En 2014, Alien était revenu sur le devant de la scène vidéoludique via un excellent Alien : Isolation. Ayant brillamment fait oublier le désastre Colonial Marines, le titre de The Creative Assembly avait réussi à retranscrire avec brio l’ambiance anxiogène du premier film de la saga auquel il était rattaché via le personnage qu’on y incarnait, autrement dit Amanda Ripley, la propre fille d’Ellen Ripley. Les rumeurs d’un nouvel opus avaient alors enflammé la toile avant de se transformer en pétard mouillé lors de l'officialisation de Blackout sur les plates-formes mobiles. Néanmoins, plutôt que de s'étendre sur le choix de ce positionnement stratégique, attardons-nous sur les qualités du titre s'inscrivant dans le prolongement de Isolation.
Trailer de Alien : Blackout, va faire tout noir !
Se situant une fois encore entre les deux premiers films de la franchise, on y retrouve donc Amanda Ripley à l'intérieur d'une gigantesque station spatiale abritant un Xenomorphe. Rien de bien neuf à l'horizon question scénario si ce n'est que cette fois, c'est vous qui allez devoir guider les survivants de la station à travers 7 niveaux afin que ces derniers évitent l'alien et s’échappent de leur cercueil spatial. Une nouvelle façon de repenser l'horreur ? Oui et non.
Dans l'espace, tout le monde vous entendra crier
En effet, si pour la franchise Alien, le gameplay s'avère inédit, bien que dans le prolongement de celui d'Alien : Isolation synonyme de jeu de cache cache, les développeurs de D3go se sont fortement inspirés de Five Nights at Freddy's, sorti en 2014 sur PC et mobiles. Le but n'est donc pas ici d'échapper au Xenomorphe mais de constamment checker une carte de la station et de donner des indications aux survivants. Bien que dans l'absolu, l'idée soit totalement raccord avec ce qu'on trouve dans la saga cinématographique, en renvoyant notamment au radar utilisé par Ripley et les marines pour localiser toute présence ennemie, elle n'en reste pas moins surprenante pour qui n'a jamais touché à ce genre de jeu.
Il faudra dans un premier temps accepter cette représentation minimaliste ici supportée par quelques écrans émanant des différentes caméras qu'on pourra pirater pour visualiser l'avancée de nos compagnons d'infortune. Pour autant, outre le fait d'offrir au jeu un aspect plus visuel, on se rend vite compte que l'usage desdites caméras n'est nullement utile pour progresser. Pire, après un check rapide pour profiter des différents angles de vue, on les délaissera complètement pour se focaliser sur la map, seule véritable arme pour mener cette opération de sauvetage, à l'abri dans un conduit de la station. Enfin, à l’abri est vite dit puisqu'à intervalle régulier, l'alien viendra vous conter fleurette. Soyez donc très attentif à l'indication sonore liée à son approche afin de repasser en vue subjective et cliquer rapidement sur l'un des sas afin de fermer l’accès au conduit qu'aura au préalable emprunté la créature pour vous atteindre.
On passera donc son temps à switcher entre notre retraite et la carte en activant certaines zones alimentées en énergie afin de voir où se trouve l'alien représenté par un point rouge bougeant aléatoirement. Chaque niveau étant timé, Il vous faudra être rapide et donner des ordres précis aux survivants (Cache-toi, Cours, Arrête-toi) afin de les emmener à certains endroits pour effectuer diverses tâches et ainsi ouvrir la voie vers le stage suivant. Bien que le premier niveau soit plutôt intéressant dans son ambiance, on déchante rapidement au fur et à mesure qu'on évolue, ne serait-ce qu'à cause de la frustration de devoir recommencer le level en cas d'échec et donc se retaper les dialogues entre Amanda et les survivants qui profitent néanmoins d'un bon doublage. On reprochera également aux développeurs de ne pas être être arrivé à concevoir un gameplay suffisamment précis bien que simpliste à l'origine.
En effet, bien qu'on ait qu'à cliquer sur l'un des noms des survivants sur la gauche de l'écran pour leur donner des ordres, il arrive souvent qu'on ne sache pas tout de suite qui on dirige, les ronds blancs symbolisant les rescapés sur la map ayant simplement un cercle de lumière supplémentaire de la même couleur lorsqu'on leur donne des directives. Peu visible et très agaçant quand on est dans l'urgence. Frustrant vu qu'un simple halo jaune aurait fait toute la différence. Dans le même ordre d'idées, le fait de tracer des chemins sur la map pour indiquer aux rescapés où aller s'avère peu précis et on devra s'y reprendre à plusieurs fois par moments pour bien leur dire où aller.
Engoncé entre des défauts d'exécution et un manque d'ambition malgré une idée de départ collant parfaitement à l'univers d'Alien, Blackout finit donc par se saborder de lui-même. Triste surtout lorsqu'on sait qu'en mai prochain, on fêtera les 40 ans du premier film. On était en droit d'attendre un bien meilleur jeu à la hauteur de l'événement.
Points forts
- L'idée de base est raccord avec l'aspect survie du premier film
- L'impression d'urgence plutôt bien restranscrite
- Un doublage anglais convaincant
- Le plaisir de replonger dans cet univers
Points faibles
- Le scénario est totalement passé à la trappe
- Un concept qui s'érode après deux ou trois niveaux
- L'obligation de devoir refaire entièrement certains niveaux en cas d'échec est terriblement frustrant
- Un gameplay imprécis
- L'usage des caméras complètement inutile
- Très court (7 niveaux)
Plus que son concept initial, finalement bien adapté à la saga cinématographique, c'est surtout le manque d'ambition et l'imprécision du gameplay d'Alien : Blackout qu'on pointera du doigt. Engoncé entre une jouabilité agaçante, certains éléments sous-exploités et une difficulté rapidement frustrante, on aura beaucoup de mal à conseiller ce jeu, aux fans et aux profanes, qui auront vite fait de revoir les films plutôt que de passer de longues minutes sur leurs smartphones en compagnie d'Amanda.