Comme chaque mercredi, retrouvez aujourd'hui In Game, votre chronique qui s'attarde sur une séquence ou une scène d'un jeu afin d'en expliquer les ressorts, qu'ils concernent sa narration ou ses mécaniques. Pour ce trentième numéro, nous revenons sur le plaisir que Super Mario Odyssey nous procure à travers un élément pourtant si simple a priori : ses déplacements.
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Souvenez-vous, pour mon tout premier In Game, je vous parlais de l’épisode fondateur de Super Mario. Hé bien on va faire un bon de 30 ans dans l’histoire pour s’intéresser aux dernières aventures du plombier moustachu : Je veux bien sûr parler de Super Mario Odyssey , sorti fin 2017 sur Nintendo Switch. Avec comme sujet aujourd’hui la manière dont le jeu nous procure du plaisir, seulement avec ses déplacements.
En bon personnage de jeu de plateforme, le propre de Mario a toujours été de bondir dans tous les sens. Pas besoin d’avoir fait des années d’études en Game Design pour l’affirmer. Dès Super Mario Bros en 1985, le plombier moustachu saute d’obstacles en obstacles pour atteindre la fin des niveaux. Mais surtout, déjà à l’époque, Nintendo glisse des petites subtilités dans son gameplay pour rendre les déplacements fluides et agréables. C’est notamment le cas de la petite animation de Mario lorsqu’il change subitement de direction en plein course. Le plombier arque alors subitement les bras, manière de dire “attention, je vais dans l’autre sens”.
Bien sûr, les déplacements dans Super Mario Bros ne sont qu’une ébauche de ce dont est capable Nintendo. Et ce sera Super Mario Odyssey qui marquera une forme d’aboutissement en la matière.
Il y a évidemment eu des étapes intermédiaires avant d’en arriver là, avec le très grand Mario 64 de 1996, le sous-estimé Mario Sunshine de 2002 et le très bon Mario Galaxy , sorti en 2007. Mais ce n’est pas vraiment le sujet de la vidéo, alors permettez moi de passer dessus rapidement.
Côté déplacements, Mario Odyssey propose une large palette de possibilités. Le plombier peut notamment bondir en avant une fois dans les airs, se mettre en boule pour profiter du dénivelé des pentes ou encore se mettre à tourner comme une toupie. Ces gestes sont pour la plupart inédits mais ne pèsent pas grand chose à côté de LA nouveauté d’Odyssey : il s’agit de Cappy, petit chapeau qui accompagne Mario.
En plus d’être un personnage sympathique et plein d’humour, Cappy vient compléter la vaste gamme de mouvements du plombier moustachu. Mario peut ainsi lancer son couvre-chef pour faire des dégâts, l’utiliser comme plateforme pour bondir dans les airs, et bien sûr, l’envoyer sur des créatures pour en prendre le contrôle. Ce nouveau pouvoir a d’ailleurs créé pas mal de frustration chez les joueurs : En effet, dans certains cas, les déplacements de Mario ont été limités pour justifier l’utilisation des transformations. C’est notamment le cas lorsque le plombier nage : dans Odyssey, il est à peu près aussi à l’aise dans l’eau qu’une brique, ce qui pousse le joueur à se changer en petit poisson. Alors que 15 ans plus tôt dans Super Mario Sunshine, la star de Nintendo avait quand même plus d’aisance en natation.
Dans Odyssey, il y a même des mouvements avec Cappy que l’on peut seulement déclencher avec le motion control, ce qui a frustré plus d’un joueur. Mais rien de bien pénalisant en jeu. Ce ne sont que des tous petits défauts à côté de la superbe façon dont Mario occupe l’espace.
Dans une interview accordée au média américain GQ, Kenta Motokura, game director sur Super Mario Odyssey, a évoqué l’importance des mouvements dans un jeu Mario. Il explique ainsi que les aventures du plombier doivent être “amusantes à l’instant même où l’on pose nos mains dessus. On bouge Mario, et c’est fun !” explique-t-il. Et pour tout vous dire, c’est exactement ce que j’ai ressenti pendant mes longues heures de jeu sur Mario Odyssey.
Les déplacements du petit plombier, sympathique et rondouillard, débordent de subtilités pour rendre le tout agréable. Il y a notamment la manière dont la casquette de Mario rebondit à chaque déplacement, la façon dont il marque un temps d’arrêt avant d’accélérer ou encore le fait qu’il penche légèrement la tête pour amorcer un changement de direction. Ce ne sont évidemment là que des détails mais qui, lorsqu’ils sont mis bout à bout, aboutissent à un personnage extrêmement bien animé et agréable à manier. Ces animations réussies mettent en valeur la large palette de mouvements de Mario.
Et le plus beau dans tout ça, ce que cette palette, elle est très facile d’utilisation.
En effet, dans Super Mario Odyssey, seuls trois boutons sont mis à contribution. On saute avec “B” ou “A”, envoi Cappy avec “Y” ou “X”, et on se met accroupi avec l’une des deux gâchettes arrière. Et c’est la manière dont on va combiner tout ça qui va nous permettre de réaliser tous les mouvements disponibles. Pour se propulser en avant après un bond, il faut par exemple faire une attaque rodéo dans les airs et rappuyer sur la touche saut. Mario Odyssey permet même de combiner différentes techniques pour des mouvements encore plus fous, toujours avec trois boutons. De quoi coller à l’une des règles de Game Design favorite de Nintendo : “easy to play, hard to master” soit “facile à prendre en main, mais compliqué à maîtriser” Mario Odyssey est autant accessible qu’il est complexe à maîtriser pour ceux qui voudraient du défi.
Concernant cet aspect du jeu, la chaîne YouTube de Ceave Gaming donne un bon exemple de la différence qu’il peut y avoir entre un joueur débutant et un autre plus expérimenté. Là comme on peut le voir, la façon normale de passer le précipice est de prendre possession du gros missile. Mais en connaissant bien les mouvements de Mario, on peut tout à fait s’en passer. Et je ne vous parle même pas du speedrun du jeu qui demande des techniques avancées en plus d’une précision assez impressionnante.
Même sans vouloir terminer le jeu le plus vite possible, toutes ces combinaisons offrent une relecture agréable du Level Design. Un détail plutôt bienvenu, surtout que Mario Odyssey demande de revenir dans d’anciens niveaux pour récupérer des Lunes.
Ainsi, un retour dans le second niveau n’aura pas du tout la même allure que votre premier passage. Et pour cause. Vous pouvez maintenant vous passer du T-Rex pour dégager le passage et utiliser à la place les capacités de Cappy.
Le truc un peu rigolo, c’est que ces mouvements et combinaisons ne sont expliquées à aucun moment du jeu. Elles sont tout simplement là, attendant que le joueur bidouille sa manette ou consulte le guide dans le menu pause. Rien que de les découvrir et les utiliser procure du plaisir. Mario Odyssey est donc aussi bien un jeu d’aventure et d’exploration dans sa proposition globale que dans ses mécaniques.