non, les fic c'est pas mon trucs j'aime bien mais sans plus, j'préfére "être" dans le feu de l'action moi =)
Non mais, vous avez eu une vie pendant un an & demi.
Nan ?
j'ai hiberné moi
L'elfe qui hiberne... j'ai bien hâte de voir un orque hiberner
ADLM Toujours bien comme dark le dit, sa se lit comme des petits pain chauds frais sortis du four
Deux semaines s’étaient écoulées depuis l’épisode de la prison de Dreth. Deux semaines de repos pour moi pendant lesquelles nous nous étions installés dans l’ancien abri de la Morag Tong à Vivec. Sa taille n’était pas comparable à celle du sanctuaire de Balmora mais celui ci avait l’avantage de se situer sous une des cités les plus incroyables que j’avais jamais vues.
Vivec était une véritable splendeur dépassant l’imagination. Chacune des immenses pyramides flottant sur les eaux abritait plusieurs quartiers de la taille de petites villes, tous complètement différents les uns des autres. Pour ne citer que les plus célèbres, le quartier étranger était un dédale de magasins immenses et complets allant de l’armurerie à la vente de tissus voire même à de simples tavernes et restaurants, en cherchant bien on pouvait trouver des produits venant de partout et même des choses illégales en y mettant le prix. Le quartier de l’Arène, lui, proposait plusieurs spectacles, pièces de théâtre, concerts ou combats selon les jours ainsi que tout un réseau de boutiques consacrées aux armes. Chaque pyramide était richement décorée d’un style unique allant des gravures à du lierre courant sur tous les murs ou encore des cours d’eau intérieurs circulant via un réseau décoratif et esthétique de tubes et tuyaux. De petits jardins fleuris se trouvaient en outre partout. Le mois d’âtrefeu touchait à sa fin mais la chaleur était particulièrement agréable et étonnante.
Alors que je passais mes journées à me reposer, Loup et Rahine travaillaient dur, pourtant, ils faisaient toujours en sorte qu’un d’entre eux reste au sanctuaire pour me tenir compagnie et l’autre rentrait en début de soirée pour que nous puissions la passer tous ensemble. Nous allions souvent voir des pièces de théâtre de Crassius Curio sur la grande place du quartier Hlallu ou tout simplement manger dans le quartier étranger. Je vivais des jours tranquilles et je commençais à réellement me plaire en Vvardenfell et en compagnie de ma nouvelle famille, la crise en Cyrodiil me semblait être de l’histoire très ancienne et j’avais tout mis de côté dans ma tête.
Ce jour là, j’étais en compagnie de Loup qui était toujours indubitablement plus discret que la pétillante sanguine. Il était avec moi dans les quartiers des assassins et comme moi il lisait silencieusement un livre.
Les autres membres de la confrérie noire de Morrowind mentionnés par Rahine lors de mon arrivée n’avaient jamais donné le moindre signe de vie et on les avait présumés morts. L’exécutant du sanctuaire résidait enfermé dans la chambre appartenant à Eno Hlallu et sa folie semblait s’être sensiblement calmée.
Cela m’énervait de l’admettre, mais Rahine avait raison lorsqu’elle disait que je me surmenais et que je ne me donnais jamais le temps de récupérer naturellement. Je me sentais beaucoup mieux et plus forme que je ne l’avais été depuis un bon moment. Je n’avais pas encore retiré le bandage autour de mon œil gauche mais le reste de mon corps fonctionnait à nouveau bien et j’étais tout à fait capable de me déplacer normalement. Je me sentais prêt à reprendre le travail, ce qui surprenait grandement la demi vampire qui pensait que je n’aurais récupéré qu’après au moins un bon mois.
Pour revenir à l’allure de ce sanctuaire, il était assez spacieux et élégant, comprenait un grand dortoir ou nous dormions tous ensemble, une salle commune, un entrepôt et des quartiers réservés aux plus hauts membres, mais nous n’y passions jamais de temps et nous les laissions intégralement à l’ancien exécutant et à sa folie. Le sol était et les murs étaient marbrés et avaient un cachet indéniable. Les lits et les couvertures étaient confortables et doux. Des tapisseries décoraient chaque emplacement qui était trop vide et je me devais de reconnaître que, du temps de son existence, la Morag Tong avait bon goût en matière d’aménagements. On pouvait accéder à notre sanctuaire via un système d’escaliers caché dans un entrepôt désaffecté dans le quartier de l’arène. Malgré la quantité affolante d’ordonnateurs circulant et faisant l’ordre dans Vivec, nous n’avions jamais le moindre problème avec eux, ceux ci étant bien trop occupés à calmer les manifestations du public, devenant de plus en plus violentes, désirant voir le Tribun Vivec ou tout simplement accéder au temple et savoir la vérité sur ce qui ce passait.
Alors que la journée commençait à toucher à sa fin et que je commençais à m’ennuyer un peu, j’entendis des bruits étranges venant de l’entrée du sanctuaire. Loup posa son livre et me jeta un regard qui me fit comprendre qu’il cherchait à savoir lequel de nous deux s’en occuperait. Avec ma main, je lui fis geste de rester assis sans bouger et que j’allais voir ce qui se passait.
Silencieusement, je bondis de mon lit et me glissai dans les couloirs marbrés du sanctuaire pour me diriger vers les escaliers le reliant au quartier de l’arène. Ce fut avec grande surprise que je n’y vis pas un ennemi, mais Rahine marchant à l’aveuglette avec une large caisse en bois dans les mains, se cognant contre les murs et titubant à cause du poids apparent de sa charge.
Sans rien dire, je vins vers elle et lui pris délicatement la caisse des mains. Elle ne pesait pratiquement rien et je réussis à la prendre d’une seule main.
Ravie d’être débarrassée de ce qu’elle portait, la joie de Rahine s’estompa lorsqu’elle vit que j’estimais que le poids de la caisse était absolument insignifiant.
- Vous alors ! J’ai fait de la magie toute la journée, lorsque je rentre à la maison, la dernière chose que j’ai envie de faire est d’en utiliser, surtout pour porter une stupide, stupide caisse contenant de vos stupides, stupides objets.
La demi vampire portait une tenue adaptée à la chaleur estivale (nous avions découvert que la plupart de ses vêtements étaient invoqués) composée d’une robe légère assez courte bleue et sans manches. Elle avait plusieurs bracelets colorés en ficelle tout au long des bras et était pieds nus. Ses cheveux étaient oranges clairs avec une seule mèche rose devant. Sa fleur habituelle avait été changée au profit d’une jolie fleur de lotus blanche. Elle avait un maquillage léger et ses lèvres étaient de couleur bonbon.
Rahine possédait une puissance magique dépassant l’entendement et elle avait fait plusieurs fois démonstration de ses incroyables facultés, cela dit, porter une caisse légère était pour elle terriblement difficile et un simple coup de poing l’aurait envoyée au tapis pour plusieurs heures. Contrairement à Vincente et aux autres « vrais » vampires même de niveau faible, elle n’était pas quasiment invincible et encore moins immortelle. C’était peut-être pour cela qu’elle était toujours plus méticuleuse et prudente, et aussi qu’elle tenait à profiter autant que possible de tout ce que la vie pouvait lui offrir de plaisant.
Quand elle vit que je la regardais, Rahine me rendit mon regard de ses deux pupilles de couleurs différentes. Je détournai mes yeux et lui dis que je n’avais pas voulu la vexer.
- C’est déjà oublié, ne vous en faites pas pour ça. Par contre si vous pouviez arrêter de m’évaluer comme ça, ce serait gentil et… ne niez pas, je vous connais, vous savez. Vous évaluez tous les gens que vous voyez et… ta ta ta, n’insistez pas. Maintenant suivez-moi s’il vous plait, je dois vous montrer ce qu’il y a dans cette caisse.
Rahine me prit par la main comme elle le faisait toujours et nous nous rendîmes vers la salle commune.
- Je constate avec plaisir que vous avez l’air d’aller bien mieux, je pense qu’on pourra retirer les derniers bandages aujourd’hui même.
Bien que je ne la connaissais que depuis relativement peu de temps, j’avais moi aussi l’impression d’avoir rencontré Rahine depuis des années. Je me sentais bien et à l’aise en sa compagnie, mais il m’était difficile de comprendre si son charme et son aura vampirique étaient responsables de cela ou non. Le fait était que j’appréciais beaucoup être en présence de ma sœur noire et que Loup m’était aussi devenu très sympathique.
Rahine lâcha ma main et me demanda de poser la caisse sur une table, puis de m’asseoir en face d’elle. Quand il vit qu’il y avait de l’agitation, Loup se traîna mollement jusqu'à la salle commune et s’assit à côté de moi. Il salua la sanguine du sanctuaire de la main.
- Oh, bien le bonjour à vous aussi, Loup, vous avez passé une bonne journée ? Moi ? Rien de vraiment passionnant. J’ai dû tuer un chef de clan Cendrais à la demande de son épouse Falura Llervu. J’ai du me déplacer plusieurs heures pour un tout petit moment de plaisir, alors franchement… Enfin bon, j’ai aussi dû aller chercher tout ce bazar chez notre ami Socucius Ergallar qui l’a récupéré spécialement pour vous, mon frère, et j’en ai profité pour acheter votre journal préféré. Avec ce stupide système de rouleaux pour chaque article, j’ai dû les mettre dans cette caisse pour avoir un journal entier.
Tous les jours, Rahine s’efforçait de trouver le temps d’aller chercher une édition récente du Courrier du cheval noir quasiment chaque jour, d’une part parce qu’elle estimait qu’il fallait que nous restions au courrant des nouvelles importantes de notre province natale mais aussi et surtout car elle avait appris à aimer et à trouver hilarants les petits articles du journal. Elle se plaisait à lire les faits vraiment marquants à haute voix devant nous chaque jour avant que nous sortions pour manger et passer du bon temps. J’adorais entendre des articles qui parlaient clairement de meurtres de mes anciens frères et sœurs noirs et dont les mises en scène étaient toujours aussi hilarantes.
