Annoncé à l’E5 2015, Shenmue 3 a connu depuis plusieurs reports et fait couler beaucoup d’encre. L'héritier de la saga sera-il à la hauteur des attentes qu’il suscite ?
La technique soulève bien des interrogations depuis les premières présentations. Il faut bien l’admettre, Shenmue 3 ne tente à aucun moment de challenger les mondes ouverts modernes, mais vise à créer un univers qui lui ressemble. La réalisation datée saute aux yeux et ancre dans un passé lointain une expérience de jeu sachant proposer une approche poétique par moment. Le titre de Yu Suzuki est une machine à remonter le temps, un voyage vidéoludique intemporel sous toutes ses formes.
Ce troisième épisode débute juste après la découverte de la fresque murale à la fin de Shenmue 2. Suite à cela, Ryo Hazuki et Shenhua partent à la recherche du père disparu de la jeune fille et voyagent en direction du village de Bailu. La quête de vengeance du héros reprend simplement un récit mis en pause depuis 18 longues années, un récit sachant prendre son temps et faire du moindre détail un événement. Dans Shenmue 3, les petites histoires dessinent la grande.
Le rythme, que nous pouvons qualifier honnêtement de lent, nous invite à prendre notre temps. Le récit lui-même est une invitation au vagabondage, à la découverte des lieux et des gens qui les peuplent. Le studio Ys Net parvient ainsi à retrouver ce ressenti “Shenmue” si particulier, cette manière atypique de conter une histoire en laissant le joueur aux commandes. Pour tuer le temps, Ryo peut compter sur la présence de mini-jeux trop peu satisfaisants pour être notables. Toutefois, les relations tissées avec les habitants tout au long de l’aventure témoignent de l’impact du héros sur ce village reculé situé en Chine continentale.
Shenmue 3 tente tout de même d’innover, principalement lors des phases de combat en arènes fermées. Le système a été intégralement repensé pour se rapprocher d’un Kung-Fu plus réaliste et tactique. Et le défi s’avère à la hauteur d’un Ryo Hazuki devant monter en puissance au fil de l’aventure afin de prendre la mesure de ses adversaires. Cela passe alors par un entraînement quotidien et un apprentissage méticuleux du Kung-Fu. Car notre jeune apprenti martial n’est pas invincible. Il doit manger et se reposer pour restaurer une santé sujette à la faim et aux blessures. Pourtant, ces bonnes intentions sont partiellement mises à mal par une interface brouillonne et des combats manquant cruellement de mordant.
Shenmue 3, jeu né de la vision de Yu Suzuki, va probablement diviser les joueurs. C’est là le propre des oeuvres totales et singulières.