oublié… C’est qu’il n’y a rien à ta taille, mon pauvre.
- C’est pas juste, renifla-t’il. C’est toujours les grands qui s’amusent, et ils laissent toujours Tohrj de côté…
- Attends, je crois que je sais. »
Freyja dégaina son couteau de chasse, et raccourcit la bien trop longue robe noire au niveau du genou. Après réflexion, elle découpa aussi les manches, laissant les petits bras squelettiques nus.
« Et voilà ! Ce n’est pas parfait, mais ça fera bien l’affaire. »
Pour la remercier, Tohrj la gratifia de son plus beau sourire. Freyja se retint de frémir de dégoût et lui sourit en retour. Pauvre gosse. Avec la tête qu’il avait, ça ne devait pas être facile tous les jours.
***
« N’empêche, quelle femme ! »
Freyja chevauchait en tête avec Tohrj, et Aenius et Heifnir en profitaient pour discuter à l’arrière.
« - J’croyais qu’c’était pas ton goût. J’croyais que tu les préférais du genre pas farouches et un peu froides.
- Et faisandées, aussi. Ouais. Bah, c’est qu’ça facilite pas mal les préliminaires, tout ça. Une morte, ça te dit jamais non. »
Ulkar, monté en selle derrière Aenius, s’éclaircit bruyamment la voix.
« - Quoi, Ulkar ? C t’dérange ? Y en a bien qui aiment les elfes, les khajites ou les orques. Ou même pire. Genre, les rousses.
- Ahem, hem.
- N’empêche, rêva Heifnir le regard perdu dans le lointain, qu’est-ce qu’elle est bien foutue, la petiote…
- T’as pas vu c’qu’est arrivé au bandit ? Le Jormund, là. J’aurais pas aimé être à sa place quand il a tenté sa chance. Et encore, il était sacrément plus beau gosse que toi, sans vouloir t’vexer.
- C’est bien c’que j’disais. J’les préfère mortes. »
Pas vu de faute, tiens. Mais deux répétitions. Je te laisse chercher.
Sinon, j'aime la façon minable dont se déroulent les combats.
"Je te laisse chercher. "
Et puis quoi encore ?
C'est tout simplement génial, les longues périodes où tu décris les choses sont à mourir de rire, surtout si les dites choses ne se produisent pas.
Merci Dwarfy ! Ca fait toujours plaisir de faire plaisir.
Fayot !
Tu ferais bien de t'inspirer de son exemple.
Sinon ?
Il t'enfile.
Même pas peur.
Ca ne se fait pas d'évoquer le sujet en public, polisson.