Voyant qu’elle avait toute notre attention, Rahine ouvrit la caisse et farfouilla dedans avec ses petites mains pour en sortir quelques rouleaux. D’abord souriante et enthousiasmée, son sourire se dissipa progressivement au fur et à mesure qu’elle lisait les grands titres de tous les rouleaux.
- Hm. A priori rien qui vaille la peine d’être mentionné aujourd’hui. J’avais adoré l’article d’hier parlant de manière extrêmement péjorative du futur adversaire du célèbre Prince Gris, il avait un pseudonyme vraiment ridicule, c’était quoi déjà ? D’accord d’accord, est-ce que vous voulez que je survole quand même les grands titres ? Comme vous voulez, alors… « La ville de Bruma sur le qui-vive. Y’aura t’il une deuxième Kwatch ? », « Accusations de triche et de consommation de drogues pour l’équipe bleue de l’arène», « Deux jours depuis la disparition d’Adamus Philida, le mystère s’épaissit», « Naissance d’un beau poulain à l’écurie de… » Eh bien, je vous ai rarement vu aussi intéressé, mon frère ! Je vais vous lire ça tout de suite… « Malgré la crise de l’Oblivion, la vie suit son cours. C’est par une belle journée ensoleillée que Alezia a donné naissance à un très beau poulain tacheté qui… » OH, L’AUTRE ! Je me disais aussi…
Rahine posa l’article qui parlait de la naissance d’un jeune cheval pour reprendre celui discutant la disparition apparemment récente de l’ennemi principal de la Confrérie noire de Cheydinhal. J’avais certainement raté le journal du jour même et j’étais impatient d’entendre les nouvelles.
- « Deux jours après qu’il ait littéralement disparu de la circulation, le mystère tournant autour d’Adamus Philida reste total.
Adamus Philida était obsédé par les fantômes, et avait consacré sa vie à chasser une entité dont l’existence n’avait jamais été complètement prouvée, la « confrérie noire ». Son obsession était allé si loin qu’il avait été jusqu'à essayer de s’inventer des témoins en les payant grassement et ce jusqu'à l’affaire Karlota Minburg, qui encore aujourd’hui choque la population. Cet incident avait provoqué le transfert du capitaine de la garde à Leyawiin et sa mise à la retraite avancée.
Devenu un motif de dérision dans la société, personne ne prenait plus au sérieux celui qui avait été autrefois un vaillant capitaine de garde. Plusieurs livres se moquant de lui ont étés publiés et le Courrier du Cheval noir reconnaît avoir eu un profond mépris pour cet homme s’occupant plus de son imagination que des vrais criminels » Hah, le mot « vrais » est souligné, encadré et en gras ! « Adamus Philida n’osait plus sortir de chez lui de peur d’être humilié en public, petits et grands connaissant toutes ses frasques désopilantes et ridicules. Il ne quittait son domicile accompagné d’une garde du corps qu’une fois tous les deux jours pour nager dans une source d’eau chaude.
Et la, ça a été le drame. Son garde fidèle ne le quitte des yeux que quelques secondes. Ce fut les quelques secondes de trop. Lorsqu’il regarda à nouveau, le bassin était vide et rempli d’étranges cendres. Personne d’autre ne se trouvait sur les lieux.
Pour le protecteur de Philida, c’est le choc. Il est persuadé que la « confrérie noire » est responsable et que nous avions à faire à un meurtre habillement camouflé mais reste pourtant le premier suspect dans cette affaire. Les autorités ne sont pas de cet avis et le Courier du Cheval noir non plus. Il paraît évident qu’Adamus Philida s’est enfuit d’une manière ou d’une autre, incapable de faire face à tous ceux qui se moquent de lui. Il est probable que son corps soit retrouvé dans une forêt d’ici quelques jours.
Le chancelier Ocato, premier détracteur d’Adamus Philida, a excepté de s’exprimer à ce sujet :
« La fuite de Philida ne fait pour nous aucun doute, il n’est pas nécessaire, d’après nous, de s’attarder sur ces cendres noires et de rechercher Philida. Cet homme a attiré trop d’ennuis à l’empire pour qu’il mérite un traitement de faveur. »
Fuite désespérée ou complot bien organisé ? Mise en scène bien organisée ou triste concours de circonstances ? Le Courrier du Cheval noir pense que tant qu’aucun corps n’aura été retrouvé, le mystère demeurera. Qu’est ce que ces cendres noires faisaient sur le lieu du crime ? C’est avec toutes ces questions que s’est tenue hier matin une cérémonie en sa mémoire, ou seuls quatre amis apparemment très proches d’Adamus Philida se sont rendus. Visiblement attristés par la mort de… » Bah, la suite n’a pas l’air intéressante, mais vous aviez raison, c’était un chouette article. Ce monsieur devait être un sacré ennemi pour qu’on aille jusqu'à utiliser une rose de Sithis sur lui.
J’étais complètement abasourdi par la nouvelle, Adamus Philida avait enfin été exécuté. La main noire avait dû juger que la popularité de l’ancien capitaine de la garde ne pouvait tomber plus bas et que le moment était venu de mettre un terme à son existence sans que cela n’aie de graves conséquences.
Un plan simple et pourtant très efficace orchestré par Ocheeva, profiter d’un bain ou la cible ne porterait plus son armure pour le faire disparaître d’une seule flèche. Ça avait du être un tir très complexe et je ne voyais que Taleandril pour réussir un tel exploit.
La mort d’Adamus Philida marquait véritablement un nouveau début pour la Confrérie noire de Cheydinhal, avec la disparition de son principal adversaire, celle ci n’avait pratiquement plus rien qui puisse se mettre en travers de son chemin pour l’empêcher de répandre la mort et le chaos. La fête qu’avaient certainement célébrée mes anciens frères et sœurs noirs avait du battre les records en matière de consommation d’alcool et de nourriture.
Pendant que je réfléchissais, Rahine fouillait toujours dans la caisse et posait tout ce qu’elle y trouvait sur la grande table de la salle commune.
- Des couteaux de lancer, beaucoup beaucoup de couteaux de lancer, une épée courte, une dague, une… lame de malheur, une petite boite d’aiguilles, encore des couteaux de lancer mais en ébonite, des flèches, un…
Je stoppai Rahine pour lui demander de me rendre le plus vite possible ma tenue de la Confrérie noire, car j’avais hâte de l’enfiler à nouveau et elle était un des rares vêtements dans lesquels j’étais vraiment à l’aise.
La douce demi vampire cessa immédiatement de farfouiller et eut l’air très gênée. Elle parût chercher ses mots pendant quelques instants mais ne les trouva pas et me donna un câlin affectueux à la place.
- J’ai vu plusieurs forgerons ces jours ci, des couturiers aussi et même des enchanteurs. J’ai tout essayé, mais il n’y avait plus rien à faire. Je sais qu’elle devait être très importante pour vous et ça va vous faire un choc.
Rahine se dégagea et sortit du fond de la caisse les restes d’une sorte d’armure noire complètement déchirée et brisée de partout. Je n’arrivais plus à dire quoi que ce soit et mes deux compagnons semblaient être autant en état de choc que moi.
- Les ordonnateurs l’ont « examinée » en détail lorsque vous étiez en prison. Tout au long de son existence, votre armure a du subir beaucoup de coups et de déchirures, mais ça, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Toute la vie et la magie qui résidaient dans votre tenue ne sont plus. Votre armure est… morte. Je suis désolée. Vous… vous voulez la…
Rahine me tendit lentement les restes de mon costume bien aimé. Il était déchiré de partout mais je tentai quand même d’enfiler ce qu’il en restait par dessus mes vêtements. Rien ne se passa, la tenue ne se colla pas contre ma peau, je ne la sentais plus contre moi, à me protéger des coups, des éléments et du monde entier. J’étais comme nu. Je la retirai, la pliai, et la posai sur mes genoux en caressant doucement le cuir rugueux et abîmé au-delà de la réparation.
Ma plus fidèle amie et compagne, celle qui m’avait accompagnée dans tous mes périples et qui avait toujours été la pour moi n’était plus de ce monde.
Sous les regards navrés de mes deux compagnons, cet enchaînement de nouvelles me rappela immanquablement la crise de la Main noire que je n’avais mentionnée à personne, et surtout me fit un peu trop penser à mon ancienne famille de Cheydinhal.
Mon armure meurtrie entre les mains, j’eus la sensation terrible au plus profond de moi que quelque chose de terrible allait se produire.
18. La fin d’une époque.
Au sanctuaire de Cheydinhal, on fêtait la mort d’Adamus Philada depuis bientôt deux jours et la fête avait été relancée par un nouvel article dans le Courrier du cheval noir le jour même. L’assassin fantastique responsable de son exécution n’avait même pas pris la peine de se rendre aux célébrations pourtant organisées en son honneur et surtout à l’importance de son geste. Adamus Philida, le porc suffisant, n’était plus de ce monde et sa mort avait été atroce.
Ce soir là, Taleandril était sortie faire quelques achats d’alcool et de nourriture alors que tous les autres membres de la confrérie noire se trouvaient dans la salle commune à s’amuser et à bavarder, excepté Teineeva qui lisait seul dans la salle d’entraînement et Vincente qui demeurait dans sa chambre comme toujours.
Ocheeva lisait un article fraîchement paru qui déclenchait l’hilarité générale dans l’ivresse la plus totale.
- « (…) s’occupant plus de son imagination que des vrais criminels. » Ha ha ha ! Le mot « vrais » est souligné, encadré et en gras !
Gro Bolmog éclata de rire et frappa plusieurs fois la table de son énorme poing tout en avalant de grandes gorgées de bière. Antonneta riait contre l’épaule de Mjarj Dar qui avait suffisamment bût pour être bien dans la fête.
Ocheeva tenta de se retenir de rire en survolant la suite de l’article, mais elle vit quelque chose qui la fit craquer. Elle parla tant bien que mal en contenant son hilarité.
- Frère Gro Bolmog ! Sœur Marie Antoinetta! Ne me dites pas que vous avez OSE ?
- Nous AVONS osé ma sœur chérie, nous avons osé !
