Annoncé à l’E3 2018, Déraciné a surpris son monde à bien des égards. Fruit d’une nouvelle collaboration entre From Software et JAPAN Studio, il utilise un nom français afin de narrer les aventures de six orphelins abrités dans une grande demeure figée dans le temps. L’expression n’est pas galvaudée ici, puisque les âmes habitant la vieille école ne bougent pas, hormis quand le fantôme que dirige le joueur entre en interaction avec elles. Il reste à voir si la consistance de cette aventure n’est pas aussi spectrale que le héros qu’elle met à l’honneur. Esprit, esprit, es-tu las ?
Emotion Engine
Pour jouer à Déraciné, il faut tout d’abord s’assurer de posséder un PSVR ainsi que deux PS Move. La séquence de calibration est légèrement plus longue que celle de la majorité des titres PSVR, et l’utilisateur devra trouver le bon angle avec sa caméra afin de faire rentrer le casque à l’intérieur du cadre vert affiché à l’écran, censé lui garantir une bonne reconnaissance des mouvements. Comme d’habitude avec ce genre de jeux à la première personne où il faut tâter les éléments du décor avec ses mains, il est déconseillé de jouer à son bureau pour éviter tout obstacle entre la caméra et les PS Move.
Les contrôles sont étonnamment nombreux et sont décrits dans un long tutoriel où les combinaisons de touches sont à l’honneur. Les déplacements se font par l’intermédiaire de téléportations, tandis que les rotations s’exécutent grâce aux boutons “croix” et “rond”. Les autres touches sont utilisées pour s’accroupir, agripper des objets, afficher l’inventaire ou faire apparaître son horloge magique, item indispensable pour corriger les erreurs du passé. L’esprit incarné par le joueur a en effet pour mission de rôder dans les couloirs du temps dans le but d’aider la demi-douzaine d’enfants présents dans la grande bâtisse. Les premières missions, loin d’être passionnantes, ont pour but de faciliter la création d’un lien avec les divers protagonistes. L’histoire est à découvrir en ligne droite, et l’absence de choix mène à une fin unique qui tombe tel un couperet autour des sept heures de jeu.
L’école et ses fantômes
Déraciné met donc l’utilisateur casqué dans la peau transparente d’un fantôme errant dans un orphelinat. Il y déambule à la recherche de scènes figées dans le temps avec lesquelles il a le pouvoir d’entrer en interaction grâce aux PS Move, lorsqu’un chat ne lui bloque pas le chemin. Les mécaniques de jeu sont simples malgré la pluralité des boutons à utiliser : il incombe à l’utilisateur de fouiller précautionneusement les pièces auxquelles il a accès dans le but de mettre le grappin sur divers éléments capables de faire avancer l’intrigue. Ces derniers sont généralement dissimulés sur les personnages statufiés peuplant les lieux. En ce qui concerne les situations à résoudre dans la combinaison des éléments récoltés, nous dirons juste que des rouages actionnent des mécanismes, et que des clés ouvrent des boîtes.
Au fil des jours de jeu qui (re)passent, le joueur a accès à des pièces différentes de l’orphelinat. Des dortoirs à la chapelle en passant par les toits, chaque endroit est une source potentielle de protagonistes figés, qu’ils soient de chair et d’os ou de matière spectrale. La progression se fait sans aucune difficulté pour peu que l’on prenne le temps de bien observer l’environnement et que l’on tente d’attraper les multiples objets tenus par les personnages principaux. Plus tard, la zone de recherche s’agrandit et n’est plus contrainte aux quatre murs de l’orphelinat. Ce n’est pas pour autant que la progression se veut plus libre, et le joueur est amené à suivre un grand chemin sur lequel il doit s’intéresser à divers jalons afin d’avancer. Malgré ses tentatives, Déraciné n’étonne que trop rarement, et l’histoire contée, bien qu’intéressante, n’est pas toujours très claire ni bien amenée.
Quand le temps va tout s’en va
L’esprit contrôlé par le joueur a le pouvoir de changer le temps et de prendre la vie d’un élément pour la transférer dans un autre. Ces compétences ne font cependant aucunement parti des rouages du gameplay et s’utilisent de manière scriptée, selon les schémas instaurés par le jeu. L’univers du titre de From Software n’est pas pour tout le monde, ce qui en fait sa force comme une de ses faiblesses. L’orphelinat met en scène des personnages caractérisés par une candeur certaine qui rappellent ceux des dessins animés japonais tels que Princesse Sarah ou Rémi sans famille. Certains apprécieront, d’autres n’arriveront pas à s’y attacher. L’ambiance de Déraciné est en tout cas très soignée, et il est agréable de découvrir une aventure pensée pour le PSVR qui se passe dans un orphelinat et aborde le sujet des fantômes sans sombrer dans l'horreur.
Points forts
- Une ambiance visuelle comme sonore joliment travaillée
- Une narration intéressante qui dispose de bonnes idées
- La VR bien gérée
Points faibles
- Une aventure courte avec peu de temps forts
- Simpliste dans ses interactions et ses énigmes
- L’absence de choix mène à une rejouabilité très limitée
- La première partie propose des missions loin d’être passionnantes
- L’histoire et les personnages ne seront pas du goût de tous
Avec son orphelinat à fouiller de fond en comble, Déraciné prend son temps, quand bien même son aventure serait particulièrement courte. Capable de remonter dans le temps, l’esprit dirigé par le joueur enchaîne les missions plus ou moins passionnantes dans le but d’aider la demi-douzaine d’enfants qui peuple l’endroit. Les énigmes simplistes et l’absence de choix entachent néanmoins la progression. Grâce à son ambiance mélancolique réussie, le titre de From Software et de JAPAN Studio réussit tout de même à exposer une aventure intéressante qui ne se sert pas de la VR pour succomber aux codes faciles de l’épouvante.