Magnéto, Xavier !

Le joueur le comprendra dès les premières minutes de jeu, My Memory of Us abordera des thématiques graves mais leur donnera la forme d'un conte narré par un vieux bibliothécaire, dont le visage d'une jeune cliente lui rappelle son amie d'enfance. Le titre adopte une esthétique monochromatique du plus bel effet et ne s'autorise que quelques entorses à la règle en maculant de rouge les éléments interactifs, mais pas seulement. Avec son trait plutôt cartoon type années 30/40, My Memory of Us réussi dès les premiers instants son pari esthétique et multipliera les bonnes idées d'un bout à l'autre de l'aventure. Notez d'ailleurs que c'est l'excellent Patrick Stewart qui se charge de la narration orale et livre une prestation de très bonne facture. Le reste du conte passera par des idéogrammes et quelques documents permettant d'en apprendre plus sur le véritable contexte historique développé dans le jeu.

Car, nous vous l'avons dit, My Memory of Us est une allégorie dans lesquels les nazis ont cédé la place à des robots. Si le début du jeu se déroule quelques jours avant l'occupation, nous assisterons au largage des bombes et à la mise en place et insurrection du ghetto de Varsovie. Sans jamais tomber dans la complaisance, le titre de Juggle Game parvient à évoquer les drames de l'occupation et de la ségrégation, appliquant notamment la couleur rouge à tous les individus subitement discriminés par les occupants et la population environnante. Ceci étant, le propos de My Memory of Us est davantage taillé pour les plus jeunes, et il va de soi qu'un regard adulte trouvera souvent les métaphores un peu trop démonstratives ou grossières. Si l'on accepte ce fait, on parvient alors à saisir à apprécier cette histoire touchante et jamais dénuée d'un certain optimisme.

Un concept simple, efficace mais pas dénué de défauts

Vous serez donc amenés à contrôler un jeune garçon et une jeune fille, et devrez résoudre énigmes et mini-jeux pour progresser dans l'histoire. Pour cela, chaque personnage dispose de compétences complémentaires. Le garçon peut se déplacer furtivement, pour se cacher des ennemis ou subtiliser des objets. Il est également capable de se servir d'un mirroir pour éblouir des personnages, permettant ainsi à la jeune fille d'accéder à des endroits autrement inaccessibles. De son côté, la jeune fille est capable de sprinter, de faire la courte échelle au garçon et d'utiliser un lance-pierre pour activer des leviers à distance.

Vous l'avez sans doute deviné, les deux enfants devront travailler de concert pour résoudre les énigmes. Il sera donc possible de les contrôler individuellement, mais également de leur permettre de se tenir la main. Si la fille est devant, les deux compagnons pourront sprinter, si c'est le garçon, ils pourront se dissimuler tous deux derrière des remparts. Simple et assez efficace, les commandes de My Memory of Us manquent pourtant de fluidité et certaines actions, comme enjamber un simple bloc de pierre, demande des interactions trop nombreuses pour les mouvements qu'elles déclenchent. Certaines lourdeurs sont donc à noter, au même titre que certaines phases d'infiltration qui ne fonctionnent pas toujours très bien. Se faufiler derrière les rangs ennemis n'est certes jamais vraiment compliqué, mais la maniabilité imprécise des deux compagnons vous causera d'être régulièrement détecté, ce qui provoque un retour à un checkpoint parfois placé un peu trop en arrière.

Hormis ces quelques écueils, My Memory of Us est très facile et se laisse traverser en 4 heures environ, sans trop forcer. D'un chapitre à un autre, vous serez confronté à de nombreuses énigmes et autres mini-jeux. Si la marche à suivre ne vous sera jamais indiquée, la solution des différents puzzles sautent assez rapidement aux yeux et ne demanderont qu'une poignée de minutes pour être résolus. La facilité du titre est cependant contrebalancée par l'originalité de certaines énigmes, mais également par leur diversité. Effectivement, My Memory of Us évite habilement de servir encore et encore des puzzles calqués sur les mêmes schémas, tant et si bien que l'on ne s'ennuie jamais. Notez d'ailleurs que le jeu s'est fendu de petites phases « d'action » qui, si elles ne sont pas les plus réussies, ont au moins le mérite d'appuyer encore la variété des phases de jeu. Cependant, le jeu gagne en diversité ce qu'il perd en cohérence, certains puzzles n'ayant pas vraiment de connexion logique avec l'histoire, décorréllant les phases de refléxion de celle de narration. Ainsi, il faudra accepter de faire des actions pas toujours cohérente pour profiter pleinement de l'espace laissé à l'histoire.

En somme, My Memory of Us se laisse très agréablement parcourir mais peine à décoller pleinement autant en raison d'une maniabilité imprécise et lourde que pour le sentiment qu'il donne de ne pas avoir tout à fait évoqué en profondeur un sujet qui l'était pourtant. Cependant, l'aventure reste suffisamment bien racontée et touchante pour faire passer au joueur un moment agréable et emprunt d'un vrai optimisme.