- C’est la chose la plus stupide et la plus brillante que j’aie jamais vue depuis… « (…)c’est tenue hier matin une cérémonie en sa mémoire, ou seuls quatre amis apparemment très proches d’Adamus Philida se sont rendus. Visiblement attristés par la mort de leur cher ami, mademoiselle Maria Antoinette et monsieur Ogro Obolmog n’ont pu s’empêcher de faire une émouvante déclaration au Courrier du cheval noir. « Il mettait du piment dans notre vie, il rendait chaque journée plus surprenante et excitante (Mademoiselle Maria a ici cédé à une vive émotion et s’est mise à pleurer) il y avait tant que chose que j’aurais aimé lui faire, tant de gestes et de non dits que je ne pourrais jamais plus lui faire ressentir… » Le discours de monsieur Ogro Obolmog, riche de métaphores, a profondément touché le Courrier du cheval noir. « Adamus Philida, si je pouvais le revoir encore une seule fois, je le serrerais dans mes bras jusqu'à le briser contre mon cœur et je ne le lâcherais plus jamais. Je m’imprégnerais de sa substance et je boirais son âme et son sang. Je le garderais prêt de moi pour le montrer à mes proches pour ce qu’il était vraiment (Les deux malheureux proches du disparu ont éclaté de rire nerveusement, incapable de contenir le flot d’émotions les submergeant)» Pour conclure, si vous lisez ces lignes Adamus Philida, sachez que même si l’opinion publique ne vous apprécie pas, il y a des gens qui tueraient pour vous revoir même une minute et partager avec vous tout ce qu’ils ont sur le cœur. » Extraordinaire ! Buvons à ça !
La maîtresse du sanctuaire se resservit un grand verre de vin et le bût d’une seule traite. Elle fut rapidement imitée par les trois assassins en sa compagnie. Alors qu’il buvait, Gro Bolmog se souvint de quelque chose et parla à Mjarj Dar.
- Mais mais mais ! Je ne vous ai pas raconté la fameuse histoire, à vous, n’est ce pas frère Mjarj Dar ? Figurez-vous que je devais tuer une petite fille qui fêtait son anniversaire, voyez-vous ? Je me rends chez elle, et, comme ça, je…
Antonneta se retenait de rire, elle connaissait par cœur cette histoire mais la chute l’amusait toujours autant que le premier jour.
La jeune femme allait beaucoup mieux. Elle avait mis de l’ordre dans ses sentiments et avait vaincu sa peine de cœur. Elle était certaine que son frère bien aimé était en vie, et qu’il allait revenir tôt ou tard. Il ne lui servait à rien d’être triste ou de se lamenter. Plus que jamais après la mort d’Adamus Philida, Antonneta se sentait bien dans sa famille qui lui avait apportée un logis, du bonheur et la possibilité de concrétiser toutes ses mauvaises pulsions. Elle avait écrit une longue lettre destinée à son frère adoré dans laquelle elle lui disait tout ce qu’elle ressentait. Au final tous les membres de la confrérie noire de Cheydinhal y avaient écrit quelque chose et la lire lui ferait certainement plaisir. La lettre était scellée et cachée dans le coffre personnel d’Antonetta. Elle se réjouissait énormément de lui donner et de voir sa réaction.
- …et alors elle me dit « Es-tu le bouffon ? » Et je lui réponds « Non, je suis le messager de la mort. » HA HA HA ! DES ASSIETTES ! SES YEUX AVAIENT LA TAILLE DE GROSSES ASSIETTES HUMIDES !
- Ha ha ha ! Vous êtes fou frère Gro Bolmog, fou !
- Combien de fois allez vous raconter cette histoire, mon frère ?
Mjarj Dar s’appuya contre la table tant il riait alors que la plus jeune sœur du sanctuaire semblait vouloir avoir une anecdote à raconter.
- Puisque vous racontez ça, mon frère chéri, je me suis un peu inspirée de vous pour un contrat concernant la castration d’un jeune riche, Fons Berens, qui souhaitait avoir des esclaves soumises importées de Vvardenfell pour son anniversaire.
- HA HA ! J’en ris déjà à l’évocation de la castration ! Il n’y a que vous pour faire ça sœur Antonetta !
- Je suis curieuse, sœur Marie Antoinetta, je vous écoute !
- Très bien ! Alors, c’était il y a une semaine à peu prêt. Je vais aux alentours de Bruma dans une magnifique maison en montagne. Je frappe à la porte –je portais une cape avec une capuche-. Il ouvre la porte, c’était le genre fils à papa riche et bien habillé de la trentaine. Il me regarda de haut en bas et me dit d’un air coquin « Eh bien, n’êtes pas vous pas un joli petit morceau ? » Et là, en pensant à vous, je lui dis « Non, je suis le spectre vengeur qui va vous transformer en chanteur d’église. »
A ce stade, Gro Bolmog et Mjarj Dar étaient déjà effondrés contre la table en riant, mais Ocheeva attendait la chute en essayant de se retenir le plus possible.
- Il n’a pas tout de suite paniqué, il m’a juste jeté un regard interloqué.
- Ah bon ?
- … mais je peux vous dire que ça a changé lorsque j’ai sorti de ma tenue une énorme paire de ciseaux. Je peux vous garantir qu’il a beaucoup remué et gigoté celui là, un vrai poisson sautillant sur la poêle.
- HA HA HAAA ! Il n’en dormira certainement plus jamais! Vous êtes une vraie furie sœur Antonetta, une vraie furie !
- Heureusement que nous avons notre cher Mjarj Dar pour nous réparer quand il le faut, n’est ce pas ?
L’annonce d’Ocheeva avait activé en Gro Bolmog l’aspect sentimental et affectueux que pouvait provoquer l’alcool. L’orque prit dans ses énormes bras le khajit en lui murmurant qu’il était vraiment un pote. Bien qu’il soit suffisamment ivre lui-même et qu’il rende l’affection à Gro Bolmog, Mjarj Dar réfléchit à ce qu’avait dit la maîtresse du sanctuaire qu’il estimait et respectait tant. Il était le magicien attitré de cette confrérie noire, c’était vrai. Mais cela n’avait pas toujours été le cas.
Mjarj Dar était né et abandonné par ses parents en Cyrodiil. Il avait grandit dans la rue en enchaînant de petits emplois. Sa vie prit un tournant surprenant lorsqu’il vit l’entraînement de mages de l’université Arcanes alors qu’il y livrait du courrier. Il fut si impressionné par ce magicien contrôlant les flammes dans la paume de ses mains qu’il décida de tout laisser tomber et de rejoindre la guilde des mages pour recevoir des recommandations qui lui permettraient de rejoindre l’université Arcanes et tenter de devenir un grand et puissant sorcier.
Mais sa race jouait en sa défaveur, le jeune et fougueux Mjarj Dar étant, en effet, khajit. Il était de notoriété publique que les hommes tigres n’avaient pas la moindre prédisposition pour la magie, leur physique et leur esprit les destinant plutôt à des carrières de voleurs ou d’agents. Les khajits les plus intelligents et efficaces devenaient des alchimistes, mais pratiquement jamais on en avait vu un qui soit devenu un grand magicien. C’est pour cela que lorsqu’il annonça qu’il voulait maîtriser l’école de destruction et aussi l’école de guérison, on se moqua de lui, on l’humilia et on ne le prit pas au sérieux. Maîtriser deux écoles de magie demandait des dons et des talents naturels que le jeune khajit n’avait pas, alors que tout le monde autour de lui était né fait pour utiliser de la magie. Personne ne prenait au sérieux le pauvre Mjarj Dar lorsqu’il s’entraînait toute la journée pour faire apparaître une flamme minuscule qui le faisait souffrir ou lorsqu’il passait des nuits entières à lire et pratiquer sans le moindre succès. On lui confiait des petits travaux ridicules et sans importance qu’il effectuait sans jamais discuter. Il était devenu un motif de dérision parmi la guilde et faisait littéralement partie du décor. On disait aux apprentis mage de faire attention à leur entraînement ou ils deviendraient comme Mjarj Dar. Ce dernier commençait à haïr tous ces minables qui avaient eu la chance de naître avec des dons naturels, qui n’avaient qu’a lire un livre pour le comprendre et en tirer des bénéfices et qui n’avaient qu’a répéter un exercice une ou deux fois pour le comprendre à la perfection, mais cette haine farouche stimulait son envie de progresser et de montrer au monde entier qu’un khajit pouvait et était capable de contrôler la magie.
Les fréquentes petites missions ingrates qu’on lui confiait lui permettaient de gagner sa vie tout en passant du temps loin des villes, du temps qu’il utilisait pour se livrer à un entraînement draconien qui le poussa à la limite de la démence pure. Dans des cavernes et pendant une période qui dura plus de quinze ans, le khajit répéta les même sorts inlassablement et, aussi atroce que sa puisse paraître, il se prenait lui même pour cible de ses gerbes de flammes ou de foudre pour en comprendre les effets le mieux et le plus rapidement possible. Plus il progressait, plus les dégâts subits par son corps devenaient importants et plus ses capacités à guérir augmentaient en conséquence. Son évolution était très lente, mais son corps était tellement saturé de dégâts magiques que ses facultés mentales se développaient d’elles même au fur et à mesure qu’il se mettait chaque jour à la limite de la mort. Cette forme d’évolution n’était pas normale pour un khajit, et une partie de son esprit fut dramatiquement touchée par le savoir que Mjarj Dar tentait d’y forcer. Il est probable que cet entraînement soit la cause de la perte de sa raison.
Pourtant, après seize longues années, Mjarj Dar avait réussi l’impossible, il avait, sans aucun talent naturel, réussi à devenir maître de pas une, mais deux écoles de magie pourtant parmi les plus complexes. Un apprentissage normal lui aurait demandé plus d’une vie mais il l’avait fait en un temps record et n’était pas encore trop vieux. C’est donc avec émotion qu’il fit démonstration de ses incroyables capacités à Teekeus, responsable de la guilde des mages d’Anvil, mais, ce jour là, Teekeus avait l’esprit ailleurs. Il accueillait humblement Philippe Fattel, le fils du tristement célèbre nécromancien Intriguant Fattel, et ce moquait bien des performances de Mjarj Dar, aussi contre nature soient-elles.
