Maintenant exporté en Occident, Death Mark est un succès certain pour Experience. Empêtré dans le développement interminable de Yomi o Saku Hana pour Xbox One, le modeste développeur a trouvé dans le survival-horror une source de revenus régulière. Death Mark ayant fait, et de loin, ses meilleures ventes sur PSVita au Japon, c'est en premier lieu sur la portable de Sony que Experience nous invite à l'effroi.
Test réalisé à partir d'une version PSVita japonaise, sur une partie complétée de 20 heures de jeu. NG sortira sur PlayStation 4 le 21 février 2019 au Japon, mais pour l'heure aucune localisation n'a été annoncée.
Le début de NG est un peu laborieux comparé à Death Mark. Le titre prend pas mal de temps pour installer ses personnages avant de rentrer dans le vif du sujet. Toujours est-il qu'un soir, le personnage principal assiste à la disparition mystérieuse de sa petite sœur, avant de rencontrer Kaguya, un esprit malicieux qui apparaît sous la forme d'une jeune fille en kimono traditionnel. Celle-ci impose alors un certain nombre de défis aux héros, qui seront autant de chapitres dans l'histoire de NG.
Le scénario de ce nouveau visual novel n'a pas la complexité ou l'attrait de celui de Death Mark, mais n'en reste pas moins un fil rouge cohérent et assez bien rythmé, dans lequel on voit les pièces du puzzle s'assembler petit à petit. On sera néanmois tenu en haleine par le fameux NG, concept mystérieux qui maintiendra un certain suspense durant une bonne partie de l'aventure. Et contrairement à ce qu'avait laissé supposer le site officiel, ce n'est pas "No Good" …
Sans gâcher le plaisir de jeu, NG garde quelques petits soucis d'écriture, à commencer par ses personnages : le protagoniste que vous incarnez, par exemple, est un loubard sans peur et sans reproche. Sans peur, une qualité un peu bête à attribuer un personnage de survival-horror… plus généralement, les réactions des divers intervants véhiculent moins bien l'angoisse que dans le précédent titre. Rose ou Kaoru se montrent à de multiples reprises intéressées, voire amusées, par des visions d'horreur qui feraient s'évanouir n'importe quel être humain ! La fin semble également assez précipitée, avec des chapitres 4 et 5 assez brefs en comparatif de l'ordinaire. Après tout, NG avait été retardé d'un mois, d'où l'idée que tout n'a peut-être pas pu être fait comme prévu…
The Good, the Bad and the Ugly
Qu'à cela ne tienne : le joueur, lui, va sérieusement flipper tout au long de chapitres aussi noirs et sordides que dans Death Mark. Le thème de NG est l'opposition entre le quotidien et le surnaturel : la plupart des lieux dans lesquels vous évoluez sont aussi banals et familiers qu'un parc, des bureaux ou l'appartement très standard du héros. Tous ces endroits donnent un faux sentiment de sécurité qui amplifie la pression au cours des enquêtes. Experience y fera encore une fois régner l'irrationnel, le titre étant bourré d'éléments graphiques, sonores et scénaristiques qui défient l'imagination, à commencer par les formes hideuses des boss. D'innombrables petits détails inquiétants ré-alimentent la terreur sans arrêt : un mannequin apparaissant sans crier gare, une collection de têtes, un ombre inexpliquée ou bien sûr, l'éternel téléphone au message glacial et menaçant. Il n'y a aucun temps mort, le joueur étant tout le temps écrasé par l'appréhension.
NG dispose en outre d'un mode appelé "peur" qui décuple les apparitions à même de faire sursauter. Attendez-vous à quelques belles frayeurs si vous l'enclenchez... Le dernier aspect marquant est le caractère atroce des meurtres montrés ou évoqués dans NG. Le chapitre 3 est à limite de l'insoutenable, portant l'inconfort à des niveaux rarement vus. Les mauvaises fins de chaque chapitre ont maintenant leurs propres illustrations (ce n'était pas le cas dans Death Mark) montrant le destin peu enviable de vos compagnons d'infortune si vous ne faites pas les bons choix. Ces scènes sont un nouvel atout puissant pour rehausser encore le niveau d'effroi. Que ce soit dit et redit, Experience ne fait pas dans la demi-mesure avec ce deuxième jeu d'horreur : le degré de violence à la fois psychologique et visuel est toujours aussi extrême.
Côté système de jeu, Experience garde la formule qui a fait ses preuves dans Death Mark. Il faut encore là chercher des indices sur des écrans fixes comme dans un vieux point & click. NG propose aussi quelques énigmes, mais elles ne sont pas toujours géniales car la logique est parfois bizarre. Ce dernier titre est globalement plus facile que Death Mark, mais il ajoute une variation dans les face-à-face avec les revenants : on peut maintenant utiliser les objets sur les éléments du décor, ce qui démultiplie les possibilités. On a donc d'autant plus à réfléchir, même si on ne peut plus combiner les objets comme dans le précédent.
Marque repère
Quand bien même NG a raison de reprendre les éléments forts de Death Mark, il tient trop à lui ressembler. Le héros de NG a lui-même des "marques" qui apparaissent et limitent le temps qu'il lui reste à vivre, mais cet élément n'a ici aucun fondement scénaristique et, au final, a l'air très accessoire. Experience copie également les séquences de Live or Die du précédent jeu (où il faut donner une bonne réponse dans un temps imparti) mais là encore on est à côté du sujet vu que le système de points du vie est de facto supprimé, et que ces séquences ne font souvent même pas dans le surnaturel.
La bonne surprise est que Experience a cette fois implémenté une petite quête annexe ainsi que davantage d'embranchements scénaristiques. Le joueur aura périodiquement à trouver des cartes cachées par un mystérieux D-Man. Il y a pas mal de réflexion supplémentaire et cela augmente efficacement la durée de vie. Les choix sont à nouveau déterminants, car la fin change selon que vous décidez de sauver tel ou tel personnage. A cet effet, les rencontres avec les boss ont toujours deux issues, et vous aurez le choix de sauver ou non leur âmes pour faire varier la fin du chapitre, mais aussi du jeu.
Points forts
- Représentation visuelle de l'horreur saisissante
- Ambiance à couper le souffle
- Plusieurs embranchements et fins
- Aspect recherche/réflexion intact
Points faibles
- Personnalité des personnages à revoir
- Fin un peu précipitée
- Ré-utilisation excessive des mécaniques de Death Mark
Si ses similitudes avec Death Mark ne sont pas toujours pertinentes, NG hérite parfaitement de ce qui a fait le succès de son prédécesseur. L'ambiance noire et terriblement angoissante, ainsi que les enquêtes terrifiantes dans lesquelles il embarque le joueur en font un titre encore une fois inoubliable. Difficile de poser la console une fois qu'on a commencé. Il pourrait même s'agir, vu la période, du dernier hit de la Playstation Vita.