L’annonce de Gears Tactics avait de quoi étonner. En effet les opus canoniques de la saga n’ont pas pour réputation de faire dans la dentelle ou de nous demander de nous creuser les méninges en quête du mouvement optimal. Notre premier contact avec ce spin-off s’était montré très encourageant. Les équipes de Splash Damage et The Coallition ont-elles réussi à transposer les codes de cette licence phare de Microsoft au jeu de stratégie ?
Prenant place quelques années avant les évènements de Gears of War premier du nom, Gears Tactics nous met dans le bottes de Gabe Diaz, père de l’héroïne du 5e épisode. Il se voit mandaté par Prescott, le président de la CGU afin d’éliminer Ukkon, un scientifique Locuste créant des ennemis d’un nouveau type. Si le scénario se laisse suivre, il ne décolle jamais vraiment. Les nouveaux protagonistes, Gabe, Sid et Mikayla manquent de caractère et répondent à des archétypes un peu trop sommaire. Jamais avare en punchline, les héros des précédents épisodes nous esquissait régulièrement un sourire de par leur côté bourru et rentre-dedans. Dans le cas présent, rares sont les répliques qui font mouche et nos nouveaux avatars font bien pâles figure face à Marcus, Dom ou Cole par exemple.
Ce point n’est cependant pas rédhibitoire tant le Tactical-RPG est avant tout un genre qui se juge sur son gameplay. La base est limpide pour qui a déjà approché un XCOM, vous déplacez et faites agir vos héros sur une carte vue du haut à l’aide de points d’actions. Les tirs ont un pourcentage de chance de faire mouche qui est influencé par la distance qui nous sépare de la cible, l’angle, les obstacles, le type d’arme et le type d’ennemi. Chaque classe dispose de compétences plus ou moins utiles permettant de faire face à un maximum de situation. À vous d’analyser la situation et d’adapter votre stratégie à la menace qui vous fait face et d’utiliser judicieusement vos points d’actions pour mener vos troupes à la victoire. À cette base déjà solide Gears Tactis ajoute plusieurs mécaniques directement issues de la saga Gears. La glissade permet de couvrir le peu de distance qu’il vous manquait pour vous mettre à couvert sans dépenser de PA supplémentaire, le grand luxe pour qui s’est déjà vu arréter à découvert à deux pas d’un muret dans un XCOM. Les exécutions quant à elles représente LA mécanique phare de Tactics. En effet si une de vos unités achève un ennemi au sol, tous vos autres alliés gagneront 1 point d’action supplémentaire ce tour ci. Il est donc possible d’enchaîner les exécutions et d’éliminer un groupe d’ennemis en un seul tour en trouvant la combinaison d’action optimale ce qui fait que Par moment Gears Tactics tient plus du puzzle game que du tactical Rpg. Une solution optimale permettant de débloquer complètement une situation. Si l’on ajoute à celà des classes pouvant générer des points d’action assez facilement, on obtient une approche extrêmement agressive et rentre dedans du genre. Il en résulte une expérience jouissive et accessible. Nous recommandons donc aux stratèges chevronnés d’opter pour les modes de difficultés les plus élevés car certaines compétences et accessoires, comme les grenades, déséquilibrent fortement le jeu en la faveur du joueur.
Sur le plan visuel, Gears Tactics fait honneur à la série. La caméra prenant beaucoup de hauteur et permettant une lisibilité optimale rend parfaitement justice à la direction artistique de la saga. En réutilisant les différents modèles 3d de la saga, les effets sonores et effets visuels, il assure une cohérence artistique globale pour la licence. Sans forcer, Gears Tactics propose le Tactical le plus joli du marché. Ce ne sont pas les champs de bataille en ruine que l’on arpente sous une pluie battante qui nous feront mentir. En plus d’être agréable à l’oeil, ces cartes s’avèrent particulièrement bien conçues. Elles permettent systématiquement de multiples stratégies, offre des possibilités de contournement, des points élevés pour les snipers, etc.
Une fois une mission terminée, le joueur retourne au convoi afin de recruter de nouvelles unités, ouvrir les caisses récoltées en combats mais aussi et surtout personnaliser ses équipements. Particulièrement complet, ce système permet de changer de nombreuses pièces d’armes ou armures, offrant des capacités passives et des meilleurs statistiques à vos héros. C’est aussi l’endroit où il est possible d’assigner des points de compétences à vos personnages afin de les faire coller à votre style de jeu. Invisibilité, augmentation des pourcentages de chance de toucher sa cible, double coup, soin… Autant d’éléments qui permettent de personnaliser son Gear et son expérience de jeu.
Gears Tactics fait exactement ce que l’on attendait de lui et le fait bien, très bien même. Si certains vétérans du genre lui reprocheront sûrement une difficulté trop mesurée et un côté rentre-dedans parfois trop prononcé, il a le mérite de proposer une philosophie différente du Tactical-RPG. Plus agressif et favorisant les combos et les multitudes d’actions par tour, le système de jeu intègre tout ce qui fait le sel de Gears of War (le shoot en moins). Que vous découvriez le genre ou la licence avec cet épisode importe peu tant il convient dans les deux cas. On regrettera une narration et des personnages un cran en dessous de ce à quoi nous avons été habitués, mais les combats à eux seuls valent le détour.