Philippe Fattel n’était rien d’autre qu’un génie, il n’avait que sept ans et contrôlait trois écoles de magie sans jamais s’être entraîné et sans jamais avoir à se salir les mains. Il était protégé et chouchouté par l’archimage Traven qui n’avait d’yeux que pour lui. Pour le pauvre khajit, le choc fut terrible. Il avait souffert pendant seize longues années pour maîtriser correctement la guérison et la destruction, mais il ne serait jamais aussi fort que quelqu’un ayant des dons, même si il travaillait pendant encore un demi-siècle. Quoi qu’il arrive, il resterait un khajit et n’aurait jamais sa place parmi les vrais magiciens de l’université arcanes. Il ne serait jamais plus qu’un apprenti à la guilde des mages.
Il n’était plus un adolescent et son vieux rêve était la dernière chose qui permettait à son esprit détruit par sa propre magie de rester en place, mais devant ce Teekeus béat des performances de cet enfant, quelque chose dans le cœur de l’homme tigre se brisa.
Il savait que si il devait livrer un combat de magie contre Philippe Fattel, il n’aurait pas la moindre chance, c’est pour cela qu’alors que l’enfant dormait, le khajit laissa aller ses instincts bestiaux et dévora sa gorge avant de s’enfuir dans la nuit.
A l’abri dans une grotte dans laquelle il avait passé beaucoup de temps, Mjarj Dar réalisa qu’il avait prit beaucoup de plaisir à ôter la vie d’un être vivant et pensa sincèrement qu’avec ses capacités, il pourrait éliminer un maximum de personne nées avec des dons qu’elles ne méritaient pas avant d’enfin se faire abattre. Cette prise de conscience fut suivie par la visite d’un spectre noir qui lui fit une proposition qui allait changer sa vie à tout jamais.
Mjarj Dar ne rendait pas la vie facile aux nouveaux arrivants dans le sanctuaire, il craignait toujours de voir venir des gens trop talentueux qui le rendraient inutile, mais au final, il se surprenait à aimer sincèrement tous les membres de sa nouvelle famille, même si il n’arrivait jamais à l’exprimer correctement.
- Peuh, lâchez moi singe puant ! Sans moi vous auriez une trentaine d’os au moins et vous ne pourriez pas sourire à pleine dents !
- Ha ha ! J’adore quand vous m’appelez singe puant ! Bref, je vais aller m’allonger un peu, le sanctuaire tourne dans tous les sens…
L’orque se leva et alla s’effondrer sur son lit et se mit à ronfler comme une masse après quelques secondes seulement.
L’histoire de Gogron Gro Bolmog Orque était bien moins dramatique. Gro Bolmog était né de deux parents orques nobles et était une vraie force de la nature. Ne désirant pas suivre la voie tracée par ses géniteurs, il fracassa leur crâne avec une masse d’armes et s’enfuit gaiement dans la nature pour être recruté par le brillant et promu à un grand avenir annonceur Ungolim. Tout comme Taleandril, il était un des membres les plus anciens et âgés de la confrérie noire de Cheydinhal, il avait vécu au sanctuaire du temps ou Lucien Lachance en était encore le chef avec comme sanguin Morgaroth Alhon. Il avait fréquenté Ocheeva et Vincente alors qu’ils étaient tous au même niveau. Son idylle avec Taleandril était aussi inexplicable qu’agréable et il y avait des journées ou il se sentait si bien avec elle qu’il désirait tout lâcher pour fonder une famille. Bien heureusement la soif de sang et d’alcool ainsi que sa folie lui empêchaient d’avoir ce genre de pensées trop souvent. Contrairement à sa sœur noire bosmer, il ne souhaitait aucunement monter en grade, être dans le feu de l’action le satisfaisant bien plus que de remplir des papiers ou de collecter des informations. Rien à son goût ne remplaçait la sensation de toute puissance suivant la destruction totale de la boite crânienne de sa cible. L’orque se plaisait beaucoup à raconter de ses innombrables anecdotes pour divertir sa famille. Des innombrables anecdotes allant du meurtre et de la mise en pièces d’enfants lors d’un anniversaire à une formidable et désopilante histoire impliquant les sous vêtements d’une Taleandril plus jeune. Cette histoire était tellement stupide que Gro Bolmog riait dès qu’il y pensait, avant de ressentir une profonde et totale satisfaction.
- Regardez le ma sœur chérie, Il sourit en dormant, c’est adorable !
- Je suis sûre que ce serait adorable si ce n’était pas aussi ignoble.
- Argh, ce singe puant me coupe l’appétit, je ne sais pas à quoi il pense mais il en bave de joie !
- Je me demande tout de même ce que font frères Vincente et Teineeva, mon frère chéri, je pensais qu’ils passeraient un peu de temps avec nous ce soir ?
- J’ai beau être votre nouveau pote, je vous ai déjà dis de ne plus JAMAIS m’appeler comme ça, ou je brûlerais la moindre parcelle de peau sur votre visage, compris ?
- Compris, mon frère chéri.
- AARRGH !
- Je suis sûre que frère Valerai est très occupé à faire mille choses, comme toujours, et frère Teineeva n’a jamais été un très grand fêtard… maintenant si vous pouviez arrêter de rire et vous d’essayer de mettre le feu à ses cheveux, je serais ravie… Vous m’entendez, dites ?
Même depuis sa chambre se trouvant à l’autre bout du sanctuaire, Vincente Valerai entendait les éclats de rire et le bruit venant de la salle commune.
Il ne l’aurait jamais admis à qui que ce soit, mais il mourrait d’envie de rejoindre ses frères et sœurs noirs et passer une soirée en leur compagnie, mais l’odeur du sang et de la chair risquait toujours de lui faire perdre le contrôle, et le puissant vampire ne pouvait se permettre de prendre le risque de blesser un des membres de sa famille.
Très peu de vampires réussissaient l’exploit de calmer leur soif de sang en présence d’humains. La plupart des membres de la société vampirique, bien plus des trois quarts, devenaient comme fous dès qu’un être avec du sang chaud se présentait devant eux. Ils n’étaient alors plus que capables de se jeter sur eux pour se nourrir avant de prendre conscience de ce qu’ils avaient fait.
Le vampirisme était une malédiction. Certains fous recherchaient la morsure d’un vampire en se promenant dans des cimetières tard le soir en espérant trouver pouvoir et immortalité, mais le pouvoir en question avait un lourd prix. La perte de son humanité, l’impossibilité de ressentir le moindre plaisir que l’on avait de son vivant et l’obligation de se nourrir en permanence de sang pour survivre ou simplement pour espérer garder quelques bribes de lucidité et ne pas oublier qui on était avant. Dans de telles conditions, comment apprécier la vie éternelle s’offrant aux vampires ? Une vie passée à être considéré comme un monstre et à juste titre d’ailleurs, a envier les humains en secret et ou chaque bouffée d’air stimule son horrible appétit. Vincente avait plusieurs noms tant il avait vécu longtemps, on l’avait aussi appelé Vicente Valtieri, ou encore Vincent Aundae. Il avait oublié ses autres appellations, et surtout celle qu’il avait lorsqu’il était encore…
Il avait trouvé en la confrérie noire une famille l’appréciant et le jugeant sans prêter attention à son aspect terrifiant. Il pouvait mettre à profit ses facultés exceptionnelles pour une cause, et dans les murs du sanctuaire, Vincente se sentait à nouveau humain.
Mais dès qu’il se sentait bien et avait envie de bavarder avec Ocheeva ou simplement de s’amuser avec la charmante Antonetta, qui avait certainement le même âge que Vincente de son vivant et avant sa mutation, il sentait sa soif de sang, et devait reprendre son combat intérieur. Lutter contre ses pulsions et se persuader de nuire uniquement aux ennemis de la confrérie sans jamais faire de mal à ses proches. Il se rappelait aussi qu’il ne ressentait rien, ni le vent, ni le contact d’une main dans la sienne. La nourriture se changeait en cendres dans sa bouche et le liquide coulait le long de sa gorge sans provoquer la moindre sensation plaisante ou désagréable.
Il désirait parfois mourir pour mettre un terme à sa trop longue vie, mais il aimait son sanctuaire plus que tout, et avait décidé de lui consacrer le reste de son immortalité. C’était sa seule raison d’exister, car hors des murs de la maison de Sithis, le monde n’avait pas besoin d’une abomination telle que lui.
Pourtant, ce soir là, Vincente n’avait pas envie d’organiser des contrats ou de rédiger des rapports. Il ne dormait pratiquement jamais étant donné que sa condition de vampire lui permettait de ne plus ressentir le sommeil, mais certains jours il s’autorisait quelques heures d’un repos proche de la léthargie. C’était une tradition ancienne qu’il s’efforçait de garder pour se rappeler qu’il avait été humain et que sous cette apparence bestiale il y avait encore lui quelque chose qui y ressemblait.
Le sanguin du sanctuaire s’allongea sur son étroit lit de la forme d’un cercueil et posa ses bras le long de son corps comme un cadavre. Il ferma les yeux et se détendit.
Il se dit qu’après tout, la confrérie noire n’allait pas être détruite juste parce qu’il dormait un petit moment.
Alors que le vampire s’endormait, quelqu’un pénétra en faisant du bruit dans le sanctuaire, et ce par la porte principale.
- Oh, vous avez entendu ?
- Ah, ça doit être le futur silencieux de Lucien Lachance qui est revenu, on ne l’a pas revu lui ou son journal intime depuis qu’il est parti à la rencontre de l’annonceur. Je me demande bien pourquoi il est là ?
- C’est tout de même lui qui a tué Adamus Philida, sœur Antonetta, et c’est l’assassin le plus talentueux que nous ayons jamais eu. Même si j’avoue qu’il est un peu… différent. Il est certainement là pour nous dire au revoir. Je vais aller le saluer et le féliciter pour sa promotion, nous faisons la fête grâce à ses actes, après tout.
