Licence incontournable de Capcom, Monster Hunter naît en 2004 durant l’ère de la PlayStation 2. À cette époque, dans l’optique de démocratiser les sessions en ligne, le titre fait partie d’un triptyque réunissant Auto Modellista, un jeu de course en cel-shading, et Resident Evil : Outbreak. Propulsée par la PSP, la série a gagné depuis longtemps ses lettres de noblesse, aboutissant en janvier dernier à l’excellent Monster Hunter World. Aujourd’hui, et pour sa première apparition sur Switch, la saga se pare d’une adaptation de Monster Hunter XX, un épisode 3DS auparavant exclusif à l’archipel japonais. On repart en chasse !
Pour un complément d’information, nous vous invitons à lire la critique de Monster Hunter Generations.
D’emblée, vous pouvez oublier la souplesse de Monster Hunter World et son monde ouvert. Monster Hunter Generations Ultimate se veut bien plus aride puisqu’il repose sur une version boostée de Monster Hunter Generations. Si les fondations sont les mêmes, la formule n’a strictement rien à voir avec le dernier né de la licence. Ici, point de scénario ou de rebondissements spectaculaires, la force de ce portage réside dans la richesse de son contenu, le bestiaire et l’arsenal étant issus des anciens épisodes de la licence mais avec des nouveautés. Plus d’une centaine d’entités sont recensées – dont des inédites – pour pas moins de 14 types d’armes (épée, lance, marteau…). Si vous connaissez la série, vous ne serez pas dépaysés : Monster Hunter Generations Ultimate ne guide pas le joueur et peut se montrer impitoyable. Mais il est aussi celui qui offre le plus grand panel de monstres, dont certains comme le Zinogre ou le Nargacuga qui sont très appréciés des fans.
LE BON CHASSEUR
Pour les novices, rappelons le principe de Monster Hunter. Comme le nom l’indique, le joueur campe un chasseur – homme ou femme – créé de toutes pièces. Les villages, servant de hub, permettent à l’avatar d’obtenir des quêtes, d’améliorer/forger son arsenal ou encore de faire de multiples emplettes afin de mener à bien les différentes missions proposées. Cela peut aller de la cueillette de plantes à l’extraction de matériaux ou la capture d'insectes. Néanmoins la principale activité consiste, bien entendu, à chasser des monstres qui sont de plus en plus imposants et dangereux.
Avec Generations Ultimate, n’espérez jamais être pris par la main. Chaque espèce réagit de façon différente et certaines des proies vous pousseront à passer de longues minutes au village pour préparer votre arsenal et équipement. S’il demeure très efficace, le gameplay de ce volet est, il faut bien le dire, caduc. Les commandes, tout comme les patterns, demandent un certain temps d’adaptation et chaque espèce traquée exige, quasiment, un nouvel apprentissage. Apprentissage qui passe par la maîtrise des différentes armes mais aussi des styles et des arts de chasse, que l’on peut comparer à des classes et des techniques de combat (ou mouvements). Outre le style Guilde, Guerrier, Voltigeur ou Bushido, cet épisode intègre les styles Vaillant et Alchimiste. Le premier impose une jauge de vaillance qui, une fois remplie, décuple la puissance du personnage sur une courte durée. Le second, quant à lui, est plus original. Il permet d’utiliser un tonneau d’alchimie (en le secouant) dont les effets rejaillissent sur l’ensemble du groupe. Un style vraiment pratique en coopération ! Quant aux indétrônables Palicos, ils sont toujours de la partie et demeurent de formidables alliés. Vous pouvez en recruter au ranch mais aussi leur faire suivre des leçons ou un entraînement spécial pour les rendre de plus en plus efficaces. Il est aussi possible d’incarner un Palico en changeant de mode dans votre hutte.
POUR LES COURAGEUX
Ces moments passés dans les différents villages ne seront pas de trop pour réussir chacun des objectifs proposés, surtout lors des quêtes de rang « G » où les créatures sont encore plus difficiles à vaincre. Par conséquent, il faut potasser le Compendium, sorte de guide contenant des notes de chasse et des informations sur le bestiaire, et se parer de pièges ou encore de bombes de manière à faire vaciller les monstres géants. Dans Monster Hunter, il n’est pas rare de passer près d’une heure pour parvenir à ses fins, ce qui place l’exigence du jeu bien loin des standards habituels. Cependant c’est justement cet « élitisme » qui fait la force de la série. Une fois en mission, le joueur ne doit rien omettre, tout en plaçant ses attaques et esquives avec un timing parfait. La simple prise d’une herbe médicinale, par exemple, rend le personnage vulnérable et peut renverser l’issu d’un affrontement. De même, il est indispensable de se munir d’antidotes ou de différentes potions selon la proie traquée. Autant dire que si l'on accroche à ce gameplay particulier, le jeu devient rapidement palpitant.
PORTAGE PÉRILLEUX
En choisissant d’adapter cet épisode sur Switch, Capcom a pris un risque. Passer de l’écran de la 3DS à celui de la Switch ou de la télévision aurait pu s’avérer catastrophique. Globalement, le rendu esthétique est coloré et satisfaisant mais il est indéniable que la console est capable de bien mieux. Ainsi, il est difficile de rester de marbre devant certaines textures ou lors de passages entachés par des ralentissements (moins présents en mode nomade). Néanmoins l’une des plus grosses déceptions réside dans la présence des chargements à chaque changement de zone. Non seulement ils sont omniprésents mais leur longueur pointe un manque d’optimisation. Qu’importe, Monster Hunter Generations Ultimate est un peu comme une lettre sortie d’un tiroir poussiéreux, dont le contenu a le même impact des années plus tard.
Points forts
- Un énorme panel de monstres
- Contenu d'une grande générosité
- Les différents villages et lieux
- Le Rang G pour les balèzes
- Compatible avec la sauvegarde 3DS
- Missions de chasse passionnantes
Points faibles
- Terriblement abrupt
- Pas de véritable scénario
- Les chargements omniprésents
- Un gameplay réservé aux plus téméraires
- Des nouveautés trop légères
- Techniquement, la transition se fait sentir
Se nourrissant de la fibre des Monster Hunter, Generations Ultimate est un « best of » qui mise sur sa générosité et son exigence. Bien loin des standards visuels du moment, le titre de Capcom souffre de lacunes techniques évidentes et aurait mérité un meilleur traitement. Bien que long à maîtriser et d’une rigidité d’un autre temps, il offre un challenge passionnant pour quiconque parvient à dompter son gameplay et ses à-côtés. Archaïque mais tellement délicieux, que ce soit en solo ou en multijoueur.