Ocheeva se leva et tituba quelques instants sous les moqueries amicales d’Antonetta et Mjarj Dar. Elle quitta ensuite les quartiers des assassins pour aller à la rencontre de l’extraordinaire assassin qui avait fréquenté le sanctuaire de Cheydinhal pendant un petit moment. Petit moment pendant lequel il avait démontré des capacités et facultés dépassant largement tout ce qui avait fait jusqu'à lors, et largement. Il était devenu le silencieux de Lucien Lachance et avait la confiance absolue de ce dernier tant ses actes étaient grandioses et prometteurs.
Ce soir là, il n’était pas revenu, contrairement à ce qu’avait suggéré Ocheeva, pour dire au revoir à ses frères et sœurs noirs. Il était là pour une autre raison.
La maîtresse du sanctuaire accueillit à bras ouverts l’ancienne recrue miracle, qui portait toujours l’armure de la confrérie noire avec un capuchon intégral. Sa race et son visage étaient toujours impossible à déterminer correctement. Toujours affublé de son journal intime et muet comme une carpe, son comportement restait un mystère pour tous ceux que cette personne fréquentait, même si personne n’y prêtait vraiment attention.
- Aaah, notre assassin prodige revient à la maison pour nous rendre visite. Quel genre de mission vous a confié l’annonceur Lucien Lachance, mon frère ? Quelle qu’elle soit, je suis certaine que vous l’exécuterez parfaitement et avec style.
Comme à son habitude, l’homme à journal resta absolument immobile et sans rien dire devant Ocheeva, d’habitude, elle comprenait tout de même et comme par magie ce qu’il voulait dire, mais cette fois là, il semblait vraiment n’avoir rien à dire ou à demander.
- Bon eh bien… n’hésitez pas à venir saluer tous les membres de votre famille, cela leur fera plaisir.
Ocheeva fit une tape amicale sur l’épaule du silencieux, lui sourit, puis tourna les talons pour retourner vers la salle commune, mais à peine eut elle fait un pas qu’elle fut stoppée net dans son avancée. Une lame froide s’était plantée dans sa gorge et entamait une course folle pour la trancher. Le monde autour de la maîtresse du sanctuaire semblait s’éteindre alors qu’elle était trop en état de choc pour pouvoir crier ou comprendre ce qui c’était passé. Elle avait été attaquée dans son sanctuaire, dans le lieu ou elle était sous la protection de Sithis et de ses principes sacrés.
La lame termina enfin son voyage dans la chair d’Ocheeva et une gerbe de sang fut propulsée silencieusement contre les murs du hall principal du sanctuaire de Cheydinhal.
L’argonienne eut l’impression que cette seconde que dura la chute de son corps contre le sol durait plusieurs heures. Elle se revit plus jeune en compagnie de Teineeva et d’Ecorchequeue dans le marais noir. Ironique de penser que celui qui avait tué l’infâme traître qu’était Ecorchequeue lui ôtait la vie. Elle revit aussi sa vie et son évolution au sein de sa famille, et surtout elle fut terrifié de constater que son tueur, l’homme au journal, n’avait pas été immédiatement pris pour cible par un spectre vengeur de Sithis ou par une malédiction horrible, ça ne pouvait signifier qu’une seule chose.
Mais la malheureuse Ocheeva ne réussit pas à aller jusqu’au bout de son idée, son formidable cerveau avait cessé de fonctionner pour toujours.
Pourtant, même quelques instants avant de mourir, elle avait vu tout à fait juste. Si la fureur de Sithis ne s’abattait pas sur l’homme au journal, c’était qu’il avait reçu la permission de s’en prendre à ses frères et sœurs noirs d’un annonceur, et cet annonceur n’était autre que Lucien Lachance lui même. C’était la raison de la présence de son silencieux ce soir, la purification de la confrérie noire de Cheydinhal.
Sans paniquer le moins du monde, l’homme au journal ne fit même pas attention au cadavre dans le hall et se dirigea vers la salle commune.
- Ah, bonsoir mon très cher frère, vous venez boire un coup avec nous ?
- Oh, bon… bonsoir, vous… vous tombez bien, je voulais vous parler !
Le terrible silencieux fut contrarié de voir que dans la salle commune se trouvaient trois assassins, dont un qui dormait. Il avait beau être terriblement fort, il savait que les serviteurs de Sithis étaient forts. Même très forts, et il ne souhaitais pas prendre le risque d’en combattre deux en même temps.
Heureusement pour lui, avant qu’il n’aie réfléchi à un plan, Mjarj Dar se leva d’une allure enivrée et fit signe au silencieux de le suivre vers l’entrée de la salle commune, loin du regard d’Antonetta. Il bafouilla quelques instants avant d’enfin réussir à s’exprimer.
- J’es… j’espère que vous allez bien, mon frère ! D’ailleurs je suis ravi que vous soyez avec nous ce soir et euh… écoutez, je tenais à m’excuser de l’attitude que j’ai eu à votre égard jusqu'à maintenant.
Même si il restait toujours muet et ne cillait absolument jamais, Mjarj Dar avait réussit l’incroyable miracle de faire réagir très légèrement l’homme ou journal, et de regarder un peu son sinistre projet.
- Je dois reconnaître que, euh... vous êtes un… enfin… un élément très important de la confrérie noire et, vraiment, l´idiot, c´est… c’est moi de pas, euh... croire aux capacités de tous les nouveaux venus, je n’arrive pas, à… m’en empêcher. Le singe puant, c’était moi dans tout ça.
Apparemment légèrement touché par la déclaration du khajit qui c’était moqué depuis lui depuis son arrivée au sanctuaire, l’homme au journal lui tendis la main amicalement. Cela fit pétiller Mjarj Dar de joie, et l’homme tigre serra rapidement la main qui lui était tendue.
- Fantastique ! Vous serez mon nouveau pote ! Dites moi, vous n’avez pas une petite blessure histoire que votre cher vieux copain Mjarj Dar vous la soigne vite fait ?
Il avait été légèrement touché, c’est pour cela qu’il allait être bon avec Mjarj Dar et lui offrir une mort rapide et sans souffrances. En moins d’une seconde, le silencieux tortis le bras du Khajit et trancha sa gorge de la même manière qu’il l’avait fait à Ocheeva, mais en effectuant la coupure plus rapidement. Le mage n’eût même pas le temps de comprendre qu’il se faisait tuer. L’homme au journal le déplaça même pas le corps du khajit, il se contenta d’essuyer sa lame qu’il trouvait trop sale, noter quelques petites choses dans son journal, avant de se diriger vers la salle d’entraînement.
En vérité, Lucien Lachance détestait l’idée de devoir en arriver aussi loin. Il s’en voulait énormément de devoir se débarrasser de ses plus fidèles serviteurs et amis, mais il n’avait plus le choix et cette décision avait été prise dans le but de se sauver lui même, et par conséquent la cohésion et l’union de la Main Noire.
En attaquant Mathieu Bellamont pour sauver leur frère, la confrérie noire de Cheydinhal avait fait une erreur irrécupérable. Lucien Lachance avait bien essayé de parler avec l’écoutant Ungolim pour se justifier, mais ce dernier avait perdu confiance en Lachance, et celui ci ne devait sa survie qu’au respect que toute la Main Noire avait pour lui.
En protégeant la confrérie noire, alors il aurait été accusé de leur avoir donné l’ordre d’observer et de harceler Bellamont, dans quel cas il aurait été immédiatement exécuté pour traîtrise, en revanche, en faisant croire que le sanctuaire de Cheydinhal avait agit sans la permission de qui que ce soit, alors Lachance n’aurait qu’a le faire purifier pour être lavé de tous soupons. Cela lui permettrait de gagner encore du temps pour faire éclater la traîtrise de Mathieu Bellamont au grand jour, même si le prix à payer était lourd. Lucien Lachance avait un nouveau serviteur qu’il avait repéré dès le premier jour, alors qu’il le rencontrait pour un meurtre minable dans le but d’obtenir de l’argent. Lucien avait senti le potentiel que cet étrange personnage possédait, et qu’il était destiné à faire de très grandes choses. Avec un tel silencieux, obéissant aveuglément à tous les ordres sans jamais discuter, Lachance pensait qu’il arriverait à faire tourner la roue en sa faveur, mais le venin que Bellamont injectait dans la Main Noire était à l’œuvre, et de plus en plus on pensait que le traître n’était autre que celui qui avait été pendant longtemps le plus proche de l’écoutant, Lucien Lachance lui même.
Mais ce dernier ne s’inquiétait guère, tant qu’il contrôlerait l’homme au journal intime, tant qu’il lui appartenait à lui et à lui seul, rien n’était perdu. Le sacrifice du sanctuaire était regrettable et profondément triste, mais c’était un mal nécessaire pour que la Confrérie noire puisse continuer à exister.
- Oh, vous êtes revenu voir vos humbles frères et sœurs ? Désolé, je ne vous avais pas entendu revenir avec tout ce brouhaha à côté, je n’aime pas tellement les fêtes. Comment allez-vous ?
Teineeva lisait tranquillement assis sur un banc de la vaste salle d’entraînement alors que celui ayant exécuté Ecorchequeue y avait fit irruption sans dire le moindre mot, comme il le faisait toujours.
Teineeva ressentait un profond respect pour le silencieux de Lucien Lachance, c’est pour cela qu’il ne se méfia absolument pas lorsqu’il s’approcha tranquillement de lui avant de lui perforer la nuque. Les réflexes surprenants de l’Argoniens lui permirent pourtant d’éviter un coup fatal, il se jeta au sol et la lame ne pénétra pas intégralement sa chair. Sans perdre son temps et chercher à comprendre ce qu’il se passait, il se fondit dans les ombres et devint complètement invisible. L’homme au journal l’imita et disparu aussi complètement. Il s’écoula quelques interminables minutes de silence avant que les deux adversaires ne réapparaissent, Teineeva blessé trop gravement pour pouvoir se déplacer et n’ayant que quelques instants à vivre.
Pour l’argonien, tout c’était déroulé si vite qu’il n’avait absolument rien compris. En se remémorant la scène, il réalisa qu’après s’être rendu invisible, son adversaire avait ensuite activé un sort de détection de vie. Dans la volée, il avait fait fondre les tendons de Teineeva par magie pour l’empêcher de bouger et surtout, il avait changé le métal de la dague de l’argonien en papier pour éviter le moindre dégât.
Face à la mort, Teineeva éclata de rire. Le silencieux avait fait usage de quatre écoles de magie en quelques instants, et pourtant son corps n’était nullement hypertrophié ou affaibli par la maîtrise des arcanes. De tels pouvoirs le destinaient à s’élever au dessus des hommes et il n’y avait aucune honte à avoir à se faire tuer par un tel monstre.
- Alors, qu’attendez vous, le dégel ? Si vous me laissez en vie, je retrouverais tous les gens auxquels vous tenez et je les découperais petit bout par bout.
L’homme au journal écrasa avec son pied la tête de Teineeva, qui se sentit ramené bien des années en arrière, ou un marchant d’esclaves du Marais Noir aurait pu en faire autant mais avait raté sa chance, et l’avait regretté amèrement.
Après avoir essuyé son costume, le silencieux fouilla tranquillement la salle d’entraînement à la recherche d’objets qu’il pourrait revendre pour se faire de l’argent de poche, puis retourna vers la salle commune pour continuer sa mission.
Antonetta avait beau être légèrement ivre, ses sens de lycanthrope lui permirent de sentir l’arrivée de l’homme au journal dans la salle commune, un arc bandé à la main. Elle avait beau le sentir, elle se disait qu’il était impossible que quelqu’un puisse avoir un arc bandé dans la sanctuaire, et ce même si elle le sentait clairement dans son dos. Elle se disait aussi qu’elle se trompait lorsqu’elle sentait clairement la flèche se rapprocher de son dos.
D’un seul coup, Antonetta tourna sur elle même en faisant basculer sa chaise et la flèche se planta seulement dans son bras.
Quand il vit que son plan n’avait pas fonctionné, l’homme au journal rangea son arc et sortit une épée longue en ébène, pourtant, la chance était encore une fois de son côté. Pour le plus grand malheur de la demoiselle, la flèche qui s’était plantée dans son bras était faite d’argent, la seule chose que son métabolisme de loup-garou ne pouvait absolument pas supporter. Face à cette substance que son corps considérait comme une menace gravissime, le cœur d’Antonetta s’emballa et elle fut clouée sur place par le choc. Facile alors pour le silencieux d’avancer vers elle et de la poignarder en plein crâne pour la mettre à terre immédiatement. Il ne le réalisait pas, mais Antonetta aurait pu être un terrible adversaire si elle avait été consciente de ce qu’elle était et si il n’avait pas eu la chance d’avoir un carquois de flèches d’argent.
Un cri bestial et inhumain empêcha l’homme au journal de fouiller le cadavre d’Antonetta, il se tourna pour voir que Gro Bolmog était dans la même pièce que lui, et qu’il était fou de rage.
- TU ES UN HOMME MORT !
Sans perdre une seconde, le silencieux ressortit son arc et tira une flèche dans le crâne de Gro Bolmog. Il l’encaissa sans broncher et se mit à courir en direction de son ennemi à toute allure et ce malgré son énorme armure. L’homme au journal tira une seconde flèche qui pénétra elle aussi la tête de l’orque, mais cela ne l’arrêta toujours pas. Il banda son arc une troisième fois et tira pour toucher le torse, mais c’était trop tard, le monstre était sur lui. En emportant l’homme au journal dans son élan, l’orque lui fit traverser le mur de pierre séparant la salle commune et l’entrée avant de le prendre par le pied et de l’écraser contre les colonnes du hall, pour enfin le jeter de toutes ses forces contre le mur qui se fissura tant l’impact était violent. En respirant et rugissant comme un animal, Gro Bolmog retira les flèches comme si il s’agissait de cure dents.
- Tu crois vraiment que ces cures dents vont m’arrêter ? Relève toi pauvre insecte, c’est tout ce que tu as dans le ventre ?
Un humain ordinaire de n’importe quelle condition aurait été brisé en mille morceaux, mais l’homme au journal était différent. Il ne sentait pas la douleur et ses os étaient indestructibles. Il avait de telles capacités de régénération qu’il était virtuellement invincible, en restant immobile une seconde, son corps était autant soigné que si il était resté immobile pendant plusieurs heures. En utilisant une seule fois une magie il la comprenait et la maîtrisait comme si un mage ordinaire l’avait lancée des centaines de fois. Son cerveau pouvait assimiler un nombre infini de données et de paramètres, si bien qu’il devait avoir son journal intime pour s’y retrouver dans ses propres pensées. Il ne le savait pas encore, mais le cours du temps n’avait aucun effet sur lui, car il était le héros légendaire qui vaincrait Merhunes Dagon et fermerait les portes de l’Oblivion.
Pourtant, ce personnage si puissant n’était qu’une coquille vide dénuée de toute âme, manipulée par les gens autour d’elle. Des légendes racontaient que ce champion intemporel serait contrôlée par une force bien plus grande encore que celle des princes et princesses daedras, mais personne n’avait pu encore résoudre ce mystère.
Gro Bolmog était un extraordinaire guerrier, peut-être même un des plus forts, mais pour cet homme, il n’était rien d’autre qu’une encombrante formalité.
L’orque fut surpris lorsqu’il vit son adversaire se relever comme si rien ne c’était passé et sans le moindre dégât sur son corps et sortir deux épées d’ébène, le guerrier l’avait pourtant attaqué avec une force colossale.
D’abord sous l’effet de la surprise, Gro Bolmog sentit monter en lui une rage primale et incontrôlable.
- Espèce de misérable petit… tu veux jouer à ça, hein pauvre minable ?
Gro Bolmog essuya le sang qui coulait de son visage avec ses mains et l’utilisa pour se tracer des peintures de guerre sanglantes. Il ramassa une masse d’armes à deux mains pesant facilement quatre vingt kilos dans un râtelier d’armes avant en position de combat.
- ON VA JOUER ALORS, AMENE TOI !
L’orque se rua sur son adversaire en hurlant et tenta de l’abattre en frappant horizontalement avec son arme. L’homme au journal se pencha et les colonnes du hall d’entrée s’effondrèrent sous la puissance du coup. Emporté dans son élan, Gro Bolmog ne réussit pas à ramener tout de suite son arme à sa hauteur, et son invincible ennemi en profita pour lui taillader tout le corps avec ses deux armes.
- C’est tout ce que tu as dans le ventre vermine ?! Dégage de la !
Du revers de son immense main, l’orque souffla l’homme au journal qui fut propulsé contre un mur. Il se releva immédiatement pour éviter la masse d’arme qui s’abattait sur lui et détruisit les dalles de pierre. Il en profita pour lacérer l’orque de part en part. Gro Bolmog saignait tellement que son sang se répandait partout, mais il ne semblait plus rien sentir.
- Je vais t’arracher le cœur sale insecte !
Le monstre en colère lâcha sa masse d’armes et donna deux terribles crochets dans le visage de l’homme au journal qui était envoyé dans tous les sens comme une feuille dans le vent, pourtant il se relevait toujours sans la moindre blessure, même si il réalisait qu’il n’arriverait jamais à stopper un adversaire tel que Gro Bolmog simplement. Pour être sûr de le tuer, il faudrait le couper en morceaux et brûler chaque lamelle de chair pour être sur qu’il n’en reste plus rien. Faute d’expérience et de moyens, le silencieux allait devoir faire ça de manière plus ordinaire.
Alors que l’orque fonçait sur lui poings en avant, un seul mouvement simple et rapide, l’homme au journal esquiva un coup en se penchant légèrement et en profita pour couper un des bras de Gro Bolmog, avant de lui trancher la gorge en tournant sur lui même.
A travers sa capuche, le destructeur de la confrérie noire voulut laisser passer quelques secondes pour récupérer pleinement avant de s’attaquer à la cible la plus dangereuse qui semblait être en train de dormir profondément, mais Gro Bolmog reprit brutalement ses esprits et agrippa le cou de son ennemi avec toute sa force. A chaque mot qu’il prononçait, de grosses gerbes de sang jaillissaient de sa coupure.
- Je vais t’arracher la colonne vertébrale, tu m’entends ?
Alors qu’il sentait parfaitement que ses cervicales étaient en morceaux, même si cela lui importait peu car il savait qu’elles seraient intactes dès que l’orque l’aurait lâché, l’homme au journal savait parfaitement que Gogron était parfaitement sérieux et qu’il allait mettre ses menaces à exécution si il restait en vie plus longtemps. Profitant du fait que son colossal adversaire n’avait plus de bras pour assurer sa défense, le meurtrier à la solde de Lucien Lachance planta son épée toute entière dans la coupure de l’orque qui desserra son étreinte légèrement à cause du choc, avant de recommencer à serrer encore plus fort, si fort que même l’invincible guerrier commençait à ressentir une très légère inquiétude. Les mots sortant de la bouche de Gro bolmog étaient enfouis sous un gargouillis de sang.
- …te dévorer vivant… MINABLE !
Alors qu’il hurlait toujours aussi fort qu’au début du combat, l’orque rapprochait sa terrible mâchoire du visage de son adversaire qui savait que si cela devait arriver, alors les dégâts qu’il subiraient lui demanderaient plus que quelques secondes pour récupérer. Il sortit sa deuxième lame d’ébène et la planta elle aussi dans le cou du titan, qui cette fois ci émit un léger couinement avant de desserrer sa prise et de baisser la tête. Il avait certainement perdu tout son sang, était à bout de forces et avait perdu la vie, pourtant son cadavre restait debout avec fierté.
Un bruit sourd venant du couloir ou se trouvait la chambre de Vincente fit sursauter l’homme au journal, il avait complètement oublié le vampire, mais était prêt à se battre contre lui. Sans retirer ses armes de la chair de Gogron, il tourna les talons et se dirigea vers les chambres des plus hauts membres de la Confrérie noire, mais lorsqu’il fut pratiquement sorti du grand hall, une force terrifiante le fit se retourner nerveusement vers Gro Bolmog.
L’invincible orque c’était remis en marche et tendait le bras en direction de son ennemi alors qu’il boitait lentement en sa direction en marmonnant des insultes et des menaces.
- F… fils d…
L’homme au journal se dit que ce n’était pas possible, et commençait à ressentir pour la toute première fois un sentiment semblable à la peur. Son adversaire n’était plus capable de faire quoi que ce soit mais même dans cet état il restait une menace.
Ressentant presque une forme de respect pour Gro Bolmog, le tueur s’approcha calmement de lui et retira d’un seul coup ses deux épées, ce qui fit voltiger la tête du vaillant orque contre un mur.
Sans même s’en rendre compte, l’homme au journal avait bondit en arrière et avait mis de la distance entre lui et la carcasse de l’orque qui refusait toujours de s’effondrer au sol. Lorsque le corps fit un pas en avant, le silencieux se dit que c’était uniquement dû à des réflexes et des spasmes post mortem. Il essaya de se dire la même chose après trois pas, mais fut interrompu dans sa réflexion par l’arrivée d’une force gigantesque prêt de lui, et avant même qu’il ne s’en soit rendu compte, son corps avait été transpercé de part en part par des centaines de chauves souris. Le choc fut si violent que l’homme au journal mit un genoux à terre.
Une flaque noire se forma devant lui, avant de se solidifier pour prendre la forme de Vincente Valerai, plus en colère que jamais. Ses cheveux qui étaient soigneusement coiffés en arrière d’habitude étaient en bataille et tombaient sur ses yeux.
- Qu’avez vous fait, pauvre imbécile ? C’est Lucien qui vous a envoyé, n’est ce pas ? Après vous avoir tué, il sera temps que lui et moi ayons une sérieuse discussion.
L’homme au journal tenta de se relever, mais en un coup de poing, Vincente brisa tous ses os et l’envoya s’écraser contre la porte d’entrée du sanctuaire.
Vincente était incroyablement puissant. Aucun de ses adversaires ne s’en était jamais rendu compte, mais il ne donnait jamais son maximum. Il était presque… gentil avec eux. Le vampire redoutait de tout détruire autour de lui et de perdre le contrôle si il se laissait aller à aller au delà des limites de pouvoirs qu’il s’était imposées.
Pourtant, ce soir là, le vampire était prêt à tout donner détruire la moindre présence de l’homme au journal dans Tamriel, le silencieux s’en doutait et il savait aussi qu’il avait beau avoir de clairs dons et être quasiment invincible, Vincente était beaucoup plus fort que lui et avait les moyens de le mettre dans un état dramatique trop rapidement pour qu’il puisse récupérer.
Le silencieux sortit de sa tenue une botte de gousses d’ail et la brandit devant lui. Vincente arrêta de marcher et tremblait de fureur.
- Vous êtes pathétique. Vous pensez que cela va calmer ma colère ? Vous avez beau apprendre très vite, vous n’arriverez jamais à me battre, vous entendez ?
La chair du dos de Vincente explosa alors qu’une paire d’ailes noires en jaillit. Le dentition du vampire se développa brutalement et sa masse musculaire augmenta tellement que ses vêtements explosèrent. Toute sa peau prenait une teinte noire alors que l’humanité restant au vampire disparaissait lors de sa transformation en nosfératu. La transformation qu’il avait tant essayée de contenir et qui finissait d’emporter les dernières bribes d’humain avait enfin commencée. Vincente savait que plus aucun retour en arrière n’était possible et cela accroissait encore sa rage et son appétit.
- JAMAIS !
Alors que l’esprit et l’intelligence du vampire étaient remplacés par l’envie de manger de la chair humaine, la dernière pensée du vampire qui avait été appelé Vincente Valerai et qui avait été aimé par des humains alla à son frère sans nom.
Vincente voulait s’excuser auprès de lui, car il ne pourrait plus être là pour l’aider et le guider.
Une deuxième paire de bras poussa brutalement sur le corps de Vincente en éclaboussant les murs de chair, et sa colonne vertébrale se tordit pour lui donner une forme bestiale.
L’homme au journal, qui avait intégralement récupéré, se leva et fonça dans la direction du nosfératu, armes et ail en avant. Il ne ressentait ni peur ni doutes et savait qu’il finirait par vaincre. La collision entre les deux monstres fit trembler tous les murs du sanctuaire.
Dans Cheydinhal, Taleandril se relaxait sur un banc. Le soleil se couchait et le temps était doux, rien ne pouvait mal aller par un temps pareil. Elle avait acheté un jambon entier avec ses économies et elle en ferait la surprise à ses frères et sœurs noirs. Elle n’était pas pressée, comme Vincente, elle se disait elle aussi que le monde n’allait pas s’arrêter si elle ne rentrait pas tout de suite au sanctuaire.
Que pouvait bien être en train de faire son cher frère sans nom ? Peut-être qu’il était en train de penser à son ancienne famille en ce moment même ? Cette idée fit sourire Taleandril, pourquoi se ferait-il du souci alors qu’il ne se passait jamais rien d’exceptionnel au sanctuaire de Cheydinhal ?
L’elfe des bois se leva, frotta sa robe et se leva avec son panier de commissions en bois. Elle comptait prendre son temps sur le chemin du retour du sanctuaire.
Une légère brise parfumée soufflait en emportant des pétales de fleurs qui dansaient dans le vent. Taleandril tendit la main et un pétale de fleur de lotus s’y posa délicatement comme une caresse. L’espace d’un instant, la bosmer se revit plus jeune, dans la douce lumière du val boisé, avant que toutes ces rides ne recouvrent son visage et que ses cheveux blanchissent. Elle resta une seconde à rêvasser, puis laissa glisser le pétale dans le vent.
La fin de l’été était déjà arrivée.
Rahine me prit la main et me parla de sa douce voix.
- Vous allez bien ? Vous avez l’air absent.
Je m’excusai auprès de la demi vampire, mais il était vrai que la vision de mon armure détruite m’avait faite un sacré choc, et j’avais laissé vaquer mon esprit et mon imagination ailleurs pendant plusieurs minutes. Pour une raison que je ne comprenais pas, la jolie fleur qui décorait la chevelure de Rahine me faisait ressentir une étrange nostalgie.
- Elle est jolie, n’est ce pas ? Elles ne s’ouvrent qu’en été et sont belles qu’a ce moment là de l’année. On les a en face de nous fermée pendant un an, mais on ne les apprécie vraiment que lorsqu’on commence à réaliser que ne les reverra plus pendant longtemps. Comme pour beaucoup de choses, on n’apprécie jamais ce qu’on a jusqu'à ce qu’on le perde et… vous… vous êtes sûr que ça va aller ?
Je ressentais un profond malaise dont j’ignorais la source et les paroles de Rahine me touchaient profondément. Je mis cela sur le coup de la fatigue, refusant d’admettre que cela pouvait être une des visions prophétiques comme celles qu’avait mon géniteur. Je sentais que quelque chose, quelque part allait très mal, mais je n’arrivais pas à savoir quoi. Ne voulant pas m’attarder sur de pareilles sornettes, je demandai à Rahine de changer de sujet, et si elle avait une de ses fameuses solutions miracles concernant mon armure.
Visiblement ravie que je pose la question, Rahine se leva devant moi comme pour me faire un exposé, tandis que Loup s’activa étonnement rapidement pour aller chercher quelque chose dans les stocks du sanctuaire.
- J’attendais que vous me demandiez ça, mon frère. J’ai effectivement une solution miracle qui devrait vous satisfaire pleinement, mais avant ça, que diriez vous d’un petit cours d… d’histoire ?
Je demandai à Rahine si c’était vraiment nécessaire de passer par là, elle prit avec humour un air extrêmement vexé et choqué, puis se remit à parler.
- Ne vous en faites pas, c’est une leçon intéressante, et j’ai réagi de la même manière que vous quand mon mentor me la racontait ! Vous êtes prêt ?
Je lui dis qu’elle pouvait commencer et qu’elle avait mon attention, ce qui la ravit, même si en réalité je comptais bien ne l’écouter que d’une oreille.
- Alors… Au tout début de l’existence de la Confrérie noire, alors qu’elle et la Morag Tong venaient de former deux entités radicalement différentes, la première décida qu’elle souhaitait imposer à ses membres une tenue que tout le monde porterait –vous avez bien dû voir que la Morag Tong n’avait pas de costume particulier- pour renforcer sa cohésion et surtout, même si personne ne voulait le reconnaître, pour créer le plus de différences possibles avec leur rivaux. Les premiers membres de la Confrérie noire voulaient bien plus qu’un simple costume, ils voulaient quelque chose qui impose la peur, le respect et la soumission, quelque chose d’absolument unique. C’est pour cela que les assassins de la Confrérie noire venant de tout Tamriel sachant forger, enchanter et coudre se mirent au travail comme ils ne l’avaient jamais fait pour fabriquer un chef d’œuvre… eh, je constate avec plaisir que vous m’écoutez avec vos deux oreilles, maintenant ! Mais bref, leur résultat, fruit de plus de cinq ans de travail, fut absolument parfait. Pas « très bon », pas « mieux qu’on espérait », parfait. Ces robes, cousues dans un tissu du néant rarissime encore plus noir que les ténèbres, étaient enchantées massivement. Non contentes d’être d’un esthétisme incroyable, elles étaient enchantées et décuplaient de manière démesurée les capacités de ceux qui les portaient. Elles ralentissaient en outre le vieillissement et offraient une protection tout à fait surprenante, même si elles favorisaient le mouvement, tout en ayant des propriétés thermiques qui ne permettaient de ne porter plus qu’elles. Ils fallaient voir la tête de ceux qu’on allait tuer en portant ces robes, ils étaient mort de peur dès qu’ils voyaient ces spectres noirs. C’était la tenue suprême, mais la fabriquer était trop long et trop coûteux, c’est pourquoi il a été décidé qu’elle équiperait uniquement les cinq assassins les plus anciens et les plus forts, ceux qui pouvait communiquer avec la mère de la nuit. Ceux qui se sont d’abord appelés le conseil des cinq, puis la Main Noire. La tenue a été nommée la « robe de la main noire », il n’existe qu’un nombre limité de ces robes et elles se transmettent au fil du temps et des générations. La question qui se pose alors est : qu’on porté les simples assassins ?
Je répondis à ma sœur qu’il devait s’agir de la même tenue que je portais.
- Eh non, vous avez faux ! Au début, les assassins portaient de simples armures d’acier peintes en noir. En plus de les alourdir dramatiquement, elles ne servaient à rien entre les mains de personnes habitués à porter des armures légères. On repartit alors à zéro et leur donna de simples habits noirs. Cette mesure dura un certain temps, jusqu'à ce que le nombre de décès lors de contrats finisse par arriver aux oreilles de la Main noire, qui prit des mesures et donna de larges moyens pour créer une armure parfaite. L’idée de l’acier était tentante, car elle offrait une grande protection, bien que son poids pose problème. L’acier fut donc remplacé par du mithril entrecoupé de mailles d’ébène donnant à l’armure cette teinte noire. C’est ainsi qu’est née la tenue la plus longtemps utilisée et encore aujourd’hui une des fiables qui soient. Du doux nom d’ « armure de la confrérie noire », elle comprenait un pantalon, des bottes, des genouillères, un torse, des plaques dorsales, des plaques de coudes, des épaulettes, des bras et des gants ainsi qu’un masque, le tout en pièces détachées. Elle n’était pas très pratique, mais offrait un grand degré de protection et de liberté de mouvement. C’est ce modèle qui a été gardé pendant longtemps et amélioré au fil du temps. On a par exemple retiré les genouillères, les coudes et les plaques dorsales, puis rajouté un système de harnais et de ceintures permettant de ranger le matériel. Elle était économique, efficace et permettait de faire son travail correctement. Elle n’avait pas contre aucun enchantement et il fallait porter des habits en dessous pour ne pas avoir froid. Ce costume a été porté jusqu'à l’incident du Nérévarine.
Très intéressé par l’anecdote de Rahine, je lui demandai ce qui avait poussé la Main noire à faire changer de tenue tous ses serviteurs. Elle avala une gorgée de sa potion calmant son vampirisme et reprit.
- Bonne question. En fait, la Main noire a réalisé que face à de « vrais » adversaires, la défense qu’offrait l’armure de la confrérie noire ne servait absolument à rien. Elle ne résisterait pas à des frappes concentrées à l’arme lourde, alors pourquoi s’attarder sur la résistance ? Ce fut une grande remise à zéro pour revenir à l’idée de base de la robe de la main noire, il fallait que la nouvelle armure favorise plus les déplacements, il fallait qu’elle soit légère, souple et maniable à un tel point qu’il ne devienne plus nécessaire de porter autre chose qu’elle. Le mithril a été complètement supprimé pour se concentrer uniquement sur les fils d’ébène. Cela augmenta dramatiquement le coût de l’armure mais du temps avait passé et la Main noire était riche et puissante. Les armures étaient traitées et enchantées pour augmenter l’endurance et les capacités de leur porteur et avaient atteint un sommet en matière d’esthétisme. Pratiquement vivante grâce à la magie, l’armure se collait à la peau de son porteur pour offrir un confort maximal et une isolation thermique sans failles. Finies les douze parties d’armure à transporter, grâce à son système de fermetures, on pouvait la transporter en une seule pièce. Cette évolution comprenait aussi la suppression d’une des deux épaules ainsi que des harnais, en contrepartie le nombre de cachettes pour les objets et armes avait été décuplées. Pourtant, avant d’être remplacé par l’annonceur Ungolim, l’ancien écoutant n’était pas satisfait de cette armure. Il estimait que son vrai potentiel n’était pas encore vraiment libéré. Il a donc donné le nom ordinaire « d’armure matelassée » à ce qui représentait, pour beaucoup d’anciens assassins, une évolution superbe et colossale. Ce nom n’a jamais beaucoup été utilisé et il est décédé peu de temps après. Cette merveilleuse armure équipe tous les serviteurs de Sithis, voilà.
Je posais tout de même à Rahine une question qui me trottait en tête depuis un moment : Comment pouvait-elle savoir toutes ces choses ? Elle m’avait pourtant dit qu’elle vieillissait comme les humains ? Je lui demandai aussi pourquoi elle m’avait racontée cette longue histoire.
- Hi hi, mais peut-être que je n’ai pas l’âge que je donne l’air d’avoir ? Et si je vous raconte cette histoire, c’est parce que, figurez vous, dans son temps libre, Loup s’amusait à apporter quelques modifications à une armure matelassée qui ne servait à personne. Je venais de le rencontrer et je n’y faisais pas attention, mais les jours passant, je voyais qu’il était absolument génial et je me suis mise en tête d’apporter la magie nécessaire à son activation. C’est donc avec fierté que frère Loup et moi vous présentons votre nouvelle tenue. Elle est trop grande pour lui et je n’en porte pas, donc pensez bien que… qu’est ce que vous faites ?
Cassant complètement l’effet dramatique qu’avait tenté de lancer Rahine, Loup pénétra mollement dans la pièce en rampant en tirant une caisse à roulettes derrière lui. Il jeta un regard ironique à la sanguine du sanctuaire pour lui faire comprendre qu’il avait entendu le « génial » et qu’il appréciait. Rahine soupira profondément tandis que mon jeune frère me faisait signe de venir et de prendre sa création.
Je la pris dans mes mais en m’attendant à une version légèrement différente de mon ancienne armure, mais je ne réussi pas à trouver les mots pour m’exprimer.
- Elle est réussie, n’est ce pas ? Frère Loup a fait beaucoup d’efforts sur le plan esthétique.
L’armure était superbe, elle ressemblait sensiblement à l’ancienne mais était dans l’ensemble radicalement différente. D’un aspect plus fin et menaçant, la noirceur de la matière de la tenue semblait vouloir aspirer la lumière des flambeaux. Il y avait des piques sur les coudes, les genoux et les épaules. Elle paraissait faite d’acier poli tant elle était belle, mais sa légèreté me prouva le contraire.
Je demandai à Rahine si je pouvais passer à coté quelques instants pour l’enfiler.
- J’allais vous en prier, mon frère.
L’armure était aussi en une seule pièce, et lorsque je l’eus enfilée, le tissu interne se colla contre moi pour former cette espèce de seconde peau qui faisait la particularité de l’armure matelassée. Là, même le moindre bout de mes doigts était en parfaite symbiose avec la tenue. Elle ne pesait quasiment rien et pourtant semblait capable de donner une grande protection. Je ressentais une grande sensation de force et d’aise, plus encore que dans mon ancien costume. Je relevai mon col comme je le faisais auparavant, et constatai que cette merveille comprenait en plus un long manteau noir sans manches s’accrochant au dos et aux épaules permettant une protection contre la pluie optimale ainsi qu’une élégance rarement atteinte. Les longues pointes sur les épaules, les coudes et les genoux rendaient le tout encore plus impressionnant et je sentais que par souci de mon confort, Loup avait laissé au même endroits les poches dorsales ou je rangeais mes couteaux, je pouvais y accéder sans mal en soulevant légèrement le manteau.
Lorsque je revint dans la pièce, Loup parût profondément satisfait de ce qu’il voyait, tout comme Rahine qui prit l’initiative de répondre aux questions avant même que je ne les pose.
- Elle a été recouverte d’une fine couche d’adamantine et la doublure interne à été remplacée par du tissu du néant. Elle offre une protection bien supérieure à l’ancienne mais pèse un peu moins. Inutile de porter autre chose qu’elle, elle résistera aussi bien à la pluie qu’aux tempêtes de neige. Même la chaleur ne vous affectera plus tellement. Votre endurance devrait être accrue de même que vos réflexes et votre vitesse d’exécution générale. Le manteau ? Je me suis dis que ce serait vraiment bien plus beau avec, et pourquoi ne pas allier l’utile à l’agréable ? Imaginez le plutôt flotter dans le vent, suivant le moindre de vos mouvements. Superbe, n’est ce pas ? Le nom de cette armure ? Nous y avons bien réfléchis, et nous sommes arrivés d’accord sur une appellation simple, mais très parlante. « L’armure noire. ».
Peu à l’aise dans ce genre de situation, je tentai de remercier correctement Rahine, mais quand elle sentit ma gêne, elle me fit d’elle même un câlin amical.
- Oh, mais de rien, de rien. Vous savez que vous aime bien, et puis avec le travail que je vais vous donner bientôt, vous n’allez pas regretter ce changement. Bon, si on allait manger dans le quartier étranger ce soir ? J’ai repéré un petit restaurant servant de la nourriture de Bordeciel, il a l’air très bon.
Je remerciai également Loup qui avait l’air très heureux que je le sois. Le fait que j’apprécie sa création semblait être pour lui une récompense suffisante.
Voyant que Rahine avait envie de sortir, je dis à mes frères que j’allais leur payer la tournée du jour et le repas pour les remercier de leur somptueux cadeau.
Sur le chemin, je sentais à quel point j’étais à l’aise dans cette armure et je me dis que l’ancienne avait véritablement fait son temps.
C’était véritablement la fin d’une époque.
Mes prières n'ont pas été vaines
J'n'ai pas tout lu mais je vois au début que t'as pris en compte ma demande . Merci .
Alors ça c'est du post !
Je n'en attendais pas autant et j'ai mis du temps a tout lire. Encore une fois, c'est tres bon !
Magnifique, tout simplement merveilleux, j'ai relevé une oudeux erreurs, mais comment dire, c'est rien comparé à la qualité que tu nous offres.
Au passage, la nouvelle tenue, elle ne serait pas inspirée du mod que je t'ai donné ? ... Parce qu'il m'a semblé que si .
Quesque j'aime cette FIC!!!
Quasi un chapitre pour parler de la nouvelle armure de Spada.
Ok.
J'ai (enfin) lu et c'est ... génial , comme d'hab .
Tu nous fais te demander la suite lorsque Rahine suggère un contrat intéressant .
Je trouve juste dommage que tu mettes en fic la purification . Ça enlève un peu le charme mystique de l'homme au journal , qui jusqu'à présent pouvait être n'importe quel joueur .